Emilie BRAY nous partage son expérience de 5 jours de voyage en kayak en Italie avec la descente du fleuve Piave entre Perarolo et Ponte di Piave
Informations pour préparer la descente du Fleuve Piave en Kayak
Date :
Du 22 au 30 avril 2023
Quand Partir :
Le printemps est la saison idéale pour naviguer sur le Piave. Avec la fonte des neiges et les affluents qui s’y jettent, c’est la période où la rivière est théoriquement bien gonflée. Théoriquement car, suite à deux années consécutives de sécheresse, suivies d’un hiver avec très peu de précipitations, les voyants étaient plutôt au rouge ce printemps.
En termes de météo, encore une fois, le mois d’avril en Italie nous a réservé un panel large de situations : froid avec de la neige sur les sommets autour de nous, pluies diluviennes, petites averses, orages, ciel de traîne, ciel dégagé, et un peu de douceur aussi.
Lieu :
Italie, Vénétie, rivière Piave de Perarolo à Ponte di Piave
Une manière originale de visiter l’italie :
Comment s’y rendre :
De Grenoble, nous avons fait le choix de nous rendre dans les Dolomites en transports en commun plutôt qu’en voiture. Ce voyage en bus et en train nous a pris un peu plus d’une journée. Il existe plusieurs possibilités en combinant le bus et le train.
Participants au voyage en kayak en Italie :
Seb, Coline, Lucas et Emilie, réunis par le goût des aventures en plein air.
Ou dormir sur le fleuve Piave :
Le fleuve Piave offre d’innombrables endroits pour bivouaquer. Il a toujours été facile de trouver un emplacement agréable pour poser la tente.
Où se restaurer/où se réapprovisionner en Italie :
Nous avions emporté de quoi être autonome pour 2 jours environ. Sur le parcours, nous croisons quelques villages à proximité du Piave, avec des magasins pour se réapprovisionner. Dans l’ordre, de Perarolo à Ponte di Piave : Busche, Falze di Piave, Colfosco, Ponte di Piave.
Pour l’eau, outre la récupération d’eau de pluie, nous avons bu celle du fleuve grâce à des systèmes de filtration d’eau. Nous avions 2 filtres et 2 gourdes filtrantes. Ça fonctionne bien : nous n’avons pas été malades.
Office du tourisme :
le site de www.adorable.belluno.it
Caractéristiques du fleuve Piave en Italie :
Le Piave est un fleuve de Vénétie, dans le nord-est de l’Italie. Il prend sa source à 2037 mètres d’altitude près du mont Peralba et débouche dans la mer Adriatique, tout près de Venise, après un trajet long de 231 kilomètres.
Dans sa partie haute, le Piave est réservé à des kayakistes expérimentés. Plus bas, notamment à partir de Belluno, il est beaucoup plus accessible. Évidemment, la rivière fluctue et ne présente jamais tout à fait le même visage. Les conditions sont en perpétuelle évolution. Avant d’entreprendre une telle navigation, il est nécessaire de se renseigner sur le niveau d’eau, le débit, les difficultés techniques, les obstacles présents sur la rivière (barrages, seuils, déversoirs, etc.).
Il ne faut pas hésiter à faire appel à un professionnel. Les offices de tourisme pourront vous donner les coordonnées des moniteurs de kayak de la région.
Quoi d’autre dans les environs :
La région de Vénétie est riche en culturellement, historiquement et des paysages incroyables. C’est souvent une destination prisée par les touristes principalement pour visiter Venise :
En passant par Venise vous pouvez visiter également Murano pour en découvrir plus sur les souffleurs de verre.
Mais La Vénétie ne se résume pas uniquement à cette ville romantique Italienne. Voici quelques lieux à découvrir si vous voyagez en Vénétie :
- Visiter Vérone
- Le Parc Régional du Delta du Pô de Vénétie et des Collines Euganéennes
- Grimper ou randonner dans les Dolomites … un terrain de jeu incroyable
- Sans oublier de déguster les vins de Vénétie
Bibliographie :
A ma connaissance, il n’existe pas de topo en français sur la descente en kayak ou en canoë du Piave. Peut-être que cela existe en italien, mais je n’ai pas trouvé.
Pour ce voyage, nous nous sommes davantage appuyés sur des vidéos montrant la descente du fleuve en kayak/canoë/paddle (rarement dans son intégralité).
Lien Internet :
- Descente intégrale du Piave de sa source à l’embouchure (avec une coupure due au lit asséché) en 2012 :
- Descente d’une petite partie de la rivière depuis San Stefano, dans les Dolomites, en 2012, pour voir à quoi peuvent ressembler les rapides du début du fleuve :
- Descente d’une partie du fleuve entre Vas et Fener en 2021 :
- Descente d’une partie du fleuve entre Belluno et Ponte di Piave en 2021 :
5 jours de kayak en Italie : descente du fleuve Piave entre Perarolo et Ponte di Piave
Genèse du voyage
Cela faisait très longtemps que j’avais envie de faire un voyage en canoë sur plusieurs jours, encore plus en Italie. J’avais identifié le Tagliamento en 2020 et, cette année 2023 devait être la bonne. Le Tagliamento prend sa source à 1200 mètres d’altitude dans la province d’Udine et se jette dans l’Adriatique, après un parcours de 170 kilomètres.
Sa particularité : il est considéré comme le dernier fleuve alpin libre. En effet, depuis sa source jusqu’à l’embouchure, point de barrage.
Mais la sécheresse qui accable l’Italie du nord, rend la navigation impossible en ce printemps 2023. Nous devons changer de plan. Après avoir imaginé troquer bateaux et pagaies contre des VTT pour aller rouler en Ligurie, Seb nous convainc de tenter l’aventure.
Jour 1 : Grenoble – Castelfranco Veneto
Un voyage dans le voyage
Arriver à destination avec les transports en commun, c’est déjà un voyage dans le voyage. L’aventure commence au pas de la porte. Se lever à 3h45 du matin n’est certainement pas l’idée qu’on se fait d’un début de vacances, mais c’est pour la bonne cause. Portant des sacs trop lourds sur les épaules, la marche de 800 mètres pour rejoindre l’arrêt de tram est un subtil mélange entre une course d’escargots et une marche militaire.
4h40, le tram nous emmène, Lucas, moi, notre kayak gonflable, nos pagaies, gilets de sauvetage et tout le reste, jusqu’à la gare routière. Là, c’est la déconfiture : notre bus est annoncé avec un retard de plus d’une heure. Nous en profitons pour jouer aux cartes à même le sol avec d’autres compagnons d’infortune.
Seb et Coline, eux, partent en train. On aperçoit Seb, en roller, tout sourire, qui vient nous dire bonjour, avant de prendre le train jusqu’à Milan.
Notre bus finit par arriver. Documenti per favore ? On est encore à Grenoble, mais déjà un peu en Italie avec nos chauffeurs italiens. Le trajet est long et ponctué de pauses régulières.
Nous arrivons à Padoue vers 17h. Encore un voyage en train et nous voilà à Castelfranco Veneto, notre destination pour ce soir. Nous arrivons à l’hôtel complètement lessivés après avoir porté nos 40 kilos de bagage sur 1,3 kilomètre.
Délestés de notre fardeau, nous rejoignons Seb et Coline qui sont arrivés seulement 15 minutes après nous. Une belle pizza et un dolce plus tard, nous allons nous coucher bien vite.
Jour 2 – Castelfranco Veneto – Perarolo – quelque part sur la rive du Piave avant Soverzene
Dernière étape en transport en commun
Le petit-déjeuner servi à l’Hôtel Roma m’apparaît comme une hallucination visuelle : il y a tellement de choses à manger qu’il faudrait bien deux heures pour profiter pleinement de ce festin. Malheureusement, nous n’avons que 20 minutes pour manger. En effet, nous devons absolument attraper le train de 7h50. Nous montons à bord d’un train régional avec tout notre barda. Changement de train à Trévise, puis nous prenons un bus jusqu’à Perarolo.
A midi, le bus nous dépose au bord de la route, bien loin du village. 30 minutes de portage laborieux plus tard et nous voici enfin à côté du Piave. Il n’y a plus qu’à donner forme à nos kayaks gonflables et on pourra enfin se laisser porter par les flots, après 36h de voyage pour rejoindre notre point de départ.
Premiers coups de pagaie
Cela fait à peine 5 minutes que nous sommes sur l’eau que les premières gouttes tombent déjà. Nous savons que la météo ne s’annonce pas fameuse pour les prochains jours. Pour l’instant, c’est une petite pluie, pas bien méchante, qui nous met dans l’ambiance.
On est déjà contents de voir que ça passe, en termes de niveau d’eau, car nous avions de sérieux doutes. Premiers rapides, premières vagues qui remplissent notre kayak. Nous passons certains rapides à pied car nous n’avons pas le niveau technique suffisant pour les tenter.
Seb, pratiquant cette activité depuis plusieurs années, s’élance et s’amuse bien. Le ciel menaçant finit par laisser éclater un orage qu’on n’avait pas imaginé, et des trombes d’eau finissent par s’abattre sur nos têtes. Nous sommes trempés et transis de froid. On profite d’un pont pour s’abriter et laisser passer l’orage. On claque des dents et on se demande bien comment on va faire si le temps reste comme ça plusieurs jours de suite.
La rivière fait de jolis méandres, mais je me méfie de certains passages avec des drossages (mouvement naturel suivi par le courant lorsque la rivière décrit une courbe : on peut se faire plaquer par la pression d’eau et se retrouver bloqué sous l’eau, surtout si la berge est érodée).
En passant sous un pont, un homme nous crie : « La diga, la diga ! » (= le barrage) d’un air affolé.
En le regardant et en essayant de comprendre ce qu’il veut dire, on se retrouve à deux doigts de chavirer, ayant mal négocié un virage près d’un énorme rocher. Il nous a fait peur pour rien !
En effet, pas de barrage à l’horizon. Il y a bien celui de Soverzene, mais il est encore à 8 kilomètres. Bizarre !
Un joli coin de bivouac
Il commence à être tard : nous nous mettons en quête d’un lieu de bivouac, après avoir pagayé plus de 26 kilomètres. Coline trouve une forêt accueillante, avec un mirador utilisé par les chasseurs du coin pour observer la rivière et son large lit caillouteux.
Une fois les kayaks en sécurité, loin de la rivière, nous nous empressons d’enlever tous nos vêtements trempés pour en mettre des secs. La pluie nous accorde un répit pour la soirée. Nous montons nos tentes et mangeons ensemble sous le tarp.
Jour 3 : sur la rivière d’avant Soverzene à quelques kilomètres après Belluno
Tempête de pluie
Après une bonne nuit de sommeil, nous nous réveillons à 7h30 et le bruit de la pluie qui tambourine sur la toile de tente n’incite pas à sortir du duvet. Pas trop le choix cependant : on se retrouve sous le tarp pour le petit-déjeuner et… une concertation. Seb étudie la météo et les radars de pluie. Ils annoncent clairement des trombes d’eau une bonne partie de la matinée. On décide de temporiser un peu et de faire durer le petit-déjeuner. Nos réserves d’eau se remplissent à vitesse grand V grâce à l’eau de pluie.
Petit à petit, les précipitations s’amenuisent et le moment tant redouté arrive : il faut se déshabiller et enfiler tous les vêtements de kayak trempés et froids. A tour de rôle, on court comme des fous dans la forêt pour se réchauffer avant de démonter le camp et retourner sur l’eau. Le fond de l’air est frais et autour de nous, les sommets des montagnes ont bien blanchi.
La navigation jusqu’au barrage de Soverzene est agréable, avec plein de passages de petits rapides faciles. Premier obstacle à contourner. On aborde pour voir comment passer au mieux en sécurité. Il nous faut faire un portage assez long. Nous n’avons pas de chariot pour transporter facilement le kayak et les bagages.
Et un retournement, un !
La pluie laisse place à un ciel gris : il y a du mieux. La rivière serpente en de nombreux zig-zag. Au détour d’un virage, on aperçoit les ramifications de branches d’un arbre qui a poussé au bord de la rivière et qui touchent l’eau.
Évidemment, le courant naturel de la rivière passe précisément sous ces branches. Nous suivons le courant et tentons d’éviter l’obstacle par la gauche, mais par un réflexe évident qui vise à éviter l’entremêlement dense de branchages, Lucas et moi nous penchons simultanément sur notre gauche.
La sanction est immédiate : nous nous retrouvons à l’eau, je perds ma pagaie. Alors que je sais qu’il faut s’allonger sur le dos et se laisser porter par le courant le temps de retrouver un endroit plus calme, je tente de me mettre debout et de rejoindre la rive toute proche. Peine perdue : le courant est trop fort et je ne fais que me cogner les jambes au fond de l’eau contre des rochers rendus polis par le courant.
Lucas, de son côté, tente de remettre le kayak à flot, ce qui n’est pas une mince affaire avec les bagages. Coline parvient à rattraper ma pagaie un peu plus loin. Je finis par réussir à me mettre debout et à rejoindre la rive. Entre l’eau froide, l’hypoglycémie et les quelques contusions sur ma jambe gauche, je mets un peu de temps à recouvrer mes esprits.
On finit par repartir, mais je ne suis pas très sereine. En plus, la suite du parcours n’est pas évidente. On passe par deux passages de gros rapides (pour notre niveau). On s’en sort bien, mais je trouve ça assez impressionnant et un peu trop aléatoire à mon goût.
Arrivée à Belluno
On arrive à Belluno à 16h30. Nous n’avons toujours pas mangé. Pause déjeuner obligatoire. On profite d’un ciel devenu bleu et des premiers rayons de soleil du voyage pour étendre toutes nos affaires et les faire sécher. Le passage à la baille nous a permis de constater que deux de nos sacs étanches n’étaient pas étanches : l’un pas du tout et l’autre partiellement !
Il va falloir réorganiser le rangement pour s’assurer d’avoir les choses essentielles au sec. Complètement flappie, je laisse Coline, Seb et Lucas partir faire des courses pour les jours suivants dans Belluno.
On repart à 18h45, restaurés, reposés, avec des affaires sèches ! On pagaie 3 kilomètres de plus, le temps de trouver notre « hôtel » du soir. En se retournant, la vue sur Belluno est magnifique, éclairée par le soleil et les montagnes blanchies par les récentes précipitations. Au final, nous n’aurons fait que 23 kilomètres à cause de la pluie et de l’arrêt à Belluno.
Jour 4 : jusqu’à Vas
Nous nous réveillons sous un ciel gris joliment accablé de cumulus menaçants. Ce matin, nous plions le camp au sec et ça, c’est agréable ! Après Belluno, la rivière s’élargit : on entre dans une plaine d’altitude entourée de montagnes. On commence à voir beaucoup d’oiseaux aussi : hérons, aigrettes, cygnes, canards, faucons, chevaliers, huppe fasciée, etc. Les paysages sont splendides et on a la bonne surprise de voir que les rives du Piave sont sauvages. On ne croise personne, hormis quelques pêcheurs de temps à autre.
A Busche, un barrage stoppe notre progression. Pour une fois, le passage est relativement facile. On profite du pont après le barrage pour faire la pause déjeuner à l’abri de la pluie qui s’est remise à tomber.
Changement de décor
Après Busche se profile une gorge : dans notre feuille de route, il est écrit « gorge scéniquement impressionnante, mais techniquement simple ». Je m’attends donc à une gorge étroite, lovée entre deux montagnes, mais en réalité ce n’est pas impressionnant du tout, juste incroyablement beau. On descend la rivière, mais on a l’impression de retourner en montagne, c’est assez déroutant.
De nouveau, on se prend une belle pluie d’orage, intense, mais Seb s’aperçoit que le ciel bleu nous rattrape à toute vitesse. En effet, le ciel gris est mis KO et laisse rapidement place à un ciel azur et à un arc-en-ciel photogénique. La météo est vraiment déroutante dans les Dolomites.
A la confluence de deux méandres de rivière, il s’en faut de peu qu’on chavire une nouvelle fois. Ça passe par miracle. Ouf ! Et comme d’habitude, on engrange des paquets d’eau dans le kayak. On est obligés de s’arrêter régulièrement sur la rive pour renverser le bateau et se débarrasser des litres d’eau alourdissant notre embarcation. On a bien vite abandonné l’idée d’écoper… pas assez efficace. Encore une fois, on finit la journée transis de froid après 38 km de navigation.
Coline trouve un beau coin de bivouac, visiblement utilisé par des locaux ou d’autres navigateurs en herbe comme nous.
Jour 5 : de Vas à Montello
Mais quelle est cette luminosité dans la tente ? Mais, mais, il fait chaud ! Incroyable, ce matin, le soleil brille dans un ciel dépourvu du moindre nuage. Et miracle, les combinaisons sont sèches. Quel bonheur !
La journée commence bien. Aujourd’hui, c’est notre dernière étape dans les montagnes. Motivés par ces conditions printanières, nous pagayons 42 km.
La navigation est malheureusement interrompue par 3 barrages :
- à Fener,
- à Neversa della Battaglia
- et à Ponte de la Priula.
Cela oblige à 3 portages, dont 2 particulièrement physiques.
« Quand les mouettes ont pied, ça ne va pas passer »
Bien que nous ayons rejoint la plaine, il y a toujours du courant. Par moment – et c’était déjà le cas les jours précédents – on aperçoit un lit de cailloux affleurer à la surface de l’eau. On sait alors qu’il faudra peut-être débarquer et passer à pied. Au fil des jours, on développe une technique d’horizontalisation qui porte ses fruits : quand on voit une de ces zones avec peu de fond, on essaie de se coucher du mieux possible afin de répartir notre poids sur toute la surface du kayak et ainsi éviter de frotter le fond. Ça fonctionne plutôt bien !
Encore une fois, Coline, notre experte bivouac, trouve un joli coin plat et herbeux au bord de la rivière.
Jour 6 : de Montello à Ponte di Piave
Contrairement aux autres jours, ce matin, on se lève tôt car l’objectif est d’arriver à Ponte di Piave vers midi. Un fracas de branches cassées nous fait lever les yeux vers les taillis : deux chevreuils s’enfuient à toute vitesse et prennent la direction du lit de galets. On finit de petit-déjeuner assez rapidement. Il est temps, nous arrivons à court de provisions. Le temps de « décamper » et un troupeau de moutons, son berger et son patou prennent possession de notre coin de bivouac.
Voir des animaux était l’une de mes motivations pour ce voyage en canoë. Ce matin, on est gâtés. Après les chevreuils, on aperçoit, alors qu’on est en train de pagayer, un lièvre occupé à brouter tranquillement. Il ne nous a pas vus. Arrivés à un mètre de lui, il nous aperçoit et détale en une fraction de seconde. Mais ce sont surtout des oiseaux que nous observons en nombre.
Aujourd’hui, c’est une vraie étape de plaine et pourtant, il y a encore beaucoup de courant et de zones de rapides. Il y a de plus en plus de méandres où il faut ouvrir l’œil pour choisir le bon bras de rivière. On trouve aussi beaucoup plus d’arbres éparpillés dans l’eau. Il faut parfois faire de vrais slaloms pour éviter les troncs, visibles ou non, pouvant être piégeux lorsqu’ils sont juste sous la surface de l’eau.
On arrive à Ponte di Piave, terme de notre voyage, à 12h30, après 23 kilomètres d’une navigation agréable sous le soleil et la douceur. Il nous faut près d’1h30 pour dégonfler les kayaks, les faire sécher et tout empaqueter. On échange les rôles : fini de se faire transporter au gré des flots, on retrouve nos chargements affreusement lourds sur nos épaules.
Arrivés à la gare de Ponte di Piave, on fête la fin de cette descente en kayak – un peu plus de 150 kilomètres en tout – par un pique-nique mémorable, après s’être ravitaillés dans le magasin du coin.
Jour 7 : Venise en gondole ?
Si nous avions poursuivi la navigation sur le Piave, nous serions arrivés à l’embouchure et, via un canal, nous aurions pu arriver dans la lagune de Venise. En vérité, je ne suis pas sûre qu’on ait le droit de pagayer dans cette lagune, au milieu du trafic maritime intense de vaporetto, bateaux effectuant des livraisons, navires de croisières, etc.
A défaut, donc, de voguer entre deux gondoles, nous choisissons une voie plus terre-à-terre. Comme des millions d’autres touristes, nous prenons le train depuis Trévise pour arriver dans le cœur de Venise à la gare de Santa Lucia. Après 5 jours de solitude sur la rivière, c’est le choc ! Venise grouille de monde, de magasins, de vendeurs de bibelots, mais c’est sacrément beau ! On passe la journée à déambuler et à se perdre dans les ruelles. Une aigrette de ville, pas peureuse comme ses congénères de la campagne, se laisse observer et prendre en photo (de loin, merci le zoom) en se présentant sous toutes les coutures.
On passe aussi beaucoup de temps à observer la dextérité des gondoliers ! C’est un vrai savoir-faire que de manœuvrer ces longues gondoles parmi le trafic au milieu de ces étroits canaux. Dommage qu’en 2023 un gondolier sur deux soit occupé à regarder son smartphone tout en manœuvrant. Ça casse le charme…
Après 20 km de marche dans Venise, mes pieds et moi sommes KO. Etat des lieux : 6 grosses ampoules. Il est temps que les vacances se terminent ! Le surlendemain, on retraverse toute l’Italie en train, avec quelques aléas. Mais comme nous sommes devenus de vrais pros de Trenitalia, on parvient à trouver des solutions. On arrive à Grenoble à 21h30, fatigués, mais ravis de notre aventure sur l’eau.
Conclusion sur 5 jours de voyage en kayak en Italie
J’ai beaucoup aimé le rythme de la navigation : étonnamment, les journées passent à toute vitesse. Avant le départ, j’avais peur que ce soit un peu fastidieux de pagayer toute la journée. En réalité, notre attention était toujours portée sur la navigation, les choix à faire, les obstacles à éviter, les oiseaux à observer, les endroits adaptés pour les bivouacs, etc. si bien que je ne me suis pas ennuyée une seule seconde.
Nous avons seulement fait deux erreurs :
- ne pas avoir d’habits spécialement conçus pour le kayak (surtout à cette période de l’année, dans les montagnes)
- et ne pas avoir de sacs 100 % étanches, hormis un bidon.
On aurait clairement gagné en confort. On ne fera pas les mêmes erreurs si on repart de nouveau sur une rivière l’année prochaine.
Au final, un bien beau voyage qui, malgré des conditions météo pas toujours faciles, m’a donné envie de recommencer. Projet 2024 : le Tagliamento !
Matériel utilisé durant mon voyage en kayak en Italie sur le Piave
Pour cette micro-aventure Kayak en Italie, voici ma check list qui m’a accompagnée durant 5 jours :
Matériel Kayak utilisé
Catégorie | Modèle | Marque | Pourquoi ce choix ? | Ce choix a-t-il répondu à cette expérience de voyage en kayak en Italie ? | Et si c’était à refaire ? |
Canoë | Solar 410 | Gumotex | Kayak gonflable 2 places, adapté aux sorties sur lac ou en rivière | Globalement oui. Notre inexpérience nous a parfois joué des tours. Il existe en option un pont avant supplémentaire qui empêche l’eau de couler sur la proue. On aurait gagné en confort d’avoir cet accessoire, mais nous avions beaucoup de bagages et nous n’aurions peut-être pas pu l’installer. | Oui |
Combinaison | Shorty 900 | Décathlon | Mauvais choix : c’est la seule combinaison néoprène que j’ai réussi à trouver 3 jours avant de partir. | Combinaison adaptée pour de l’eau à plus de 22 degrés, ce qui n’était clairement pas le cas du Piave au mois d’avril ! Il aurait fallu avoir des vêtements spécialement adaptés à la pratique du kayak. | Non |
Vêtements outdoor utilisés pour ce trip en kayak en Italie
Catégorie | Modèle | Marque | Pourquoi ce choix ? | Ce choix a-t-il répondu à cette expérience de voyage en kayak en Italie ? | Et si c’était à refaire ? |
Pantacourt | Aphrodite Motion Capri | The North Face | Léger et confortable | Porté pour le voyage en train et pour la visite de Venise. | Oui |
Chaussures Gore-Tex | Mammut | Goretex, légère, polyvalente | Je les avais prises pour le bivouac le soir. Elles ne protègent plus très bien de la pluie, l’usure a fini par faire un trou symétrique sur chacune de mes chaussures. C’était sans doute leur dernier voyage | Non | |
Chaussures | Whisper W Beet | Keen | Gagné au concours Racontez votre Expérience Outdoor 2017 | Totalement. Portées avec ma paire de chaussettes néoprène, ces sandales sont parfaites pour le canoë. Elles tiennent bien le pied, protègent bien les orteils tout en étant aérées et séchant vite. | Oui |
Chaussettes | Maskoon | Décathlon | Chaussons de canyoning en néoprène 3 mm | Test validé ! Après 3h de pluies continues, mes pieds étaient à peine humides. Bluffant ! | Oui |
Doudoune | Lastei active + | Karpos | Jolie veste chaude avec capuche, je l’ai prise en unique couche thermique | Cette doudoune m’a permis d’éviter de prendre une polaire. Bon choix. Bien appréciable au bivouac le soir pour faire le plein de chaleur. | Oui |
Veste imperméable Gore-tex | Evadict | Décathlon | Veste légère et imperméable | Rien à redire, cette veste Goretex légère est très efficace. | Oui |
Matériel de camping pour bivouaquer en Italie
Catégorie | Modèle | Marque | Pourquoi ce choix ? | Ce choix a-t-il répondu à cette expérience de voyage en kayak en Italie ? | Et si c’était à refaire ? |
Tente | MT900 | Décathlon | Tente autoportante, avec 2 portes séparées et 2 mini absides : imperméable, ultra-légère, écologique (pas de teinture utilisée) | Très bonne tente : le fait d’avoir 2 portes séparées est un vrai plus par rapport à notre tente précédente car on peut sortir, sans déranger l’autre. | Oui |
Matelas de sol | Astro lite | Nemo | Léger, résistant, confortable, plus épais au niveau de la tête | Il est parfait. Il fait un peu de bruit quand on se retourne, mais c’est franchement mineur. | Oui |
Sac de couchage | Lightech 1000 | Ferrino | Léger (moins d’un kilo) et chaud | Température de confort autour de 0 degrés, c’est exactement ce qu’il fallait à cette période de l’année. | Oui |
Filtre à eau | Katadyn mini | Katadyn | Léger et de petites dimensions, il filtre les bactéries, protozoaires et virus parfois présents dans une eau d’origine improbable | Il fonctionne très bien, mais la filtration de l’eau est physique ! | Oui |
Gourde filtrante | – | Water to go | C’était un cadeau ! | Filtre bien. Très pratique de savoir qu’on peut remplir la gourde (presque) n’importe où et que la filtration se fait au moment de boire : on ne perd pas de temps à filtrer l’eau. Juste dommage que la gourde ne soit pas souple. | Oui |
Couteau | Huntsman | Victorinox | C’était un cadeau ! | Parfait ! On a utilisé plusieurs outils, dont la petite scie qui est étonnament efficace par rapport à sa taille ! | Oui |
Couverts | Spork | Light My Fire | Léger et fonctionnel | Parfait. Ne raye pas le revêtement du Jetboil | Oui |
Boîte alimentaire | Boîte alimentaire hermétique | Décathlon | Achetée pour faire office d’assiette tout en offrant la possibilité de conserver de la nourriture | Oui, c’était très pratique pour manger et conserver des aliments. | Oui |
Réchaud | MiniMo | Jetboil | Gagné au concours Racontez votre Expérience Outdoor 2016 | Ce réchaud est parfait : il est ultra-efficace, léger et peu encombrant. | Oui |
Frontale | Bindi | Petzl | Légère | Oui. Elle ne prend pas de place, éclaire bien. Elle dispose de plusieurs modes d’éclairage et se recharge par USB. | Oui |