Florian DESJOUIS nous partage son expérience grandes voies d’escalade au Pic Saint-Loup et Saint-Guilhem-le-Désert
Informations pour préparer un WE grandes voies d’escalade au Pic Saint-Loup et Saint-Guilhem-le-Désert
Date du weekend escalade au Pic Saint-Loup et Saint-Guilhem-le-Désert
15 et 16 octobre 2011
Lieu :
France, Languedoc Roussillon, Hérault, dans la région de Montpellier (34000)
Comment s’y rendre :
Depuis Montpellier :
Montpellier (Corum) => Saint-Guilhem-le-Désert : 45 min, 45 km, autoroute gratuite.
Montpellier (Corum) => Saint-Jean-de-Cuculles : 25 min, 20 km.
Participants au weekend escalade au Pic Saint-Loup et Saint-Guilhem-le-Désert
Pour Saint-Guilhem-le-Désert : Gwendoline ATTIA et Florian DESJOUIS
Pour le Pic Saint-Loup : Yoann FOULON (23 ans, étudiant en master de biologie, très fort grimpeur de falaises, quelques 8b+/8c à son actif, en cours de reconversion : ski de randonnée, alpinisme, cascade de glace, il scrute d’autres horizons !) et Florian DESJOUIS.
Où dormir dans l’Hérault :
Saint-Jean-de-Cuculles, Valflaunès, Saint-Mathieu-de-Tréviers, Les Matelles … dans la région du Pic Saint-Loup ; Aniane, Montpeyroux, Saint-Jean-de-Fos… du côté de Saint-Guilhem-le-Désert. Autant de merveilleux petits villages où vous trouverez votre bonheur en vous aidant des 2 sites ci-dessous :
Où se réapprovisionner pour un weekend escalade au Pic Saint-Loup et Saint-Guilhem-le-Désert
Supermarché, boulangerie, station essence : Tout ce qu’il faut à Gignac dans les environs de Saint-Guilhem, et à Jacou dans les environs du Pic Saint-Loup.
Office du tourisme de l’Hérault :
Caractéristique des falaises d’escalade du Pic Saint-Loup et de Saint-Guilhem-le-Désert :
Escalade à Saint-Guilhem-le-Désert :
Saint-Guilhem est un magnifique secteur. Un joli petit village, envahi 3 mois par an par des hordes de touristes, qui retrouvera son calme durant les 9 mois restants. Très nombreuses grandes voies, souvent équipées, des fois partiellement ou avec du matériel d’époque : quelques grandes voies en 5, surtout des voies dans le 6, allant du dévers à bras (secteur de la Bissone) au dalles techniques (secteur pochettes surprises). Quelques voies où l’on retrouve du 7 voire du 8 : Le blues du rasta (7b+ max), calibre douze (7b+ max, http://scalatanature.fr/topo%20calibre%2012.pdf ) … La majorité des grandes voies sont en face nord, il y fait frais, même en été. A tout cela s’ajoute quelques secteurs de couennes plutôt de bon niveau (7 et 8 en majorité).
Escalade au Pic Saint-Loup :
La montagne des Montpelliérains, un magnifique panorama, du mont Ventoux aux Cévennes, du Salagou à Carnon-Plage, toute la région à vos pieds. Une belle face nord un brin végétative, du caillou de très bonne qualité dans la Walker des Garrigues en tout cas. Pour le reste je ne pourrai vous renseigner… Jetez un coup d’œil sur le site de CamptoCamp.
Autres sites d’escalade aux alentours du Pic Saint-Loup et de Saint-Guilhem-le-Désert :
A proximité de Saint-Guilhem-le-Désert :
- Les Joncas : jolie petite falaise récente avec un secteur franchement de haut niveau (du 7a au 8c+) mais aussi de nombreux petits secteurs dans des niveaux bien plus raisonnables (5, 6 et 7). Patientez un peu et vous aurez un topo ; autrement faites-vous guider par un local, ça ne manque pas sur cette falaise.
- Le pic de Vissou : une petite falaise au calme, proche de Clermont l’Hérault, une escalade atypique sur un caillou taillé à la serpe, un jolie cadre où les nombreux parapentistes viendront vous saluer, beaucoup de 5 et 6, un peu de 7. Une falaise pour une journée paisible.
Il existe d’autres sites d’escalade dans l’Hérault.
Escalade à proximité du Pic Saint-Loup :
- L’Hortus : c’est la paroi d’en face ! Une grande paroi qui regarde vers le sud, où de très nombreuses grandes voies de quelques longueurs se côtoient. Du totalement équipé au peu équipé, dans le 5, le 6 et parfois le 7, vous trouverez votre bonheur, avec la vue sur les vignes. Quelques couennes, dans le 7 et le 8 surtout.
- Claret : un autre symbole de l’escalade montpelliéraine, une escalade atypique, des fois engagée, souvent à méthodes, mais incontestablement une des grandes et belles falaises du coin. Du 6 au 8, vous serez servis.
- Le Thaurac : là aussi une grande classique de l’escalade montpelliéraine : de nombreux secteurs très fournis en voies du 5 au 7, nombreuses orientations, accès rapides, tout le monde y trouvera son compte. On supprimerait bien la route de Ganges tout de même, surtout quand on grimpe au mur des lamentations !
Retrouvez d’autres articles sur l’escalade au Pic Saint-Loup et à Saint-Guilhem-le-Désert juste en-dessous :
Vous pouvez aussi aller lire cet article présentant les meilleurs sites d’escalade de l’Hérault :
Site Internet :
- Le topo de toutes les grandes voies de Saint-Guilhem. On y trouve aussi le topo de Saint-Jean-de-Buèges, superbe petite falaise surplombant un merveilleux petit village comme sait nous offrir l’Hérault, ainsi que les actualisations du topo papier du Thaurac, de L’Hortus et quelques infos sur le rééquipement du Caroux.
- Le topo de la Walker des Garrigues, un beau topo clair comme on les aime !
2 jours de grandes voies d’escalade au Pic Saint-Loup et Saint-Guilhem-le-Désert
Où grimper ce samedi ?
Vendredi soir, 20h30 : on fait quoi demain ? Envie de grande voie, envie de soleil, pas envie de trop de route… La Jonte ? Trop loin. L’Hortus ? Je retourne dans le secteur dimanche… Saint-Guilhem ? Pourquoi pas. Nous nous jetons sur le topo : nous voulons du soleil, du pas trop dur (6c max), du pas trop facile non plus et du joli. Nous trouvons notre bonheur : il se trouve dans le Cirque du Bout du Monde, au secteur « pochette surprise », entre la calade et l’africaine. Une voie nous semble un peu court, nous en ferons deux : nous commencerons par « pochette surprise » 6c max, 4 longueurs, et « Paradis perdus » 6b+ max, 4 longueurs.
Escalade à Saint-Guilhem-le-Désert
Samedi matin, 10h : nous arrivons au parking de Saint-Guilhem-le-Désert. Bien calme encore, les grimpeurs ne se pressent pas aujourd’hui, il va faire frais et venté. Nous amorçons paisiblement l’approche en fond de vallon, le vent souffle déjà un peu, une belle lumière limpide illumine nos premiers pas. Cette vallée est toujours aussi esthétique : les grandes, raides et sombres faces nord s’opposent aux flamboyantes faces sud, paradis du grimpeur de couennes. Ce sont des secteurs encore confidentiels, il faut s’y faire introduire, j’en ai à peine un peu goûté les semaines passées, et j’en reprendrai bien quelques parts !
Nous nous enfonçons sur ce petit sentier du Cirque du Bout du Monde, dans une petite forêt qui se laisse transpercer de quelques faisceaux de lumière, le petit ruisseau qui le longe s’écoule paisiblement : le lieu est vraiment merveilleux, il s’en dégage une grande quiétude. Nous passons au pied du secteur de l’africaine pour rejoindre les cordes fixes qui nous déposerons au départ de nos choix du jour.
« Pochette surprise »
L’échauffement se fait en douceur, nous commencerons par le 6a commun aux 2 voies, pour bifurquer en fin de longueur sur « pochettes surprises ». Le soleil chauffe agréablement, une petite brise vient mettre une pointe de nuance à cette douceur ambiante. Le calcaire est superbe, très compact et sculpté : une escalade technique sans être déstabilisante, parfait pour se mettre en jambe. La longueur fait près de 35 m, avec quelques changements de directions : je me fais surprendre par le tirage et me retrouve à tirer un âne mort sous le relais : un superbe cade nous y attend.
Des passages nuageux voilent le soleil, le rayonnement se fait timide, le vent plus présent, je regrette déjà ma polaire qui attend sagement au pied des voies. Gwendoline me rejoint, son pansement de fortune tient le coup : à trafiquoter avec le couteau au pied de la voie, elle s’est entaillée profondément ; le tout sera rafistolé avec les moyens du bord, elle aura un gros nœud de tissu sur le dos de l’index.
Je m’élance ensuite dans la 2eme longueur en 6c
Cette longueur fera office de pièce en 3 actes. Le premier acte sera un calcaire gris-bleu très finement ciselé, aux prises agressives, des prises qui vous attrapent et vous agrippent, du caillou comme je l’aime, la patine ne l’a pas encore dénaturé.
Quelques mouvements teigneux nous font rétablir sur une dalle plus facile mais toujours aussi belle : celle-ci nous dépose au pied du 2eme acte, une section où le caillou change radicalement, uniquement du fait de sa raideur, surprenant.
Un calcaire jaune au grain plus fin, des prises plus rares, plus d’écailles et moins de gouttes d’eau, quelques trous tout de même. Les bons pieds se font plus rares, les prises plus plates aussi : il ne faut pas se presser, bien lire et se placer, il n’y aura pas de 2eme chance ici, pas 36 méthodes pour passer. Ce 2eme acte nous amène à un énorme cade au travers duquel nous passons : fabuleux.
Relais sur un cade
Je m’y assoie facilement pour scruter le relais que je devrai trouver, normalement… Rien… J’entame donc mon troisième acte, qui sera le 6a, et qui est censé être la 3eme longueur : un caillou plus fracturé, quelques ébauches de colonnettes, j’arrive rapidement au bout de cette courte portion. Je me rétablis sur la terrasse, pas de relais à l’horizon, je me dirige donc vers un tronc qui fera l’affaire. Je me retrouve stoppé net à 1,5 m du tronc, plus moyen d’avancer, plus de corde évidemment… J’insiste, peut-être est-ce une boucle récalcitrante ? Non, rien ne bouge. Je dégaine une sangle que je lance comme un lasso en direction de la plus grosse des branches, que j’atteins au bout de quelques essais.
Je récupère quelques précieux centimètres de cordes que Gwen a dû libérer. Ouf, le relais est fait, après 50 m d’escalade, pas un de moins ! Gwendoline me rejoins, un peu éprouvée : une grosse longueur très complète, en plus de ne pas avoir été certain de l’état d’avancement de mes manips de cordes, pas mal d’émotions. Nous rejoignons rapidement le pied de la dernière longueur, 6b : contrairement au reste de la voie, l’équipement est d’époque, pitons recouverts de mousse et sangles décolorées.
L’escalade déroule bien tout de même, jusqu’à buter face à une fissure raide et péteuse au possible, certainement pas là, ça ne serait plus 6b. A gauche peut-être ? L’équipement, bien que mauvais, était relativement dense jusqu’à maintenant. Ici, je ne vois plus rien à 5 m… Les 2 pitons couplés font peut-être office de relais… Pas envie d’amener Gwen dans cette galère, elle me moulinera sur les 2 pitons.
Escalade à Saint-Guilhem-le-Désert : voie « Paradis perdu »
Nous retrouvons rapidement la ligne de rappel : nous ne referons pas le 6a commun au 2 voies, je vise un relais qui se trouve au ¾ de cette dernière et qui est le point de départ de la 2eme longueur de « paradis perdu ». Banco, ça passe. Le vent est devenu assez violent et le soleil n’est plus des nôtres : ça caille. Le 6a (L2) de « paradis perdu » n’est pas si facile que ça, le caillou est assez fracturé, moins beau que dans les longueurs précédentes.
Nous sommes au pied de L3, 6b+ : l’atmosphère est toujours aussi fraîche, et nos polaires toujours en bas… La longueur est très belle, raide et assez dure pour la cotation : toujours une escalade technique, la lecture est difficile car il y a peu d’indice, du vrai à vue. Le haut est plus raide, les prises donnent l’impression d’être constamment dans le mauvais sens… Déstabilisant. Une très belle longueur pour une escalade exigeante.
Gwen me rejoint après un gros combat, fatiguée et frigorifiée, elle ne me suivra pas dans la dernière longueur. Je fonce pour ce dernier 6a+, pour lequel je retrouve ce calcaire agressif des dalles de cette face : le bout des doigts commence à un peu moins apprécier le grip du caillou… Une belle longueur à nouveau, plutôt 6b, qui achèvera à merveille l’ascension.
Délicate descente en rappel
Gwen me mouline et nous nous retrouvons au pied de la face après 2 rappels acrobatiques, le vent ayant tendance à faire s’accoquiner cades et brins de cordes. Je commence à saisir le brin à tirer : rien ne bouge… c’était bien le rouge ? Oui, oui. J’essaie à nouveau. Pas mieux. J’essaie la noire, au cas où. Idem. Bon allez, au charbon : je file au secteur de couennes juste en dessous pour me faire prêter un grigri auprès de connaissances, ce sera plus aisé pour la remontée sur cordes, Gwen se vachant sur l’autre brin.
Après une vingtaine de minutes à me faire malmener par les bourrasques, je décoince ce qu’il y a à décoincer, et redescend en vitesse au pieds des voies. Nous tirons en vitesse les 2 brins avant de se faire embarquer dans une nouvelle galère. Ca y est, on peut se poser, il est déjà 17h et les ventres gargouillent, quoi de plus normal. On file au pas de course, le vent souffle encore et toujours, la journée du lendemain promet d’être agitée.
Escalade au Pic Saint-Loup : La Walker des Garrigues, une voie qui s’est faite désirer.
Dimanche avec La Walker des Garrigues, 360 m, 11 longueurs, 7c max (face nord du Pic Saint-Loup)
Cela faisait un petit moment que je l’avais repéré cette grande voie, si attirante.
Si attirante de par sa situation, la face nord du Pic Saint-Loup, face aux parois ocre de l’Hortus, face au vignes qui s’étendent à perte de vue, face au premier relief qui se dessine au loin, les Cévennes : ce défilé magique, si caractéristique et symbolique de la région montpelliéraine, ces 2 faces si différentes, Hortus et Pic Saint-Loup, qui se font front pour aboutir à une porte d’entrée, un lien entre l’est et l’ouest.
Si attirante de par le défi qu’elle représente : des cotations élevés en libre (7b, 7b+, 7c), une certaine ampleur pour le Pic Saint-Loup (11 longueurs pour 360 m d’escalade : pas mal de longueurs en traversée), des longueurs partiellement équipées pour les longueurs en 6, pas de retraite possible (très délicate en tout cas), un caillou en très grande partie d’excellente qualité : un ensemble d’ingrédients qui promettent une grande voie.
Et puis un contexte qui a fait monter l’envie : trouver un compagnon de cordée intéressé et ayant le niveau requis. Trouver le WE où nous serons tous les 2 libres. Puis subir les caprices météo, les imprévus liés à l’organisation etc. … Bref, il ne suffit pas d’avoir envie.
Enfin le bon weekend … malgré le vent
Et voilà ce dimanche où enfin, tout roule. Je dois retrouver Yoann au mas de Mortiès. J’ai un petit peu d’avance, je me retrouve face au portail ouvert, à ne pas oser rentrer : une clôture, un portail, une boîte au lettre, j’ai vraiment l’impression de rentrer chez les gens. J’attendrai sagement devant. Le vent souffle particulièrement aujourd’hui : Météo France ne s’était pas trompé, 40 km/h avec des rafales à 60/70 km/h, la voiture se fait secouer. Cela promet d’être sport dans ce grand couloir à courant d’air qu’est le vallon formé par l’Hortus et le Pic Saint-Loup.
Yohan arrive avec 30 min de retard, le repas de famille de la veille a dû s’éterniser. Les affaires sont vite préparées, nous filons à un bon train direction la face nord. Je suis Yoann qui connaît le chemin car il a déjà fait cette Walker des Garrigues, mais son compagnon de cordée particulièrement lent les avait contraint de finir les 2 dernières longueurs (un 7c dans le lot) à la frontale : avec un départ à 11h du matin sortie 21h au sommet (quasiment 1 h par longueur), je suis confiant quant à notre capacité à améliorer le timing.
L’approche est vite avalée
Nous arrivons au pied, le nom de notre voie est écrit avec application en bas, un spit nous donne la direction à suivre. Nous trouvons un compromis pour la répartition des longueurs, chacun y trouvant son compte tout en permettant d’optimiser l’organisation : je m’occupe des 5 premières longueurs (6a, 5c, 6b+, 6b, 7b+), ensuite Yoann s’occupe des 2 autres longueurs dures et d’une longueur à équiper (7b, 6a+, 7c), et moi des longueurs de transitions (3+, 4+, 6a). Le compte est bon.
Les premières longueurs s’enchaînent rapidement
Quelques spits bien placés, des cordelettes toutes neuves, des relais particulièrement confortables, on se lance en douceur. Le vent souffle un peu mais nous sommes relativement à l’abri des bourrasques. Le caillou est vraiment très bon, très facilement protégeable. Nous arrivons au pied du 7b+, le profil est vraiment atypique : une ligne de spit à l’horizontal, une rallonge de corde permettra même à mi longueur de désescalader sur 4/5 mouvements, du jamais vu !
Je protège les premiers pas avec un friend et m’élance dans les premiers mouvements de la voie : un départ où l’on se concentre quand même, je clippe le premier point et s’ensuit sur une dizaine de mètres une escalade assez aisée, dans un caillou superbe, croisant et décroisant de trous en trous, fabuleux !
Premier crux dans la Walker des Garrigues
La rallonge clippée, je me lance dans ce premier crux hors normes : 4 mouvements où l’on désescalade à l’aveugle, troublant ! Ça ne passe pas, tant pis, je jette un rapide coup d’œil, puis continue ma route. Un gros repos et un nouveau crux, des rougnes à serrer les pieds en adhérence sur du néant, ça ne passe pas non plus ! Dur le 7b+, mais définitivement majeur. On termine avec 4/5 mouvements d’allonge sur des bonnes prises puis une fissure à l’horizontal, sans problème.
50 m d’escalade, 50 m de pur plaisir. J’arrive au relais, confortable à nouveau, mais plus exposé au vent. Yo s’élance rapidement, je l’assure à l’aveugle, caché derrière mon éperon, pas des plus évidents pour lui. Il passera le premier crux sans problème mais pendulera sur le 2eme crux, lesté par ses friends, coinceurs et sac à dos : surprenant tout de même pour un grimpeur de son niveau.
Le 6a+ suivant sera vite enchainé
Une deuxième partie superbe où l’on suit une fissure en dulfer, un vrai piège à friends. Mais nous entrons dans le cœur du ventilateur, le vent nous secoue de plus en plus. Nous espérons encore naïvement que cela s’estompera par la suite. Le court 3+ nous expose définitivement aux bourrasques, jusqu’à nous déséquilibrer dans notre escalade. Nous sommes à 15m, à l’horizontal, si proche, pourtant nos lèvres bougent sans que nous puissions discerner les paroles de l’autre.
Yo s’élance dans le 7b
Le vent est extrêmement fort. Les dégaines se retrouvent à l’horizontal, tirées par la corde qui prendrait bien la direction du sommet. La magnésie de Yoann virevolte au-dessus de sa tête. Son pantalon trop large claque au vent. Je le vois à défaut de l’entendre. A plusieurs reprises je me retrouve plaqué contre la paroi par une bourrasque qui m’aura surpris. La corde s’empêtre et s’emmêle. L’assurage n’est vraiment pas évident dans ces conditions. Yoann ne se laisse pas déstabiliser. Il avance lentement, se place, s’équilibre, serre cette inversée délicate et franchit le premier crux sans problème. La suite est plus facile, sur quelques mètres seulement.
Il s’attaque au 2eme crux
Je ne le vois plus, et me débat avec ces satanés boucles : Yoann patiente un peu sur certains clippages, j’essaie de faire au mieux. Il avance lentement mais régulièrement, et arrive au relais sans problème : il faut une belle marge pour enchaîner dans ces conditions, bravo à lui. Le vent continue de souffler de tout son cœur, je grelotte au relais, pourtant bien plus couvert que la veille.
Je m’élance dans cette longueur pas évidente : le poids du matériel (friends, coinceur, mousquetons, sac à dos avec tout son contenu…) se fait vraiment sentir, ce qui me renforce dans mes choix quant au matériel à venir : du light, même si c’est cher, le plaisir n’est vraiment pas le même. Je ne m’attarde pas trop, tire un peu au clou je dois bien l’avouer, envie d’avancer, de s’extraire du chaos.
Arrivé au relais, j’enchaîne rapidement par le 4+. Rocher péteux, tirage et vent violent, une petite atmosphère de montagne se dégage. Ce vent nous glace mais est surtout abrutissant. Il nous tape sur le système à l’un et à l’autre. Nous avons envie de mettre sur pause, l’espace de quelques minutes au moins. Yoan arrive rapidement, il est temps d’installer le rappel. Nous faisons coulisser un brin après l’autre, chacun lesté de 5/6 dégaines.
Le vent souffle encore et encore
Le petit couloir sur lequel nous nous réceptionnons nous promet un peu de répit. Je l’atteins rapidement après une réception un peu acrobatique : le silence… plus de vent… enfin… c’est apaisant. Yo me rejoint rapidement, nous remontons cette sente bien raide à l’aide de la corde fixe, d’une grande aide ici : un sacré travail des ouvreurs pour élaguer, charrier et sécuriser cette zone.
Petite pause au calme avant la longueur la plus dure de la voie.
Yoann prend un friend pour protéger avant le premier point. La taille ne correspondra pas. Tant pis, le caillou est sain, la difficulté raisonnable, il avance. Premier point clippé, il se lance pour de bon dans le vif du sujet. Une rampe oblique à remonter à grand coups de talon et d’épaule. Puis un trou en inversée et il se rétablit sans problème : une gestuelle gymnique digne de la salle. S’ensuit une escalade délicate, entre trous et réglettes. Le caillou est ici plus fragile, avec des zones fracturées. Il faut prendre le temps de bien choisir ses pieds, pas toujours évident dans ce niveau.
Yohan avance petit à petit, grignote les mouvements les uns après les autres, tremble un peu, puis se détend : le crux est passé. La suite n’est pas donnée mais un bon repos lui permet de se décontracter, d’anticiper la suite des événements. Il repart, grimpe très statique, la prise de risque est réduite, se lance dans une partie plus facile mais pas moins délicate : le caillou est enchâssé dans de la terre peu tassée, le terrain est mouvant, prudence. Mais ça passe. Belle coche à nouveau, pour ce 7c en 10ème longueur.
Je pars à mon tour, ma démonstration est beaucoup moins impressionnante. Je casse des prises, je tombe, je repars, tire au clou, pose mon pied sur les spits, grimpe à nouveau… on reviendra pour l’élégance ! A coût de triches en tout genre entre 2 moments de grimpe. Je le rejoins rapidement, trop chargé pour espérer évoluer sereinement dans ce niveau.
Enfin le sommet
J’enchaîne aussi sec par la dernière longueur, 6a, vite avalée, le sommet est là : Yoann me rejoint vite. Le vent souffle à nouveau mais peu importe, on y est. Le soleil nous réchauffe, le vue est splendide :
- Les Cévennes aux cimes encombrées de nuages sombres ;
- le mont Ventoux ;
- un énorme nuage de sable se dessine du côté de l’Espiguette ;
- les vignes commencent à roussir au pied du Pic Saint-Loup et sur les grands plateaux au nord, la lumière rasante fait ressortir les contrastes et les nuances de cette si belle saison qu’est l’automne.
Seuls, excentrés du sommet d’une centaine de mètres, on savoure, apaisés après l’effort, apaisés d’avoir atteint notre but, heureux d’avoir gravis cette face nord de notre montagnette par une si belle voie, un si beau tracé, sur la vigie de l’Hérault.
Conclusion sur nos 2 jours d’escalade au Pic Saint-Loup et Saint-Guilhem-le-Désert :
Pourquoi aller grimper à Saint-Guilhem-le-Désert ?
Ce cirque, ce si beau cirque, cette atmosphère exceptionnelle, un bijou de l’Hérault que l’on aime pratiquer aussi bien chaussons aux pieds qu’en VTT ou à pied. On vient ici simplement parce que c’est beau, le plaisir est là dès l’approche.
Et puis ces grandes parois : les faces nord sont raides, même déversantes, avec de l’ampleur et du gaz (plusieurs voies font jusqu’à 7/8 longueurs). Quelques secteurs au soleil, plus courts (secteur « pochette surprise » par exemple) vous offriront une alternative quand le temps ou le soleil vous manquera.
Un caillou de bonne qualité : excellent dans les voies décrites dans ce récit. Il nécessite un peu plus de vigilance dans les grandes parois nord, mais ne vous en faites pas, vous n’êtes pas le premier à passer !
Et tout ça à 30/40 min à peine de Montpellier…
Pourquoi aller grimper la Walker des Garrigues en face nord du Pic Saint-Loup ?
Parce que c’est certainement la manière la plus élégante d’escalader le Pic Saint-Loup : un caillou allant du bon à l’excellent, un tracé original, un format très logique (les zones les plus compactes sont équipées, le reste est à protéger), un gros travail des ouvreurs (tout les relais sont reliés avec de la corde, nombreuses lunules, équipement au top, topo très clair… ), une face mythique de Montpellier, un panorama exceptionnel. Un gros plaisir et une belle satisfaction en perspective !
Matériel utilisé durant ce trip grande voie d’escalade au Pic Saint-Loup :
Produits | Avantages | Inconvénients | Si c’était à refaire |
Corde à double rubix triaxale (Millet) | Cf. compte rendu Maroc (Taghia) | ||
Baudrier sama (Petzl) | Cf. compte rendu grandes voies dans les calanques | ||
Dégaines ange (Petzl) | Cf. compte rendu grandes voies dans les calanques | Quelle que soit la marque ou le modèle, prenez des dégaines longues ! | |
Chaussons katana (La Sportiva) | Cf. compte rendu grandes voies dans les calanques | ||
Reverso (Petzl) | Cf. compte rendu grandes voies dans les calanques | ||
Sac à dos lynx (Grivel) | – Très confortable : le découpage des mousses dorsales évite au sac de se transformer en boule. – Forme idéale : très étroit dans le bas du dos pour dégager les porte-matériel. – Pratique : c’est tellement pratique ces porte-matériel sur le sac, et pas besoin de faire de l’artif, il suffit d’une voie comme la walker. Ca a vraiment le mérite de clarifier l’organisation du matos. Beaucoup moins d’intérêt dans une voie toute équipée. – Litrage adapté, ni trop gros ni trop petit pour ce genre de grande voie (nous avons pris un sac pour 2 pour les 2 jours) – Les porte-matériel peuvent se désolidariser du sac à dos pour être portés seuls. | RAS | Tout est dit ! C’est le sac que j’aurais dû acheter dès le départ. Top. |
Sangle Dyneema 120 cm | RAS | RAS | |
Mousqueton à vis | Cf. compte rendu grandes voies dans les calanques | ||
Sac à pof le Yéti | Cf. compte rendu grandes voies dans les calanques | ||
Casque Elios (Petzl) | Cf. compte rendu grandes voies dans les calanques | ||
Maillon rapide | Cf. compte rendu grandes voies dans les calanques | ||
Cordelette 5mm | Cf. compte rendu grandes voies dans les calanques | ||
Machard | Cf. compte rendu grandes voies dans les calanques | ||
Couteau (Petzl) | Cf. compte rendu grandes voies dans les calanques | ||
Basket Speed Cross (Salomon) | Cf. compte rendu grandes voies dans les calanques | ||
Pantalon (Decathlon) | Cf. compte rendu grandes voies dans les calanques | ||
Sous vêtement trekking summer light (X-Bionic) | – Bon apport de chaleur – Se fait vraiment oublier | Un peu court (pourtant pris en L/XL, des tailles que je ne mets jamais). A tendance à remonter au niveau du ventre, réduisant sensiblement la protection | Un peu sceptique lorsque je l’ai enfilé : un sous vêtement qui moule le corps, je me sens un peu à l’étroit, j’ai peur d’être gêné en grimpant. Et bien non, pas du tout, il se fait totalement oublier. Le fait qu’il soit très moulant semble être un atout non négligeable dans l’isolation du froid, tant qu’il ne remonte pas au niveau du nombril. Le concept est intéressant mais imparfait : un apport de chaleur supplémentaire sans avoir l’impression d’avoir rajouté une couche, mais une isolation thermique réduite par la coupe inadaptée. |
Tshirt technique capilene 2 Lightweight (patagonia) | Cf. compte rendu trek au Pérou | ||
T shirt laine mérinos 260 (Ice Breaker) | Cf. compte rendu trek au Pérou | ||
Veste LIM (Haglöfs) | Cf. compte rendu trek au Pérou | Vraiment super cette veste : ultra légère, bien compressible, vraiment une bonne protection de secours au fond du sac. Et bien taillée en plus, ne gêne pas du tout l’escalade. Parfaite pour l’escalade en grande voie. | |
Lunettes de soleil panoramiques (Loubsol) | Cf. compte rendu trek au Pérou |