Guillaume DESJOUIS nous partage son expérience de VTT au chili dans la région des Lacs
Informations pour préparer un voyage VTT au Chili dans la région des Lacs
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Date
Janvier 2006
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Lieu
Région de Lacs, Region d’Aysen, Chili
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Depuis Montpellier
Vols Paris ou Madrid -> Santiago puis Autocar jusqu’à Puerto Montt
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Participants au voyage VTT au Chili
Guillaume Desjouis et Camille
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Où dormir au Chili
Nombreuses auberges sur le trajet, la carretera austral est depuis quelques années déjà un haut lieu du tourisme routard et les infrastructures d’accueil se sont bien développées. C’est en général simple mais bien entretenu.
Un lieu à retenir entre tous, l’auberge El Mosco construite par Jorge à Villa O’Higgins.
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Où se restaurer/où se réapprovisionner
On croise en général un village / hameau tous les jours. On y trouvera en général de quoi se réapprovisionner.
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Bibliographie
Vous trouverez plein d’information sur le Chili avec le guide de voyage Lonely Planet.
Voyage en VTT au Chili dans la région des Lacs : En la Carretera (Austral)
Introduction
En 2005 et 2006, j’ai eu la chance de partir terminer mes études à Santiago. L’occasion de parcourir le Chili en long (et c’est peu de dire qu’il est long…), en large (là c’est plus vite fait) et en travers. Lors de la première année j’ai eu la chance de rencontré un garçon assez hors du commun, un voyageur né, Elie (http://en.roues.libres.free.fr/) qui nous a fait rêvé avec les récits de ses aventures patagonnes. En janvier 2006, nous nous lançons à notre tour avec Camille dans ce périple le long de ce ruban de terre battue qui plonge dans entre Andes et glaciers.
Jeudi 12. « La marche à pied oppose au rouleau du temps la mesure de l’espace » Sylvain Tesson.
C’est sur ces mots que je m’endors hier soir après nos premiers cinq kilomètres jusqu’à la gare routière. Nous avons passé la nuit dans le bus, direction Puerto Montt. S’enfuir de la fournaise de Santiago. Les trois derniers jours ont été un peu durs, entre le décalage horaire, la chaleur accablante qui empêche de faire quoi que ce soit et le mal du pays qui se fait un peu sentir.
Hier soir première embrouille, je casse une sangle de fixation des sacoches: heureusement les tendeurs me sauvent la mise (comme tout au long du voyage!!)
10H48: Ca y est les vélos sont remontés, les sacoches harnachées
10h52: « Guillaume. » « Oui? » « J’ai oublié mon casque dans le bus… »
10h59: « Ils l’ont pas retrouvé »
11h02: « Guillaume. » « Oui? » « La sacoche vient de péter… »
Ce sera notre unique problème mécanique, à part deux crevaisons. Réparation de fortune, on espère que ca tiendra jusqu’à Chalten!
Le bateau ne part pas avant 22h, on tue le temps avec une cazuela (« pot au feu » local) et un café. Petit tour en ville à la recherche de tendeurs et d’un casque. Puis on se pose au soleil sur le bord de mer avant d’aller siroter une bière et se repaître d’un congre au beurre dans un « local » de la caleta Angelmo. La fin d’après midi se passe à se prélasser au soleil en buvant du maté. Avant d’embarquer on rencontre Pierre-Georges, un ami de mon colloc’ Charles, ainsi que deux Argentins qui partent le surlendemain pour la carretera.
Vendredi 13. Chaiten-Ventisquero Yelcho (60km 3h45) beau temps
Courte nuit dans le bateau, allongés par terre ou sur un banc. On petit déjeune dans un restaurant de Chaiten: œufs saucisses et café au lait. Départ à 11h30. Les premiers 20km d’asphalte de bonne qualité mais avec le vent dans le nez. On se relaie pour couper le vent. A la fin du ruban goudronné on s’arrête photographier le panneau « fin de pavimiento » et une petite dame toute fripée sort de chez elle pour nous demander de la prendre en photo et nous offrir de manger chez elle.
Il est un peu tôt mais peut-être une prochaine fois. Nous lui proposons de prendre son adresse pour lui envoyer la photo. Elle part alors chercher sa carte d’identité, emballée comme un trésor dans un plastique transparent. Au bas de celle-ci une petite croix en guise de signature. Nous la remercions de sa gentillesse et reprenons notre chemin.
Chaiten
Rio Amarillo, premier choc visuel avec d’immenses glaciers qui se profilent au loin. 20 km de piste jusqu’au lac Yelcho au bord duquel on casse la graine. Le redémarrage est difficile, sous la chaleur on enchaîne les faux plats montants. Le col que nous avions prévu de passer en fin de journée nous rebute et nous préférons monter le camp sous le glacier suspendu du Yelcho. Débarbouillage dans l’eau fraîche. On compte nos piqûres des taons qui ne nous ont pas lâchés de la journée.
Chaiten
Samedi 14. Ventisquero Yelcho-Nord de la Junta (64km) pluie
Aujourd’hui premières pluies. Dès le démarrage il nous faut attaquer par le col qui nous avait tant rebuté la veille. Dix bons kilomètres de montée avant une longue redescente sur Villa Santa Lucia. Les gouttes nous fouettent le visage. Au village nous nous arrêtons devant une épicerie et c’est avec plaisir que nous nous asseyons autour d’un café au lait dans le salon de la maison qui jouxte l’échoppe. On reprends la route, succession de long faux plats descendants, entrecoupés de courtes remontés pour nous casser les pattes.
On suit le Rio Frio qui se jette bientôt dans le Rio Palma. Tout au long de la route s’égrènent de petites fermes. Les vaches paissent dans des prés défrichés par le feu. En fin de journée on rencontre Emmanuel, un suisse parti il y a sept mois avec pour seul bagage un cageot sur son porte bagage. Aujourd’hui l’équipage est un peu plus fourni mais toujours aussi dépareillé. Un peu plus loin Iñaki, un Basque a qui il reste trois mois pour rejoindre la Paz.
Dimanche 15. Nord de la Junta-Puyuhuapi (72km 4h49) pluie
Longue journée… Nous avons passé la nuit sous la pluie. Au réveil celle-ci s’est arrêtée mais reprend de plus belle au moment de plier la tente: la journée s’annonce humide! Juste avant la Junta nous rencontrons deux cyclos chiliens qui nous font perdre quelques illusions: La Junta-Puyuhuapi 48km au lieu des 30 espérés… Et les jambes qui tirent déjà. A la Junta nous faisons une pause pour avaler un morceau. Sous ce plafond bas la ville est terriblement glauque.
On repart à peine que la pluie se déchaîne, le vent de face se lève: on avance pas! Après 10km de plat et une heure à lutter, ca se calme. On avale tant bien que mal les kilomètres. On entre dans le parc Queulat. Si jusqu’alors la main de l’homme se faisait sentir sur les abords de la route (fermes, prés, bois exploités), ici la nature a repris ses droits. Nous avançons à travers une véritable jungle. La végétation dégueule sur la piste, tout apparaît impénétrable. Et l’humidité ambiante donne une dimension magique au lieu.
La journée se termine par une longue descente sur Puyuhuapi, niché au fond d’un bras de mer. Ce soir nous dormons au sec avec une douche chaude.
En fin d’après midi nous voyons débouler un cortège hétéroclite de véhicules à moteurs, klaxonnant et surmontés de drapeau « Estoy Contigo ». Nous avions oublié mais aujourd’hui c’était jour d’élection et Michelle Bachelet a gagné. La première femme chef d’état en Amérique du Sud. On pourrait en prendre de la graine! Par contre ca n’a pas l’air du goût de nos hôtes qui nous font comprendre leur déception par un « encore quatre ans de communistes… » Ici aussi la fracture est encore douloureuse.
Lundi 16.Puyuhuapi-Villa Amengual (92km 7h02) beau temps
Très belle journée! Départ le long de l’océan avant de s’enfoncer dans les terres. On remonte tranquillement le col dans ce décor de jungle. La chaleur humide accentue encore cette impression, mais les glaciers au loin nous ramène vite en Patagonie. On avale un morceau avant de redescendre comme des fous sur cette piste loin d’être bonne. De tous côtés cascades, glaciers et pics enneigés. La descente se termine à l’embranchement vers Puerto Cisnes.
Nous pensions au départ chercher un emplacement de bivouac dans les parages mais les travaux réalisés pour améliorer la route rendent le lieu assez antipathique. On reprend la route et quand après quelques kilomètres on pourrait s’arrêter, l’envie d’une douche chaude et d’un vrai lit se fait sentir. On rallonge donc direction Villa Amengual. Pas de regrets les paysages sont splendides. De larges vallées au fond desquelles coulent de puissantes rivières, des défilés et une mauvaise surprise: six kilomètres de montée sur un mauvais chemin, meuble, pour nous achever.
C’est avec un certain soulagement qu’on finit par arriver. La pension est très sympa et pour un prix très raisonnable nous avons droit à un superbe dîner (Residencial Encanto). On s’effondre sans demander notre reste pour une longue nuit réparatrice.
Mardi 17. Villa Amengual-Manihuales (61km 3h57)
Aujourd’hui la journée a été celle du pire et du meilleur revêtement. Le départ est un peu rude ce matin. Les jambes tirent sur le « ripio » vraiment dégueulasse.
Après deux kilomètres Camille se rend compte qu’il a oublié ses gants. Deux minutes après, je me rends compte que j’ai oublié mon appareil (on ne se refait pas…) Après une demi-heure de perdu on se remet en route et… Manihuales 57km… C’est plus que les 40 prévus! Chemin dégueulasse! Chaleur écrasante! Paysages Magnifiques!!! Les vallées moins encaissées et la végétation moins dense permettent au regard de se perdre au loin. Au détour d’un virage c’est la surprise: on retrouve le bitume!! Finis les interminables faux plats descendant où il faut pédaler, Basta de se faire secouer comme un prunier, on avale les derniers vingt kilomètres en moins d’une heure: le pieds!! On arrive à Manihuales, le bled semblent anémique, rien ne s’y passe et les gens ont tous l’air amorti…
Mercredi 18. Manihuales-Coyhaique (79km 5h57)
Démarrage tôt pour ne pas trop souffrir du soleil. Début en fanfare avec treize kilomètres de bon goudron en légère descente. Puis vient l’heure des choix: la route ou la piste? On choisit la difficulté et on s’engage sur l’ancien chemin. On file à travers de larges vallées. On rencontre un gaucho et ses deux « toros malos » derrière lesquels on stagne pendant quelques kilomètres.
Les paysages n’ont plus rien à voir avec les jours précédents. Les grandes forêts ont laissé la place à d’immenses prairies vallonnées. Ca monte, ca descend sans arrêt. Pause à Villa Ortega, bled de consanguins… Les kilomètres s’avalent avec difficulté mais demain c’est repos! Au terme d’une longue descente entrecoupée de petits raidillons casse-pattes on débarque de nouveau sur le bitume, en roue libre (ou presque) jusqu’en ville où l’on prend soin de s’installer dans l’hôtel le plus minable qui soit…
Jeudi 19.
Journée de repos dans un Coyhaique tout ce qu’il y a de plus glauque. La ville n’est pas folichonne à la base mais en plus le temps est laid. C’est quand même l’occasion de souffler, d’avoir tout le monde au téléphone.
Vendredi 20.Coyhaique-Villa Cerro Castillo (102km 6h19)
On profite de la belle journée qui se présente devant nous pour avaler tout ce qu’il nous reste d’asphalte. Départ 10h, on roule bien, on enchaine bosses après bosses. Avant la bifurcation en direction de Balmaceda on plonge dans une longue descente à travers de grandes prairies.
Puis nous prenons à droite et commençons à grimper. Les paysages changent radicalement et les hautes herbes laissent la place à une forêt basse au dessus de laquelle pointent des sommets pelés. Près de 20km de montée vers le col à 1120m. Le début de la montée est dur, les jambes tirent, mais peu à peu on trouve le rythme. Nous croisons un Huemul (chevreuil local) pas farouche qui se laisse approcher et tirer le portrait. Le passage du col est magique: se dévoilent de grandes montagnes, des glaciers suspendus, des aiguilles effilés et près de 15km de descente ininterrompue.
Samedi 21. Villa Cerro Castillo-Lago Cofre (63,5km 5h17)
Souffrance, voilà le thème du jour. Les heures défilent et le kilométrage stagne. Dur retour à la piste après le très bon revêtement de la veille. A la sortie de Villa Cerro Castillo il faut donner un gros coup de cul sur un piste franchement mauvaise. On ne décolle pas des 8km/h. Puis légère redescente avant de remonter le cours du Rio Ibanez. Ses berges vaseuses et tous les arbres morts rendent le lieu angoissant, oppressant. Pas mécontent de le quitter, mais de nouveau il faut monter. Les jambes ne suivent pas et je souffre. Après 60km je n’en peux plus, on se met en quête d’un bivouac: on trouve un banc de sable entre deux fossés…
Dimanche 22. Lago Cofre-Puerto Tranquilo (66km-4h02)
Après la pluie, le beau temps
Réveil à 7h00 sous la pluie… On replonge pour émerger à 8h30 sous le crachin. Descente pendant 20km le vent dans le dos, malheureusement nous avons droit à une pluie battante qui rend l’exercice un peu périlleux. On suit le Rio Murta, d’un magnifique bleu turquoise. Nous faisons une pause dans une auberge pour un encas d’œufs brouillés et de café au lait avant de reprendre la piste pour 25km très agréables, en légère descente avec de temps à autre de petites côtes pour rompre la monotonie. Nous longeons ainsi le Lac Général Carrera. L’eau est d’un beau bleu profond. Le soir nous nous installons dans une auberge très sympa où nous passons la soirée à discuter avec Omar, un chilien curieux de tout.
Lundi 23. Puerto Tranquilo-La Confluencia (75km (+15 de pickup))
Si je veux pouvoir aller jusqu’à el Chalten il nous faut arriver le samedi suivant à Villa O’Higgins. Nous espérons pouvoir arriver ce lundi soir à Cochrane en combinant vélo et stop. Le départ est des plus agréables, sur les bords du lac. Au bout de celui-ci démarre le Rio Baker, le plus gros débit du Chili: Une surface lisse, d’un bleu profond qui court à une vitesse impressionnante sur fond les contreforts du campo de hielo norte.
On poursuit vers le cruce de los Maitenes où un pick up nous prend en stop et nous laisse 15km plus loin. On redescend alors vers Puerto Bertrand. Nous passons le village et continuons le long du Rio Baker. Au niveau de la confluence entre le Rio Baker et le Rio Nef, la route devient raide, très raide. Coup de pédale après coup de pédale on arrive tant bien que mal en haut. On redescend un peu mais il est temps de trouver un lieu pour bivouaquer ou Camille va me faire la peau… On se pose le long d’un ruisseau, entre deux troupeau de vaches, face à la vallée.
Mardi 24. La Confluencia-Cochrane (30km de Pickup)
Journée tranquille sans vélo. A peine remonte-t-on sur la piste qu’un pick up nous prend en stop. On partage la benne de celui-ci avec deux ados chiliens et trente minutes plus tard nous arrivons à Cochrane. On aura économisé 30km et surtout quelques côtes vraiment raides. On rencontre pas mal de monde:
-un couple de montpellierains qui voyagent en tandem, grognons à souhait, des personnages entiers…
-quatre français qui voyagent en bus: Jean, Emilie, Fabrice et Guillaume. J’ai l’étrange sensation d’avoir déjà rencontrer ce dernier en montagne. Après deux bonnes heures il s’avère qu’on était encordé ensemble lors de la traversé de la pointe de l’Echelle deux ans et demi plus tôt… le monde est décidément très petit.
-Agathe et Ludivine, qui voyagent toutes les deux seules
On se retrouve tous autour d’un barbecue pour discuter jusque tard.
Mercredi 25. Cochrane-Caleta Tortel (130km de bus) Caleta Tortel-Puerto Yungay (45km)
Aujourd’hui nous passons la matinée dans le bus vers Caleta Tortel. Ce village n’a été relié par la route que deux ans auparavant. Ce qui explique sa construction étrange, tout y est monté sur piloti, accroché sur le flanc de la colline. On se déplace de passerelle en passerelle, longeant le bord de l’eau. On mange chez la boulangère qui accepte de nous servir un Paila Marina (bouillon de fruit de mer et de charcuterie).
Nous avons tout juste le temps de faire un tour dans le village et déjà il nous faut repartir vers Puerto Yungay. Les 25 premiers kilomètres se font en remontant le Rio Baker (qui a changé de couleur depuis sa naissance: du bleu émeraude au gris bleu laiteux). Au niveau de la bifurcation nous rencontrons Noa et Itaï, deux Israeliens avec lesquels nous allons passer pas mal de temps les jours suivants.
On commence à remonter fort à travers la montagne. Le temps est bas mais l’ambiance est au rendez vous: pas âme qui vive pendant 20km, une piste qui longe des gorges abruptes et des à-pics. On finit par une grande descente durant laquelle il nous faudra pédaler tant le vent de face est fort. Nous finissons par monter la tente sans un hangar face au Fjord que nous traverserons le lendemain.
Vendredi 27. Puerto Yungay-Villa O’Higgins (103km-7h04)
Nous prenons le bac vers 10h00 à Puerto Yungay. Nous retrouvons à cette occasion Noa et Itaï, accompagnés de Tom et Michelle. En dépit de notre septicisme, ils ont trouvé une âme charitable qui les a pris en stop. Avant de s’embarquer on profite du petit kiosque pour s’empiffrer de pâtisseries (une tarte aux framboises vraiment délicieuse). Une fois de l’autre côté on se met en route. Les premiers kilomètres sont un peu difficiles pour moi et quand Camille évoque la possibilité d’aller jusqu’à Villa O’Higgins dans la journée, je ne peux m’empêcher de penser: « c’est ça mon bonhomme, cause toujours… »et de lui répondre: « on verra… ». Surtout que les 50 premiers kilomètres sont loin d’être de tout repos.
On enchaine trois longues côtes de 10 à 12 km ininterrompues. Au sommet de l’une d’entre elle le plafond nuageux se déchire un peu et trois ombres immenses apparaissent sur la route. Nous sommes survolés par six condors. Nous en profitons pour faire une pause et pour admirer ces immenses bestioles qui jouent dans les courants d’air. Après le dernier col, nous nous retrouvons sur un faux plats descendant, sur un ripio assez mauvais mais nous avons le vent dans le dos, ce qui nous permet d’avancer à moindre effort.
Partout autour de nous volètent des hirondelles, ce qui nous poussent à continuer un peu plus. Au bout de 80km nous apercevons le village au loin. Mais il nous faudra faire un grand détour pour atteindre celui-ci, de façon à éviter le marais qui le borde. Nous arrivons épuisés et rentrons dans la première auberge venue où nous rencontrons… Nos quatre Israéliens du matin.
Vendredi 27. Journée de repos
Pas grand chose en cette journée. Nous en profitons pour envoyer trois mails depuis la bibliothèque tout juste inaugurée. Camille est un peu souffrant, le pain de la veille sûrement. Je passe rendre visite à Jorge, un espagnol qui s’est installé ici il y a quelques années et chez qui Elie avait passé quelques jours l’an passé. Nous discutons et buvons le « maté » (véritable institution dans le sud) En milieu d’après midi un C130 de l’armée de l’air chilienne se pose sur la piste d’atterrissage du village. C’est l’attraction et tous se groupe pour le voir, touristes et locaux. Dans la soirée on apprend que la traversée du lac est repoussée d’une journée pour cause de mauvais temps.
Samedi 28. Balade
On se retrouve, avec Einav, Noa, Michelle (toutes les trois d’Israel), Steve (UK), Ludivine (FR) et nous deux, pour une balade en direction de l’Altavista, histoire de tuer le temps. Le temps est assez gris mais il ne pleut pas lorsque nous nous mettons en route (ca va pas durer…). La première partie se passe le long de la piste qui se dirige vers l’embarcadère de Bahia Bahamondez, puis on la quitte pour s’enfoncer dans les bois. A cet instant il se met à pleuvoir à grosses gouttes.
On continue pendant 45 minutes avant que Ludivine ne fasse demi-tour. Puis 15 minutes plus tard nous ne sommes plus que Steve et moi. On continue pendant un petit moment jusqu’à la laguna del Coco d’où l’on peut apercevoir le glacier du Mosco. Autour de nous de l’eau (beaucoup!!), de la verdure et des glaciers. Nous rentrons au pas de course pour ne pas trop se refroidir. Dans la soirée on se retrouve tous pour dîner à l’auberge (au grand dam de notre hôte…). On fait l’erreur de boire maté sur maté après le dîner et il nous sera difficile de trouver le sommeil.
Dimanche 29. Villa O’Higgins-Laguna del Desierto (Bateau 2h30 Vélo 32km 3h05)
Enfin on traverse. Debout 06h45 après une courte nuit due au maté. 7km de bon matin en compagnie d’un clébard très énergique et des deux Italiens.
Traversée du Lac O’Higgins (900m de profondeur tout de même). Le temps se découvre peu à peu et les montagnes apparaissent. Sur le bateau un vieil excentrique anglais (ol’boy). On débarque et file chez Ricardo pour récupérer les chevaux. On laisse les bagages (en espérant les retrouver le soir…) et on se met en route en compagnie de Steve, une fois les formalités de police faites. Les trois ou quatre premiers kilomètres se font sur un sentier raide et de « ripio suelto », mais sans les bagages je me sens pousser des ailes. Par contre cette côte a raison de la chaîne de Steve.
Arrivés en haut de la bosse, le Fitz Roy s’offre à nous. Impressionnante dent de granit. On roule sans encombre jusqu’à la frontière, hormis une traversée de ruisseau debout sur des troncs instables. Du côté argentin la piste disparait pour laisser place à un sentier qui zigzague à travers des arbres. On enchaine les petits virages avec bonheur, avant de dégringoler sur la Laguna del Desierto. Quand nous arrivons le bateau qui doit nous faire traverser arrive. Mais malheureusement nous n’avons pas nos bagages avec nous et quand nous demandons si le capitaine accepterait d’attendre 20h que les chevaux arrivent. La réponse est sans appel: « non ». Sans commentaires. On est donc coincé sur cette rive du lac jusqu’à Mardi…
Lundi 30.Attente
Levés 10h. Steve part pour longer le lac avec le vélo. Nous préférons attendre le lendemain. Notre journée se résume à manger dormir et faire le plein de belles images.
Mardi 31. Laguna Del Desierto-Chalten (Bateau 10km Vélo 37km)
Temps superbe. Le bateau étant prévu pour 10h nous nous réveillons à 9h. A 11h on aperçoit celui-ci de l’autre côté du lac. A 11h45 le capitaine débarque: désolé je suis plein, je reviens plus tard dans l’après midi. On embarque donc vers 14h30. La traversée face au Fitz Roy est agréable et à 15h30 on peut enfin commencer à pédaler. Les dix premiers kilomètres ne sont pas mauvais mais le reste est pénible, le « ripio suelto » nous mène la vie dure (on manque de se casser la gueule plus d’une fois). En arrivant au camping on croise Steve qui s’apprête à monter au camp Agostini (CB du Cerro Torre). Il nous confirme que la veille la traversée a été très rude…
Mercredi 1 février.Chalten-Camp Agostini-Camp Poincenot-Laguna de los Tres-Chalten (30km)
On dépense nos derniers pesos en pain (on espère qu’on pourra en échanger un peu ce soir). Pas grand monde de si bon matin sur ce sentier ultrafréquenté. Le Cerro Torre ne veut pas se dégager et seul apparait le Mocho. Il est à peine midi quand nous repartons du campement Agostini et le temps est superbe. On file donc vers le campement Poincenot, au pied du Fitz.
Le sentier est superbe et peu à peu se dévoilent lle Fitz Roy, la Poincenot, la Rafael et la Mermoz. Magique. On monte observer tout ca à la Laguna de los Tres. Ce massif est une vrai barrière, la dernière avant les grandes étendues du hielo Sur. On se sent ridiculement petit à ses pieds. Après quoi on redescend en vitesse vers el Chalten.
Jeudi 2. Repos
Rien de bien extraordinaire pour ce dernier jour de voyage. Je remonte au dessus del Chalten pour aller admirer ce Cerro Torre qui n’a pas voulu se dévoiler la veille. Le lendemain nous partons pour quatre jours de bus pour rentrer à Santiago.
Epilogue : un long retour
Le retour en bus d’El Chalten à Santiago en pleine période de vacances est un long périple. Nous embarquons tôt le matin en direction d’el Calafate, en bonne compagnie : Dean Potter, Marko Prezelj et Stephen Koch redescendent après une grosse ouverture sur le Cerro Torre.
Quelques heures d’attente à El Calafate avant de reprendre le bus direction Rio Gallego où nous passerons la nuit. Le lendemain matin, nous chargeons de nouveau les vélos dans la soute d’un autocar qui nous amène 1600km plus loin, à Bariloche. Grosse désillusion sur place, tous les bus vers Osorno sont plein pour au moins une semaine. On choisit alors un long itinéraire de repli par Mendoza, par lequel nous arrivons enfin à Santiago le mardi au petit matin.
Matériel utilisé pour ce voyage VTT au Chili dans la région des Lacs
CATÉGORIE | NOM DU MODÈLE | MARQUE | POURQUOI AVOIR FAIT LE CHOIX DE CE MODÈLE AU DÉPART | EST-CE QUE CE CHOIX A RÉPONDU À CETTE EXPÉRIENCE RACONTÉ DANS CE ROADBOOK | SI C’ÉTAIT À REFAIRE |
VTT | Jamis | DAKAR | Robuste et sans fioriture. | Fourche suspendue ne permettant pas facilement de fixer des sacoches. | Trouver un moyen de distribuer la charge sur l’avant. |
SACOCHES | DÉCATHLON | Robustes et volumineuses | Pas étanches mais dotées d’une housse de pluie assez fonctionnelle | Compléter par des sacoches sur l’avant pour mieux distribuer la charge. Attention à prévoir une protection de pluie, le bricolage à base de poncho que nous avions réalisé pour Camille nous a valu quelques frayeurs… | |
TENTE | Camp 3 | LAFUMA | Spacieuse et grande abside. Bonne étanchéité | Un peu lourde et pas autoportante. | Sur ces voyages au long cours, un peu de confort et donc de volume sont appréciable au détriment du surplus de poids… |
DUVET | Never Summer | MARMOT | Rapport prix/poids/ chaleur | RAS | RAS Peut-etre un peu surdimensionné compte tenu des température que nous avons rencontrées. |
BASKET | GARMONT | Robuste semelles assez rigides apportant un certain confort au pédalage | Une paire de baskets dans les sacoches et des pédales automatiques | ||
VESTE | Paclite | KARRIMOR | Une coupe parfaite, pas trop courte. Une accessoirisation minimale mais bien pensée. | RAS | 8 ans de bons et loyaux services sous toutes les latitudes et dans tous les sports Outdoor. Je lui cherche toujours une remplaçante à la hauteur |
PANTALON | QUECHUA | Extensible, plutôt bien coupé, pas cher et increvable | Guêtre pas toujours très pratique. | Pas de regret pour un pantalon qui dure, qui dure… | |
CUISSARDS | ETXEONDO | La peau de chamois de très bonne qualité | RAS | Ne pas hésiter à dépenser quelques ronds dans un bon cuissard, entre 5 et 7 heures assis sur la selle, votre fondement vous en sera reconnaissant… | |
T-SHIRT | ML Zip | QUECHUA | Increvable | Contact un peu rêche | Pas mal de taons sur la Carretera, les manches longues sont appréciables. |
SAC À DOS | Raid Race | SALOMON | Léger, compressible, le compagnon idéal | RAS | Sans hésitation |
MATELAS | Zlite 4 | THERMAREST | Très robuste et assez léger | Confort spartiate et encombrement | Un Prolite 4 ou un NeoAir peut-etre pour le confort. Avec la crainte de la crevaison…. |
RÉCHAUD | Whisperlite International | MSR | Réchaud multicarburant liquide robuste | Pas de réglage de débit une fois amorcé, bruyant. | L’absence de réglage du débit est assez pénible, depuis nous sommes passés au Dragonfly |
FRONTALE | Tikka | PETZL | Légère et économe | La Tikka, c’est historiquement l’avènement des lampes à LED qui marchent, et ça reste un incontournable. |