Aurélien CHANTRENNE, de Teten Prod, nous partage son expérience de sa Grande Traversée des Alpes à pied
Informations pour prépare la Grande Traversée des Alpes à pied
Date :
Départ le 20 juillet 2019 du lac Léman – Arrivée à la mer Méditerranée le 13 août 2019
Quand partir?
La meilleure période est l’été, mais on peut envisager la traversée de la fin du printemps (pour avoir moins de neige, surtout au-dessus de 2000m d’altitude) jusqu’au début de l’automne (quand la neige fait son grand retour en fait !).
Lieu :
France (et quelques petits détours en Suisse et en Italie) / Rhône Alpes & Provence-Alpes-Côte-d’Azur / Haute Savoie, Savoie, Hautes Alpes, Alpes de Haute Provence et Alpes Maritimes. Départ de Saint-Gingolph (74500) et arrivée à Menton (06500).
Comment s’y rendre :
Ce périple n’est pas une boucle donc je vous conseille de vous y rendre avec les transports en commun pour ne pas abandonner votre voiture en Haute Savoie !
Vols réguliers pour Genève ou Lyon, ensuite train pour Evian, puis prendre un bus ou faire du stop jusqu’à la frontière Suisse.
Participants à la grande Traversée des Alpes :
Aurélien Chantrenne alias Teten Prod, 35 ans, photographe et réalisateur de films outdoor. Avec sa caméra dans son sac à dos chaque aventure a droit à son film !
Julien le « cousin » qui fera un bout de chemin avec Aurélien de Modane à Auron durant 196km.
Ou dormir durant cette traversée des Alpes :
Si vous décidez de rester sur le GR5 il y a des refuges un peu partout pour y dormir et se restaurer. Si vous choisissez comme moi de faire du camping sauvage… alors dormez où vous voulez ! Attention dans le parc national de la Vanoise il faut obligatoirement planter sa tente dans le jardin d’un refuge.
Où se restaurer/où se réapprovisionner :
Personnellement je me suis ravitaillé : à La Chapelle d’Abondance, Avoriaz, Sallanches, Beaufort, Tignes, Modane, Briançon, Ceillac, Saint-Etienne-de-Tinée, Saint Sauveur-sur-Tinée et Lucéram (ça ce n’était pas prévu mais je me suis réfugié là-bas à cause des orages !)
Office du tourisme :
Voici 3 offices de tourisme utiles pour préparer cette traversée des Alpes à pied : Chamonix, Briançon et Auron
Caractéristiques des différents Massifs Alpins traversés :
Moyenne montagne de 0 à 3257m d’altitude, massifs du Chablais, des Dents Blanches, des Dents du Midi, des Aiguilles Rouges, du Beaufortain, Vallée de la Tarentaise, parc de la Vanoise et vallée de la Maurienne. Massif des Cerces, Parc du Queyras, massif de l’Ubaye et le Parc du Mercantour.
Quoi d’autre dans les environs :
Le reste des Alpes, il y a de quoi faire !
Bibliographie sur la Grande Traversée des Alpes :
La Grande Traversée des Alpes n’est qu’une partie du GR 5 aussi appelé sentier de grande randonnée Européen E2. Ce sentier de 2500 km qui relie la mer du Nord à la mer Méditerranée en traversant la Belgique, le Luxembourg, la Suisse et la France.
Pour la partie des Alpes au départ du Lac Léman jusqu’a Menton vous pouvez retrouver tous les topos de la FFRP sur le GR 5.
A lire l’article de Trek Mag sur cette traversée des Alpes
Lien Internet :
Le site de la Via Alpina est un vrai trésor, très complet il m’a beaucoup aidé pour tracer mon itinéraire.
Pour vous mettre en bouche voici le teaser de mon aventure dans les Alpes:
25 jours de randonnée du Lac Léman à Menton autour du GR 5
Départ sous la Canicule
Jour 1 (samedi 20 juillet 2019) : départ de Saint-Gingolph
C’est sous un soleil radieux que commence mon aventure… en train! Il longe le lac Léman jusqu’à Evian, le terminus de la ligne, puis une gentille petite mamie suisse me prend en stop et me dépose à Saint-Gingolph. En la remerciant je lui glisse qu’elle était le dernier véhicule à moteur pour moi jusqu’à la mer Méditerranée, me voici sur ma ligne de départ et tout devient concret d’un coup.
Il est 12h50, je fais mes premiers pas direction plein Sud sous un soleil de plomb qui signale le retour de la canicule à partir d’aujourd’hui. J’ai le sourire et fais mon 1er kilomètre en me disant qu’ici commence une des plus belles aventures de ma vie.
Après 5 km de GR 5 je le quitte et m’aventure dans une vallée sauvage, je vise un sommet, pars hors sentier, les sensations sont bonnes mais à 17h mon baromètre chute d’un coup. Je plante donc ma tente au pied d’un col à 1700 m, avec vue sur le lac Léman.
A 2h du matin un orage me tombe dessus et la tente bouge de tous les côtés. Le vent tort les arceaux et rabat le toit de ma tente sur mon visage, je passe 3h les bras tendus pour aider les arceaux à résister, la pluie tombe fort mais la tente a bien tenue, aucune casse, ouf!
Les meilleurs conseils pour bien choisir sa tente.
Jour 2 : la Dent d’Oche
Le soleil fait sont retour et je reprends ma route hors sentier pour rattraper la voie d’ascension normale de mon premier sommet : la Dent d’Oche à 2222 m. De là haut la vue sur la vallée lémanique est saisissante, et l’autre côté dévoile la farandole de sommets du Chablais qui m’indique la direction à prendre. Plusieurs passages techniques et aériens (chaînes, mains courantes, pédales…) me font redescendre au pied de lacs d’altitude qui me permettent de refaire le plein d’eau. Je passe le col de Bise, me ravitaille à la Chapelle d’Abondance et bivouaque dans des alpages à 1800 m d’altitude.
Jour 3 : Massif des dents du Midi
De ce bivouac j’ai repéré une chaîne de montagne qui m’est inconnu : le massif des Dents du Midi en Suisse, énorme et majestueux, je dois aller là bas!
Après avoir remonté la vallée de Chatel je décide de passer par Avoriaz pour acheter 4-5 jours d’autonomie en nourriture. Je remonte ensuite les pistes de ski qui me font déboucher vers une superbe (et étroite!) ligne d’arête à suivre pour me rapprocher des Dents du Midi, le pied!
Une dernière bonne grimpette de 900 m de dénivelé étalés sur 2,5 km avec quelques passages d’escalade débouche sur le sommet de la Tête de Bostan dans le massif des Dents Blanches. Majestueux, je vois toute la Haute Savoie, un vrai cours de géographie, je décide de planter ma tente ici à 2400 m et profite d’un incroyable coucher de soleil.
Un détour en Suisse
Jour 4 : La vallée de Susanfe
Suite très sauvage en face nord avec beaucoup de neige, je suis content d’avoir décidé d’emporter, à la dernière minute, une paire de bâtons! Je redescends sur le lac de Vogealles, l’occasion de me laver un peu. Ensuite je grimpe un col qui me permet de longer tout le fer à cheval de Sixt par ses sommets. Au bout je bascule de l’autre côté des montagnes, me voilà en Suisse!
Des passages très raides avec une cheminée à désescalader et des passages sur névés m’amènent dans la vallée de Susanfe que je m’empresse de remonter jusqu’à un col. De là il me reste encore 2h15 pour grimper 800 m de dénivelé étalés sur 2 km, c’est très très raide et très minéral, le sac est lourd, le vent est froid, pfouf il est 20 h et me voilà au sommet de la Haute Cime à 3257 m, point culminant du massif des Dents du Midi!
Je redescends et plante ma tente au bord du lac de Salanfe, épuisé après plus de 14h de marche engagées.
Jour 5 : le lac du barrage d’Emosson
Hier j’y ai laissé des plumes, je me réveille épuisé, sans force. Je me hisse difficilement jusqu’à un premier col, redescends et en remonte un second…avant de redescendre sur le lac du barrage d’Emosson. Je me rends compte que je ne mange pas assez en fait, j’use beaucoup plus d’énergie que je n’en ingère, il va falloir trouver plus de calories au quotidien dans mon alimentation!
Il est 15 h, David mon correspond météo m’annonce un risque d’orages à partir de ce soir. La fin de la canicule approche et il me donne 24 h pour redescendre en vallée pour éviter un déluge qui s’abattra sur la vallée du Mont Blanc demain soir. Je renonce donc à suivre une arête qui devait m’amener à planter mon bivouac au sommet du Buet à plus de 3000 m d’altitude, dommage. A la place je redescends et plante ma tente à 1200 m dans un champ à Argentière, retour rapide en France et à la civilisation!
Jour 6 : Chamonix
Toujours sous le beau temps qui ne m’a pas quitté depuis mon départ j’hésite sur le chemin à suivre. Je pars donc tout droit au plus vite, passe par Chamonix (!), les Houches, grimpe un col qui, de l’autre côté, me fait redescendre et passer devant mon lycée à Saint Gervais le Fayet! J’y étais rentré en 1999 (purée 20 ans déjà), ce n’était pas prévu de passer par là… quand je disais que cette expédition serait un pèlerinage pour moi, là ça se confirme vraiment!
Je file à travers champs, 40 km d’abattus déjà aujourd’hui, mon gps m’indique que je marche à 7,78km/h… et bim alors que je longe le lac de Passy l’orage me défonce! Des gouttes énormes et froides, des éclairs tout autour de moi, un vent de malade casse des branches qui s’abattent juste devant moi, je me mets à courir pour rejoindre la ville de Sallanches (à 540 m d’altitude) où je me réfugie chez des amis pour la nuit.
Merci David pour ces prévisions météos si fiables!
Jour 7 : Sallanches
La transition caniculaire me force donc à un jour de repos ici à Sallanches, la ville où j’ai grandi quelle coïncidence ! Je fais des courses, redessine un itinéraire moins engagé pour les prochains jours car la météo locale annonce le weekend à venir comme « chaotique ».
Je reprends des forces, mange comme 4 en regardant la grêle tomber par la fenêtre… et reprépare mon sac. Peu importe la météo de demain, je continuerai mon chemin vers la mer Méditerranée !
Jour 8 : le Massif des Aravis
Ce matin la météo semble meilleure que prévue, il fait «presque» beau. Optimiste, j’enfile mon sac à dos et quitte enfin Sallanches (540m) et pars non pas vers le massif des Aravis comme prévu, mais vers le Mont d’Arbois, moins haut donc moins exposé. Je remonte des gorges et constate les dégâts des derniers orages, je zigzague pour me frayer un chemin entre les sapins tombés!
Une fois sorti des gorges un nouvel orage tonne juste au dessus de moi, la pluie tombant fort je me réfugie sous le auvent d’une chapelle… et attends! L’orage a tendance à partir vers le Mont Blanc, la pluie et les éclairs aussi, je continue mon chemin en forêt sans encombre jusqu’au sommet du Mont d’Arbois (1833 m).
Je redescends à travers champs, un cheval me vole un bâton et je dois me «battre» pour le récupérer, et finalement je finis la journée chez «Yves» qui est en train de rentrer ses vaches dans son chalet d’alpage… alors je les suis à l’intérieur. La pluie et les orages étant de retour, Yves m’apprend à traire les vaches à la main et à faire des tommes de (Haute) Savoie! Une bonne nuit sous le toit entouré par les bottes de foin me fait le plus grand bien !
De la Haute-Savoie à la Savoie
Jour 9 : Voici une bonne journée pourrie!
Dehors le déluge, j’attends dans le chalet, la pluie ne faiblit pas mais le risque orageux a disparu, il est 10 h c’est parti je reprends mon chemin.
Je redescends donc du Mont d’Arbois, passe le lac de Javen dans la vallée et remonte la montagne de l’autre côté jusqu’au Mont de Vorès (2068 m). Autant dire qu’il pleut sans arrêt et que passant la journée entière dans les nuages, je ne vois rien à 20 mètres et il fait froid avec ce vent. Dommage car je suis durant plusieurs heures une arête à +/- 2000 m qui doit surplomber la vallée de l’Arly d’un côté et le Beaufortain de l’autre, dommage zéro vue. Je plante ma tente trempée dans un sous bois vers 700 m d’altitude.
Jour 10 : lac de Roselend
Le soleil est revenu! L’hécatombe post canicule est passée et l’univers a retrouvé son équilibre, tant mieux pour moi.
A 9h du matin j’arrive au village de Beaufort, mais à cette heure ci je n’ai pas trop envie de manger du fromage! Je me ravitaille en pêches et abricots, et grimpe 1000 m de dénivelé jusqu’au lac de Roselend, sublime.
Ensuite je retrouve le GR5 délaissé le 1er jour et grimpe de nouveau 1000 m de dénivelé pour atteindre le col Tutu de la Pierra Menta à 2700m, entre les nuages la vue est magique sur le Beaufortain et la Tarentaise, et la vue sur le Mont Blanc c’est cadeau !
Je plante ma tente bien plus basse vers 1600 m au bord d’un ruisseau.
Jour 11 : la Tarentaise
Je replis ma tente encore trempée des derniers jours, et une grosse rosée n’arrange pas les choses. Pour la première fois je commence à marcher avec ma doudoune, il fait 11 degrés ce matin mais très vite le soleil s’impose, je sors des montagnes et arrive dans la Tarentaise où ma sœur me ravitaille en nourriture. Un boost familial qui fait bien plaisir, je joue avec ma nièce de 3 ans pendant que ma tente sèche au soleil. Ma sœur m’annonce qu’elle viendra aussi me voir à Modane dans 4 jours, super surprise… je lui donne donc une liste de courses à faire pour moi!
L’après-midi en forêt est sublime, une superbe vue sur la vallée de Bourg Saint Maurice s’offre à moi au fur et à mesure que je prends de l’altitude, et je plante ma tente juste avant que le soleil ne se couche.
Jour 12 : Tignes
Aujourd’hui je rentre dans le Parc National de la Vanoise, des décors de rêves, des cascades, des lacs, des glaciers, on dirait la Norvège ! Je passe le col du Palet à 2700 m et redescends sur Tignes, visite la ville sans intérêt et plante ma tente sur un beau plateau isolé à 2400 m juste en bordure du parc.
Jour 13 : glacier de la Grande Motte
Aaaaaaah mais qu’est-ce que j’ai eu froid cette nuit ! Mon sac de couchage est un -1 degré confort mais j’ai eu très froid, surtout aux pieds !
Pourtant je dors souvent à cette altitude, mais au réveil ma tente est complètement givrée et l’herbe et les fleurs dehors aussi !
Départ matinal donc, je m’engouffre dans une vallée entourée de glaciers, je marche sur un plateau à 2700 m, c’est extra. Autour du glacier de la Grande Motte je me prends quelques averses mais rien de durable, j’ai même pu faire sécher ma tente au soleil durant ma pause déjeuner.
Le soir je bivouaque « dans les jardins » du refuge de l’Arpont à 2300 m (bivouac sauvage interdit au cœur du parc de la Vanoise). J’en profite donc pour prendre une douche et je me couche en me demandant si je vais avoir froid cette nuit???
Jour 14 : vallée de la Maurienne
Une bonne nuit sans froid, ouf! Je repars avec, depuis la veille, une grosse douleur au pied gauche, on verra si ça dure. Journée mitigée niveau météo, c’est très couvert mais sans pluie, je rentre dans les nuages et ne voit plus rien de toute la matinée… sauf mes pieds.
L’après-midi la vue se dégage mais les plus hauts sommets sont noirs orageux, mais j’arrive à suivre sans encombre ce chemin à flanc de montagne dominant toute la vallée de la Maurienne. Je quitte la Vanoise après l’avoir entièrement traversé en 3 jours et distingue la suite des montagnes mais aussi la ville de Modane en contrebas, une étape importante dans ce voyage. Je plante ma tente dans ses hauteurs… pour la dernière fois tout seul.
De la Savoie aux Hautes-Alpes
Jour 15 : Samedi 3 Aout
Tôt ce matin en Savoie je replis donc ma tente et descends sur la ville de Modane et me ravitaille (je veux des fruits!) avant de retrouver ma sœur une nouvelle fois. Vêtements propres et chaussures neuves, c’est Noël pour moi, en espérant que la douleur à mon pied gauche disparaisse avec ce changement de chaussures. Ensuite nous accueillons Julien, mon cousin, à la gare SNCF et nous partons ensemble en montagne. Une grosse grimpette de 15 km sera suffisante pour ce premier après-midi pour lui, et nous bivouaquons à la frontière entre la Savoie et les Hautes Alpes.
Jour 16 : sommet du Mont Thabor
Une belle journée ensoleillée s’annonce pour nous et nous continuons à grimper jusqu’au sommet du Mont Thabor à 3178 m où nous déjeunons. Mon cousin a donc déjà avalé 2200 m de dénivelé positif en moins de 24 h, il avance bien ça me rassure pour la suite, nous pouvons profiter pleinement d’une sacrée vue du sommet sur les Ecrins et sur la suite du parcours.
Redescente par une ligne de crête et pas mal de neige, un autre sommet (le Charbonnet) et plusieurs lacs nous offrent des paysages très variés. Passage aux Granges de la Vallée Étroite, une enclave Italienne en territoire français, puis nous remontons un col afin de planter la tente au milieu d’un troupeau de moutons au bord du lac Chavillon à 2194 m.
Jour 17 : village de Névache
Début de journée reposant en commençant par une descente sur le village de Névache où nous comptons faire des courses. Nous n’y trouvons pas l’épicerie donc à défaut nous faisons le «plein de calories» à la boulangerie et digérons lentement dans la montée vers un col pour changer de vallée.
Au sommet de la Croix des Cîmes à 2603 m, le sentier continue à monter sur une ligne de crête très exposée et aérienne. Julien s’accroche à mon sac à dos car il est pris de vertige, nous avançons, persistons, mais au bout d’un moment mon cousin n’en peut plus et nous devons faire demi tour. Nous contournons donc ces crêtes en prenant un chemin plus bas, à flanc, et nous plantons la tente dans les hauteurs de Briançon, à la Croix de Toulouse à 1950 m où la vue est incroyable.
Jour 18 : cité Vaubant de Briançon
C’est l’orage qui nous réveille mais rien de violent. Le soleil est de retour quand nous entrons dans la cité Vaubant de Briançon à 1300 m, et nous prenons un petit déjeuner sur les remparts.
Quelques averses passagères nous arrosent durant les 16 km et 1200 m de montée vers le col de l’Ayes, nous entrons dans le massif / parc du Queyras. Redescente au pied du col de l’Isoard, et pour finir les 30 km de l’étape du jour nous remontons pour planter la tente au bord du lac de Roue, à l’abri du vent et d’un éventuel orage.
Des Hautes-Alpes aux Alpes de Haute Provence
Jour 19 : Château Queyras
Départ très matinal pour une descente vers la cité médiévale de Château Queyras. Rien pour se ravitailler, nous trouvons un vendeur de sandwich péi (jambon cru fromage!) que nous dégustons au sommet du col du Fromage à 2500 m!
Redescente sur le village de Ceillac, après 18 km parcourus ce matin nous trouvons une épicerie qui ouvre… dans 2 h! Obligé d’attendre, nous profitons de cette pause imposée pour recharger les téléphones, GPS et caméra dans un bar. La pluie tombe durant ce break, ça tombe bien, et quand nous repartons avec les batteries à bloc et 3 jours de nourriture dans le sac à dos il est 16h30, le soleil est là et nous avalons 17 km avant la tombée de la nuit.
Le passage du mur du massif de l’Ubaye par le col de Girardin à 2699 m est extraordinaire, il est tard et sommes seuls au monde, nous basculons dans les Alpes de Haute Provence et plantons la tente en contrebas au bord d’une rivière, quelle incroyable journée!
Jour 20 : lac de Marinet
Aujourd’hui nous nous séparons avec mon cousin. Mon itinéraire est sauvage et passe par des crêtes italiennes et Julien n’a pas encore digéré notre passage aérien juste avant Briançon, il contournera donc «mes» montagnes en suivant de son côté le GR5. Je pars donc avec une super forme sous une météo exceptionnelle, passe le lac de Marinet, un col, et là plus aucune trace contrairement à ce que me dit mon GPS. Je lui fais confiance et continue hors sentier jusqu’à buter contre une barre rocheuse.
Cette barre c’est le Brec de l’Homme à 3211 m… et je m’y attaque en mode escalade. La paroi se raidit, les prises s’amenuisent, le sac à dos me tire vers l’arrière et mes chaussures sont de trail et non d’escalade! Je ne suis pas équipé pour de telles conditions, et sans corde, sans baudrier, sans compagnon, je ne suis pas assuré et cela devient dangereux. Sous mes pieds 1400 m de vide, ceux grimpés depuis ce matin, je décide donc de faire demi tour… malheureusement… je n’y arrive pas!
Je continue donc vers le haut, essaie de garder la tête froide, je galère 1h30 pour faire 200 m et passe le sommet qui me permet de basculer vers un versant moins raide, ouf!
Me voilà en Italie, je retrouve un sentier et cours tellement je suis content de retrouver la terre ferme. Je comptais grimper un deuxième sommet mais y renonce car je ne le connais pas, et je galope pour retrouver Julien dans la vallée à Larche.
Des Alpes de Haute Provence aux Alpes Maritimes
Jour 21 : parc national du Mercantour
Aujourd’hui nous entrons dans le parc national du Mercantour ! Des marmottes de partout, comme tous les jours en fait! Passage du Pas de la Cavale à 2671 m qui nous permet de changer, encore, de département, nous voilà dans les Alpes Maritimes! Cette partie du parc est sauvage, vallonnée et nous ne croisons personne. L’allure est bonne et passons 2 autres cols, une belle journée où nous avalons 40 km et 2000 m de dénivelé avant de planter la tente aux portes de Saint-Etienne-de-Tinée.
Jour 22 : Samedi 10 Aout
Mauvaise nuit pour nous deux mais nous profitons de ce passage en ville pour prendre un bon petit déjeuner et 3 jours de nourriture dans le sac à dos. Nous grimpons vers la station de ski de Auron mais Julien galère durement. Il est malade et nous ne parcourons que 5 km en 3 h. Arrivés à Auron il est incapable de faire un pas de plus, il ne veut pas compromette mon projet de traversée totale des Alpes françaises et il prend donc la dure décision de s’arrêter là.
C’est très brutal pour moi, d’un coup sans avertissement je me retrouve de nouveau seul dans la montagne, et je pars donc comme une balle triste et énervée contre moi même face à la dureté du parcours que j’ai tracé (une moyenne de 33 km par jour).
La météo est bonne et ma forme exceptionnelle, je passe 2 cols, grimpe sur les flancs du Mont Mounier à 2800 m et redescends sur un magnifique plateau qui me remotive à continuer à avancer. Après 24 km parcourus dans l’après-midi je finis par planter ma tente le moral à zéro avec un gros mal de ventre, je ne dîne pas et n’arrive pas à dormir de la nuit.
Jour 23 : Alpages de Longon
Je me lève encore brassé, je pars agen traverser les Alpages de Longon à 1900 m et ensuite 17 km et 1600 m de dénivelé négatif m’emmènent au village de Saint de Sauveur de Tinée, wahoo je n’ai pas été aussi bas depuis le lac Léman, ça sent la fin! J’y prends une longue pause de plus de 2h pour bien me ravitailler et essayer de reprendre des forces.
David, mon correspondant météo, m’annonce qu’un déluge orageux arrive sur moi et va longer le Mercantour et la frontière Italienne, bref pile mon futur itinéraire! Je profite de cette pause pour étudier la carte et pour trouver un chemin contournant ce massif par le Sud Ouest, et me rend compte que si j’enchaîne des étapes de près de 40 km… je peux arriver à Menton dans 2 jours!
Je repars à bloc vers Saint-Dalmas-Valdeblore, grimpe 2200 m de dénivelé dans l’après-midi, découvre d’un coup que les montagnes… se font moins raides, leurs sommets plus arrondis, ça sent vraiment la fin!
Enfin, je plante ma tente à la nuit tombée sur une arête du Mont Tournairet à 2000 m, le moral gonflé à bloc.
Ça sent la fin
Jour 24 : col de la Porte
La pluie me réveille à 4h du matin, à 6h30 elle s’arrête et je replis en 4 ème vitesse mon campement. Quelques averses m’arrosent jusqu’à 9h puis le soleil est de retour. J’avance bien mais le chemin est sauvage et le sentier non entretenu! Au col de la Porte à 1057 m le tonnerre gronde derrière moi, l’orage me suit de très près en fait, une course poursuite qui dure tout l’après-midi mais il gagne du terrain.
Arrivé à Lucéram je cours me réfugier sous une sorte de tonnelle sur la place du village, et 2 minutes après les éclairs et le déluge s’abat sur mon abri! Tempête digne d’un cyclone, je reste 4h bloqué mais bien protégé, ouf. A 21h je reprends la route sous un ciel bien dégagé, et plante ma tente dès que je quitte les habitations.
Jour 25 : Mardi 13 Aout
Réveil humide avec la rosée mais je suis motivé et ai encore plus de 30 km à faire. Je passe le col de Braus à 1002 m… qui m’offre la vue sur la mer!
Voilà je vois le bout, pour une fois ce ne sont pas d’autres montagnes qui se dévoilent mais bien la fin du massif entier des Alpes qui plonge dans la Méditerranée. Je redescends sur la ville de Sospel où je vois les 1 ers panneaux d’indications de Menton !
Encore 1000 m de dénivelé positif pour passer un énième col le long de la frontière Italienne. La météo est lourde, un peu couverte mais rien de réellement menaçant, et la vue sur Nice, Menton puis Monaco s’offre à moi.
Les derniers pas vers la mer
Une longue et magnifique descente commence vers la mer, je ralentis le rythme et profite de chacun de ces derniers pas. Je rentre dans la ville, Julien vient à ma rencontre et me dit qu’il vient de passer 3 jours couché, sans pouvoir manger, épuisé et sans force !
Nous traversons tout Menton ensemble, je retrouve Stéphanie, ma cousine qui habite ici, au bord de la plage, sur la rosace du kilomètre zéro de la traversée des Alpes.
Je lâche mon sac à dos sur les galets, retire mes chaussures à la hâte et pars tout habillé me baigner dans la mer Méditerranée……. l’eau est chaude, absolument plus aucune montagne à l’horizon après 643 km et 40 000 m de dénivelé positif, 25 étapes dont 24 jours de marche et de bivouac, j’ai perdu plus de 5 kg (soit presque 10% de mon poids!), j’ai traversé entièrement les Alpes françaises, j’ai réalisé un rêve, je l’ai fait!
Conclusion sur la Grande Traversée des Alpes à Pied
Honnêtement j’ai fait de la rando dans une soixantaine de pays, j’ai voyagé avec mon sac à dos à travers un paquet de massifs et de déserts dans le monde entier mais ce voyage, pfouf, c’est l’un des plus beaux de ma vie !
Les paysages variés, la liberté et l’autonomie, la sécurité d’être en Europe en cas de problème, la météo précise, la facilité de trouver des ravitaillements, tout est facile et fiable dans la logistique ce qui laisse l’esprit complètement libre pour profiter du chemin à parcourir.
Un itinéraire absolument exceptionnel et adaptable selon les niveaux de chacun, je recommande plus que jamais cette partie du globe située « à la maison » !
Voici le film de 22 minutes de cette magnifique épopée de 25 jours:
Matériel utilisé pour la Grande Traversée des Alpes à pied
Vêtements utilisés pour la grande traversée des alpes
CATEGORIE | NOM DU MODELE | MARQUE | REMARQUE |
---|---|---|---|
T-shirt | Tech Lite bleu | ICEBREAKER | Je me suis peu changé (1 t-shirt par semaine) donc je ne portais que du mérinos, au top, pas de frottement ni d'odeur |
Chaussettes | Trail Force | MONNET | 1 paire de chaussettes par semaine |
Casquette | XA CAP | SALOMON | Légère et respirante |
Imperméable | Veste Imperméable Poids Plume OutDry | COLUMBIA | Une pépite de 200 grammes, un vrai imper léger et respirant qui ne prend pas l'eau au bout de 2h (ni au bout de 8 d'ailleurs!!!) |
Doudoune | Alpine Microlight | RAB | Je la mets tout le temps partout quand il fait froid, j'en suis fan, et capuche très bien pensé avec la visière, j'ai même déjà fait le Mont Blanc avec (en été par bonnes conditions) |
Gants | TRAIL-TOUCH | RAIDLIGHT | Des "fenêtres" au bout des doigts, pratique pour utiliser le tactile du téléphone et de la caméra |
Bonnet | Chase | ICEBREAKER | Léger et chaud en mérinos |
Buff | VETYVER SPORTS | Un buff plus épais que les marques concurrentes, pour offrir une vraie protection et qui ne "pend" pas en bas du cou | |
Nuit T-shirt | BODYFITZON WINTER ZONE LONG SLEEVE HALF ZIP HOOD HOMME | ICEBREAKER | En mérinos, lourd mais super confort, c'était mon t-shirt de bivouac mais aussi en journée s'il faisait froid, jamais il n'a senti mauvais même au bout de 25 jours. Après 2 ans et plusieurs expé quelques trous commencent à apparaitre |
Nuit Caleçon | BOXER ANATOMICA | ICEBREAKER | Pour la nuit. La journée j'étais sans sous-vêtements car mes shorts avaient un filet intégré |
Equipements outdoor pour la grande traversée des alpes
CATEGORIE | NOM DU MODELE | MARQUE | REMARQUE |
---|---|---|---|
Sac à dos | Papang 5D | CILAO | Après 15 ans de rando avec diverses marques j'ai enfin trouvé la perfection. Confortable, moins de 1kg, hyper bien pensé aves sa fermeture en L et poches pratiques (la tente rentrait dans une poche latérale élastique) et fabriqué en France (usine à Annecy). Je n'ai croisé personne sur le GR5 ayant réussi à prendre, comme moi, un sac de 37 litres |
Chaussures | SPEED GOAT 2 ET 3 | HOKA | Me correspond bien, aucune ampoule en 25 jours (j'ai commencé 11 jours avec les SG2, ensuite j'ai utilisé 3-4 jours une paire de Merell qui m'a fait mal donc à Modane j'ai pris une SG3 pour les 10 derniers jours) |
batons | AVATAR'ALU HYBRID | RAIDLIGHT | Ils étaient neufs donc aucun soucis |
Lunettes de soleil | Aero | JULBO | Exceptionnelles, elles se foncent en fonction de l'intensité de la luminosité, très confortables à porter je ne les ai jamais quittées |
Couverture de Survie | AU VIEUX CAMPEUR | ||
Poche à eau | Quechua | DECATHLON | |
Filtre à eau | Microfiltre TrailShot | MSR | Je n'ai jamais eu de soucis d'eau dans les Alpes auparavant mais il suffit d'une fois.... et je n'avais pas envie de trainer une "tourista" durant 25 jours. Donc je ne regrette pas ce filtre que j'ai utilisé tous les jours... Même si c'est quand même long de pomper! |
Lampe frontale | E-LITE | PETZL | Un reccord de poids mais je ne l'ai jamais utilisé, il faisait jour tard |
Matériel de camping pour la grande traversée des Alpes
CATEGORIE | NOM DU MODELE | MARQUE | REMARQUE |
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Nuit Sac à viande | En soie | / | |
Nuit tente | Blaze 2 | NEMO | Encore un PEL de cassé mais wahoo le truc de dingue! Tente 2 places où on a bien de la place, 1 abside chacun (1 de chaque côté) pour y mettre le sac à dos et les chaussures à l'abri, le tout pour 1,1kg! J'ai essuyé un violent orage la 1ère nuit et elle a tenu, ça m'a rassuré pour la suite de la traversée. Comme elle coute un rein j'ai rajouté le footprint officiel de 70D afin de la protéger |
Nuit Sac de couchage | Mythic 400 (-1° -6° -24°) | RAB | Il fait parti des équipements qui te font casser ton PEL mais tu sais pourquoi, jamais je n'ai vu un sac pareil! -1 degrés confort pour 660 grammes! Une nuit au dessus de Tignes j'ai eu négatif et j'ai eu froid (température??? Je ne sais pas), sinon aucun soucis |
Nuit Sac de couchage / Housse de compression | Ultralitght S | SEA TO SUMMIT | Sans trop savoir j'ai pris une housse S pour y ranger le sac de couchage et gagner de la place, mais je pense que dans un XS il devrait rentrer tellement il est compressif |
Nuit Matelas | NEOAIR UBERLITE | THERMAREST | Bim la dernière innovation Thermarest qui fait 250g, jamais je n'ai dormi aussi confortablement en bivouac qu'avec celui ci... Et le plus dingue c'est qu'une fois replié il fait la taille d'une canette! |
Nuit Oreiller | AEROS PREMIUM REGULAR | SEA TO SUMMIT | J'ai longtemps hésité à prendre un oreiller mais ça fait parti des accessoires pour bien dormir / bien récupérer / bien repartir frais tous les matins, ce modèle est top |
Equipements photo et électroniques utilisés sur la grande traversée des Alpes
Vous pouvez aussi lire mon retour terrain plus précis sur mon panneau solaire :
CATEGORIE | NOM DU MODELE | MARQUE | REMARQUE |
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Trépied photo | PIXI EVO | MANFROTTO | Je l'adore! 260g, polyvalent, un peu téléscopique et rotule pratique je le prends partout dans tous mes voyages. Je vais essayer bientôt le MP1 Pocket... Il fait perdre le côté "hauteur" (de 20cm) mais celui ci ne fait que 30g donc à comparer dans le futur |
Électronique / Appareil Photos | GX8 | LUMIX | Mon bébé, je l'adore, jamais vu un résultat aussi pro sur un appareil aussi petit |
Électronique / Objectif | Pancake 12-32mm f3.5-5.6 | LUMIX | Equivalent 24-64mm sur app M4/3. C'était un test, un objectif petit, peu lumineux, pas tropicalisé et pas cher, je devrais donc le détester... mais regardez mon film et vous verrez la qualité (bon la caméra était très bonne et à bien compensé), bref très très content quand on voit le faible encombrement. J'hésitais avec une excellente focale fixe (Olympus 12m f2) mais je ne regrette pas ce pancake car le zoom x3 m'a permis bien chopper les marmottes, et finalement j'ai peu filmé de nuit |
Électronique / Chargeur | LEMIX | ||
Électronique / Batteries | X 2 / LUMIX | ||
Électronique / Liseuse | Kobo Clara HD | FNAC | Je lisais tous les soirs et je ne l'ai jamais rechargé en 25 jours c'est extra |
Électronique / Téléphone | Honor 5C | HUAWEI | Pas cher et qui fonctionne très bien |
panneau Solaire | Lumtrack 6.1 | LUMTRACK | 139g que je recommande! |
Électronique / Powerbank | PowerCore II 10000 mAh | ANKER | Mon seul problème venait de lui, obligé de se décharger à chaque charge, problème de modèle ou juste article défaillant? |
Électronique / GPS | Inreach Mini | GARMIN | Minuscule et fonctionne très bien, couplé en bluetooth avec le tel ça marche d'enfer, il est cher alors je l'emmène à chaque expé pour l'amortir (et ça rassure ma femme de pouvoir suivre ma trace / recevoir des sms quand le tel ne capte pas). Abonnement de 30 jours possible |