Thibaud PARDONNET nous partage son voyage escalade grande voie en Arménie
Informations pour préparer un voyage escalade grande voie en Arménie
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Date
Le 29 août 2017
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Lieu
Arménie, vallée de Hankavan
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Participants
Mkhitar, Thibaud et Andreas
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Ou dormir enArménie
Le plus simple est de dormir à Erevan (il y a plein d’hôtels pas trop chers), et de se rendre au départ de la course en taxi, ou mieux, en 4×4. Ou alors, dormir en tente près du départ de la voie
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Où se restaurer/réapprovisionner
Quelques petites épiceries sur le bord de la route, dans des petits villages, avec des distributeurs de sodas et des grands congélateurs avec les fameuses glaces « CCCP ». Pour le matériel de montagne/d’escalade, il y a une seule adresse : Vento, au 1 Artsakh avenue, à Erevan.
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Caractéristiques falaise d’escalade d’Arménie
Quand on parle de l’Arménie, plusieurs images viennent en tête : Aznavour, génocide des turcs, des mecs trapus et moustachus, avec des cheveux bruns… Ce qu’on sait moins, c’est que c’est un pays idéal pour l’escalade : les grimpeurs ont peut-être déjà vu les vidéos démentes d’escalade d’Alex Chabot sur des orgues de basalte, et il existe de très belles falaises calcaires dans des gorges encaissées.
Par contre, j’étais loin de me douter qu’il y avait aussi du granit. Il existe en effet un endroit où la nature a donné naissance à une belle roche plutonique, dans un cadre très sauvage, et le sommet, à 2840 mètres, est superbe !
On peut tout faire en corde tendue, si on a la marge suffisante, ou tirer des longueurs. Par contre, il n’y a pas du tout d’équipement en place !
Pour redescendre de la crête, un rappel de 20 mètres nous dépose sur un vallon, qu’il suffit de descendre jusqu’en bas…
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Quoi d’autre dans les environs
Pour l’escalade, rien du tout d’équipé. Par contre, pour la rando, c’est très beau. Très désertique, mais très joli.
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Office de Tourisme d’Arménie
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Bibliographie
Méthode Assimil d’Arménien
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Liens internet
Mountaineering in Armenia
Up the Rocks
Boulder Town Climbing
Voyage escalade grande voie en Arménie
Découvrir un nouveau pays
Cet été, j’avais un peu de temps, pas beaucoup d’argent, et envie d’aller poncer des falaises d’un pays étranger. J’ai donc chargé mon sac avec mes cordes à double, mon casque, mes coinceurs, 2 ou 3 bouquins et je suis parti. Seul, cette fois : ma copine n’était pas disponible et mes potes partaient à un moment qui ne me convenait pas. Il me fallait un pays qui ne soit pas trop loin, pas trop près, sans procédure de visa et que je ne connaisse pas. L’Arménie remplissait tous ces critères !
Je n’avais pas vu de sorties répertoriées sur camp to camp mais, sur google map, j’ai pu voir qu’il y avait quelques jolies falaises qui, normalement, devraient pouvoir se grimper… Un site web proposait même quelques topos, en PDF !
En tout cas, ça semblait de bon augure : mes dégaines allaient pouvoir être de sortie ! J’ai donc fait comme d’habitude : je me suis dit « ça va coulisser » et je suis monté dans l’avion.
Dès mon arrivée dans la capitale, à Erevan, j’ai repéré une salle de bloc (la seule salle d’escalade indoor) et…en avant ! Je me suis dit que je trouverais bien un ou des grimpeurs locaux sur place !
Là bas, il n’y avait pas vraiment de grimpeurs qui avaient à la fois du matos, la connaissance des techniques et celles des spots locaux. J’ai donc du partir avec un « guide », en fait le patron de cette salle de bloc, qui partage son activité entre guide de treks et de rando pour des touristes, guide de ski de rando en hiver et un peu guide d’escalade aussi…
La grimpe en Arménie
Ne vous attendez pas quand même à un guide comme on en connaît en France, avec des examens très sélectifs, un vrai diplôme, des années d’aspirant-guide, une liste de course, un recyclage régulier… En fait, son titre, c’est un peu comme le diplôme de psychanalyste chez nous : c’est toi qui te l’attribue, tout seul. Par contre, il grimpe bien…
J’ai vite compris que faire de l’escalade en Arménie, c’est être assuré d’être dans le Top 20 des meilleurs grimpeurs du pays. Normal : il y a moins de deux dizaines de grimpeurs dans toute l’Arménie! Cette situation a pas mal d’avantages : grimper en Arménie, c’est un peu avoir l’impression d’être un pionnier. Il est facile d’enchaîner des premières, de trouver de belles lignes à équiper, ou des photos improbables avec des hashtags « #armenia #climbing ou #adventure, qui finiront de toute façon sur Tinder…
Grimper en Arménie, ça a aussi des mauvais côtés : très souvent, ce n’est même pas la peine de compter sur des topos… Et puis, croiser un type en baudrier d’escalade, là bas, c’est comme croiser un mec en costard dans un camp de gitans : c’est improbable.
Il y a aussi la barrière de la langue, avec les (rares) grimpeurs locaux ou avec les habitants du coin : sauf exceptions, l’Anglais perd une grande partie de son utilité hors de la capitale, et avec des personnes de plus de 40 ans… L’Arménien, lui, est une langue bien compliquée, sans connaître un minimum l’alphabet. La solution idéale, c’est de pouvoir parler un peu de Russe : ça permet de se débrouiller partout, non seulement en Arménie mais dans tous les pays du coin…
Après Noravank, une falaise de granit
Après m’être usé les doigts sur les grandes parois calcaires de Noravank et équipé une grande voie là bas, j’ai voulu goûter à une autre facette de la grimpe arménienne. J’avais en effet vu un petit film amateur filmé à la go pro sur une grande voie en granit. En arrête, dans un paysage bien plus vert que ce que j’avais pour le moment vu en Arménie. Je voulais y poser mes chaussons avant de partir ! Il a donc d’abord fallu constituer une équipe de choc, autour d’une bière, avec un français expatrié et Mkhitar, le grimpeur-guide local
Nous étions (presque) prêts pour nous mettre en route !
Il n’y avait plus qu’une chose à faire : trouver un 4×4. Ca permet de grimper beaucoup plus haut que le village et de s’épargner pas mal de marche d’approche avant la voie « Luciamore »
Cette grande voie alpine, baptisée Luciamore, intégralement en terrain d’aventure, a été découverte il y a juste quelques années par un grimpeur espagnol et sa copine. Puis répétée plusieurs fois par Mkhitar, le grimpeur local de référence (et le seul « guide » du pays pour l’escalade). L’ouverture de cette voie, ainsi que ses répétitions, ont été faites en style « propre ». Sans laisser aucune trace, aucun spit ou piton. En espérant que cette philosophie d’escalade soit respectée par les prochains répétiteurs…
Pas la peine de prendre des chaussons d’escalade : globalement, la difficulté est faible (4c), avec seulement quelques courts passages un peu plus relevés (du 5b au maximum, sur quelques dizaines de mètres au total).
Une grimpe pour tous
En chaussures d’approche, ça le fait bien. Et ça permet de partir y emmener des potes qui ne grimpent pas vraiment, et qui n’ont pas de chaussons d’escalade.Et puis, ça permet aussi d’alléger son sac et d’y glisser un pull ou un coupe vent : en haut, plus rien ne protège du vent et ça peut peler un peu…
Il est appréciable de prendre pas mal d’eau (en Arménie en août, on se désèche vite) et des vêtements longs : grimper en Arménie, c’est la certitude d’être seuls sur la paroi, mais cela signifie aussi emprunter des chemins d’approche pas trop fréquentés… Le genre de chemins avec des buissons piquants qui griffent les mollets !
Mettre son casque devrait être un réflexe en grande voie, mais là, c’est encore plus nécessaire que d’habitude : la voie est assez récente et elle est très peu pratiquée… Il peut donc y avoir quelques petites ou plus grosses écailles qui ne demandent qu’à rejoindre le sol…
Une corde à double est très appréciable aussi : bien que le voie suive plus ou moins un éperon, elle serpente parfois un petit peu…
Par contre, prendre pas mal de coinceurs (on a utilisé jusqu’à la taille 3) et quelques sangles, dont une grande. C’est une voie qui n’a aucun équipement et doit donc être abordée avec un peu de quincaillerie.
Ce n’est problématique qu’à une seule fois : le rappel d’une vingtaine de mètres qui permet d’accéder au chemin de descente. Il se faisait sur 2 gros blocs mais ces derniers sont sérieusement en train de bouger;si quelqu’un peut monter un marteau et quelques pitons ou, encore mieux, un perfo et 2 spits…
Une petite difficulté liée au granit
La voie déroule bien, avec du bon rocher dans son ensemble, mais le granit devient plus « sableux » vers la fin, pour les 2 ou 3 dernières longueurs. Où les prises peuvent parfois demander à être testées. Des bons grimpeurs pourraient tout enchaîner en corde tendue, des gens un peu plus flippés peuvent tirer des longueurs, sans soucis. En plus, il y a pas mal d’emplacements tout confort et de fissures bien accueillants pour installer des relais… Il y a juste quelques mètres, à deux reprises, où le grimpeur de tête devra un peu plus s’employer, ou avoir des « couilles de bronze », comme disent les québecois.
Cette voie permet d’avoir une vue superbe sur toute la vallée d’Hankavank, avec ses paysages sauvages et vallonnés, plusieurs nuances de vert, et pas une seule habitation… Et tout ça, avec l’impression d’être seuls au monde !
Par contre, le chemin de descente est un peu viril : il faut dire qu’il n’est pas très souvent pratiqué… C’est une suite de vagues gradins herbeux et de pierriers, parfois assez raides. Il faut juste rejoindre le fond du talweg, jusqu’à pouvoir rejoindre les pâturages du village, ou alors une route empierrée qui y mène également.
Ca se fait sans soucis en une journée, mais, si on choisit de partir d’Erevan, il est préférable de partir tôt (vers 5/6 heures du matin). Ca évite de faire la marche d’approche de quelques heures sous le soleil. Et là bas, le soleil, c’est vraiment comme de la Kryptonite pour les grimpeurs. Les rares locaux rencontrés sur les falaises préféraient boire des bières de 12h à 16 heures…
Le « secret spot »
Comme c’est la seule voie en granit du pays, et qu’il n’y a qu’un « guide » d’escalade en Arménie, cette voie est un peu son « secret spot ». Il la garde bien cachée pour pouvoir y emmener ses clients. Il s’oppose donc à toute publication de traces GPS, pour ne pas que ça devienne comme Orpierre… Au vu de la culture d’escalade locale, où la grimpe est à peu près aussi exotique qu’une école de ski à Montpellier, je dirais qu’il y a un peu de marge…mais, qui sait ? A vous de faire changer ça !
Matériel utilisé durant le séjour escalade grande voie en Arménie
Matériel d’approche, et première partie du matériel d’escalade
CATÉGORIE | NOM DU MODÈLE | MARQUE | POURQUOI AVOIR FAIT LE CHOIX DE CE MODÈLE AU DÉPART | EST CE QUE CE CHOIX A RÉPONDU À CETTE EXPÉRIENCE RACONTÉE DANS CE ROADBOOK | SI C’ÉTAIT À REFAIRE |
CHAUSSURES D’APPROCHE | Terrex Scope GTX | ADIDAS | Après avoir testé plein de modèles différents, j’ai opté pour ces chaussures, qui me semblaient rigides et solides. | Très bien ! Confort, tenue du pied…Rien à redire ! | Je pense m’en racheter une deuxième paire… Seul bémol : j’ai du changer les lacets ! |
SAC À DOS | Matrix 30 | MILLET | Je cherchais un sac de 30 litres qui ait des porte matériels sur la ceinture et qui permette de porter les skis en diagonal | Oui : 30 litres, c’est bien ! Unn peu trop, peut-être, mais ça permet d’être…confortable ! | Non. Sac assez décevant : une fermeture casse, le tissu ne résiste pas bien à l’abrasion, la sangle de poitrine se fait la malle… |
CORDE À DOUBLE | Cobra II | BEAL | C’est celle que j’ai toujours eu, dès mes débuts ! | Très bien : ça nous a permi de grimper à 3, en flèche | Elle commence à se faire vieille… Ce sera sûrement un de mes prochains achats ! |
BAUDRIER | Jasper CR4 | CAMP | Baudrier très confortable, avec des porte-matériels adaptés au portage d’un sac à dos | Parfait ! Les porte-broches ont même servi à installer des Petzl Caritool | Il y a juste une chose à revoir : le système de fermeture, pas très pratique. |
PANTALON | Radical Gore Tex | DYNAFIT | Son prix et ses grandes poches | Un pantalon, c’est ici bien plus adapté qu’un short ! | Oui, même si le Gore tex n’était pas forcément nécessaire… |
Matériel d’escalade et accessoires
CASQUE | Scarab | KONG | Je crois que c’est le seul casque qui s’adapte à toutes les formes de tête ! Et puis, je peux le prendre aussi en vélo | Toujours bien confortable et aéré. Rien à redire. | J’aime vraiment bien ce casque mais je ne suis pas convaincu par la robustesse de sa molette de réglage… Quand le temps sera venu de la changer, je partirai sur un autre modèle. |
LUNETTES | Kaiser | JULBO | Le look, tout simplement… | Des verres catégorie 3 sont suffisants ici | A refaire, bien sûr ! |
GOURDE | Antidote | CAMELBACK | On me l’a offert… | 2 litres, c’est bien pour cette voie. | A refaire ! C’est vraiment très pratique en grande voie ! |
DÉGAINES | Alpha Trad | DMM | J’ai eu un très bon pris via une copine… | Ces dégaines étaient très adaptées : légères, grande ouverture et assez longues | A refaire, mais j’en prendrais un peu moins sur mon baudrier : 7 ou 8 semblent suffisantes. |
FRIENDS | C4 | BLACK DIAMOND | C’est LA référence… Le Friend à avoir ! | Solide, polyvalent… Rien à redire ! | J’avais pris 4 tailles mais des petites tailles auraient aussi été très bien… |
DESCENDEUR | Be Up | CLIMBING TECHNOLOGY | J’aime bien sa forme…et son prix ! | Je devais être le seul grimpeur de tout le pays à avoir ça… | A refaire ! Donner du mou au second est plus facile |
COINCEURS | Set Pro Nuts | CAMP | A l’époque, ils n’étaient pas trop chers…Et je les ai gardés ! | Très bien : les couleurs aident bien à se repérer. | Je n’aurais pas emporté les plus petites tailles. |