Marie FROSSARD nous partage son expérience de kayak de mer en Corse
Informations pour prépare un séjour kayak de mer en Corse
Date
Du 1 au 18 Juillet 2017
Lieu
Corse : Ile Rousse / Ajaccio
Participants à ce trip kayak de mer en Corse
1 femme (Marie) et 2 hommes (Christophe et Jean-Christophe dit « JC »).
Objectif
Rallier Ile Rousse / Porto Vecchio en Kayak de Mer en autonomie complète.
Etapes de notre trip kayak de mer en Corse
- J1 Ile rousse Baie d’Algajo 14 km 2h35
- J2 Baie d’Algajo Calvi 7,37 km 2h12
- J3 Calvi L’Argentella 28 km 6h25
- J4 L’Argentella Galéria 7,91 km 1h44
- J5 Galéria Baie de Focolara 8,85 km 2h13
- J6 Baie de Focolara — —
- J7 Baie de Focolara E-Gradelle (Osani) 22 km 4h40
- J8 E-Gradelle Cap Rossu (Piana) 14,74 km 3h35
- J9 Cap Rossu Cargèse 20 km 4h46
- J10 Cargèse Marina di Pevani 23,17 km 4h34
- J11 Marina di Pevani Les Îles sanguinaires 24 km 4h50
- J12 Les Îles sanguinaires Ajaccio 15 km 2h35
Présentation et préparation du projet kayak de mer en Corse
Présentation du projet
Nous sommes 3 à partir à l’aventure. Jean-Christophe, Christophe et Marie.
Ce sera pour nous trois une première expérience de randonnée en kayak de mer ; et pour vivre cette expérience à fond, nous avons choisi de rester le maximum en totale autonomie.
Tous les trois, originaire de l’eau vive et plus particulièrement de la Nage en Eau Vive (Hydrospeed), nous parcourons ensemble les rivières depuis plus de 20 ans. Notre envie de découvrir d’autres horizons et d’élargir notre champ d’action est de plus en plus fort.
Baie de Focolara
Depuis maintenant deux ans, les bivouacs sont rentrés dans nos pratiques sportives. Après avoir parcouru les canyons du Mercantour, du Luberon, avoir oscillé sur les chemins de randonnées alpins de la Vanoise, du Vercors, de la Chartreuse, après avoir arpenté les sentiers des Alpes en VTT, nous avions comme défi de faire cette année la fameuse randonnée sur le GR20 en total autonomie. Deux mois de préparation matériel, billet, préparation des étapes, cartes, essais du matériel, réduction des poids des sacs …
Suite à une blessure au genou 3 semaines avant de partir … nous avons dû revoir notre projet. Nos billets pris, sans remboursement ou modification possible, je me projette depuis trop longtemps pour tout laisser tomber…
Baie de Focolara
Je ne peut effectivement m’engager sur de la randonnée pédestre, mais mes 2 bras eux … peuvent pagayer, c’est l’occasion pour nous d’effectuer notre première aventure en Kayak de Mer !
Nous avions découvert cette activité lors d’un séjour dans les calanques de Cassis en Juillet 2012. L’idée nous a tout de suite emballée. Nous avons 2 semaines pour trouver les bateaux et organiser le transport des embarcations sur le Ferry.
Nous avons suivi le blog de Valentine, Benjamin et Steve pour préparer notre aventure.
Préparation du projet
Nous avons analysé les cartes, pris note des points de bivouac et d’accostage possible pour la pause de midi. Le projet semblait réalisable avec nos critères :
- Départ : Ile Rousse.
- Arrivée : Porto Vecchio.
- 14 jours de navigation pour 17 jours disponibles.
- Littoral ouest choisi pour le côté esthétique et sauvage de l’île de beauté (Sens anti horaire).
Notre parcours sera itinérant, les arrêts seront au grès des conditions météorologiques, de notre forme physique mais aussi des disponibilités d’infrastructure du littoral.
La période estival nous permettant de dormir à la belle étoile, nous opterons pour le bivouac en hamac. Nous transporterons 2 tentes et 1 tarp en cas de mauvais temps ou de difficultés nécessitant de se mettre à l’abri. L’option camping sera envisagé ne serait-ce que pour prendre des douches à l’eau douce et se ravitailler en nourriture.
Aventure en Kayak de Mer En corse
Préparation des bateaux
Nous remplissons les caissons des kayaks avec les sacs étanches, les bidons et la nourriture achetée pour 10 jours. Tout rentre dans les bateaux ! Nous avons l’impression d’être des extra-terrestres au milieu de tous ces touristes. Les contrôleurs ne savent pas si l’on doit passer côté passagers ou côté véhicules. Prendre des angles droits des couloirs avec des bateaux de plus de 4 mètres de long … c’est un peu compliqué.
La traversée en Ferry est tranquille. Au loin se dessinent les reliefs des montagnes Corse que nous aurions pu parcourir si notre périple s’était fait à pied.
Nous arrivons au port de l’Ile Rousse en début d’après midi. Sur le quai du petit port, nous remplissons nos réserves de 30 litres d’eau douce, sans savoir pour combien de temps nous en aurons. Nous avons hâte de monter dans nos bateaux et de prendre la mer. La mer est calme. Un peu de brume et quelques nuages cachent le soleil. Nous prenons la direction de l’ouest pour nos premières heures de navigation.
Calanques de Piana
Nous décidons de nous arrêter vers 18h30 pour monter notre premier camp. Une petite plage de sable avec de gros rochers s’offre à nous. Nous dormirons dans les hamacs. L’installation du camp mettra plus de 2 heures pour cette grande première. Il nous faudra des cordes, des sangles, régler la tension des hamacs pour ne pas se retrouver assis, régler les espaces pour ne pas être les uns sur les autres.
Le vent commence à se lever, les vagues montent alors que nous nous trouvons à seulement 4 mètres du bord. Le choix de notre emplacement est-il judicieux ? Devons-nous changer notre lieu de campement ?
Nuit au camp et deuxième jour
Nous passons la nuit bercée par les courants d’air frais, le matin le vent était tombé. Nous apprendrons que le vent se lève avec le soleil et se couche en même temps que lui.
Calanques de Piana
Le deuxième jour le vent forci, la houle monte progressivement au fils de la matinée. Nous avançons doucement avec un vent de face dans une mer agitée ou les moutons commencent à se former et à balloter nos bateaux. Nous sommes en mer vent force 3. Nos premières prises d’eau nous font changer nos habitudes d’équipement. La jupe est placée sur le gilet en montant le plus haut possible pour favoriser l’écoulement de l’eau sur le devant, évitant la cuvette ou l’eau s’infiltre au fils des heures. Expérimentés en eau vive, nous découvrons la navigation en mer et ses spécificités.
Nous avons des difficultés à maintenir le cap avec le vent qui force le bateau à être perpendiculaire à celui-ci. Je suis parfois obligé de faire une ou plusieurs fois une boucle pour placer le bateau dans la bonne direction, je ressemble à une débutante. Comment se fait-il que je ne puisse pas placer le bateau dans la direction que je souhaite ?
Face au vent de plus en plus fort, nous décidons d’aller voir à quoi ressemble la mer de l’autre coté de Calvi en montant à la citadelle. La mer est semblable au côté Est. Des moutons blancs jonchent les vagues à perte de vue. Le bord du littoral n’est pas plus à l’abri, le vent de face fait monter les vagues sur les rochers d’une manière impressionnante.
Le bulletin météo utilise des termes comme houle, vent, force, mer … autant de termes que nous allons apprendre à découvrir. Il n’est pas annoncé d’amélioration.
Un vent très présent
Au bout de la baie, le vent d’Ouest est très puissant, les courants sont forts. Chaque amorce de virage à forte puissance de pagayage, le bateau revient perpendiculaire au vent, impossible de prendre le cap Ouest pour contourner le belvédère. Une fois face au vent, je me disais que cela serait plus simple, le tout était de placer le bateau dans la bonne direction.
Calanques de Piana
Mes multiples essais m’amenaient au large. Christophe était déjà loin devant. Il avait passé la pointe, on ne le voyait plus depuis un moment. JC lui était devant moi. Il voyait que j’étais en difficulté et n’osait s’engager sans réellement savoir si j’allais y parvenir. Je décidai de retourner dans la baie avec le vent dans le dos, pour reprendre l’amorçage du virage. Lors du deuxième essai, j’ai manqué à me retourner, les vagues et le vent me poussant sur les rochers. Je n’ai toujours pas le bon axe, mon virage à gauche est aussi mauvais que le premier. Mes efforts ne sont pas récompensés. Je ne comprends pas pourquoi, pourtant j’ai la puissance et la maîtrise du pagayage.
- Pourquoi mon bateau ne veut pas tourner ?
- Est-ce le vent ?
- La longueur du Kayak ?
- Les vagues ?
- La fatigue du matin ?
Pour le 3e essai, je décide de faire face au vent bien avant d’amorcer le virage en restant dans la baie. C’était la solution. Epuisée, mal aux bras, je longe enfin la côte pour rejoindre la Baie « u Roncu ». Une fois le bateau dans le bon axe, tout est plus facile. Christophe comprenant qu’il y avait un problème venait de remonter dans son bateau pour venir à notre rencontre. Nous rejoignons finalement la plage pour se mettre à l’abri.
Nuit à la belle étoile
Le vent ne baissant pas, on resta sur la plage jusqu’au lendemain. Pas de hamac cette nuit. Une nuit à la belle étoile sur une simple bâche sous le ciel étoilé.
Nous reprenons la mer à 6h du matin. La mer est calme, le soleil n’est pas encore levé. Nous décidons de couper la baie pour gagner en temps. Comme la veille, le vent se leva en même temps que le soleil. A l’extrémité nord du phare, un passage assez large s’ouvre à nous entre le bord et l’îlot. Nous nous s’engageons assez serein, émerveillé par la beauté des lieux. Notre regard tomba sur la mer du grand large qui se trouve face à nous !
Cela semble difficile de s’aventurer de l’autre côté du phare. Christophe et JC avancent lentement pour voir à quoi s’attendre réellement de l’autre côté.
Tout d’un coup, les garçons agitèrent les bras en croix au dessus de la tête. Il me signale que la mer est encore trop agitée pour l’engager. JC pris le large pour contourner l’îlot du phare et nous rejoindre. Christophe, lui, pris le chemin inverse. La hauteur de la houle ne me permet pas de le localiser. Il est caché par les vagues. Le retour de houle dans cet espace restreint est terrible. Son embarcation avance très vite en surf la houle. On ne passera pas le cap tout de suite.
Nous longeons la côte de l’anse de « l’Oscellucia » durant plus d’une heure à la recherche d’une zone de débarquement possible pour attendre l’accalmie. Une petite plage de sable nous accueil pour cette belle matinée. Il commence à faire chaud. Le soleil monte dans le ciel.
Du soleil !
Nous n’avons pas d’ombre. Nous montons vite fait le tarp entre les kayaks pour nous protéger. Après une courte pause déjeuner, JC décide de monter au phare pour aller voir la mer de l’autre côté.
De retour, JC nous dit :
« J’ai une bonne et une mauvaise nouvelle ! »
La bonne : La mer semble belle de l’autre côté …
La mauvaise : Il faut tout plier …
Trois heures après notre première tentative, nous partons à l’assaut du Cap qui nous avait donné du fils à retordre le matin même. Notre choisissons de passer au large du cap pour éviter les retours de houle. Le courant est très fort. Le défilement des rochers de la berge prouve que nos efforts sont efficaces. Nous gagnons du terrain sur le peu de distance parcouru la veille. Nous nous arrêtons visiter la « Grotte des Veaux Marins. Un peu plus loin, un dauphin sauta entre nous ! Le lieu est magique.
La fatigue arrive
Notre rythme réduit petit à petit, signe que la fatigue commence à se faire sentir. Une pause s’impose pour se rafraichir et se restaurer. Il est difficile de nager tellement nos bras sont endoloris. Non loin de là, sur les hauteurs un rocher creux héberge la Sainte Vierge Marie avec une bougie. Quelle surprise … sans accès terrestre visible de trouver signe de vie dans ce lieu si secret ! Un magnifique rocher creux m’offre un emplacement hamac parfait pour la sieste.
Nous reprenons nos bateaux en direction de la baie de « Crouani » à l’Argentella ». L’abordage de la plage se ne présente pas comme nous l’imaginions à quelques miles des côtes. Les vagues assez puissantes, heurtent un mur de sable noir de prêt d’un mètre de haut. Le bord très profond ne nous permets pas de descendre du bateau pour accoster. Sur l’extrémité nord, l’anse forme un croissant et un accès simple. Il est assez tard déjà. Nous avons bien avancé en 3 étapes sur la journée. L’installation des hamacs fut tout aussi compliquée que le premier jour.
Le 4e jour nous arrivons au port de Galéria pour remplir nos réserves d’eau. Le responsable de la base nautique nous indique que la météo n’était pas bonne pour les 2 jours à venir. Nous décidons donc de passer la journée sur Galéria.
La réserve de Scandola
La réserve de Scandola est notre prochaine étape. La météo annonce un vent force 3-4. Encore novice dans la référence des critères de navigation, nous décidons malgré tout de prendre la mer. Les infos du responsable du port la veille et les avertissements d’un voilier au port auraient dû nous faire réfléchir. A peine passé la « Punta di Stollu », le vent fort en Sud / Sud Ouest formaient des moutons sur les vagues. Nous restons groupés. Le passage des pointes du littorale est difficile. La mer monte peut à peu en puissance. La houle forme petit à petit des murs de 2 à 3 mètres de haut. Les déferlantes, les clapots font osciller le bateau à droite ou à gauche.
Les embarcations sont malmenées. Personne n’est rassuré. La pointe du phare de Gargali est encore très loin. Nous avions repéré sur la carte un seul arrêt possible avant Girolata. Sagement, nous décidons de le rejoindre. La difficulté de navigation monte encore avec le vent de dos. La pointe de nos kayaks manque à plusieurs reprises à se planter dans l’eau. Nous voyons en difficulté, un zodiac de visite touristique s’approcha pour nous dire de faire demi-tour.
Nous avons trouvé nos limites de navigation et serons plus à l’écoute la prochaine fois. L’accostage sur la plage de secours fut épique !
Christophe, en premier, arriva avec suffisamment de vitesse sur le sable avant d’être rattrapé par une grosse vague. JC, lui fini à l’eau sur le sable … et moi j’arrivais en travers mais sorti du bateau avant la vague suivante. Nous sommes enfin en sécurité !
Après avoir repris nos esprits, chacun part à la découverte de la plage, comme Robinson Crusoé à la découverte de son île !
Trouver une place pour le camp
Un espace ombragé, plat, en hauteur est idéal pour monter notre camp et attendre que la météo soit en notre faveur. La VHF annonce Force 5-6, nous sommes en attente …
Le camp s’améliore d’heure en heure : Planches, bâtons, cailloux, coin cuisine, un coin couchage / sieste, un coin toilette, un coin étendage pour faire sécher l’ensemble des affaires ayant pris l’eau durant l’accostage. On trouve même une source d’eau douce …
Pendu au son de la radio, aucune accalmie n’est annoncée : « Vent force 4-6 sur la réserve de Scandola ». Nous devons informer la famille que nous sommes bloqués sur cette plage. Sans réseau, il nous faut monter en haut de la montagne pour capter un minimum de réseau. La fatigue se ressent jusque dans les jambes. Le sentier, magnifique, est ombragé. Des ruines d’un ancien petit hameau, nous devinons trois bâtiments surplombant la baie face au coucher de soleil.
Les couleurs sont magnifiques. En son centre, un gigantesque Olivier de plusieurs centaines d’années offre des sculptures naturelles extravagantes. Dans un coin en amont sur le terrain pentu, un cercle de pierres placées de manière verticales délimite un enclos. Quelques crottins montrent que les vaches occupent encore ces lieux à l’abandon.
JC rejoint sur la crête pour obtenir du réseau. Nous l’attendons une heure, à manger des mûres, scruter les lieux, deviner ça et là comment les gens d’avant pouvaient vivre, s’alimenter et se ressourcer en eau douce. Notre source du camp doit émerger plus en amont près du hameau.
Nous restons au camp une journée de plus. Le vent force 6-7 est toujours annoncé.
Amélioration de l’installation
Nous occupons notre journée à l’amélioration du camp. Recherche de planche rapportée par la mer pour faire une table, un banc et même une étagère pour faire sécher nos couverts. Nous avons une douche solaire d’eau douce du ruisseau pour nous laver et faire la vaisselle … et la lessive. Que dire … une journée bien remplie avec des tâches « dépassées » par rapport à la réalité. Chacun essayait de s’occuper comme il le pouvait.
Il est certain que nous ne pourrons prendre le Ferry à Porto Vecchio comme initialement prévue. L’étude des différentes possibilités de replis fait parti de nos discussions de la journée. Il est à la fois trop tôt pour s’organiser et à la fois trop tard pour ne pas y penser. JC retourne en fin d’après midi sur la crête de Galéria pour se dégourdir les jambes et rassurer la famille.
Le lendemain matin, un petit tour au levé sur la plage … les vagues, la houle, le vent … tout est calme. La décision de quitter notre plage de Robinson est rapide, notre réserve en eau potable ne nous permet pas de laisser passer cette occasion.
Il faut prendre la décision entre retourner à Galéria pour notre sécurité ou vite profiter de l’accalmie pour passer la réserve de Scandola. Nous décidons à l’unanimité de continuer notre périple vers le sud. La réserve n’est pas très loin. Tout est relatif en mer, mais il nous fallu par loin de 2 heures pour aborder celle-ci dans des conditions acceptables.
La houle était encore forte et bien marquée. Les vagues, clapots, retours de houle agitent toujours les bateaux dans tous les sens. Le cap est magnifique, gigantesque. La houle donne une ambiance particulière, nous rabaissant à l’échelle d’une fourmi dans une fourmilière.
« Punta Palazzu »
Nous explorons tous les recoins, la grotte de la « Punta Palazzu », les tunnels et passages entre les îles et falaises. Nous profitons des lieux sans s’éterniser en appréhendant d’avance l’état de la mer à venir. JC commence à ne pas se sentir bien. Les vagues ballotent les kayaks dans tous les sens. La navigation n’est pas sereine. Nous décidons de ne pas entrer dans le golf de Girolata mais de couper directement, d’enchaîner sur le cap de Senino pour rejoindre un camping. La traversée est très longue et difficile. JC a toujours le mal de mer.
Qui aurai pu croire qu’on pouvait avoir le mal de mer en kayak de mer ? Nous avons beaucoup de mal à avancer. Loin des côtes, nous ne savons pas si nos efforts sont efficaces ou non. Seul nos montrent GPS nous indiquent la vitesse réelle de nos embarcations. Le repas du matin est maintenant loin, les forces s’amenuisent. A bout de force, face aux vagues et au vent, après plusieurs heures de navigation nous rejoignons la côte pour nous mettre à l’abri et manger. La côte n’offre pas de zone accostable en kayak. Les rochers sont hauts, les plages inexistantes. Christophe dessala en accostant. Le retour de houle sur le rocher à fleur d’eau ne pardonne pas. Accroupi à l’ombre d’un rocher, nous prenons enfin notre repas de midi.
Les Calanques de Piana
La plage de Piana se dessine doucement devant nous, petite mais splendide. La météo, clémente aujourd’hui, nous offre peu de vent et un beau soleil. La distance prévue est raisonnable, une bonne journée s’ouvre devant nous ! Les falaises s’élèvent jusqu’au ciel, d’un rouge puissant, parfois aux reflets roses. Le paysage est magique, comme suspendu dans le temps.
Le kayak est une activité qui donne la possibilité d’aller où les bateaux à monteurs ne peuvent pas. Les renfoncements en entonnoirs cachent une flore exceptionnelle.
Le paysage change d’un coup. Des îlots indénombrables offrent un slalom assez ludique, nous permettant de prendre des risques avec les bateaux et de s’habituer à manœuvrer dans la rapidité. Nous sommes assez à l’aise. Nous nous amusons et prenons le temps.
En début d’après midi, le vent commence à se lever. La navigation aux abords des rochers et des îlots devient technique. La vent force de plus en plus …force 3, 4 et peut-être plus. Notre camp du soir se trouve de l’autre côté du cap juste après au fond de la crique. Il doit encore rester près de 1,5 km. Les déferlantes se croisent les unes sur les autres. De plus en plus nombreuses, la difficulté de navigation augmente le risque de chavirer.
On trouve rapidement une plage pour se mettre en sécurité. Ce n’est pas une plage de rêve, mais de galets et de déchets en tout genres : masques, tubas, bouteilles en plastique, morceaux de mousse et autres détritus. L’accès à la rive n’est pas plus simple qu’à nos habitudes. Les forts rouleaux n’épargnent aucun d’entre nous.
En attente de l’accalmie
Le vent devrait se calmer en fin d’après midi. Nous aurons appris qu’en kayak de mer, nous sommes vite dépassé par la force du vent et les vagues. Les embarcations ne sont pas stables, longues et chargées à bloc elles ne sont pas très manœuvrières.
La mer de plus en plus agitées entrainent les vagues de plus en plus haut sur la plage. Nous n’avons seulement une dizaine de mètres entre le bord de plage et la falaise. Face au vent, les déchets innombrables ajoutés aux algues, se jettent sur la plage et ne nous donnent aucunement envie d’aller nous baigner.
Il est trop tard maintenant pour reprendre la mer. Nous allons devoir dormi ici. Christophe avait installé son hamac depuis plus de 2 heures ! Nous n’avons qu’un seul gros rocher qui peut nous servir d’accroche. Une corde de sécurité, des cordelettes, des mousquetons … mais rien ne fait, nous sommes trop bas, nous touchons le sol. La mer commence à se calmer à la nuit tombée.
Je suis mal installée dans mon hamac. Ma tête est trop haute, j’ai l’impression de dormir debout avec les pieds sur le sol. Un quart d’heure plus tard, je me lève, prends mon duvet et pars coucher sur la bâche posée sur les détritus non loin de là ! J’ai eu du mal à trouver le sommeil. Je n’ai jamais remarqué que plus la nuit avance, plus il y a d’étoiles dans le ciel ! Je fini par m’endormir après avoir refait le monde dix fois dans ma tête.
Le lendemain, nous passons les tunnels au niveau du cap Rossu. Les grottes s’enchaînent et traversent régulièrement de part en part les falaises, formant des couloirs aux espaces réduits. La navigation en kayak de mer correspond parfaitement.
Moment d’exporation
Nous nous faufilons dans les plus petits recoins pour explorer, au mieux, en silence, cette faune et cette flore exceptionnelle. Nous sommes seuls sur l’eau.
Le jour se lève à peine. Les reflets des rayons du soleil donne une sensation d’apaisement. Nous savourons chaque instant, passons le cap, la plage ou nous aurions du dormir. Loin d’imaginer le chaos de la veille, nous naviguons sur une mer d’huile depuis plus d’une heure trente… Combien de temps aurions nous mis pour rejoindre la plage ? Notre engouement prend encore une claque !
Jusque là nous avions toujours fait le bon choix pour être en sécurité. Espérons que notre instinct continue pour le reste de l’aventure ! Les films et les photos que nous rapporterons reflèteront-ils la réalité ?
Après le cap, nous enchaînons la « Punta di l’Ancisa », près de la « Punta di Tuselli », avec un vent venant du NO, favorable c’est vrai, mais fatiguant. Il maintient continuellement les bateaux dans une position parallèle aux vagues. Nous nous épuisons à vouloir garder un cap, mais le vent et les vagues en décident autrement. Nous avançons sans doute en zigzag.
Vers la plage d’Arone
Après le 3e cap, nous rejoignons la plage d’Arone, plage mythique par son étendue et son sable fin, puis la tour Génoise de la « Punta d’Onigna ». Nous ne résistons pas à s’arrêter pour la visiter. Nous nous échouons sur un rocher plat et lisse, hissons les bateaux et réalisons notre petite excursion à pied jusqu’à la tour, fraichement rénovée.
L’eau doit avoisiner les 29°C .Quelques petites méduses de-ci delà nagent juste en dessous de la surface. Nous dormirons sur la plage à même le sol à côté de nos bateaux. Nous prenons pour la première fois la rosée du matin du fait de l’absence de vent. Les duvets sèchent sur les rochers pendant que le soleil réchauffe nos visages pendant le petit déjeuner. L’eau est très calme, on n’a jamais aussi bien avancé.
Plusieurs jours passent. Notre retard sur le timing initial nous tente au quotidien de couper les baies. Nous arrivons au 10e jour. Il faut penser à se ravitailler, nos réserves sont minces.
Les Iles Sanguinaires
Les îles sanguinaires sont maintenant visibles. Nous sommes à nouveau contraint à une navigation difficile. Au bout d’une heure, le vent s’accentue, les courants se marques davantage. La circulation dans le passage des îles est intense. Nos kayaks sont bien petits au milieu de ce grand espace. Je lève de temps à autre ma pagaie pour signaler notre présence.
Nous avons du mal à avancer. Est-ce parce que nous en sommes au onzième jour ? Le stress d’une zone de circulation intense ? Une navigation plus compliquée ? Ou tout simplement parce qu’on sent la fin de notre aventure arriver ?
Nous sommes parfois tenté de poser nos gilets de sauvetage pour enlever une couche, mais notre bon sens nous raisonne pour les garder. Puis, nous avançons ainsi à la recherche d’un espace de bivouac sur la dernière île. Nous débarquons sur un petit quai aux abords d’une plage. Les randonneurs arpentent les multiples sentiers de l’ile.
Le phare, au point culminant de l’ile, est la principale attraction. Les garçons décident de monter au phare pour contempler le coucher de soleil. Je reste garder le camp. Les derniers groupes de touristes quittent petit à petit l’île. La nuit est maintenant tombée. Je suis guerre rassurée. JC et Christophe sont parti depuis plus d’une heure maintenant. je m’installe dans mon duvet pour les attendre.
Après avoir entendu quelques bruits habituels dans les fourrages, je prépare la trace du lendemain sur le GPS. Une légère brise fait bouger le sac poubelle que j’ai placé sur l’assise de mon kayak. Mais des cris stridents m’alertent. Le sac fait des bonds, une bête ou plusieurs sont dans le kayak ! Je m’approche … puis regardant ensuite autour de moi, je me rends compte que je suis entourée de rats !!!
Des rats partout
Des dizaines de rongeurs aux yeux perçants arpentent les rochers. Absolument pas effrayés, ils cherchent les restent de nourriture. Terrifiée, j’appelle les garçons, leur supplie de se dépêcher de rentrer, mais en vain … Perchée sur un rocher, j’essaye d’éloigner les rongeurs, espérant qu’ils ne s’en prennent qu’à la poubelle. Leurs cris puissants attestent leur agressivité ! Les garçons arrivent enfin, étonnés de me voir perchée sur mon rocher, limite sur un pied … L’île entière est envahie de rats, il y en a de partout ! Il n’est absolument pas possible pour moi de dormir là. Les garçons ne dire pas non sur la possibilité de changer d’emplacement pour la nuit. Nous passerons la nuit sur le bout du quai !
Nous avons beaucoup de retard ! Il nous est impossible de rejoindre Porto Vecchio en 4 jours ! L’option d’interrompre notre aventure au 12e jours est sans doute la solution la plus raisonnable pour une première. Nous décidons d’aller au port d’Ajaccio pour se renseigner sur les possibilités retour en Ferry. Nous embarquerons à 14h d’Ajaccio pour Toulon.
Conclusion sur mon séjour kayak de mer en Corse
Notre aventure se termine ainsi. Les conditions météorologiques avec le vent et les vagues ne nous ont rien pardonné. Nous avons adapté notre parcours en fonction des billets pris pour la randonnée sur le GR20. Personne ne regrette notre solution de replis, sans doute beaucoup plus enrichissante.
Une aventure extra-ordinaire, une sensation d’immensité, d’être seul au monde, de ne compter que sur soi. Le littoral Corse est magnifique, les couleurs des roches, de l’eau. Quel plaisir nous avons eu à naviguer tous les matins sur un lever de soleil, de dormir sous les étoiles. Nous avons apprécié le côté sauvage de nos bivouacs. Un retour aux sources et aux choses essentielles de la vie avec un esprit de liberté incroyable.
Le Kayak de mer permet d’être autonome. Le littoral Corse ne permet pas d’accoster de partout, une préparation est nécessaire pour prévoir les zones de replis possibles. L’autonomie complète nous a permis d’évoluer dans de bonnes conditions et de ne pas être en manque de vivres.
Les petites escales nous ont permis de partir à la découvertes des alentours au départ des plages, mais aussi nous avons énormément profité de la mer, avec les palmes, masques, tuba.
Nous prévoyons de revenir bientôt pour finir notre aventure ! Notre aventure plus détaillée, étapes par étapes, est disponible sur le site de notre club CAF Sports Alpes Evasion.
Matériel utilisé pour ce trip kayak de mer en Corse
Retrouver tous les conseils pour bien s’équiper de kayak de mer :
Couchage pour 12 jours de kayak de mer en Corse
CATÉGORIE | NOM DU MODÈLE | MARQUE | POURQUOI AVOIR FAIT LE CHOIX DE CE MODÈLE AU DÉPART | EST CE QUE CE CHOIX A RÉPONDU À CETTE EXPÉRIENCE RACONTÉE DANS CE ROADBOOK | SI C’ÉTAIT À REFAIRE |
HAMAC AVEC MOUSTIQUIÈRE | hamac 300 kg – Moustiquière | NATURE FUN | Poids, encombrement | Moustiquière fortement conseillé | idem |
SANGLES HAMAC | Kit fixation hamac | OVERMONT | Ralonges au cas où | Indispensable | idem |
BÂCHE | plastique simple | X | Pour protection de la pluie / du sable | Très pratique pour s’isoler su sable | idem |
TARPE | Protection du soleil / de la pluie | Indispensable pour se faire de l’ombre | idem | ||
COUVERTURE SURVIE | Epaisse | DÉCATHLON | Utilse en cas d’abris / réutilisable | Pas utilisé | idem |
SAC DE COUCHAGE / HOUSSE | 10° | DÉCATHLON | Température été en Corse | Parfait | idem |
MATELAS | Matelas gonflable 198cm AIR8,0 REGULAR | ZAJO | Déjà en notre possession / Faible encombrement | Parfait, même dans les débris sur bache | idem |
DRAP DE SOIE | DRAP DE SAC DE RANDONNÉE SOIE | DÉCATHLON | Déjà en notre possession | Oui | idem |
OREILLER GONFLABLE | OREILLER GONFLABLE AIR BASIC | DÉCATHLON | Déjà en notre possession | Oui | idem |
LAMPE FRONTALE | 200 lumens | PETZL | Déjà en notre possession | Oui | idem |
Hygiène
PAPIER TOILETTE | 1 rouleau / pers | X | x | Oui | idem |
SERVIETTE MICROFIBRE | 2 Microfibre 65 x 90 cm / pers | DÉCATHLON | Faible encombrement – séchage rapide | Il nous manquait une serviette à garder pour l’eau douce | rajouter 1 / pers |
STICK À LÈVRE / SOLEIL | x | X | Protection individuelle | Oui | idem |
CRÈME SOLAIRE | Protection 50 | X | Protection individuelle | Oui | idem |
LUNETTES SOLEIL | Classe 3 | JULBO | Déjà en notre possession | Oui |
Cuisine
RÉCHAUD | Camping Gaz randonnée 2.600 W. | CAMPING GAZ | Camping Gaz | Déjà en notre possession | Oui |
CARTOUCHE GAZ | CV300 PLUS | CAMPING GAZ | Camping Gaz | 3 cartouches | Oui |
PARE VENT ALU | Pare-vent Pliable en alliage d’aluminium | OVERMONT | Overmont | Déjà en notre possession | Oui |
BOITE DE CONSERVES | Taboulet – Marquereau – thon | X | x | Non périssable | Oui |
FÉCULENTS | Pates / riz | X | x | Fort en calories | Non – emballage non résistant à l’eau de mer. |
VIANDE | Patés / saucissons | X | x | Non périssable | Non – emballage non résistant à l’eau de mer / forte chaleur |
Vêtements pour 12 jours de kayak de mer en Corse
T-SHIRT RESPIRANT | 2 | X | Déjà en notre possession | Oui | rajouter 1 / pers |
PANTALON | 1 | X | Déjà en notre possession | Non utilisé | Idem |
SHORT | 2 | X | Déjà en notre possession | Oui | Idem |
COLANT | 1 | X | Déjà en notre possession | Non utilisé | Idem |
BONNET | 1 | X | Déjà en notre possession | Non utilisé | Idem |
CASQUETTE | 1 | X | Déjà en notre possession | Oui | Idem – Rajouter ficelle (Vent) |
BANDEAU / TUBE | 1 | X | Déjà en notre possession | Non utilisé | Idem |
VESTE COUPE VENT | 1 | X | Déjà en notre possession | Non utilisé | Idem |
VESTE MANCHE COURTE | 1 | X | Déjà en notre possession | Non utilisé | Idem |
MICRO POLAIRE | 1 | X | Déjà en notre possession | Oui | Idem |
POLAIRE | 1 | X | Déjà en notre possession | Non utilisé | Idem |
CHAUSSURES MARCHE | 1 | X | Déjà en notre possession | Oui | Idem – Rajouter système étanche |
SANDALES | 1 | CROCS | Léger / flotte | Oui | Idem |
SECURITE | |||||
KIT RÉPARATION | ficelle, fil, aiguille, épingles à nourrice, élastiques, colle matelas | MAISON | Déjà en notre possession | Oui | Idem |
TROUSSE SECOURS | Andi-douleur – Médicaments – pansements … | MAISON | Obligatoire | Oui | Idem |
TÉLÉPHONE PORTABLE | 1 | PERSO | Obligatoire | Oui – Housse étanche | Idem |
SIFFLET | 3 | X | Obligatoire | Oui – Accroché au gilet | Idem |
CHAINE + CADENAS | 1 | X | Indispensable pour quitter les bateaux | Oui | Idem |
CORDE SÉCURITÉ JETABLE | 3 – Code de sécurité issus des sports d’eau vive | YAK | Obligatoire | Oui – Beaucoup servi pour les hamacs | Idem |
ECOPE | 2 | Obligatoire | Oui | Idem | |
FEUX DE DÉTRESSE | 3 | Obligatoire | Oui | Idem | |
EPONGE | 3 | Obligatoire | Oui | Idem | |
LAMPE FLASH | 3 | Obligatoire | Oui | Idem | |
PAGAIE DE SECOURS | 3 | EGALIS | Obligatoire | Oui | Idem |
COMPAS MAGNÉTIQUE | 1 | Obligatoire | Oui | Idem | |
RIPAM | Imprimer / plastifié | MAISON | Obligatoire | Oui | Idem |
GPS | Dakota 2à – Cartes Marines | GARMIN | Oui – Housse étanche | ||
VHF | 1 | Obligatoire | Oui – Housse étanche | Idem |
Matériel de Kayak de mer
KAYAK DE MER | 2 | DAG | Obligatoire | Oui | Manque gouvernaille |
KAYAK DE MER | 1 | LAZER | Obligatoire | Oui | Manque gouvernaille |
PAGAIE | 3 | EGALIS | Obligatoire | Oui | Idem |
JUPE | 1 | Obligatoire | Non | Prendre jupe neuve pour éviter les infiltration d’eau à travers le tissu | |
CHAUSSURES EAU | Chaussons néoprènes | X | Indispensable | Oui | Idem |
COUPE VENT | 1 | TRIBORT | Indispensable | Non utilisé | Idem |
SHORTY | 1 | AQUALUNG | Indispensable | Non utilisé | Idem |
TOP | Protection anti-UV manche courtes ou longues | X | Indispensable | Oui | Idem |
COMBI INTÉGRALE | Combi 3 mm | X | Indispensable | Non utilisé | Idem |
GILET DE SAUVETAGE | KATARA 50N | YAK | Obligatoire | Coupe parfaite | Idem |
MAILLOT DE BAIN | 1 | X | Indispensable | Oui | Idem – Prévoir en change |
MASQUE / TUBA | 1 | X | Indispensable | Oui | Idem |
PALMES | 1 | X | Indispensable | Oui | Idem |
CANNE À PECHE | 1 | Facultatif | Pas utilisé | Idem | |
GANTS / MITÈNE | 1 | X | Indispensable | Oui | Idem |
Rangements spécifique
SACS ÉTANCHE | 3 | X | Indispensable | Oui – Trop rigide pour rentrer dans les trappes | Choisir 20 litres maxi et très souple |
BIDONS ÉTANCHE – PETITS | 3 | X | Indispensable | Oui | Idem |
BIDONS ÉTANCHE – GRANDS | 2 | X | Indispensable | Oui | Idem |
Autre équipement pour un trip kayak de mer en Corse
BOUTEILLE À EAU | 1 | X | Obligatoire | Oui | Idem |
APPAREIL PHOTO | Réflex dans bidon étanche | X | Indispensable | Oui | Idem |
GOPRO | 4 session | GOPRO | Indispensable | Accroche non résistante | plusieurs accroches collantes |
CHARGEUR SOLAIRE | 1 | Non | Chargeurs non solaire |