Philippe DELUC, Jérôme MAZZA et Diane DEWAILLY du club CIHM – ski de rando nous partagent son tour de l’aiguille de la Meije en ski de randonnée en 3 jours.
Informations pour préparer cette sortie ski de rando dans les Ecrins
Date :
Du 27 avril (fin d’après-midi) au 2 mai (3 heures du matin)
Lieu :
France, bassin de l’Oisans, en bordure nord-ouest du massif des Écrins, La Grave
Voyage en voiture* depuis Paris : 8 heures,
Coûts : 105€ d’essence et 44€+ 47€ de péage, prix d’amis pour l’amortissement du véhicule.
*Nous serions bien partis en train (style Changerdapproche.org), ou en car-couchette avec le club, mais la sortie s’est organisée tardivement, et la destination s’est décidée au dernier moment.
Participants :
Diane, Philippe, Jérôme
Ou dormir :
- Ibis Budget Grenoble Sud, 2 rue
- du docteur Schweitzer, Seyssins 38180
Nuit réparatrice et petit déjeuner à volonté bienvenu pour débuter la première journée
- Refuge Adèle Planchard : refuge semi-prive associatif, mais qui offre des prix réduits pour les groupes. Juste en dessous de la Grande Ruine
- Refuge du Promontoire : qui n’est plus à présenter. Faut y être aller quelques fois dans une vie de ski-alpiniste. Plus petit et rustique que beaucoup d’autre mais tellement plus authentique. FFCAM.
Office du tourisme :
Quoi d’autre dans les environs:
Ski de randonnée dans le massif des Ecrins à la recherche du graal.
Nous étions 4 au départ pour un WE pépère aux Dômes de Miages
Et finalement plus que 3 dans la voiture, parce que Anne et plein d’autres prétendantes ont préféré bosser, filer au bord de la mer , ou retrouver un bel italien
La dream team se compose donc :
- d’une rêveuse de 3000m, de rêve, avec de très jolis gants de ville
- d’un barbu bavard hirsute toujours partant, ayant presque révisé ses manips de cordes
- d’un assoiffé, aux manettes et à la décision claire, limpide, irrévocable
L’objectif : Tour de l’aiguille de la Meije
Le fameux et mythique tour de l’aiguille de la Meije
Passons sur la longue soirée de préparation dans un pub en terrasse très sympa du café de la Gaité (le bien nommé) à Montparnasse où nous avons laborieusement préparé et envisagé les courses et les plans B, goûté quelques produits locaux,…qui nous a surtout révélé notre « déclic » :
La saison a été trop cool avec plein de beau paysages, d’ambiance de folie, de gavage de peuf, on voulait en baver, tâter du piolet et bouffer du sauvage au naturel, si possible avec une météo correcte. Donc exit les Dômes, vive le Tour de la Meije
Pour l’instant ,
jusqu’au lendemain ,
Foutu critère météo qui nous a fait changer 3 ou 4 fois de direction, de plans, et de réservations
J0 : Top départ :
Quand faut y aller, faut y aller ! Nous voilà enfin parti à 18 :30 au lieu de 16 :30 pour s’adapter aux contraintes de chacun des mecs. « – Super, mais où qu’on va finalement ? » s’est-on dit vers Beaunes.
La décision allait enfin venir, portée par l’Oracle. L’illumination ! Puisqu’il fait beau et chaud aux Contamines, avec un peu de fraiche, et que l’hiver n’est pas fini, partons à La Grave où un avis de tempête est annonce pour le dimanche !! Clair, limpide, irrévocable, et pourtant à jeun !!
Hop on téléphone au refuge Adèle Planchard en pleine nuit (21 :30) pour l’ultime réservation , qui a du croire à un canulard de Lafesse
Re-Hop, on téléphone à l’hôtel grenoblois pour annuler l’annulation de la réservation, qui a du croire à un canulard de Francis B.
Et qu’on t’arrive à 2:30 sans problème , et qu’on ronfle comme des bébés ( La morale et la pudeur, et ma réputation, m’interdise de dire qui a couché avec qui dans le lit double) et qu’on se prend un merveilleux petit dej en terrasse , vue sur le parking et la Z.A de cette banlieue industriello-touristique de Grenoble.
Dernière douche avant le passage à l’acte !
1 :30 de route bavardage plus tard, nous voilà au parking de l’alpe de Villar d’Arène, pour une arrivée tonitruante à grand coup de klaxon et d’appels de phare, et de cris de joie pour saluer et surprendre nos amis du CHIM/CAF présents à la même heure, au même endroit , pour le même objectif. Mais eux déjà prêts à partir. JB, Christophe, Lancelot, Marc H & copines. Bref était là tout l’encadrement du car pour la Suisse, annulé faute d’encadrants.
Fin J0
Début J1: tu montes, chéri ?
Le bonheur après un printemps printanier de rechausser chaussures en plastique, de poser les gros sacs de raids chargés des skis sur le dos, d’oublier la corde et les gants de rechange (de ski ceux-là) dans la voiture, et d’appuyer sur le plip :
puiiipp !
6 heures de montée à Adèle Planchard (et non pas 4) En fait, 7 heures de montée pour l’hirsute, attaqué par des crampes sournoises dans le couloir sans fin.
Beaucoup de soleil sur la beau visage fin et délicat de Diane qui ne mets pas de crème de soleil sur la « peaux » . Certes, mais de phoques, Diane ! Fuck, la voilà transformée en afrikaner.
Et enfin le plaisir de retrouver les copains du club, la bière, le repas, le lit, et la météo attendue : 120 km/h de vent et 20 cm de neige demain vers La mi-journée.
Ok, debout 6 :00 ça devrait suffire pour arriver au Promontoire. Bise à l’air ahurie de la gardienne et dodo …
A demain pour de nouvelles aventures
J2 : ça c’est du ski alpinisme :
On attaque maintenant les choses sérieuses et ça se ressent dès le petit-déjeuner : concentration et suspens, la tempête s’annonce, le vent souffle par rafale dehors, il fait froid, un peu bouché, alors que la couette est encore chaude …Ça murmure…les mousquetons frissonnent sur les baudriers. Puis on se regarde avec Christophe :
« …On y va ! ».
On est parti ! non pas pour tenter, mais pour passer ! et rejoindre le Promontoire à 13 :00.
Branlebas de combat dans le refuge, les baudriers aboient et les sacs sautent en l’air comme des chiens de traîneau sur leur attelage
La Grande Ruine n’est pas faisable faute de temps et de mauvais temps.
On fonce direct s’agglutiner au Col des Neiges. Pour nous ce sera le passage sud, moins de monde, pas de rappel, avec une petite arête et un pas aérien, puis descente « crapahut » dans la neige et les cailloux, encordes. De grosses pierres partent et dévalent juste après le groupe précédent. C’est alpin, ambiance !
Et que c’est reparti pour le Col de la Casse Déserte, à l’aise cette fois, malgré plus de pentes et de longueur, et la descente du couloir de neige collés-serrés et sans corde. J’apprécie beaucoup que ces passages délicats se gèrent sans anicroche : la cordée fonctionne.
La descente sur le Chatelleret est sublime : en neige glacée et trafollée au départ, puis dure, quelques crevasses, de la moquette, et une grosse soupasse pour finir, direct sur le refuge, Oui mais pas celui du soir.
Faut encore remettre les peaux, enlever les parkas, switch off le cerveau, et monter lentement, longuement, longuement, sous le soleil et sans vent, jusqu’au Promontoire, rejoindre la bande et être accueilli par Freddy qui nous offre l’apéro… fin d’AM sieste et re dodo. Belle journée, tout le ski de rando dans ces 15h.
J3 : tentative du Tour de la Meije
C’est la question qu’on se pose : alors ?
Ben non, encore loupe mais ….
5 :00 : le gardien nous annonce qu’il a téléphoné aux autres gardiens qui ont appelé les gîtes d’en bas. Donc qu’il y a eu beaucoup de vent et beaucoup de neige et que peut être derrière ça risque d’être pire. A moins que la neige soit passe par-dessus , qu’il se pourrait que ça s’éclaircisse si ça ne se rebouche pas, que les météorologues consultent les oracles qui consultent les astres ,et résume finalement la situation par :….qu’est-ce que vous en pensez, vous ?
Euh, là il faut poser sa tasse de café. Et dire un truc rassurant mais sérieux, tout en retenue mais engageant :
» il est urgent d’attendre le lever du jour et voir la neige et le plafond (ça c’est le petit terme technique qui fait sérieux) «
Et ouf ça laisse un peu plus de temps pour se réveiller et se déstressé. Du coup, en voyant que finalement le vent est tombé et la neige pas beaucoup, nous voilà parti en crampons, pour une courte marche d’échauffement tranquille. On enquille la Brèche dans la foulée, et on commence à installer le rappel… De l’autre cote c’est sauvage !!!
A pic !
et très enneigé, on repère plus ou moins les crevasses sur le glacier.
Glacial.
Mauvais temps
C’est à ce moment-là que le mauvais temps arrive et décidé de s’installer, ainsi que le brouillard : on ne voit plus rien. S’installe aussi quelques longues minutes a attendre l’éclaircie. Qui ne viendra que pour mieux repartir après que Christophe et les guides se soient lancés dans la descente en rappel.
Faut-il s’engager dans les Enfetchorres et enchaîner sur le Glacier de l’Homme, bien crevassés, en plein brouillard qui risque de durer, sur un manteau neigeux frais a fort risque d’accumulation, avec en plus un skieur moyen, pas très chaud finalement a l’idée de risquer de tomber dans une crevasse ? Et qui d’autre sait faire un mouflage, voire un ancrage ?
Nous décidons de faire demi-tour ainsi que les autres cordées. A l’exception des guides qui n’allaient qu’au refuge de l’Aigle, pour se payer une bonne tranche de ski poudreuse dans le vallon, avec arrêt pique-nique CIHM au refuge du Chatelleret, et une petite marche pour arriver à La Bérarde. Pas mal aussi.
Le retour en stop nous donne en plus l’occasion de s’entasser dans la petite voiture d’un jeune couple de jeunes montagnards bien sympa qui trainait par là à la recherche d’oeufs à vendre (vraiement ) .(Ici , un message perso qu’ils liront car forcement ils consulteront le site de Yéti.net : désolé d’avoir embarqué votre casque neuf Petzl qui ressemblait trop à mon vieux casque de VTT , et j’espère que les oeufs en chocolats vous ont plu dans le paquet kdo retour. Bye)
La fin d’AM au café de La Grave se serait bien poursuivie en apéro. Et pourquoi pas en petite crêperie, à bavarder avec nos nouveaux amis. Si la longue route vers Paris, via le centre-ville de Lyon, avec dépose minute chez Diane et chez Jérôme, ne nous avait pas rappelé que demain …
quoi demain ? demande Diane, un peu dans le coltar à l’arrière de la voiture
demain, tu bosses !
Conclusion du tour de l’aiguille de la Meije en ski de randonnée
Nous étions partis pour le tour autour de l’aiguille de la Meije. Comme le destin le décide parfois, le tour n’a pu être terminé, une fois de plus rajouteront certains…. Mais c’est secondaire car nous avons rencontré l’esprit de la Meije. Celui qui ne répond pas aux questions de ceux qui veulent tout savoir sur de quoi sera fait demain, sur l’évolution de la météo, sur l’état de la neige, sur ça passera ou pas, … Cet esprit raconte cependant de très belles histoires dans lesquelles nous y entendons, si nous faisons attention, toutes les indications dont nous avons besoin la course du lendemain. Cet oracle de la Meije, c’est tout simplement Freddi, le gardien du Refuge du Promontoire.
Matériel utilisé pour le tour de l’aiguille de la Meije en ski de randonnée
Equipement ski de randonnée utilisé pour le tour de l’aiguille de la Meije
Catégorie | Nom du modele | Marque | Pourquoi ce choix | Pertinence du choix | Et si c’était à refaire |
SKI DE RANDONNÉE | Aspect | ATOMIC | léger , faciles, moderne, un peu de rocker, pas trop large | toutes neiges , mais un peu juste en accroche sur les pistes noires | Un peu long pour les conversions , prendre plus petit que sa taille |
FIXATIONS SKI DE RANDONNÉE | TLT light 1ère generation | DYNAFIT | A l’époque, on pouvait choisir la couleur, à condition de prendre Orange, pas la marque ! | 15 ans de bons et loyaux service , Ça rajeunit pas. | peut-être prendre la orange |
CHAUSSURE | cosmos | SCOTT | légères, confortable, grand débattement, suffisamment précises en descente, etc .. | Le choix de mon pied ! et aucun souci d’insert !!! | idem , a savoir que les défauts d’attaches sont corrigés sur la version de GARMONT |
PANTALON | SIMOND | pas trop chaud, extensible, taille bien , confort, prix, indestructible | parfait | en prendre un 2eme pour mon fils , c’est dur de partager .. | |
CRAMPONS | acier semi auto | crampons d’occasion d’un vieux copain qui ont fait du chemin , indestructibles | assez légers et toujours aiguisés, ne craignent pas le mixte | avant en acier , arriere en alu ; ca existe ? | |
SAC À DOS | LAFUMA | en promo, moderne, ouverture zippée latérale et poches sur ceinture, confortable , et petit (30 l ) | parfait pour 2 jours | 35 l ! pour les raids glaciaire de 3 jours | |
BAUDRIER | bleu | j’avais pris taille L pensant grossir avec l’age , comme mes potes | 14 ans après : a peine 1 kilo .. Dur-dur les exos de mouflage . | un modèle léger, non réglable, confortable , à ma taille, .. bref un neuf ! (je sais) | |
CORDE | 37 m / 8,5 mm / dite impermeable | BEAL | pour etre à 3 sur la corde , avec un peu de distance et quelques metres entikées dans le sac | permet aussi les petits rappels | ne pas oublier la deuxieme dans la voiture quand ya des rappel de 25 m !!!! |
Vêtement utilisé pour pour le tour de l’aiguille de la Meije
Catégorie | Nom du modele | Marque | Pourquoi ce choix | Pertinence du choix | Et si c’était à refaire |
DOUDOUNE | Doudoune duvet | THE NORTHFACE | assez chaude et légère très compressible; Mmmm j’adore | une promo qui ne se refuse pas | A -70% , j’en doute |
VESTE DE MONTAGNE GORE-TEX | Mountain X(délavé) | Monocouche light en fond de sac? tres bonne occasion, jaune poussin pour etre bien vu des filles | Même pas peur de la rayer sur les rochers en alpi | peut etre une couleur qui plait aux filles | |
MONTRE | alto | NIKE ASCENT | excellent rapport Q/P, look d’enfert, précise | la montre de Lance Amstrong ! | prendre la gourde avec …. |
GANTS | le Top, hyper connue | agréablement chaud dans le froid, la neige et le vent | on se le demande … | A ne pas oublier dans la voiture meme si les copains pretent les leurs .. ! |
14 commentaires
Le lire et le relire me fait encore rêver , malgré les coquilles qu’on y a laissé comme des petits souvenirs sur le chemin. L’auteur
Bon Philippe on le boucle enfin quand ce tour de la Meije !
Bon Philippe on le boucle enfin quand ce tour de la Meije !
Le lire et le relire nous fait encore rêver, comme autant de souvenir posés sur le chemin . vivement d’y retourner avec les amis finir de le boucler.
Bravo pour ce récit truculent bourré d’anecdotes !
Bel enthousiasme de partir avec des prévisions moyennes …çà marche pas à tous les coups !. Le brouillard entre la brèche de la Meije et l’aigle, pas terrible…un seul avantage : on voit pas les séracs du corridor donc on a moins peur …
Un rappel pour descendre de la brèche de la Meije ? pas absolument nécessaire : remonter un peu le col sur la droite puis trouver un cheminement, paroi raide mais sans réelle difficulté, même si c’est un peu impressionnant au début. Sauf temps moyen ( ce qui était votre cas), le chemin est tracé dans la neige, ce qui évite trop de questions. Naturellement ATTENTION : pas de rambarde….il faut pas mettre un pied de coté mais à la descente du col de la Casse Déserte, c’était un peu la même chose.
Rappel sans doute plus sûr mais cheminement beaucoup plus rapide surtout si il y a la queue au rappel. Et si t’oublies encore la corde ( si si tu en es capable), tu pourras te replier sur le plan B que je décris. Description valable en 2017 et avant; sauf éboulement ( et la Meije, n’est pas à l’abri), je vois pas pourquoi çà ne serait plus possible.
Merci pour ce récit ! Et je suis partant pour tenter de terminer ce beau tour avec vous 😉
Merci Philippe pour ce récit bien documenté. Ça fait rêver même si le tour n’a pas été bouclé. C’est une belle ballade.
Trés bien fait, merci pour les infos
Avec la corde et vo conseils, nous pouvons terminer ce périple… N’est ce pas Philippe 😉
Hello Philippe,
Super récit qui donne bien envie de retourner la bas pour vous recroiser. Nous avons récupéré le casque, un grand merci, je me demandais où il était passé. Les oeufs en chocolat était délicieux, ce fût un plaisir de vous servir de chauffeur pour ce retour. Un bisous à vous trois, à bientôt par chez nous
Hello Philippe,
Super récit qui donne bien envie de retourner la bas pour vous recroiser. Nous avons récupéré le casque, un grand merci, je me demandais où il était passé. Les oeufs en chocolat était délicieux, ce fût un plaisir de vous servir de chauffeur pour ce retour. Un bisous à vous trois, à bientôt par chez nous
Trop bien