Greg CARON nous partage son expérience de son ascension du Mont-Blanc.
Informations pour préparer l’ascension du Mont Blanc
Date du projet
Les 13, 14 et 15 Juin 2017
Lieu
Le sommet du Mont Blanc, 4810m, Chamonix, Haute Savoie, France.
Participants à l’ascension du Mont Blanc
Greg et Flo, deux amis, alpinistes amateurs habitués à évoluer ensemble sur la même corde et la même longueur d’onde.
Où dormir durant l’ascension du Mont Blanc ?
Au départ des Houches, de Chamonix, de Saint Gervais, les lieux de bivouac, les hôtels, les gîtes sont nombreux.
Pour notre part, nous avons choisi le bivouac sur le parking à Bionassay (Saint Gervais) la veille du départ, et nous avions réservé un AirBnb à Chamonix pour la nuit du retour.
Pendant l’ascension nous avons profité des refuges de Tête Rousse (46,90 €) le premier soir, et le mythique refuge du Goûter (60€) pour le second. Pour ces refuges, la réservation est obligatoire.
Où se restaurer ?
Les refuges de tête rousse et du goûter proposent les repas et petits-déjeuners, mais leur difficulté d’accès les oblige à se faire livrer par hélicoptère, du coup les tarifs des repas s’en font ressentir…
Pour Tête Rousse la bouteille d’eau coûte 6€, le repas complet 27€ et au refuge du goûter c’est un peu plus cher…
Pour notre part, nous avons fait le choix d’emporter notre réchaud à gaz ainsi que des plats lyophilisés.
Des « Salle réchaud » étant accessibles gratuitement dans chacun des deux refuges, nous n’avions ainsi qu’à acheter de l’eau.
Office de tourisme
Office du tourisme de Chamonix
Quoi d’autre dans les environs
Le massif du mont blanc offre des possibilités illimitées dans énormément de domaines, que ce soit pour le tourisme, la culture, ou pour tous les sports de montagne, c’est pourquoi il est mondialement reconnu.
Activités autour de Chamonix
Ascension du Mont-Blanc
Alpinisme autour de Chamonix
Ski de rando autour de Chamonix
Randonnée autour de Chamonix
Escalade autour de Chamonix
Trail autour de Chamonix
Plongée en mer de glace
Liens internet
Pour les alpinistes souhaitant gravir par eux-mêmes le Mont-Blanc, le site Objectif Mont-Blanc détaille toutes les étapes, du sac à dos à l’ascension en passant par la préparation physique.
Il faut tout de même rappeler que cette ascension est l’affaire d’alpinistes, et non de randonneurs… Les dangers y sont multiples et je ne peux que vous recommander de vous faire accompagner par un guide professionnel.
Retrouvez le film de notre ascension ici
Deux tocards à l’ascension au sommet du Mont Blanc
Naissance du projet
Discussion d’un été
Juillet 2016, une soirée arrosée, quelque part dans le nord de la France… Alors que nous discutons du projet que j’ai de repartir en trek en Laponie avec la Tarp Team en septembre qui arrive, un ami qui ne fait pas partie de l’aventure m’interpelle.
« Moi tu vois, ça m’ferait bien mal de dormir en tente sous la pluie, et marcher dans la forêt pendant 10 jours en portant un sac super lourd… Je ne vois vraiment pas pourquoi tu t’infliges ça ! »
En amoureux de la nature que je suis, je tente de le convaincre des bienfaits de l’aventure, du grand air, etc… et on finit par tomber d’accord sur un point. Il aime la montagne…
Rappelons le contexte de la discussion, éméchés que nous sommes, on se lance un défi :
Moi :
Un jour je t’emmènerai randonner en montagne, et ça te plaira !
Lui :
OK, chiche, emmène-moi au sommet du mont blanc !
Un check là-dessus, le pari est lancé, en juin prochain on s’attaque au toit de l’Europe.
Pour une réelle ascension
Durant les jours suivants, les idées plus claires, je prends conscience de ma responsabilité. Alpiniste amateur, pas hyperexpérimenté je viens de m’engager comme guide pour emmener mon pote qui n’a aucune connaissance de la montagne au sommet du mont blanc. Je décroche donc mon téléphone pour appeler mon ami et compagnon de cordée habituel, Flo qui, lui, saura me conseiller…
Flo est super-emballé, maintenant que je lui en ai parlé, il faut monter le projet, nous deux on y va. Par contre ne connaissant pas mon pote à l’origine du défi, il me laisse seul juge quant à savoir si on l’embarque ou non… Moi je sais que le gaillard est une force de la nature, il est fiable et n’a peur de rien.
Mais il ne connaît pas la montagne et il n’est pas du tout sportif… Ça craint, mais en un an, on peut lui forger une condition physique, et encordés à 3, on peut l’encadrer.
Le délire dure un moment, un autre pote nous fait part de son souhait de participer, je leur envoie plein de vidéos pour leur faire prendre conscience de l’engagement nécessaire et des dangers réels qu’on va rencontrer… Et cela suffira à les décourager. Nous voilà donc à deux, Flo et moi, lancés dans la quête d’une nouvelle aventure !
Préparation à l’ascension
Ni Flo ni moi ne sommes des alpinistes confirmés, mais nous partons régulièrement pour des courses vers les 3000 des alpes du sud, en été comme en hiver, on sait utiliser les crampons, le piolet, et à nous deux, on accumule assez de connaissances sur les techniques de corde et la montagne pour que ce projet ait des chances d’aboutir.
Nous y voilà ! Le trek en Laponie est passé, la saison hivernale touche à sa fin, il est temps de se préparer pour gravir le toit de l’Europe.
Nous sommes conscients des risques encourus, et une analyse détaillée des topos et autres retours d’expériences, nous permettra de les situer dans notre progression…
Pour ce qui est du physique, on se fera chacun de son côté un petit programme d’affûtage, à base de course à pied (et d’arrêt du tabac pour ma part), mais on est déjà assez sportifs, ça ne nous inquiète pas plus que ça.
Restent les congés… On habite à 1200km l’un de l’autre, on devra donc se rejoindre à Chamonix, mais le créneau que nous arrivons à nous trouver en commun est assez court, 4 jours. On peut déjà faire une croix sur les randos d’acclimatation à l’altitude… Ça sera un aller-retour direct pour le sommet ! Ce qui multiplie nos chances d’abandon pour cause de MAM (le Mal Aigu des Montagnes).
Flo viendra à Chamonix en voiture pour me récupérer à la gare routière, pour moi c’est un bus de nuit à l’aller / covoiturage au retour.
L’ascension du Mont Blanc
Après une horrible nuit dans un bus bondé en route pour l’Italie, je me retrouve à Chamonix, en jeans/T-shirt manches longues, par 35°C avec un énorme sac sur le dos et un deuxième sur le ventre.
Flo est en retard, ce qui me laisse le temps d’aller louer mes crampons, boire une bière, faire des emplettes de souvenirs pour mon fiston, et même réserver une chambre pour le dernier soir sur Chamonix… Puis il arrive enfin, et nous reprenons la voiture direction le hameau de Bionassay, d’où nous avons prévu de démarrer l’ascension.
Ce point de départ n’est pas le plus fréquemment utilisé pour attaquer la voie normale du Mont Blanc. En général, les alpinistes préfèrent emprunter le tramway du mont blanc qui les dépose à presque 2400m d’altitude, pile sur le bon itinéraire… Mais pas de chance pour nous, il ne démarre sa saison que dans 3 jours…
Alors pour nous, ce sera bivouac à Bionassay, et on démarrera de 1400m…
Jour 1 : une randonnée alpine et ferroviaire pour commencer l’ascension du Mont-Blanc
Départ de Bionassay
Réveil de bonne heure dans la tente à Bionassay, on se fait un petit-déjeuner bien copieux avec le gros réchaud à gaz de Flo qu’on laissera dans la voiture.
On en profite pour s’alléger au maximum, et on y laisse tout ce qui n’est pas strictement nécessaire, puis on se met en route vers le parking du Crozat (1420m) qui sera notre point de départ.
Le chemin démarre tranquillement vers le nid d’aigle, qui d’après les panneaux se trouve à 3h15 d’ici. La journée est radieuse, il fait frais, les conditions sont idéales, et les prévisions semblent rester au beau pour toute notre ascension.
Le Glacier de Bionassay est visible au loin. On doit normalement longer son flanc gauche pour atteindre le Nid d’aigle ce qui représentera presque la moitié de notre première journée de marche.
En s’approchant du glacier on croise plusieurs panneaux nous indiquant que le chemin du nid d’aigle est fermé, ce qui ne nous pose pas de problème car nous sommes équipés de matériel d’alpinisme, il doit juste être fermé pour les randonneurs…
Mais arrivés à un croisement, un choix s’impose à nous : passer le ruban et poursuivre sur le chemin fermé, ou modifier notre itinéraire pour un détour de plus d’une heure par le plateau de Bellevue…
Le truc c’est que notre itinéraire original nous fait emprunter des échelles et un pont. Que fera-t-on si le chemin est fermé pour absence des échelles ou du pont ? Le détour serait alors énorme car il nous faudrait rebrousser chemin dans une heure avant de finalement faire le détour de Bellevue…
Passage par le plateau de Bellevue
Histoire d’assurer le coup, on ne tente pas le diable et on monte à Bellevue. Arrivés sur ce plateau, il ne nous reste qu’à suivre les rails du tramway. Ils montent directement au nid d’aigle, mais le tramway ne démarre sa saison dans 3 jours. La montée est interminable…
Il n’y a rien de plus long que de longer des rails si longtemps. Heureusement le panorama est superbe ! On croise deux locomotives de maintenance qui font des allers-retours sur les voies pour vérifier leur fonctionnement avant l’ouverture. Bien évidemment, ils n’ont pas le droit de nous prendre en stop…
Mais après deux tunnels, nous atteignons le Nid d’Aigle.
Maintenant on attaque la montée vers la baraque des Rognes, une cabane en pierre à l’abandon où l’on a prévu de dormir pour économiser une nuitée en refuge payant à Tête Rousse. Du coup, on a pris les duvets, ce qui nous ajoute du poids…
Dans le pierrier qui mène aux rognes, on tombe sur une équipe sympathique de nordistes, en route aussi pour le sommet, ils sont accompagnés par deux guides qui n’ont pas eu les mêmes prévisions météo que nous.
Ils nous conseillent de monter à Tête Rousse ce soir pour tenter le sommet demain en doublant les étapes, parce que la météo se gâte dès la fin de journée…
De toute façon, il est à peine midi, on arrive aux rognes, et on ne compte pas passer notre après-midi à glander sur une banquette de pierre, donc on choisit de pousser jusqu’à Tête Rousse. L’ambiance y sera meilleure, on aura moins à parcourir demain, et cet après-midi on continue de marcher…
Entre Rognes et Tête Rousse
Dans la portion entre les Rognes et Tête Rousse, la piste se redresse, on commence à surplomber un peu de vide, et le paysage de haute montagne commence à se faire sentir.
On croise nos premiers bouquetins, les premiers névés, quelques câbles fixes sécurisent des petits passages délicats, mais pour le moment, on n’a pas besoin de s’y assurer.
Puis au sommet de l’arrête, on arrive sur le glacier, et le refuge de Tête Rousse apparaît, suspendu au-dessus du vide.
D’ici, l’aiguille du goûter nous dévoile sa face ouest tout entière. On voit déjà le célèbre refuge dans lequel on dormira demain, le plus haut d’Europe, Il paraît si proche ! On peut déjà lire toute notre ascension à venir, et même le redoutable couloir de la mort qu’il nous faudra traverser.
De nombreux craquements se font entendre, ce sont des pierres et des rochers qui se fracassent en dévalant le couloir du goûter.
C’est terrifiant pour demain ! Et de l’autre côté sur le glacier de Bionassay, ce sont carrément des explosions qui tranchent le silence de la montagne : les ruptures de séracs.
Nous sommes en milieu d’après-midi, et notre journée de marche est terminée. Malgré le fait que nous n’ayons pas réservé, il reste de la place et la gardienne nous attribue nos couchettes.
Le refuge est plein de vie, environ 60 personnes s’occupent, certains sont accoudés au bar, d’autres dans les couchettes, ou jouent à des jeux de société sur les tables du réfectoire. On ne regrette pas notre choix d’avoir poussé jusqu’ici.
Repos et météo
Le sujet de conversation est clairement orienté météo, les avis divergent, mais les plus pessimistes songent déjà à rentrer demain matin. Flo et moi décidons d’attendre de voir par nous-même au réveil, mais pour le moment, on garde l’objectif en vue !
On discute une paire d’heures avec nos colocataires, on se fait une petite partie de scrabble.
Puis on se fait à manger : soupes en sachets, spaghetti, saucisson. En profitant de la salle à réchauds mise à notre disposition.
Après un dernier tour dehors sur la corniche pour admirer le coucher du soleil, Il est 22h quand le refuge s’endort, tous remplis de doutes quant à la suite de notre ascension…
Jour 2 : l’escalade rocheuse et le couloir de la mort
Tentative et météo
Les prévisions ont tenu leurs promesses, et ce matin un nuage épais pèse sur le refuge. La vue est bouchée, on ne voit plus le Goûter, et beaucoup décident de plier bagage. D’autant qu’il est prévu d’empirer pour les 24h avec des orages à venir… On traîne au petit dèj, mais finalement on décide de continuer.
À 8h30, les crampons aux pieds, on attaque l’aiguille en direction du couloir. Pour l’heure, l’objectif n’est plus le sommet, la météo est trop incertaine pour se mettre ça en tête. De toute façon l’ascension finale n’est que demain.
Si on atteint le refuge du goûter, ce sera déjà une victoire ; c’est notre objectif du jour.
La trace est belle sur la pente du glacier de tête rousse qui monte vers l’accès au couloir. La difficulté majeure du jour.
On croise des alpinistes qui descendent du Goûter, ils ont renoncé ce matin en voyant la météo, ils ont des mines dépitées. On n’est pas nombreux à partir dans le sens de la montée, presque tous les guides ont renoncé à amener leurs clients. Il ne reste que les autonomes, ainsi que deux de nos nordistes de la veille accompagnés par l’un des deux guides.
On profite de croiser du monde pour se renseigner sur l’état de la trace dans le couloir. Elle est belle et en neige, mais le câble qui sert de main courante est inaccessible, lui passe à une vingtaine de mètres de là au-dessus d’une ancienne trace bien pourrie.
Le déversoir qui jette ses pierres sur la voie lui n’est plus en neige, et commence à mitrailler sévèrement…
Danger imminent durant l’ascension du Mont-Blanc
On y arrive, donc on s’encorde avant d’être dans la trajectoire des pierres… Il ne faudra pas traîner…
Juste devant nous, deux Californiennes vont entamer la traversée, on leur promet d’ouvrir l’œil pour elles et de les avertir si ça bombarde. Et Bingo ! Ça bombarde.
Alors qu’elles sont en plein milieu, je repère une pierre de la taille d’un grille-pain qui dévale la pente et qui s’apprête à couper leur trajectoire. Je hurle : PIERRE ! Elles s’arrêtent pour la localiser, et le bloc passe à moins d’un mètre devant la première à la vitesse d’une fusée. Si elles ne s’étaient pas arrêtées, la première l’aurait prise dans les jambes, aurait glissé dans le précipice entraînant sa compagne de cordée avec elle… OUF !
Ça donne le ton pour notre traversée… On est calmés ! Les filles nous renvoient l’ascenseur et veillent pendant qu’on traverse.
Pour nous ça passe sans encombre, encordé à deux avec 5m de distance, on gardera cette configuration pour l’escalade rocheuse qui suit, jusqu’aux derniers mètres où sont installés des câbles fixes.
Cette traversée du couloir est terrible, car elle ne demande pas de compétences particulières, le danger y est aléatoire… Il faut passer entre les pierres qui peuvent tomber sous la forme d’une pluie de caillou, ou sous la forme d’un frigo lancé d’un building…
Une fois cette épreuve terminée, il faut grimper sur les rochers trempés vers l’aiguille du goûter tout là-haut… Le nuage se dissipe suffisamment pour voir le refuge de ce soir, parfois il nous laisse apercevoir Tête rousse en dessous de nous, et par moments, de belles éclaircies nous permettent d’admirer le panorama tout entier.
Ces trouées sont à couper le souffle !
Derniers pas avant l’arrivée au refuge
L’escalade s’avère facile, malgré l’humidité, il suffit de longer l’arrête du couloir en visant tout droit vers le haut… La facilité nous donne une confiance dont il faut se méfier.
Car c’est souvent les excès de confiance qui font faire l’erreur qui nous fera chuter… Chuter ici n’est pas envisageable ; le vide derrière nous est de plusieurs centaines de mètres.
Sur le dernier quart de l’ascension, l’arrête devient un mur de blocs, des mains courantes en câble fixe sont installées.
On range la corde et on sort nos longes pour s’assurer façon via-ferrata. Le manque d’oxygène commence à se faire sentir alors qu’on atteint l’ancien refuge et le sommet de l’aiguille.
Le mythique refuge du goûter se trouve à la même altitude, une centaine de mètres plus loin à plat dans la neige. On vient de basculer dans un autre monde, celui de la haute montagne. Maintenant tout est recouvert par plusieurs mètres de neige.
Le vent souffle de toutes ses forces alors qu’on savoure notre arrivée en marchant dans le vide sur le balcon métallique du refuge suspendu à flanc de falaise, à 3815m d’altitude.
Le refuge pouvant accueillir 120 personnes semble vide alors que nous ne sommes pas 40 à y séjourner.
Quand je pense aux difficultés que j’avais eues à y réserver une place ! La météo a forcé beaucoup de monde à renoncer, nous nous retrouvons dans une ambiance cosy.
On connaît déjà presque tout le monde depuis hier, on retrouve nos amis nordistes, les Californiennes, guides et quelques autonomes avec qui nous avons hésité ce matin. Aussi quelques acharnés ayant échoué avant le sommet aujourd’hui et souhaitent tenter à nouveau demain.
En attente de la météo, la tempête
Dehors, la tempête fait rage, une neige lourde d’humidité est soufflée par le vent venant d’en bas, c’est impressionnant. Il neige à l’envers, et rien ne laisse envisager une amélioration…
Les chanceux qui trouvent du réseau sont assis sur les hublots à l’intérieur du refuge pour consulter la météo. Toutes les demi-heures, l’un d’entre eux donne un avis différent sur la journée de demain…
Tout le monde est perdu, personne ne sait si l’ascension sera possible. D’autant plus que le réveil est prévu à 2h du matin pour avoir le temps d’atteindre le sommet et redescendre à la voiture en une journée…
Demain soir, on doit dormir en chambre d’hôtes à Chamonix…
Flo et moi restons jusqu’à 22h au bar avec les habitués, et on se couchera sans aucune certitude… Impossible de trouver le sommeil dans cette excitation mélangée d’inquiétude !
Jour 3 : le sommet… Peut-être !
Réveil difficile
Réveil à 2h, enfin… Si on peut appeler ça un réveil, étant donné qu’on n’a pas dormi…
Le petit dèj est servi, la tempête fait rage dehors. On descend dans le sas pour se faire une raison.
Là, deux cordées se préparent : 3 Italiens, et 6 Ukrainiens. Ils veulent tenter de braver la tempête.
Tous les autres retournent se coucher. Les dernières infos parlent d’une accalmie en début de journée avec un gros orage en fin d’après-midi… On programme donc notre réveil pour 6h, mais on veillera aux hublots l’évolution.
Une heure plus tard, les Ukrainiens reviennent.
Tremblant de toute leur carcasse, ils sont bleus et enroulés dans des couvertures de survie.
L’ascension s’arrêtera là pour eux. Nous ne reverrons jamais les Italiens… Sont-ils redescendus à tête rousse ? Se sont-ils abrités dans l’abri Vallot pour atteindre le sommet et redescendre ailleurs ? À notre retour, personne ne sera porté disparu, donc j’imagine que tout va bien pour eux.
Pour Flo et moi qui avons un timing serré, le réveil à 6h sera pour redescendre…
On ne veut pas y croire… Échouer ici à cause de la météo et du timing, c’est trop triste ! Ce soir on a une réservation à Chamonix qui est déjà payée. Mon retour en covoiturage de demain est aussi payé. Je reprends le boulot dans 3 jours, et avant je suis invité à une réception que je ne peux pas manquer…
À 7h, on ne peut pas espérer atteindre le sommet et redescendre à la voiture dans la journée…
Dans le sas tout le monde s’équipe pour la descente. Sauf un guide avec deux clients, une cordée de 8 Russes, et les nordistes qui eux continuent.
Indécisions : poursuivre l’ascension du Mont-Blanc ?
Dehors, il fait beau, malgré un vent très fort. En fait, le refuge se trouve dans une trouée nuageuse, au-dessus c’est de la purée, en dessous aussi.
Mais ce soleil ! Allez mon pote, on n’est pas venus jusqu’ici pour renoncer !
On se chauffe, tant pis pour nos réservations, ce soir si on dort une seconde nuit au goûter.
Je pourrais me débrouiller à l’arrache pour trouver un moyen de rentrer dans le Nord à temps pour mes projets… Flo lui est tranquille, il a sa voiture… Alors c’est décidé, on continue !
Au passage, on motive deux Lyonnais qui allaient redescendre également, leur ascension, ils l’ont déjà tenté hier, et ils ont été pris dans un orage.
Ils ont dû creuser deux trous dans la neige sur l’arrête des bosses pour s’abriter, ils ne veulent pas revivre cette expérience, mais comme nous, ils refusent cet échec.
Quatre cordées s’élancent donc vers le sommet, Flo et moi sommes plus longs à partir, vu que notre changement d’avis de dernière minute nous a retardés, on les suivra de loin…
Dès la sortie du refuge, on est sur l’arrête du goûter. La vue est complètement bouchée côté saint Gervais, mais sur l’autre versant, c’est magnifique !
On voit Chamonix, l’aiguille du midi et tout le massif du Mont Blanc qu’on surplombe. On longe l’arrête en direction du dôme du goûter qu’il nous faudra monter.
Vers le dôme du Goûter
Dès le début du dôme, on entre dans le nuage. On ne voit plus rien autour de nous. C’est tout juste si je vois Flo qui est 10m devant moi, accroché sur ma corde. La montée en zigzag est raide et éprouvante.
Le manque d’oxygène nous oblige à marcher d’un pas très lent et court. Une bonne heure plus tard, on croise les deux nordistes qui redescendent avec leur guide.
Ils vont bien mais sont obligés de rentrer car ils sont astreints à un timing serré. Leur guide leur a permis d’atteindre les 4000m, mais ils doivent descendre… Ils nous encouragent, on les félicite, et c’est reparti.
Très vite, alors qu’on atteint le toit du dôme, on double la cordée de Russes qui avancent très lentement. Le ciel est toujours aussi bouché, et d’ici on est censés voir l’abri Vallot.
Il est bien là, mais invisible dans la brume. Une grande plaque de glace vive à traverser en faisant bien attention de planter les crampons et le piolet solidement à chaque pas, et il apparaît.
C’est l’occasion d’une petite pause pour boire et manger nos sucreries, même si avec l’altitude. La faim ne se fait pas sentir.
On repart en grande forme sur les arêtes des bosses. Un trou sans fond dans la neige sur la trace nous prouve qu’il y a des crevasses sur l’itinéraire. Il faut être très prudent ! La surface est très étroite sur la crête qui monte jusqu’au sommet.
Un vent très fort nous pousse latéralement vers le précipice.
Des conditions difficiles
C’est effrayant, nous avons raccourci l’encordement, il n’y a plus que 3 mètres de corde entre nous. Si l’un des deux glisse, l’autre devra sauter dans le vide du côté opposé pour qu’on soit suspendus par la corde chacun de notre côté… Espérons que cela ne se produise pas !
La trace laissée par les deux cordées encore devant nous est déjà très estompée par le vent. On doit redoubler de vigilance dans ce peu de visibilité.
Par moments, l’arrête s’élargit en corniches de neige très fragiles. On doit veiller à rester sur le fil de l’arrête pour que la neige ne se dérobe pas sous nos pieds dans une chute qui serait à coup sûr mortelle.
Le ciel se dégage partiellement quand nous atteignons le rocher de la tournette ce qui nous permet de contempler le vide qui nous entoure, mais aussi d’apercevoir le sommet qui n’est plus très loin. Nous avons l’impression d’être dans l’espace tant le vide est oppressant !
Cette sensation est extraordinaire, elle est amplifiée par les nuages qui nous arrivent à toute allure, portés par le vent, pour se désintégrer sur notre arête et se transformer en traînées blanches rapides en basculant de l’autre côté. Le ciel bleu et les nuages épais s’alternent à un rythme fou, c’est troublant !
L’euphorie nous emporte alors que le sommet tant convoité est à portée de vue. Les arêtes sont toujours aussi effilées quand nous rejoignons une cordée de trois Anglo-Saxons qui semblent en grande difficulté. Ils souffrent clairement de l’altitude, l’un d’entre eux est couché dans la neige dans un état léthargique.
Ils nous disent que tout va bien et qu’ils continuent l’ascension à leur rythme. Nous entreprenons un dépassement périlleux sur une arête qui ne le permet pas.
Enfin au sommet de l’ascension du Mont-Blanc
L’anthémis du Mont-Blanc se dresse devant nous. À seulement quelques mètres, et nous la prenons pour le sommet. Ce n’est qu’en la grimpant que l’on s’aperçoit que le sommet est encore un peu plus loin.
Quand il y en a plus, il y en a encore !
Un quart d’heure plus tard, nous atteignons enfin le sommet, où nous trouvons la cordée de 3 qui a ouvert la marche ce matin. Ainsi que nos deux Lyonnais sympathiques avec qui nous célébrons l’exploit.
Tous redescendent pour nous laisser l’endroit, et on restera seuls pendant près d’une heure sur le toit de l’Europe.
C’est magique ! Ce matin on avait renoncé, et pourtant, ça y est ! Nous y sommes ! Une joie intense nous submerge.
On passera notre heure seuls à contempler la mer de nuages qui s’étend sous nos pieds.
Comme sur un petit îlot perdu dans un océan de nuages. On fait des photos avec nos proches sous pochette plastifiée qu’on a apporté dans le sac à dos. Puis le froid mordant nous appelle à redescendre.
Dès les premiers pas, on s’aperçoit que la descente est plus technique et plus vertigineuse que la montée.
On croise rapidement les Anglais et les Russes qu’on a doublés dans la montée, ils y sont presque !
Le ciel se dégage, nous laissant profiter du panorama qui nous était interdit à l’aller. Le retour sera fait de contemplation. La descente sera juste merveilleuse, mis à part une grosse frayeur quand un dernier nuage nous fait nous perdre dans les pentes du dôme du goûter.
Mais la carte et la boussole nous permettront de descendre dans la bonne direction et d’apercevoir le refuge.
L’ascension du Mont Blanc prend fin ici
Il est 17h quand nous retrouvons le refuge, héroïques.
Tout le monde nous questionne, nous demande des conseils, on a basculé de l’autre côté !
Le refuge est bondé, et demain les conditions seront meilleures.
Aujourd’hui, nous ne sommes que 5 cordées à avoir atteint le sommet, demain il risque d’y avoir plus de monde. On profite d’une seconde nuitée ici.
Le lendemain, je parviendrais in extremis à trouver un covoiturage pour être à l’heure à ma réception et reprendre ma vie dans le plat pays du Nord.
Matériel utilisé pour cette ascension du Mont Blanc
Vêtements utilisés à l’ascension du Mont Blanc
CATÉGORIE | NOM DU MODÈLE | MARQUE | POURQUOI AVOIR FAIT LE CHOIX DE CE MODÈLE AU DÉPART | EST CE QUE CE CHOIX A RÉPONDU À CETTE EXPÉRIENCE RACONTÉ DANS CE ROADBOOK | SI C’ÉTAIT À REFAIRE |
CHAUSSURES | Nepal extrem | LA SPORTIVA | Rigide, tige haute, cramponnable | Oui à 100% | Je reloue les mêmes |
VESTE | Alpine project | THE NORTH FACE | Vraiment isolante du vent et de la pluie | Oui, à 100% | Je garde |
Goretex active | |||||
PANTALON | LD grepon alpine pant | MILLET | Déperlant, respirant et isolant | Oui, couplé au sous pantalon | Je garde |
POLAIRE | Gordon lyons | THE NORTH FACE | Chaud, zip ¼ permet d’évacuer la chaleur | Oui, à 100% | Je garde |
DOUDOUNE | Summit series | THE NORTH FACE | Très chaude | Oui à 100% | Je garde |
SOUS PANTALON | flowfit | WED’ZE | Permet de gagner quelques degrés | Oui, à 100% | Je garde |
MAILLOT | ML respirant | MILLET | Couche supplémentaire | Très bien | Je garde |
T-SHIRT | respirant | MILLET | Première couche respirant qui sèche vite | Très bien | Je garde |
TOUR DE COU | polaire | BUFF | Sert de cache-nez, bandeau, cagoule… | Très bien | Je garde |
GANTS | De ski | REUSH | Pour ne pas perdre mes doigts… | top | Je garde |
BONNET | O’NEILL | c’est mon bonnet habituel en ville/au ski… | RAS | Je garde |
Matériel d’alpinisme pour l’ascension du Mont Blanc
CRAMPONS | 12 pointes | GRIVEL | Indispensable pour le mont blanc | RAS | Je garde |
PIOLET | 80cm | SIMOND | idem | Sa longueur permet de l’utiliser aussi comme canne | Je garde |
CASQUE | Helios | PETZL | idem | Oui à 100% | Je garde |
BAUDRIER | Adjama | PETZL | Baudrier classique | Très bien | Je garde |
CORDE | 40m | BEAL | Encordement pour glacier et course d’arêtes | Très bien | Je garde |
LONGES Y | 3 m de corde noué en tête d’alouette au pontet | SIMOND | Pas très safe, mais achat de dernière minute… | C’est mieux que rien pour se longer sur câble fixe | Je recommande vivement une longe avec absorbeur de choques |
Matériel essentiel pour cette ascension du Mont Blanc
SAC À DOS | Atacama 58+10 | MILLET | Pour le volume qu’il offre, et le confort à porter | Réponds parfaitement à ces attentes | Je le garde malgré son poids un peu trop élevé (2kg) |
DUVET | Moonlight | LAFUMA | Pour dormir dans la cabane des rognes | On a dormi en refuge | Inutile, les refuges sont équipés de couvertures |
LUNETTES | Categorie 3 | JULBO | Indispensable dans la neige | Très bien | Je garde |
FRONTALE | 120 lumens | BLACK DIAMOND | Pour les départs à la fraiche | Très bien | Pas utilisé car départ tardif |
BOUSSOLE | DT200 | RECTA | Orientable, règle à échelle, plaquette transparente | Parfait | Nous a sauvés sur le retour |
0 commentaire
Super récit et superbe aventure!
Superbe récit qui nous replonge au mois de Juin lors de notre rencontre avec Greg et Flo sur les pentes qui nous menaient à Tête Rousse.
Bravo d’avoir réussi l’exploit d’arriver au sommet dans ces conditions difficiles.
À bientôt j’espère.
Olivier Nolette
2 courageux intrépides qui vont au bout de leurs rêves ???
Félicitations à vous 2. Ça a du être magique et ça donne envie.
Très très belle aventure!! Vous avez eu beaucoup de courage ! Mais sera restera un exploit et une sacrés belle expérience pour vous! Félicitation !
Récit super intéressant! Bravo à tous les 2.
Très inspirante cette vidéo. Bel exploit
Bel exploit et magnifiques images! Chapeau les artistes!