Guillaume Ledoux, nous partage son aventure alpine au Mont Blanc sur le sommet Schreckhorn qui est un sommet de plus de 4000 mètres d’altitude.
Informations pour préparer l’Ascension de l’Arête de Peuterey au Mont-Blanc
Date de la sortie au Mont Blanc
Cette sortie alpinisme se déroule du 24 au 29 Juillet 2016.
Lieu
France – Italie
En haute Savoie dans la Vallée d’Aoste dans le Massif du Mont Blanc.
Départ Courmayeur, parking du Frêney dans le Val Veny.
(Navette à prévoir)
Suisse
Oberland
Grindelwald
Parking du téléphérique de Pfinstegg
En voiture :
- Massif du Mont Blanc :
Depuis la Franche-Comté : Besançon – Vallorbe (penser à la vignette d’autoroute suisse ) – Martigny – col de la Forclaz – col des Montets – Chamonix
Tunnel du Mont Blanc – Courmayeur – Val Veny – Parking du Frêney
Compter 4 h depuis Besançon
Parking gratuit
En train :
- Gare du Fayet
-> Le Fayet Chamonix
-> Bus Chamonix Entrèves
Puis stop ou taxi
- Pour le retour au parking depuis l’Aiguille du midi
Pour le retour : téléphérique Aiguille du Midi Hellbronner : 25 € 50
SkyWay MonteBianco (Hellbronner – Entrèves ) : 36 €
Retour en Stop ou en Taxi au parking du Freney
- Oberland :
Accès
Depuis Chamonix : Martigny – Montreux – Bern – Thun – Interlaken – Grindelwald
compter 3 h
Téléphérique de Pfinstegg : 24 CHF aller-retour
1h de plus sans le téléphérique
Participants au séjour alpin au Mont Blanc
Yannick : mon guide depuis 7-8 ans. Himalayiste, pour moi, le Zidane de l’alpinisme.
Ensemble nous avons déjà gravi : la goulotte Vogler, les Aiguilles du Diable, les cascades du bassin d’Argentière, la couloir Chenavier à la Petite Verte.
Guillaume (Apoutsiak) : Petit Alpiniste dans la course aux 82 4000. N’en reste à ce jour à gravir que 8 ! Parcours la montagne sous toutes ses formes : ski de randonnée, VTT, randonnée, trail…
Blogger montagnard invétéré
Mon objectif pour cette ascension : passer un bon moment en montagne et profiter de l’escalade
Pourquoi cette sortie a Schreckhorn
Pour passer un bon moment en montagne sur ces sommets mythiques. Cette semaine est capitale dans la réalisation de mon projet de gravir les 82 4000 des alpes.
Où dormir pendant une sortie alpine au Mont Blanc
Dans la vallée :
À Courmayeur :
- Le Poête du Tsanti :
Rumiod commune de Saint Pierre
Accueil 3*
Même le prêt de crampons est possible !
Le calme et la sérénité de Mirco, le propriétaire, sont à découvrir
- Hôtel Venezia
2 Strada Delle Villette, Courmayeur, AO 11013, Italie
Le moins cher de Courmayeur ! 39 € la nuitée.
À Chamonix :
- Gîte la Montagne
À 1 km au nord de Chamonix
Nuitée 18 €
Grande cuisine tout équipée
Dortoirs couettes
Accueil et ouverture des dortoirs à partir de 17 h. Il y a toujours de la place
À Grindelwald :
Logement moins cher dans la vallée près des lacs
À Thoune (Thun) :
Privates Gästezimmer zur Vermietung mit Terasse
39 € la nuitée (6 € de service en fin de séjour)
En altitude :
- Refuge Monzino – 2590 m :
Demi pension 55 €
Dortoirs
+39 0165 809553
- Bivouac Eccles – 3852 m :
Situé sous le col Eccles
Lit, couvertures, pas de gaz, neige à proximité
15 places (2 bivouacs)
Surpopulation possible les jours où les courses sont en conditions…
- Refuge des Cosmiques – 3613 m
42 € la nuitée + petit dej (obligatoire)
65 € la demi-pension
Accueil top
Vue magique sur le Mont blanc et les sommets alentours
- Schreckhornhütte – 2529 m :
Accueil du gardien exécrable (voir récit) Heureusement qu’il y a les gardiennes !
Tarif CAF 26 CHF la nuitée
63 CHF la demi-pension
Les Bivouacs possibles :
- Au col Émile Rey 4010 m
Sur le col, il y a juste de la place pour deux avec deux couloirs à 50° 500 m de chaque coté
Neige pour l’eau à proximité.
- À Gaag 3200 m environ
Au-dessus de la Schreckhornhütte ce qui diminue la course le lendemain !
Et permet de passer la section difficile à trouver de nuit… de jour !
Neige pour l’eau à proximité
Où se restaurer/où se réapprovisionner au Mont Blanc
À Courmayeur, Chamonix et Grindelwald : tous commerces
Office du tourisme :
Piazzale Monte Bianco, 15
11013 COURMAYEUR (AO)
Téléphone: (+39) 0165.842060
85 Place du Triangle de l’Amitié, 74400 Chamonix-Mont-Blanc
04 50 53 00 24
Dorfstrasse 110, 3818 Grindelwald, Suisse
(+41) 33 854 12 12
Caractéristiques sur cette sortie au Mont Blanc – Schreckhorn
Courses de niveau D engagement IV
Escalade jusqu’au IV +
Toutes ces courses demandent un engagement total. L’enchaînement des journées entraîne une fatigue qui peut faire baisser la concentration.
À ne pas sous-estimer.
Possibilité de séparer les ascensions du Schreckhorn et du Lauteraarhorn pour plus de confort (Nuit au Lauterbivouac possible).
Quoi d’autre dans les environs du Mont Blanc
Le massif du Mont-Blanc regorge d’activités diverses pour tous les âges. Je vous propose de découvrir toutes ses activités par catégories ci-dessous.
C’est l’occasion de venir explorer ce massif qui ne manque pas de vous surprendre !
Activités autour de Chamonix
Ascension du Mont-Blanc
Alpinisme autour de Chamonix
Ski de rando autour de Chamonix
Randonnée autour de Chamonix
Escalade autour de Chamonix
Trail autour de Chamonix
Plongée en mer de glace
Bibliographie sur le Mont Blanc
Les topos pour l’expédition du Schreckhorn
4000 m peaks of the alpes de Marco Romelli et Valentino Ciridini, Editions Idea Montagna (en Italien et en Anglais)
Topo hyper bien fait, les croquis sont juste parfaits. Viens de sortir. Pas d’édition en Français pour l’instant malheureusement.
Guide Vallot I : la Chaîne du Mont Blanc – François Labande
Neige, glace et Mixte – François Damilano JM Edition
Topo du CAS : l’Oberland Bernois, la référence !!!
Fichier GPS
Le Fichier GPS de Peuterey Brouillard Mont blanc
Et le Fichier GPS Schreckhorn Lauteraarhorn
Les cartes pour l’ascension du Schreckhorn
Carte IGN Saint Gervais les Bains Massif du Mont Blanc Top 25 Série Bleue 3531 ET
On préférera les cartes Françaises aux cartes Italiennes, plus précises et plus lisibles.
Carte SWISSTOPO GRINDELWALD – SWISSTOPO 1229
Lien Internet pour le Schreckhorn :
Arête de Peuterey Camp to camp
Arête du Brouillard Camp to camp
Attention, il y a quelques lacunes dans les topos !
Météo :
Chamonix Météo
Météo Blue
Suisse Météo
Sortie alpine au Mont Blanc jusqu’au sommet du Schreckhorn
Jour 1 : Monzino au Mont Blanc
Sur la route de Chamonix, je me rends compte avec horreur, qu’une tique est logée dans ma cuisse, et horreur, on est dimanche et les pharmacies sont fermées.
Je croise les doigts pour qu’à Cham’ j’en trouve une d’ouverte. Se garer, courir (il est bientôt midi) trouver une pharmacie et se faire délester du contenu de son porte-monnaie pour une malheureuse pince à tique. Ah, le commerce…
Sur le premier banc, dans la foule cosmopolite de la capitale de l’alpinisme, je déloge le désagréable intrus de ma cuisse gauche, il lutte puis fini par se rendre, devant le regard médusé des chinois en vadrouille. Enfin, les vacances vont pouvoir commencer. Je file trouver un peu de matos manquant à mon équipement, un pique-nique avant de retrouver Yannick.
Rendez-vous à la gare SNCF, je sais qu’il est toujours en retard et au bout d’une demi-heure, on se rend compte qu’on attend chacun d’un côté de la place…
Décollage pour l’Italie en passant par le tunnel… et ses bouchons ! Et zou, encore une demi-heure dans la vue. On déboule en Italie sur le parking du Freney. On s’équipe à côté d’une autre cordée en partance pour Monzino. Et c’est Parti.
Le séjour commence
Yannick, grand guide, le Zidane de l’alpinisme m’annonce sûr de lui : « pas d’orage ce soir ! »
On part, sur un bon rythme, confiant dans la prédiction de l’oracle, d’abord sous le soleil, puis sous les nuages. Je connais le sentier que nous avons emprunté l’année dernière avec Anne lors de mon premier passage dans l’envers du Mont Blanc pour l’ascension du Mont Brouillard et de la pointe Barreti.
Nous remontons les premières via ferrata, croisant les randonneurs à la descente, certains vaillants, d’autres moins, tous parfaitement équipés via ferrata !
Petite pause au pied de la partie verticale
Nous opérons une courte pause au pied de la partie plus verticale. Les glaciers du frêney crachent leur eau de manière spectaculaire, le ciel est sombre.
On remonte la Via, Yannick est devant, je me retrouve avec l’autre cordée. Il se met à pleuvoir, la prédiction du Grand guide s’est avérée foireuse. Deux options, se faire rincer en carline ou sortir la Goretex. J’opte pour la seconde option. Perds un peu de temps sur les autres. Je poursuis, sous la pluie.
Tout glisse, les câbles, les prises, les rochers. Prudence mais efficacité. On se retrouve sur le replat en dessous du refuge. Je poursuis, et rejoins le refuge, suis bien humide, la pluie dense a fait son effet.
Au refuge, c’est opération séchage et lecture du topo, qu’on ne trouve pas… Yannick récupère des infos de ses collègues. Et on finit par manger un bon dîner avant d’aller au lit, le réveil est à 1 h 30 demain !
Jour 2 : Monzino – Eccles Via la Blanche de Peuterey et la Grand Pilier de l’Angle au Mont Blanc
1h30, debout, un peu dans le gaz on sort du dortoir et on tombe sur des alpinistes endormis un peu partout : sur un mini-banc, dans les escaliers, il y en a même un dehors sur la terrasse, pourquoi n’ont-ils pas pris une place dans le dortoir, mystère… Yannick essaie de leur expliquer la solution, mais ils restent tous à leur emplacement…
Le déjeuner avalé nous quittons le refuge vers 2 h 15. Par des sentes on gagne le glacier du Chatelet que l’on remonte avant de rencontrer un premier passage ardu et bien humide. Mais ça passe…
Escalade jusqu’au bivouac des Dames Anglaises
Un peu d’escalade et nous voilà au col de l’Innominata face au bien crevassé glacier du Frêney (mais il parait que cette année… Ça passe !!!)
3 rappels dont un coincé et on pose le pied sur le glacier. Début de traversée facile puis ça se complique, Yannick veut prendre en bas alors qu’il me semble que les vires Schneider sont au-dessus. Après une brève hésitation on décide de passer par le haut, et ça passe et on se retrouve pile poil sur les vires Schneider.
On enlève les crampons, on range les piolets et on remonte ses vires faciles avant de remonter un couloir au-dessus du bivouac des Dames Anglaises qu’à mon grand regret nous ne rencontrerons pas … Ah, les Dames Anglaises.
J’aurais adoré prendre un thé sur leur terrasse…
Bon l’autre nom du bivouac c’est Craveri, et perso, ça me fait moins rêver.
Escalade jusqu’à la belle vue sur la Noire de Peuterey
Ce n’est pas le tout de fantasmer, il faut grimper, et ça se met à grimper un peu plus, d’abord versant Frêney, dans du rocher correct, et rapidement versant Brenva, dans du rocher pourri à ultra-pourri (parfois un peu moins).
On opère une jolie pause avec une belle vue sur la Noire de Peuterey et tout le Bassin de la Brenva avant de poursuivre.
L’escalade n’est jamais difficile mais il faut se méfier de la qualité du rocher. On rejoint l’arête et le sommet par un joli passage en neige.
Blanche de Peuterey
Courte pause, petite descente petite arête bien effilée entre les deux sommets avant de redescendre vers les rappels. 3 rappels de 60m dont le dernier permet de passer la rimaye, on se retrouve au col pour une petite pause, les organismes (surtout le mien) commencent à fatiguer et la journée n’est pas terminée !
On attaque la base du Grand pilier de l’Angle. Malheureusement le couloir de neige à gauche n’est plus en condition. On remonte des parties mixtes où la neige a déjà bien transformé, et où la glace n’est jamais très loin. Mixte technique et un poil merdique, mais ça passe…
Mais on progresse même si c’est long… pour parvenir au sommet ! 2ème 4000 de la journée et 76ème pour moi ! Plus que 6 (dont 2 prévus demain !)
Objectif : la pointe Louis Amédée
La suite du programme est originale, mais elle est dictée par les 82 4000. L’objectif est d’aller chercher la pointe Louis Amédée non gravie l’an dernier, la faute à la météo. Bref il nous faut rejoindre le bivouac Eccles. Nous ne poursuivons donc pas cette belle arête qui permet de rejoindre le Mont Blanc mais nous redescendons vers le col de Peuterey en 7 ou 8 rappels de 60 m.
On opère une pause pour boire de l’eau avant de repartir, traverser le plat du col de Peuterey alors que des avalanches dévalent les pentes supérieures sous le Mont Blanc de Courmayeur. On file, enfin personnellement j’essaie de filer parce que les jambes sont lourdes.
Yannick m’enjoint à galoper dans les parties expo. On finit par atteindre le pied du couloir Eccles que l’on remonte. A mi hauteur, bombardés par des chutes de pierres, Yannick finit par quitter le couloir pour les rochers à droite. Branlants mais moins expos à la mitraille. Parvenu à l’endroit, je dois me taper d’aller enlever un friend installé 3m plus haut après un beau passage en glace avant de redescendre et de sortir du couloir sur des rochers plus que branlants : rien ne tient !!!
La fin de journée au Mont Blanc
Tel un chat, avec une finesse inespérée, je sors (bon j’ai quand même fait partir un énorme bloc, c’est quand même des courses ou c’est bien quand tu as personne en dessous, remarque personnelle) puis on grimpe. J’espère le bivouac juste sous le col. M’imaginent déjà un bon repas, et un bon lit. Quel rêve, quel doux rêve. Mais il faut atteindre le col. Un peu de grimpes plus tard, on l’atteint, il fait gris, le mauvais temps est là, mais pas la pluie, tant mieux.
Je comprends alors que le bivouac n’est pas à proximité… Un petit rappel, puis un autre. Pour poursuivre par une désescalade dans les pentes de neige pour arriver à la rimaye. Yannick me lance, « on va faire un corps mort ».
Installation au Mont Blanc
Je sens que je ne vais pas être déçu… Il creuse il creuse le Yannick. Dans de la neige pourrie. Très pourrie. Il installe sa corde. Il teste son ancrage. Ça devrait passer. Il se lance. En rappel. Doucement. Tout doucement. Pas d’à-coup. Que du stress. En douceur il passe la lèvre, descend les 3-4 mètres suspendu à se frêle ancrage et se pause. C’est mon tour. Ô Joie. Désespoir. Crevasse ennemie. N’ai-je tant gravi que pour cette perfidie. C’est mon tour. J’installe fébrilement mon reverso.
Je me penche pour tirer dans l’axe. Je descends délicatement vers la lèvre de la crevasse. Les jambes flageolantes. Elles passent dans le vide. Je progresse lentement. Mon corps pend à présent. Et je tombe. Je me retrouve rapidement au sol, les Jambes s’enfoncent, je m’arrête. Des kilos de neige me tombent pile sur le casque pendant de longues secondes.
Mais tout va bien rien de cassé.
L’ancrage a lâché et je me suis fait 2m à 2m50 de chute sur la lèvre inférieure de la crevasse. Je suis trempé mais sans bobo. Bon, je suis plus lourd que Yannick. Ou plus bourrin. On poursuit dans la neige soupe, très soupe, jusqu’aux cuisses, pour rejoindre le bivouac Eccles par une courte escalade. Le premier bivouac affiche complète. On remonte au second. Accueil glacial, il est complet lui aussi. 6 alpinistes occupent les banquettes. Ils sont peu ravis de nous voir. Personne ne bouge.
Une pause après 17h de course
Personne ne nous fait de place, alors qu’on va dormir par terre. On s’organise lentement, je finis par pouvoir entré dans le petit bivouac. Yannick fait de la flotte pendant que je me pause enfin après 17 h de course, il est 19 h 30.
On est pas mal mouillé, notamment les pompes, et pendant que je me mets à dormir dans le peu de place qui m’est alloué, Yannick teste différente méthode pour sécher ses chaussures. Il semble que la meilleur soit la petite bouteille de Coca remplie d’eau chaude glissée à l’intérieur.
Je dormiote, on a prévu de se lever à 2 h demain pour la suite. Les autres cordées vont bouger à minuit 30 pour l’arête de l’Innominata. Une courte et inconfortable nuit s’annonce…
Jour 3 : Eccles Mont blanc via la Pointe Louis Amédée et le Mont blanc de Courmayeur, descente sur le refuge des Cosmiques
Une très courte nuit
Après l’accueil glacial des autres alpinistes, j’avais réussi à dormir d’un œil, serré entre la banquette et Yannick qui faisait sécher ses chaussures. Puis, je me suis rendu compte que le sol était bien dur malgré la fine couverture qui y était posée. C’est devenu une obsession. Je voulais me retourner, mais le peu de place qui m’était alloué ne me permettait pas le moindre mouvement. Je sentais la dureté du sol du bivouac sur mes hanches, mes épaules. La nuit allait être longue.
Je ne suis qu’une Sardine dans cette boîte de Sardine, manque juste l’huile d’Olive. Je rêve en pensant à cette idée. A minuit, brans le bas le combat, les cordées se lèvent. Je me retrouve dans une couchette plus confortable, attendant leur départ le temps qu’ils déjeunent s’équipe et filent vers le sommet des alpes.
Je dormiote un peu. À 3h30 Yannick me réveille et me lance un peu convaincant, « on y va ? »
Et c’est là qu’on voit que je suis de la motive : Je réponds « OK », alors que je suis dans le pâté, que je n’ai pas dormi, que je sais que la journée va être longue et que mes pompes sont déjà mouillées !
On déjeune lentement, on se fait de l’eau. J’enfile mes humides chaussettes, je mets mes chaussures, dès que je pose le pied, je sens l’eau sous ma voûte plantaire. Quel bonheur.
Une nuit dans la montagne
5 h, on quitte la boîte de sardine, un peu de désescalades et nous voilà sur le glacier. Et là, horreur, une fine croûte de glace s’est formée. Et elle casse sous mon poids. La trace est une vraie galère à faire, la journée va être longue.
Je trace aussi vite que je peux, c’est-à-dire lentement, vers le bas. Quand je me retrouve face à une crevasse géante. On regarde à gauche, à droite, je descends vers la lèvre pour mieux voir, elle doit bien faire 6-7m de haut.
Et zou, voilà Yannick qui me repropose le coup du corps mort…
Il creuse, énervé de perdre tant de temps dès le départ de la course. Il fixe la corde et part tout en finesse passer la crevasse en rappel. Je le vois ressortir en dessous, la crevasse est grosse.
C’est mon tour. Je m’installe, et me lance, tout en finesse, je regrette de ne pas avoir fait de régime cet hiver. Je passe, mes jambes sont dans le vide, mon corps glisse doucement, me voilà suspendu, mais mon reverso se coince dans la lèvre supérieure.
Moment de tension. Je donne du mou, il faut s’énerver tout en restant calme. Le réverso progresse avec peine dans la neige, mais fini par passer lui aussi la lèvre de la crevasse, énorme ! Je pends dans le vide tel une araignée au dessus de cette immense crevasse. 6-7 mètres me séparent du sol. Je descends en douceur et me voilà sur la lèvre inférieure. Impressionnant endroit. On se réencorde et on file
Couloir du Col Emile Rey au Mont Blanc
À plat puis on remonte le grand couloir du col Emile Rey à 50°.
La neige est bonne et on progresse enfin vite. Yannick rejoint le col, il pense que le couloir est à gauche, je lui indique qu’il me semble qu’il est de ce côté-ci du col. (Et quand je dis il me semble, j’en suis quasiment sûr !). On part donc à droite, et on se retrouve dans le couloir.
L’escalade est agréable et parfois technique. Le rocher est bon. Les passages techniques mettent bien dans le rouge mais on progresse.
La pente bien raide, s’aplanit, le rocher devient moins bon, on retrouve la neige et nos crampons. La pente est de nouveau raide, 50° avec des passages merdiques avec des rochers sous-jacents. Je sens que ça n’est pas la grande forme et je prends mon petit rythme qui me mènera au bout. On n’avance pas vite mais on avance tout le temps.
Le sommet de la pointe Amédée est bien long à atteindre, mais quand on y est, je suis ravi !
Par contre, ce qui s’annonce a l’air coton. Je pensais trouver une jolie arête de neige, et c’est une arête de rocher délité qui nous attend, Yannick m’avait prévenu, la course n’est pas terminée !
En direction du sommet du Mont Blanc
On a passé 5 minutes au sommet puis on est reparti pour des montagnes russes. J’ai pris mon rythme hyperlentos, pour avancer sans trop m’arrêter. Escalade jamais hypertechnique, mais rocher de piètre qualité ! On contourne un grand gendarme par la droite ce qui nous fait gagner du temps. J’avoue que j’ai un peu mis le cerveau en off en mode « chaque pas te rapproche du sommet » ou « après avoir avancé le pied droit, avance le gauche ! »
Et ça marche, je progresse, bon je sens bien qu’au bout de la corde, Yannick souhaiterait que ça aille plus vite, mais perso, je suis à fond. Les courts passages d’escalade un peu technique me mettent un peu dans le rouge. J’avoue que mon acclimatation a été plus que réduite… Mais j’avance. Une arête de neige, un dernier passage rocheux, et le Mont Blanc de Courmayeur est là tout proche, nous y faisons une courte pause, j’avoue que je suis comblé.
Reste à traverser en direction du Mont Blanc, c’est long et plat, pas après pas je rejoins le sommet pour mon 9ème Mont blanc, le plus technique, et de loin !
L’arrivée au sommet du Mont Blanc
J’essaie de joindre Sandrine, finalement, je joins Marie, ma fille, j’ai la voie tremblotante, c’est du à l’émotion, je cache mon visage, les larmes coulent, le vent cache mes sanglots. Mauvaise idée que celle de téléphoner là-haut.
Émotion.
Il faut redescendre et Yannick souhaite rejoindre les cosmiques pour descendre par l’aiguille, je sais que ça va être méga long, j’aurais préféré descendre sur le Goûter mais bon.
Je sais également qu’il y a des faux plats et des petits coups de cul qui tuent, ça va être chaud… et long.
La descente au Mont Blanc
On entame la descente sur un bon rythme, en descente, il n’y a pas de souci, on galope, la gravité nous aide. Au col de la Brenva, on est sec, et on décide de faire un peu d’eau (je sais, c’est mon idée, pas la meilleur de la journée). Bref on sort le réchaud et on fait fondre de la neige qui met de longues minutes à fondre.
Je raconte à Yannick mon histoire de Khole de prépa (examen) où un prof m’avait fait calculer le temps de cuisson d’un œuf au sommet du Mont Blanc et où j’avoue que j’avais pensé que le plus simple aurait sans doute été de faire des essais au sommet (mais ça n’était pas la réponse, un sordide calcul permettait de la trouver).
Bref, le peu de neige fondu au goût de brûlé ne nous réhydrate pas et on repart sur le faux plat sous le Maudit qui sera sans doute le dernier 4000 que je gravirai de la liste…
Je regarde le sommet, repérant l’itinéraire de la voie normale, je sais qu’en moins d’une demi-heure je pourrais être là-haut, mais je me garde ce sommet pour la fin, terminer par un truc plus facile, et peut-être partir avec plusieurs amis, pour fêter ça.
Rejoindre l’épaule est vraiment méga long. Il fait à présent gris, les nuages sont là. On rejoint l’épaule et on entend le tonnerre gronder au loin.
Gestes efficaces, on tire un premier rappel, je rejoins Yannick, la corde se coince au-dessus de moi, je peine à la décoincer, on refile vers la rimaye pour ce ré encorder. L’orage gronde au loin. On galope dans la descente sous les énormes séracs. Impressionnant, mais pas le temps ni l’envie de traîner.
Au Col Maudit
On se retrouve sur le plat du col Maudit, déjà long puis il faut remonter sur l’épaule du Tacul. Et c’est encore long. J’ai déjà parcouru deux fois cette descente (une fois lors d’un Mont Blanc en aller-retour par les 3 Mots avec mon frère Thib, la seconde lors d’une traversée depuis Tête Rousse avec 2 amis), mais mon cerveau a judicieusement omis de retenir la longueur des passages, ne gardant que le meilleur et l’agréable.
Quelle galère de remonter sur l’épaule du Tacul. J’avance un pied après l’autre, et je refais la même opération lentement, me chantant « Les petits poissons » et je progresse.
Voilà l’épaule et on repart dans la descente. Nous sommes les derniers sur la montagne.
On essaie d’aller au plus vite vers le bas, mais c’est sûr que je n’ai pas battu mon record, c’est plutôt mon pire temps. Je regarde mon altimètre qui refuse de baisser rapidement. Et pourtant je descends et on retrouve le col du Midi dans le brouillard.
Ça aussi je l’avais oublié : la longueur de ce col. J’essaie de distinguer le refuge des Cosmiques dans la purée de pois mais il est encore bien loin. On finit par se retrouver au pied. Il faut se remettre à monter, la dernière.
En direction du refuge au Mont Blanc
Je reprends mon rythme bien lent, tout en ne m’arrêtant jamais. Le refuge s’approche, doucement. Il me tend la main. Devant Yannick y est, je le rejoins. 19 h 00 ! Quelle journée, nous sommes joyeux.
Quelle méga journée. On se déséquipe et on prend un coca dans un coin calme. Dans la salle à manger les gens mangent et il y a trop de brouhaha pour nous. On papote calmement, profitant de ces instants de calme. On doit avoir des belles gueules de déterrés ! Mais on est heureux.
On hésite à prendre un repas, je sais qu’on n’a pas faim. Finalement on s’attable. Je me gave de soupe, mais le joli plat principal ne passe pas, je me force à en manger quelques bouchées, Yannick laisse tout. J’avale le tiramisu et file me coucher. Yannick croise quelques connaissances, qui ont l’air épatées par notre périple. Sacré bambée, sacrée course. Je me rends compte qu’on a fait un truc assez balaise quand même.
Une crampe me prend, une alpiniste plutôt âgée m’aide à la passer.
Je me retrouve dans les bras de Morphée, le réveille à 7 h ! Yannick remontera plus tôt à l’aiguille pour descendre avec la première benne.
Jour 4 : journée de repos : juste à remonter à l’aiguille au Mont Blanc
7h00, le réveille sonne, le déjeuner vite avalé, je quitte le refuge. Une magnifique journée débute et j’ai juste à remonter à l’aiguille. C’est ma journée de repos.
Je profite des lumières, des alpinistes vaquant sur les glaciers, de ceux en train de grimper, des lumières. Je vois les Grandes Jorasses me faire un clin d’œil (enfin je crois)
La journée est belle.
Je vois que ça bouchonne dur au départ des voies de l’aiguille du Midi, sans doute la Rebuffat il faudra que je relise le topo, Je croise quelques cordées, je vois les guides décrivant à leurs clients les sommets alentour, d’autres leur déconseillent d’aller faire le Mont blanc, je remonte, je dépasse une cordée dont la fille est un peu à l’agonie. Reste l’arête de l’aiguille, je pars, je me décale hors de la trace pour laisser passer les cordées de débutants, ça les rassure, on a tous été débutants un jour.
Certains guides me remercient. Il fait beau, j’ai le temps, je rejoins l’aiguille, ses touristes Asiatiques, mais je ne traîne pas, je file vers la télécabine de l’Hellbronner pour une jolie traversée. Le panorama est magnifique sur le massif.
Arrivé en Italie
Je m’offre une demi-heure de pause sur la terrasse panoramique, admirant la Blanche de Peuterey, le pilier de l’Angle et le Mont Blanc d’un côté, de l’autre, la Dent du Géant et les Jorasses.
J’observe aussi les gens, qui scrutent les alpinistes au sommet de la Dent, qui cherchent sur les tables d’orientation les sommets qui me sont familiers, je les observe se prendre en photo devant le Mont Blanc, les Selfies vont bon train et je m’y adonne. Je finis par descendre et rejoindre ma voiture en stop.
Un groupe d’Italien m’accueille, ils sont en train de cuisiner et m’offrent du jambon grillés, je n’ai pas faim mais c’est délicieux. Ils sont en partance pour le Mont Blanc via la voie du Pape et sont impressionnés quand je leur décris mon périple. Ils me demandent des conseils, sur l’approche du refuge, la tenue vestimentaire, la difficulté.
Je passe un bon moment, me reposant, faisant sécher mes affaires et me restaurant avant de repartir et de me rendre compte que j’ai oublié ma goretex au refuge des Cosmiques.
Un employé du refuge me la redescendra le lendemain matin avec la première benne, ça tombe bien, j’en avais bien besoin pour les journées qui suivent…
Jour 5 : Schreckhorn au Mont Blanc
Yannick est tout le temps en retard, et aujourd’hui, il ne déroge pas à cette règle, on avait rendez-vous à 9h30, puis 10h, on part de Cham à 11 h pour rejoindre Grindelwald. On se gare sur le parking, on pique-nique et on prend nos billets de téléphérique, il est déjà 15h00.
Au milieu des touristes Jordaniens, on fait un peu tache, mais perso c’est pas mal de prendre le téléphérique ambiance palais des mille et une nuit. Les princesses sont superbes… Et c’est parti pour une montée au refuge qui est annoncée longue (plus de 4 h) on va être en retard pour le repas.
On discute pendant la première partie de la montée direction le sommet du Schreckhorn.
Yannick me raconte ses histoires de cœur.
Sa vie, c’est Santa Barbara, en plus intense !!! Je n’en raconterai pas plus, mais ça vaudrait le coup d’écrire un roman (à succès sans aucun doute), je ne sais plus très bien si j’ai le rôle de confident ou de conseiller conjugal, faut peut-être que je pense à me recycler. Et étonnamment la montée passe vite, malgré les montées descentes qui se succèdent et nous dépriment !
Je fais quelques pauses et Yannick part devant.
Le beau temps du départ a laissé la place aux nuages, et à une bonne averse ! Le paysage reste splendide, les 4000 de l’Oberland, cachés par les nuages nous laissent admirer le bas de leurs glaciers. Grandiose !
Un long passage en Via ferrata, il faut traverser quelques torrents, vu que la journée est avancée et qu’il a fait chaud, les traversées sont délicates et je finis par prendre une vague, dans la chaussure : pied gauche trempé !
Je poursuis, surveillant l’heure… 18h passe, au loin, Yannick galope au refuge.
Je finis par l’atteindre à 18h34, juste l’heure du repas, pile poil, on aura mis 3h et 1/4 seulement pour monter !
Je rentre dans le refuge avec mon légendaire sourire et là, je vois le masque sur celui de Yannick. Il vient de rencontrer le gardien, qui lui a fait un accueil peu accueillant !!!
« Qu’est-ce que vous faites là ? » lui a-t-il demandé en suisse Allemand, et Yannick lui explique que nous avons réservé et que nous souhaitons nous restaurer et dormir.
La réponse a fusé en Suisse Allemand elle aussi, mais vu le ton, ça ne devait pas être hypersympa.
À oui, il y a une règle à toujours respecter en refuge : Ne jamais se mettre à dos le gardien, et la seconde règle capitale : ne pas le contrarier pour ne pas se le mettre à dos.
Vu que j’ai loupé le premier épisode, je fais le dos rond, en attendant la suite. Je m’assois face à Yannick, le gardien, une sorte d’énorme ours mal léché s’approche de moi, me toise d’un regard dédaigneux et s’en retourne. J’ai juste l’impression d’être face à un ogre qui va me dévorer. Heureusement la femme de l’ogre, comme dans le petit poucet, elle est sympa et nous apporte une sorte de thé d’accueil (sans doute pour compenser celui fait par son mari…)
Ce soir, je dévore, on est avec un guide Tessinois, Nikita et son client Jurgen, repas très agréable à échanger.
Nikita est arrivé sur mes talons et a eu droit à l’accueil local !
On rigole sous cape à chaque fois qu’on voit l’ogre arrivé, et on s’explique à présent le nom de la montagne : Schreckhorn : sommet de la frayeur, C’est le gardien qui a donné son nom à celle-ci, plus de doute !
Le repas terminé, il faut aller négocier l’heure du lever. La règle, c’est 2 h au plus tôt, c’est écrit en gros sur les murs du refuge, mais vu qu’on veut faire la traversée Schreckhorn Lauteraarhorn, on souhaiterait se lever à 1 h. Le gardien se braque, Yannick insiste, Nikita lui aussi, on finit par obtenir un petit déj’ à 1h30, mais c’est lui qui nous réveille !!!
La négociation a été houleuse, je suis étonné qu’il ait cédé ! A priori, la traversée n’a pas été faite cette année, nous sommes les premières cordées à la tenter !
Au lit, une grosse journée nous attend (et une petite nuit).
Jour 6 : Schreckhorn Lauteraarhorn au Mont Blanc
1h15… La douce voix de l’Ogre nous réveille, j’ai cru que c’était pour nous dévorer. Je m’habille, arrivé en bas Yannick m’annonce qu’il vient de se faire engueuler, nous n’avons pas dormi au bon endroit dans le dortoir… Encore eut il fallut qu’on nous indique les lits… On déjeune d’un excellent fromage blanc aux fruits dont seul la femme de l’ogre a le secret.
Et c’est parti, nous sommes la troisième cordée. Cette course commence par une bonne descente pour rejoindre le glacier sur un sentier pas mal marqué. Le halo des frontales éclaire le chemin, une cordée tous les 100 m. Sur le glacier, hésitation, chacun sait que le passage pour passer la barre rocheuse et remonter est difficile à trouver de nuit. 2 GPS en route, le mien refuse de trouver son emplacement, celui d’un Suisse le fait, on se retrouve tous dans une pente de neige raide. Finalement on prend des vires pour se faire doucher par une grosse cascade, à 2 h du mat !!!
On poursuit dans les vires et la pente s’aplanit, on remonte à présent des éboulis raides. Avant de trouver une sente, lieu de regroupement des 3 cordées. On repart vers le haut, au loin, à gauche un guide suisse a choisi la voie directe et exposée qui monte directement du refuge. Il va nous mettre une heure. Je sens que Yannick regrette de ne pas être monté par-là !
Arriver à Gaag pour une pause
On arrive à Gaag pour une pause générale équipement et restauration avant de repartir sur le glacier. On galope tous, on papote un peu, il fait encore nuit. La traversée sous l’arête passe vite et on se retrouve tous à la rimaye, j’ai cru qu’il y avait une réunion Tupperware !
La rimaye passe facilement, puis la courte escalade au-dessus, on traverse le couloir et nous voilà sur l’éperon. On enlève les crampons et on part vers le haut, le soleil est là, le rocher excellent et pas trop dur. Je profite, et je garde des forces pour l’arête. On arrive sur l’épaule, et poursuivons vers le haut. Le vent fait son apparition, il était annoncé fort, il est là. Les nuages sont là aussi, petit à petit l’ambiance change, on passe de l’été à l’hiver. Les passages d’escalade un peu plus technique mais toujours agréable.
Je suis à ma place. Nous sommes la 3ème cordée, les deux jeunes en dessous ont dû faire demi-tour. Au-dessus, les autres sont dans les nuages. Voilà la neige, la pente s’adoucit, un petite anthémis et voilà le sommet. Et de 79 ! Chacun félicite les autres et je regarde la suite, qui est dans un brouillard complet. Il y a énormément de neige sur l’arête et le rocher est verglacé (sur le haut de notre versant il l’était déjà).
Je vois Yannick faire quelques mètres vers l’arête et réfléchir.
Nikita a déjà annoncé qu’il redescendait avec son client. Yannick se retourne et le verdict tombe, on redescend. Il me propose d’enchaîner avec le Lauteraarhorn par le bas.
On finit par se dire qu’on verra bien quand on sera en bas. Et on part dans le brouillard pour atteindre les rappels. Brouillard, vent, la corde vole.
Dans les rappels, le piolet de Yannick vole, je pensais l’avoir bien fixé sur son sac, mais de la neige a dû bloquer le clip de fermeture… et un piolet de moins ! 🙁
Retrouver l’épaule et le soleil. On désescalade à présent dans un temps plus clément. Et on avance bien. Le petite couloir est retraversé, on passe la rimaye et on se pose un peu plus loin pour manger et discuter un peu avec Nikita et Jurgen.
Discussion, Hésitation, que faire, Yannick souhaiterai redescendre tôt demain et moi je ne souhaite pas passer à côté du Lauteraarhorn qui est si proche.
On décide d’attaquer dans la foulée l’ascension de ce dernier.
Retour à Gaag
On descend à Gaag, on laisse un peu de matos et on repart vers le col. Rythme lent, neige déjà molle, il est déjà 14 h. On atteint le Strahleggpass. Que l’on redescend en neige hyper molle. Chaque pas déclenche des petites coulées.
On prend sur le rocher délité, le versant Est, est bien raide ! Un poil de neige, 2 petits rappels et nous voilà sur le névé du bas, ça va être coton de repasser ici ce soir ! Je stresse à l’avance !
On file sur le glacier (Strahlegggletscher) et Yannick décide d’attaquer par les rochers plutôt que de prendre les coulées d’avalanche, trop de risque de s’en prendre une. C’est raide, mais ça grimpe bien, puis ça s’aplanit et on finit même par trouver une source, l’occasion de faire le plein d’eau et une petite pause bienvenue.
On est parti dans une sacrée aventure. Yannick prévoit un retour refuge pour 20 h, je penche plutôt pour 23 h…
On repart, alternant des passages de rochers et de neige, avant de se retrouver dans les grandes pentes de neige. C’est parti, on s’enfonce pas mal, jusqu’au genou parfois, mais on grimpe. C’est assez raide, entre 45 et 50°. On reprend les rochers où le rythme est plus dur à tenir (mais là au moins, je ne m’enfonce pas) avant de reprendre une seconde pente de neige. Plus on monte, plus c’est raide, plus de 50° à présent, dans une neige soupe à souhait. Je vois l’épaule où il faut rejoindre l’arête.
En doute de l’altitude exacte
Yannick doute de mon alti et pense qu’on est plus haut que les 3700m annoncés. Je ne me fais pas d’illusion, au mieux, l’erreur est de 20 mètres. Je m’enfonce bien régulièrement jusqu’aux cuisses.
L’effort est intense et on a déjà pas mal de dénivelé dans les pattes ! Dur de prendre un rythme quand tous les huit pas, ça s’enfonce et tu patines, le deuxième pied n’arrive pas à tenir et s’enfonce lui aussi. Je redouble d’effort, tandis que l’Himalayiste vole !
On déclenche quelques coulées qui prennent de l’ampleur en dessous. Proche des passages rocheux, il y a de la glace, cachée par une bonne couche de neige soupe, il faut rester bien concentré et se motiver pour poursuivre. On pause chacun un bâton à récupérer à la descente à un endroit différent.
On rejoint l’épaule. Ca grimpe mieux à présent, plus de neige, des passages rocheux un peu technique, juste comme il faut. J’essaie de garder le rythme, mais le souffle est court. Un replat, encore un peu de grimpe.
Yannick annonce le sommet sans en être sûr, il y a une antécime sur l’arête du Schreckhorn, je vois la petite boite du sommet, c’est le bon, on s’y rejoint, hilares, usés mais heureux : mon 80ème 4000 !
Le deuxième de cette journée dantesque, il est déjà 17h30. Yannick appelle le gardien pour lui annoncer qu’on serait en retard et qu’il nous laisse un peu à manger pour notre retour, celui-ci lui rétorque d’aller au bivouac, mais Yannick lui précise que c’est bien dans son refuge que nous comptons aller.
Au sommet du Lauteraarhorn
On ne traîne pas et on attaque la descente. Désescalade, puis spectre de broken, que je ne parviens pas à photographier. Vient la neige, on est trempé dans les chaussures depuis longtemps. Je désescalade aussi vite que je peux les pentes de neige, tout en repérant nos traces. Des coulées partent, j’ai les gants trempés et les doigts congelés par la neige soupe dans laquelle j’enfonce mes mains à chaque pas, limite onglet ! On ne parvient pas à retrouver nos bâtons dans les rochers, un partout, la balle au centre !
On poursuit, dans la neige en traversée puis dans les rochers. J’essaie de progresser au plus vite, et au plus vite après 16 h de course, ça reste assez lent. Mais on descend, alternant les grandes pentes de neige soupe ou tu t’enfonces jusqu’aux cuisses, ou les coulées partent, où tu te méfies de la glace, et les passages de rochers, relativement bons. Nouvelle pente de neige, derniers passages de rochers, nous sommes sur le plat du glacier. Il va falloir remonter au Strahleggpass.
« Chaque pas te ramène un peu plus au refuge »
Et je vois la partie raide du col, lentement s’approcher. Yannick attaque, survole, je monte, je stresse un peu, quel manque de confiance, en fait, ça passe plutôt bien. la partie rocheuse terminée, je suis rassuré, reste la neige, il faut être doux, on est dans une soupe infâme, mais on grimpe, lentement, certe, pour ma part, mais on grimpe, et on se retrouve au col. Yes ! Plus que de la descente.
Et on lance les hostilités de la descente, on rejoint Gaag. Pour une courte pause, on voit à présent le refuge.
Descente
On attaque la descente par la sente puis les grands névés. Que l’on descend en ramasse. Nouveau passage de sentier, j’allume la frontale, Yannick aussi.
C’est toujours bizarre de rallumer une frontale le soir à la fin d’une grosse course.
Nouveau névé, nouvelle ramasse, à fond, je me fais larguer par Yannick, et je me prends une bonne grosse gamelle en allant trop vite. Pas de bobo, je reprends, un peu plus lentement. Je rejoins Yannick et on trouve la sente qui permet de rejoindre le plat du glacier plutôt facilement.
On repart à plat, je repère au GPS la remontée. Petite pause technique avant de remonter, je laisse Yannick filer. Dernière montée, il est 23h, 21h que l’on marche sans grosse pause, et je garde le rythme, lent certes, mais je le garde, je pourrais continuer de marcher si le refuge était plus loin.
Je vois le refuge, je m’imagine que le gardien va être là pour nous accueillir, peut être va-t-il nous gronder mais il sera là, il est prévenu que nous serons là tardivement ce soir.
Fin de la sixième journée de l’ascension au Schreckhorn
Le refuge s’approche, je fais un dernier film, je suis heureux, la journée a été méga longue, dantesque mais magnifique. Je rentre dans le refuge, et je trouve Yannick et deux tasses de thé : c’est tous que le gardien a trouvé à nous laisser. Pas une tranche de jambon, pas de petite soupe, rien ! Sympa, on a bien fait de prévenir. On se déséquipe lentement, tout en papotant chuchotant.
2 tasses de thé, c’est quand même incroyable !
Je grignote une dernière barre, une pomme. De toute façon je n’ai pas faim
Je regarde les données GPS, et je lis : 24 km et 3600 m de déniv !!! Incroyable, si j’avais su qu’on se lançait vers ça, jamais je ne l’aurais tenté, comme quoi. Déjà avec 2800 m de déniv, j’aurais hésité !
Je repère dans la salle à manger le dortoir qui se lève à 4 h et je monte le trouver. J’ouvre la porte, un énorme ronflement m’accueille. Je la referme et stoppe dans le couloir. Il faut quand même y aller. Deuxième tentative, je trouve un lit. M’y couche, et fini par m’endormir malgré les ronflements. C’est ça aussi la haute montagne !
Jours 7 : Descente de la Schreckhornhütte au Mont Blanc
4h15, Yannick me réveille, il faut se lever si on veut déjeuner.
Je retrouve avec bonheur le fromage blanc aux fruits, le gardien dort encore, c’est la gardienne qui nous accueille.
Je retrouve avec un autre bonheur, mes chaussures trempées. Le doux contact de la semelle humide avec ma chaussette sèche, qui ne l’est déjà plus. Je lace les lacets trempés, refais mon sac une dernière fois et on quitte le refuge.
On ne fera pas de Selfie avec l’ogre alors que c’était notre ultime objectif, mais de toute façon, je crois que je n’aurais pas osé lui demander…
On part, Yannick prend un bon rythme, je le suis à distance, m’arrêtant par moments, la journée est belle pour les photos. Il m’attend au refuge intermédiaire. Et c’est la première fois de ma vie que je prends un sandwich au saucisson et aux cornichons à 7 h du mat ! L’accueil est à l’opposé du refuge supérieur. Un énorme coca accompagne la libation. Ne reste qu’une petite descente pour rejoindre le téléphérique. Celui-ci descend à notre arriver, parfait.
L’énorme course est terminée, l’énorme semaine aussi, je suis heureux, tout s’est presque passé comme sur des roulettes.
Merci Yannick pour les belles et longues heures passées là-haut !
Conclusion sur ce séjour au Schreckhorn
Il faut vivre ses rêves
Il y a 5 ans, gravir les 82 4000 n’était qu’un projet bien lointain et semer d’embûche
Petit à petit, patiemment, j’ai gravi les plus durs les uns après les autres, cette semaine de montagne a été l’apothéose du projet. Ne me reste qu’à gravir, le Mont Maudit et le Zinalrothorn (à l’automne si tout va bien)
Ces journées de montages sont dures mais magnifiques, des paysages exceptionnels, des voies incroyables et mythiques. Pleins de souvenirs pour plus tard !
Matériel utilisé pour cette sortie au Schreckhorn
Équipements pour le Schreckhorn
CATEGORIE | MODELE | MARQUE | POURQUOI AVOIR FAIT CE CHOIX AU DEPART | CE CHOIX A-T-IL REPONDU AUX BESOINS DE LA SORTIE | SI C’ÉTAIT A REFAIRE |
CHAUSSURES | Trango Extreme Evo ligh GTX | LA SPORTIVA | Légèreté, technicité | Oui, chaussure impeccable, pas d’ampoule, et la chaussure est précise ! Note : j’ai mis des guêtres tout de même ! | Même choix ! |
CRAMPONS | Sarken Leverlock fil | PETZL | Techniques et polyvalents. L’objectif était de pouvoir utiliser sur des courses bien différentes. | Impeccable, je ne suis pas déçu ! | Crampon idéal pour ce type de course |
PIOLET | Naja | SIMOND | Piolet technique | Le modèle est ancien mais toujours efficace. Un peu lourd, on doit pouvoir trouver plus léger aujourd’hui ! | Prendre un piolet plus moderne le quark par exemple – Un piolet suffit pour ces courses. |
CASQUE | Elios | PETZL | Poids | Ce modèle me satisfait ! | Voir dans les nouveaux modèles « hyperlight » s’il n’y a pas plus adapté. |
CORDE | Iceline 2 X 60 m | BEAL | Traitement dry | Corde idéale, parfaite Elle est utilisable, à simple, à double, jumelée. Elle est traitée dry et n’est pas trop lourde ! | 2 brins indispensables – LA Corde à utiliser pour ce type de course ! |
BAUDRIER | Mirage | BEAL | Poids – technicité | Baudrier technique, attention de bien le positionner dès le matin (pas toujours évident) | Le Baudrier à l’air solide |
SAC À DOS | Guide 35 light | DEUTER | Poids + confort | Suis super satisfait de cette acquisition. Suffisant pour deux jours de raid | Excellent choix ! |
BROCHE À GLACE | Laser | PETZL | Fiabilité | Pas utilisée, les broches sont restées dans le sac. Reproche : des broches avec manivelle ! | |
COINCEURS À CAME | Wildcountry | Prix | Un des coinceurs s’est vrillé et est devenu inutilisable. | Utiliser des coinceurs Camalot | |
COINCEURS | Stoppers Nuts | BD | « | Pas de reproche à faire | Les mêmes |
Vêtements pour l’ascension à Schreckhorn
CATEGORIE | MODELE | MARQUE | POURQUOI AVOIR FAIT CE CHOIX AU DEPART | CE CHOIX A-T-IL REPONDU AUX BESOINS DE LA SORTIE | SI C’ÉTAIT A REFAIRE |
POLAIRE | M Vector Grid Pro ½ Zip | MAMMUT | Chaleur poche | Impeccable pas eu froid au piton des Neige Poche tip top pour appareil photo ou GPS | la même ! |
VESTE DUVET | Down fil powder | MAMMUT | Chaleur Légèreté Compact | Pas utilisé, il est bien compact et est resté au fond du sac regret : il perd à chaque course quelques plumes | Adaptée à ce type de course je le reprendrais |
VESTE GORE TEX | K jkt | MILLET | Pour être à l’abri des éléments. | J’adore cette veste | Excellent choix ! |
GUÊTRES | GTX Alpine Guêtre | BD | Etanchéité – résistance | RAS elles ont bien protégé de la neige et du froid ! | Pas trop de neige dans les chaussures, c’est ce qu’on leur demandait ! Bon, ça finit par rentrer en fin de journée – par contre difficile de trouver des guêtres étroites et grandes. |
GANTS | Punischer | BLACK DIAMOND | Thermicité Technicité | Les coutures commencent à lâcher | Pas eu froid aux mains et c’est là le principal ! |
MOUFLES | Bionnassay | DÉCATHLON | Chaleur | Utilisées comme moufles de rechange, en fond de sac, bon rapport qualité prix Restées au fond du sac ! | Avec un budget un peu plus élevé, des moufles plus techniques type BD. En général, ces gants restent au fond du sac, et ça n’a pas fait exception ! |
PANTALON | Svalbard | NORONA | Technicité Chaleur | Beaucoup de poches utiles pour y ranger carte, GPS Le pantalon est un chouilla lourd Les ceintures scratchs ne sont pas efficaces | Je le trouve assez confortable, je lui ai ajouté des bretelles |
BANDEAU | Nepal | RAIDLIGHT | Chaleur | Raid light fait un don de 7 € au NEPAL pour chaque bandeau vendu. Une bonne action et un chouette bandeau aux couleurs des drapeaux de prière | Le même |
Accessoires pour l’expérience à Schreckhorn
CATEGORIE | MODELE | MARQUE | POURQUOI AVOIR FAIT CE CHOIX AU DEPART | CE CHOIX A-T-IL REPONDU AUX BESOINS DE LA SORTIE | SI C’ÉTAIT À REFAIRE |
BÂTONS | Diamond trail trekking pole | BLACK DIAMOND | Fiabilité | Rien à redire, ils n’ont pas bougé | Je reprendrais les mêmes |
FRONTALE | Armytek Wizzard | ARMYTEK | Puissance | Rien à redire pour la puissance, juste la corde qui peut se coincer derrière la frontale quand c’est raide ou en rappel ! | Je prendrais la même |
GPS | E Trek vista HCX | GARMIN | GPS de rando | Avec le fond de carte et la préparation de la rando (téléchargement des fichiers GPS sur internet) Difficulté à lire l’écran avec un grand ensoleillement | Un peu lent à l’allumage pour la réception des satellites quand on est dans le raide ! Le matin du Schreckhorn il n’est pas parvenu à se situer… Un comble pour un GPSIl y a sûrement plus moderne aujourd’hui sur le marché |
MONTRE | Suunto Ambit 2 | SUUNTO | technicité | La montre parfaite (ou presque) GPS hyper précis Je regrette : le site movescount manque de convivialité La perte des données d’altitude précise quand on est sur movescount (pas de problème sur la montre, l’altimètre barométrique est très précis) Autonomie un peu juste, je me suis créé un mode « ski de rando éco » pour tenir une semaine (mode moins gourmant en énergie) (utile en ski de rando comme en alpinisme!) | Le site de chargement Movescount n’est pas hyper intuitif – peut être passer à l’Ambit 3 Peak |
APPAREIL PHOTO | TZ 40 | PANASONIC | Compact | Batterie un peu juste pour les longs séjours | Je me demande si les anciennes versions n’avaient pas moins de grain… |
LUNETTES | Bivouac J383 Spectron 4 | JULBO | Qualité des verres | Pas de problème pour les yeux, mais je les trouve un peu inconfortable. | Choix d’un autre modèle avec la même qualité de verre ! |