Anne-Sophie BRAY nous partage son expérience de 4 jours de navigation en Bretagne sur un voilier habitable monocoque de 11 mètres, de la Presqu’île de Quiberon au Golfe du Morbihan, en passant par Belle île en Mer et l’île d’Houat.
Ce récit d’aventure s’adresse donc aussi bien aux pratiquants qu’aux débutants comme nous, qui souhaiteraient vivre une aventure différente, entre eau et vent.
Date :
Du 31 mars au 3 avril
Informations pratiques
Départ du Port du Crouesty, situé à l’entrée du Golfe du Morbihan, en Bretagne.
Descriptif de notre bateau loué au port du Crouesty.
Quand partir en mer en Bretagne ?
Nous sommes partis fin mars / début avril, ce qui est un bon compromis entre fréquentation basse, tarifs raisonnables et conditions météo correctes. Il fait encore frais mais le soleil est souvent présent.
De plus en basse saison, entre janvier et mi-avril, les prix sont attractifs : chaque membre d’équipage a payé 150 € pour 4 jours de location.
Si vous n’avez jamais fait de voile, vous pouvez louer un bateau avec un skipper. Cela représente un coût plus élevé mais vous aurez ainsi la possibilité d’apprendre à manoeuvrer et de découvrir cette aventure extraordinaire qu’est le voyage en voilier.
Location voilier sans skipper :
Toutes les informations sur Atlantique-location.
Location de voilier avec skipper :
Les informations pour un voilier avec skipper sur Globesailor.
Participants à 4 jours de voilier en Bretagne
Eric et moi sommes tous les deux pratiquants et passionnés de course d’orientation et de raids multi-sports. Nous vivons près d’immenses forêts et partons en montagne tous les étés. Et pourtant, un jour, nous avons eu l’appel du large, et une irrésistible envie de « sortir la grand-voile et de glisser sous le vent », comme diraient Céline et Garou.
Nous nous sommes donc inscrits dans le petit club de voile d’Orléans (oui, oui, on n’a pas la mer mais on a un petit lac) et avons appris les rudiments de la navigation à voile sur des petits monocoques de type 420. Quelques mois plus tard, nous partions avec 4 autres membres d’équipage pour un périple de 4 jours en Bretagne sur voilier monocoque habitable de 11 mètres.
Restauration / Avitaillement autour de la Bretagne:
Nos courses à Super U pour 4 journées entières pour 6 personnes avec 3 repas par jour ont coûté 296 € soir 49 € par personne la pension complète de 4 jours. Et il est même resté des provisions que nous nous sommes réparties à la fin.
Le super U est situé juste sur le port du Crouesty ce qui a grandement facilité notre avitaillement.
A découvrir aussi dans les environs :
Carnac et ses mégalithes, Vannes et sa cité médiévale, le superbe site de mégalithe de Gavrinis. Les parcs à huîtres du Golfe du Morbihan. Les plages de sable fin de Quiberon pour s’essayer à d’autres sports nautiques : planche à voile, surf, paddle, kite-surf…
Une autre manière de découvrir la Bretagne
- Découvrir les côtes bretonnes en Kayak de mer .
- L’archipel des glénans et tour de l’île d’Houat en kayak de mer
- Grimpe en Bretagne
- Découvrir la Bretagne en vélo
- 3 jours d’itinérance en kayak sur la chère
- 81 jours de marche en Bretagne
- Randonnée sur le sentier des douaniers
Office de tourisme de Bretagne :
L’office de tourisme de la Bretagne
Bibliographie :
Pour se mettre dans l’ambiance, je recommande un grand classique pour tout marin qui se respecte : La longue route, de Bernard Moitessier. Il a accompagné mes soirées avant ce voyage et m’a donné des envies d’aventure et de grand large. Le Code Vagnon est l’indispensable guide sur la réglementation maritime, la signalétique maritime, la météo, les balisages, bref tout ce qui est nécessaire pour avoir le droit de naviguer. Même si pour naviguer à la voile, le permis bateau n’est pas requis, il est quand même indispensable et vivement recommandé si vous naviguez sans skipper confirmé.
4 jours de voilier en Bretagne
Les préparatifs
4 jours en mer à 6 personnes, ça ne s’improvise pas pour de la navigation en Bretagne. Une petite réunion préparatoire avec les membres d’équipage, histoire de préparer les menus et faire notre liste de course. Et oui, il faut prévoir 3 repas par jour pour 6 personnes pendant 4 jours. Je suis désignée pour faire les achats, via internet, pour récupérer nos courses au drive du Super U du Crouesty, notre port de départ.
Nous abordons aussi l’équipement : tenue imperméable complète, vêtements chauds (nous ne sommes que fin mars), sac de couchage, lunettes de soleil, casquette, bottes, chaussures-bateau à semelles blanches, etc.
Nous révisons aussi la signalétique marine, indispensable pour prendre la mer et évoluer en toute sécurité aussi bien au large que dans les ports.
Enfin, une ébauche d’itinéraire est décidée, cartes maritimes à l’appui, en sachant que la météo aura le dernier mot sur le programme. En navigation, rien n’est figé, on s’adapte à Dame Nature.
Départ
Arrivés au port du Crouesty la veille au soir du départ, nous passons notre première nuit à bord « d’Aloha », notre monocoque Sun Odyssey 389 à dérive lestée, histoire de s’acclimater à notre nouvel environnement.
Le matin du départ de navigation en Bretagne, tout le monde s’affaire, notre skipper (notre coach de club de voile) s’occupe du contrat de location et des vérifications techniques, tandis qu’Eric, 2 autres équipiers et moi récupérons les courses au drive du super U. Nous utilisons les charrettes mises à disposition par la capitainerie du port pour acheminer les victuailles de 4 jours complets. Pendant notre voyage, nous allons vivre en communauté, nous allons donc participer activement aux manœuvres de navigation mais aussi aux tâches quotidiennes : préparation des repas, vaisselle, rangement du bateau, enroulage des cordes, etc. Le voilier constituera un espace de vie particulièrement réduit, il conviendra d’y faire régner un ordre impeccable et une bonne humeur indéfectible.
Tout le monde sur le pont ! Briefing sécurité : on dispose d’un harnais : lorsque cela gite, mieux vaut s’assurer. Et en cas de conditions très agitées, on ajoute un gilet de sauvetage. Un homme (ou une femme) à la mer ? On alerte et on déroule la procédure de sauvetage. Et en cas de mal de mer ? On soigne les 3 F : Faim, Froid, Fatigue. Alors on mange, on se couvre, et on fait de bonnes nuits pour être en forme. Et sinon ? On mange des bananes, c’est le seul aliment qui a le même goût à manger qu’à vomir, ce qui rend la chose moins pénible !
C’est parti, nous sortons du port tout doucement et une fois au large, nous nous positionnons face au vent pour hisser la grand-voile puis le foc. Toutes les manœuvres sont manuelles, nous ne sommes pas trop de 6.
Pour notre première traversée, c’est Eric qui va prendre la barre. Il y a du vent, le bateau gite bien, et nous avançons à vive allure. Nous découvrons de nouvelles sensations grisantes : nous évoluons complètement penchés, avec le sentiment de faire parfois du rodéo dans les vagues. A cette époque de l’année, il y a très peu de fréquentation sur l’eau, nous sommes seuls au large, ivres de vent, de soleil et d’embruns.
L’arrivée au port du Palais à Belle île est assez mouvementée. Les manoeuvres pour entrer correctement dans le port sont techniques et demandent une particpation active et une concentration de tout l’équipage. Nous en avons la tête et le coeur retournés. C’est donc avec soulagement que nous accostons finalement dans la quiétude du port.
Nous nous remettons de nos émotions en partant à la découverte des ruelles du Palais, puis nous prenons notre premier dîner à bord. Une douche à la capitainerie du port et un rhum arrangé plus tard, nous plongeons dans un sommeil profond dans le cocon de notre cabine.
Une grosse journée nous attend, nous partons de bonne heure.
La lumière est belle ce matin mais le vent est tombé. Nous longeons Belle île en remontant un peu au Nord puis mettons la barre à l’est direction l’île d’Houat.
La navigation est lente, le vent n’est pas très coopératif. Nous en profitons pour faire un petit cours de navigation en apprenant à se diriger en prenant des repères, les amers, et en utilisant les cartes maritimes.
Nous nous relayons à la barre, nous avons le temps. Je découvre à mon tour les sensations de ne faire plus qu’un avec le voilier, de sentir chaque ondulation, chaque soubresaut. Je surveille la direction du vent et scrute l’horizon.
Bientôt l’île d’Houat et de nombreux rochers sont en vue. L’endroit est sauvage, brut, nous n’écoutons plus que le bruit de l’eau qui glisse sous l’étrave, hypnotisés par la beauté des lieux.
Beauté de l’Île d’Houat
Nous jetons l’ancre dans une crique pour déjeuner sur le pont, puis sortons l’annexe pour rejoindre le petit port de Houat. Nous partons à la découverte de cette île où le temps semble suspendu. Ici tout est calme, sauvage. Nous traversons le village et ses ruelles charmantes pour se retrouver très vite dans la campagne dominant d’immenses plages désertes et des rochers impressionnants.
Nous souhaiterions nous attarder encore tant nous sommes happés par cette sérénité et cette beauté.
Mais nous devons lever l’ancre pour continuer cap Nord-Ouest via le phare de la Teignouse, situé entre l’Île d’Houat et la presqu’île de Quiberon.
Pendant cette fin de traversée, un agréable vent arrière nous porte. Nous sortons le spi, qui nécessite là encore la participation active de l’équipage. Les sensations de vitesse sont grisantes, le soleil nous chauffe, il y a comme un petit air de grandes vacances au bout du monde, à moins que ce soit le goût de l’aventure….nous finissons cette belle journée le sourire aux lèvres.
Ce soir, nous ferons escale à Quiberon.
Encore une grosse journée qui s’annonce. Au programme pour la suite de cette navigation en Bretagne, le tour complet du Golfe du Morbihan.
Ça va être sport ! En effet, contrairement à une longue traversée, nous allons sans cesse tirer des bords. Autrement dit, des manœuvres en permanence. Notre force et notre endurance seront donc mises à l’épreuve.
Je m’occupe du foc et alterne donc les winches babord et tribord en fonction de la direction du vent.
La pause déjeuner au milieu du Golfe, avec le village de Locmariaquer en toile de fond est fantastique. Le soleil nous réchauffe et nous profitons pleinement des eaux calmes pour récupérer de nos efforts et reprendre des forces. Des goélands curieux ou affamés surveillent si nous avons d’éventuels restes à partager. Ces moments de grande convivialité contribuent à souder l’équipage.
C’est donc avec complicité que nous reprenons nos postes. Je repars tourner les winchs tout l’après-midi, et c’est avec un corps épuisé et des bras en coton que nous arrivons en soirée dans le port du Crouesty pour notre dernière nuit.
Aujourd’hui une sortie plus courte mais agitée est prévue. Le temps s’est gâté. Il fait gris et il y a beaucoup de houle. La fatigue a pris le dessus et pour la première fois le mal de mer me gagne. Je vais devoir me blottir sur le pont puis prendre un peu la barre, histoire de me concentrer sur l’horizon et moins penser à mon état. Je suis contente de rentrer au port pour retrouver des eaux plus calmes.
Même si l’aventure se termine sur une note plus rude, j’ai passé quatre jours exceptionnels. La vie à bord d’un voilier est vraiment dépaysante. Nous avons fait partis d’un équipage et sommes devenus des marins en participant collectivement à la navigation et à la vie à bord. On a perdu nos repères habituels, et le temps, les distance, ont pris une autre dimension. Nous avons vécu au gré des vents et de la mer. Certes nous redevenons à présent des terriens en retournant dans notre contrée Orléanaise, mais nous avons le sentiment d’être différents. C’est sûr le large nous rappellera encore !
Catégorie | Nom du modèle | Marque | Pourquoi cet équipement ? | Retour d'expérience Avantages et Inconvénients | Si c'était à refaire ? |
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Tenue de marin | Ensemble de voile | Guy Cotten | Constitué d'une salopette et d'une veste de quart, le tout imperméable et ultra résistant pour affronter les éléments : vent, froid, pluie, vagues. Cet équipement nous a été prêté par un oncle qui a fait plusieurs régates inter-entreprises. | Ensemble un peu encombrant mais indispensable lorsque la météo est mauvaise. Elle n'a été utile qu'une fois lorsque le vent frais apportait beaucoup d'embruns mais garantit chaleur et bonne isolation. | Oui car pas question de partir en mer sans un équipement spécifique. Même par beau temps, on ne sait jamais, la météo peut changer très vite. |
Tenue de marin | Gilet flottant réversible sans manches | Tribord | Cette veste qui ressemble à une doudoune sans manches protège efficacement du froid et du vent, et qui fait office de gilet de sauvetage. | Très pratique, avec une face sombre pour être portée en ville et une face orange pour être bien visible. Très bonne alliance entre sécurité, confort, chaleur, et esthétique. | Oui |
Tenue de marin | Veste softshell | Millet | Veste + légère que l'ensemble de voile mais bien isolante du froid, du vent, de la pluie. | Les vestes softshell isolent très bien contre le vent et les embruns, garantissant de rester bien au chaud. Avec un pantalon imperméable, elles permettent de se créer une tenue de voile plus accessible. | Oui |
Chaussures | Bottes "bateau" | Tribord | Les indipensables des marins, pour garder les pieds au sec en toute circonstances, et avec une semelle blanche pour ne pas marquer le bateau. | Légères et bien imperméables, elles ont été idéales lorsque le vent nous envoyait davantage d'embruns ou que des vagues venaient éclabousser le pont. | Oui sans hésiter |
Chaussures | Chaussures "bateau" | Tribord | Parce qu'il fallait des chaussures avec des semelles blanches pour ne pas marquer le bateau. | Très légères et confortables, ce sont les petites chaussures en toile pour l'été. Elles ont été utiles pour les déplacements sur le pont par temps ensoleillé. | Oui sans hésiter |
Divers | Lunettes de soleil | Quechua | Parce que sur l'eau la réverbération est forte, il fallait prévoir une bonne protection, catégorie 4 de préférence. | Lunettes robustes et bon marché, de catégorie 4, elles ont pleinement rempli leur rôle et ont parfaitement protégé mes yeux du soleil et de la luminosité. | Oui sans hésiter |
Divers | Mitaines de voile | Tribord | Parce que les manoeuvres nécessitent beaucoup d'actions manuelles, des mitaines s'avèrent utiles pour se protéger les mains et éviter les ampoules. | Indispensables, ces mitaines solides et confortables se sont avérées de précieuses alliées dans les manoeuvres. | Oui sans hésiter |
Divers | Tour de cou / Bonnet | B'twin | Le petit produit tout simple, pas cher, pratique et polyvalent pour avoir bien chaud. | En fonction du besoin, je l'ai utilisé en bonnet ou en tour de cou. Tout simple, en polaire, il apporte tout de suite de la chaleur. | Oui |
8 commentaires
La mer, la Bretagne, c’est magique. Belle aventure et beau récit !
Magnifique!! Ça donne super envie!
Bonne préparation pour une belle expérience, c’est sûre que vous devez avoir de bons souvenirs, Bravo
et puis avec ce récit vous avez bien mâcher l’organisation de ceux qui souhaiterai vivre la même chose
Félicitations pour ce documentaire avec de belles images .
Félicitations pour ce magnifique documentaire qui donne envie de participer à vos passions sportives et techniques…
Tout y est…Tout est dit dans les moindres détails….avec clarté pour les néophytes…
Belle expérience de vie en équipe où chacun se sent responsable des autres membres.
Superbes photos, très belle expérience, vous nous donnez envie, Bravo!
Toujours aussi bien raconté ! Merci Anne-Sophie pour ce partage. Photos dépaysantes +++. Encore un bijou de la nature à côté de chez nous !
Waouu…Ca donne envie??
Salut les aventuriers , quelle belle aventure une nouvelle fois comme la France est belle et surtout si varier au niveau paysages , bientôt un nouveau réçit pour les Alpes , Belle aventure et encore un beau récit !