La Grande Traversée du Jura en raquettes à neige

La Grande Traversée du Jura en raquettes à neige

Justine ANDRES et Thomas DERYCKE nous partagent leur aventure sur la Grande Traversée du Jura (GTJ) en raquettes à neige, pendant 10 jours et 117 kilomètres.

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Informations pour préparer la Grande Traversée du Jura appelé GTJ

Date

Du 19 février au 28 février 2022

Quand partir sur la Grande Traversée du Jura ?

La meilleure période pour réaliser la GTJ Grande Traversée du Jura en raquettes est comprise en la période des vacances de Noël et jusqu’à fin mars. Un balisage est mis en place durant toute cette période et il prend la forme de jalons jaunes ou bien de fanions accrochés aux arbres. Pour choisir le meilleur moment pour se rendre sur la GTJ, il est possible de suivre les informations enneigements en temps réel directement sur le site de la GTJ.

Lieu

Nous avons parcouru 117 kilomètres, de Métabief à Giron, sur le balisage officiel de la Grande Traversée du Jura en raquettes à neige (GTJ). Le sentier permet de traverser à la fois le parc naturel Régional du Haut-Jura ainsi que trois départements qui sont le Doubs, le Jura et l’Ain. Il longe la frontière Suisse sans jamais quitter la France.

Comment s’y rendre ?

Il vaut mieux privilégier le train et le bus. Nous avons choisi de partir depuis Paris en train jusqu’à la gare de Frasne, puis un bus qui nous a directement emmené à Métabief. Rien de plus simple à l’aller ! Mais ça se complique à l’arrivée à Giron. Il n’y a ni bus, ni train. Il existe un service de transport proposé par l’Agence Roule ma Poule qui peut vous ramener à Métabief après réservation. Pour économiser, nous avons choisi de faire du stop jusqu’à la ville de Bellegarde-sur-Valserine ou nous avons pu prendre un train pour rejoindre Paris. Les habitants de la région sont habitués à voir des randonneurs faire du stop pour rejoindre la gare la plus proche et sont donc plutôt bienveillants.

Participants sur la Grande Traversée du Jura en raquettes à neige

Justine Andres, 24 ans, étudiante en école de commerce à la Burgundy School of Business. Je termine mon année de master en alternance en tant que Compte clé Export dans l’agroalimentaire. J’ai commencé à réaliser de petites randonnées avant de partager les sentiers et ma vie avec Thomas.

Thomas Derycke, 23 ans, étudiant en double diplôme au sein de l’emlyon business school (une école de commerce) et de l’Ecole W (une école de communication et journalisme). En parallèle de ça je suis alternant et passe le plus clair de mon temps en tant que journaliste au sein du magazine d’aventure OutdoorGo !

Où dormir sur la GTJ l’hiver ?

Nous avons fait le choix de dormir tous les soirs en toile de tente. Notre but était de nous former au bivouac hivernal. Attention, tout de même, le bivouac hivernal ne s’improvise pas et il faut de l’équipement bien particulier comme des ancres à neige pour planter la toile de tente, un matelas et un duvet adapté car les températures peuvent descendre très bas la nuit.

Bivouac hivernal dans le Jura
Une nuit comme les autres sur la GTJ

Si vous ne souhaitez pas vous aventurer dans ce type de pratique, il est possible de dormir tous les soirs dans des auberges, gites et hôtels sur la GJT. Durant toute la randonnée, les étapes sont prévues pour que vous puissiez vous arrêter dormir au chaud tous les soirs dans différents villages. Mais ne vous y prenez pas trop tard pour réserver votre nuit, il n’y a pas énormément de choix et les prix grimpent vite…

Où manger et se réapprovisionner sur la GTJ ?

Encore une fois, le sentier de la Grande Traversée du Jura est bien pensé. Vous allez passer tous les jours dans différents villages ou vous trouverez restaurants, superettes ou supermarchés.

Vous trouverez tout ce dont vous avez besoin dans ces villages : Métabief, Mouthe, Chapelle-des-Bois, Bois d’Amont, Les Rousses, Prémanon (si vous faites un petit détour), Lajoux, Bellecombe , La Pesse et Giron.

Evidemment, n’oubliez pas que vous être dans uen région riche en formages, c’est donc le moment de vous arrêter dons une fruitière à Comté pour déguster du Morbier, Bleu de Gex et Comté en tout genre, un véritable réconfort après une journée dans la neige !

Caractéristiques de la grande traversée du Jura

Nous avons choisi de nous initier au bivouac hivernal dans le Jura pour une raison simple : le risque, quasiment inexistant, d’avalanche. Nous ne sommes absolument pas expérimentés et équipés pour randonner dans un milieu alpin, voila pourquoi les hautes plaines jurassiennes étaient le terrain de jeu parfait sans nous mettre en danger !

Un autre avantage de la GTJ est son caractère diversifié de paysages. Vous passerez par des sentiers en forêts, sur des hauts plateaux et vous pourrez profiter de plusieurs points de vue sur votre chemin. Vous aurez même la chance de marcher sur la crête qui fait face au Crêt de la Neige, point culminant du Jura.

Quoi d’autre dans les environs ?

Nous avons fait la GTJ en raquettes mais le sentier se décline en 7 pratiques différentes pour toutes les saisons. En hiver, vous pouvez aussi faire la GTJ en ski de fond et ski de randonnée nordique. Le sentier est tout aussi bien balisé pour ces pratiques et nous devons même parfois partager les sentiers avec d’autres « GTJistes ». Quand les beaux jours reviennes, la GTJ est accessible à pied, en vélo, VTT et même à cheval. De quoi plaire à tout le monde !

Voici l’expérience de la Grande traversée du Jura en VTT par Loïc GUENIN :

Bibliographie sur la GTJ

Durant toute notre randonnée, nous avons utilisé le guide de l’association GTJ qui décrivait chaque étape en détail.. Nous avions des informations sur le profil d’altitude de la journée, les endroits où se ravitailler et où dormir. Il est au prix de 16€ mais il est vraiment très bien fait et utile si comme nous vous n’avez pas le moyen de recharger tous les soirs votre téléphone.

Liens internet

Le site de la GTJ nous a été d’une grande aide quand nous avons commencé à nous renseigner. Il y a des informations nécessaires sur la difficulté, les infos neige, le balisage. Et même une petite liste de matériel nécessaire. En revanche, vous ne trouverez pas de carte gratuite qui décrit toutes les étapes en détail sur le site. 

Itinéraire proposé par l’association GTJ

  • Jour 1 : Métabief – Mouthe (12 km)
  • Jour 2 : Rochejean – Mouthe (13 km)
  • Etape 3 : Mouthe – Chaux-Neuve (7 km)
  • Jour 4 : Chaux-Neuve – Chapelle-des-Bois (11 km)
  • Jour 5 : Chapelle-des-Bois – Bois d’Amont (11 km)
  • Etape 6 : Bois d’Amont – Prémanon (16 km)
  • Jour 7 : Prémanon – Lajoux (14 km)
  • Jour 8 : Lajoux – Bellecombe (11 km)
  • Etape 9 : Bellecombe – La Pesse (8 km)
  • Jour 10 : La Pesse – Giron (13 km)

L’association qui encadre la Grande Traversée du Jura (GTJ) recommande cet itinéraire en raquette à neige de 117 kilomètres et 10 jours afin d’être chaque soir dans un village étape où se trouvent des auberges. Comme nous étions autonomes avec notre tente, nous avons suivi cet itinéraire sans respecter les étapes à la lettre.

10 jours de raquettes à neige sur la Grande Traversée du Jura (GTJ)

Coucher de soleil sur la GTJ dans le Jura
A la tombée de la nuit, une atmosphère magique saisit les forêts jurassiennes

Jour 1 : Métabief – Grange Raguin

Nous débarquons à Métabief vers 22h00. Il fait étrangement doux pour un mois de février. Durant le trajet en bus qui relie la gare de Frasne à Métabief, nous n’avons pas aperçu de neige. Une fois arrivé dans la station de ski, les rues ont été déneigées naturellement par les pluies des jours précédents. Seules les pentes menant vers le mont d’Or sont encore blanches. On installe notre tente sur une pelouse humide au pied des remontées mécaniques, légèrement inquiet à l’idée de passer à côté des magnifiques paysages jurassiens enneigés si la température ne redescend pas. Mais, n’ayant jamais campé dans la neige, nous nous estimons heureux de ne pas avoir à installer notre premier campement dans la neige à cette heure-ci.

Au réveil, nous démarrons notre premier jour sur la Grande Traversée du Jura (GTJ). Nous entamons la journée avec les raquettes accrochées à nos sacs. Dans les pentes qui mènent au Mont d’Or (1461 mètres), le toit du Doubs, la neige se dévoile progressivement, d’abord en une fine couche puis en un manteau plus épais. Dans la montée, nous nous encourageant en nous répétant que cette première journée est celle avec le plus de dénivelé.

« L’ascension du Mont d’Or, une étape phare de la Grande Traversée du Jura ! »

Pour ceux qui souhaitent atteindre le sommet plus rapidement, depuis Métabief il est possible de prendre le télésiège pour grimper directement au Gros Morond et ainsi faire 3,5 kilomètres et 450 mètres de dénivelé positif de moins. Une fois là-haut, depuis les falaises du mont d’Or se dévoile une magnifique vue sur la Suisse. Nous avons la chance d’y être un jour de beau temps, avec un ciel dégagé. Mais en cas d’intempéries, il faut être particulièrement vigilant en marchant sur les crêtes.

Le sentier de la GTJ en raquettes à neige surplombe les falaises du mont d’Or

Sur l’une des plaines derrière le mont d’Or, à l’ombre d’un arbre enneigé, nous faisons ronronner le réchaud. A cause du froid et du vent qui fouette ces plateaux, l’eau met plus de temps à bouillir. En hiver, tout action consomme plus de ressources. Le ventre plein, nous entamons ensuite une redescente vers la Grange Raguin et installons la tente à quelques minutes à pied du refuge. Ce soir-là, nous avons tout à découvrir : tasser la neige pour créer une plateforme compacte, placer la tente, installer les ancres à neige, faire fondre de la neige, choisir les bonnes couches de vêtements pour la nuit, dormir.

Jour 2 : Grange Raguin – Mouthe

Premier réveil sur la Grande Traversée du Jura (GTJ)

Au réveil, je découvre une neige durcie par le froid de la nuit. Les coups de pelle dans la neige sont quasiment inefficaces et le dégagement des ancres à neige est fastidieux. Après une bonne heure passée à défaire le camp et sortir les ancres, nous partons.

« Chez monsieur le grand tétras ! »

Durant la matinée, nous traversons des paysages forestiers modérément enneigés. Les forêt et pré-bois du massif du mont d’Or abritent le grand tétras, un oiseau strictement protégé. Le grand tétras est un gallinacé qui ressemble énormément à un coq sauvage, tant physiquement que sur le plan comportemental. Il est fier, territorial et chante pour s’accoupler. A cause de son alimentation faible en calories, à base de bourgeons, de pousses de conifères, de baies d’herbacées, et d’aiguilles de conifères en hiver, c’est un oiseau qui supporte mal le stress. Chaque envole l’épuise un peu plus et l’importuner est donc interdit.

Les sentiers de la GTJ sont tracés pour ne pas le déranger. En les suivants à la lettre, nous n’avons pas eu la chance de le voir. En revanche, en chemin pour Mouthe nous avons le droit à un autre spectacle : un sanglier suspendu et dépecés à côté d’une cabane de chasseurs. Les auteurs de cet acte de « régulation » nous parlent de leur fédération de « protecteurs de la nature » et du retour du loup dans le Jura. « Un désastre pour les éleveurs » nous confient-ils. Une victoire pour la biodiversité, pensons-nous en repartant. A Mouthe, on passe près des sources du Doubs. Quelques kilomètres après avoir repris de l’eau et quitté la ville on installe le camp en bordure de la rivière.

Jour 3 : Mouthe – Chapelle-des-Bois

A l’aube, le soleil transperce la brume. Les flocons se déchainent dans le ciel. La journée s’annonce blanche.

Près de Mouthe, le réveil est somptueux !

L’étape indiquée dans le guide édité par l’association GTJ indique une journée de 7 kilomètres reliant Mouthe à Chaux-Neuve. Nous franchissons le col de Champvents sous un ciel voilé, une matinée venteuse et froide. En fin de matinée, on boucle cette étape et on continue vers le Pré Poncet, puis Chapelle-des-Bois, l’étape suivante.

Justine affronte le dénivelé sans broncher

Entre Chaux-Neuve et le Pré Poncet, les panneaux nous indiquent qu’une sortie du sentier peut nous conduire au parc polaire. Justine rêvait de voir les rennes et les bisons qui y logent, mais notre planning est un peu trop serré pour faire ce détour et consacrer un après-midi à visiter le parc. Promis, nous reviendrons !

Après le Pré Poncet, on croise le parc des chiens polaires où il est possible de faire du chien de traineau. Les souvenirs du Canada affluent dans le cœur de Justine. Quelques kilomètres plus loin, c’est l’Ecomusée Maison Michaud, une ferme à tuyé du XVIIe siècle, qui invite les randonneurs à une halte. Dans cette partie du Jura, il y a de nombreux parcs et musées pour remplir occuper ses après-midi. Mais nos journées sont déjà prises par la GTJ. Les paysages blancs sont aussi beaux que violents.

Après le Pré Poncet, le trek nous jette sur la combe des Cives, perchée entre les forêts du Mont Noir et du Risoux. Cette immense plaine est tellement enneigée que même avec nos raquettes nous progressons laborieusement. Nous chutons à tour de rôle lorsque les raquettes s’enfoncent de travers dans de grandes portions de neige.

« L’aventure commence ici ! »

Cette troisième journée est la plus enneigée que nous ayons eu de tout le trek. Entre deux villages, le sentier traverse des forêts où la neige immaculée semble si proche du plafond forestier que l’on s’y croit propulsé au cœur d’un comte pour enfant.

Dans les chemins merveilleux des forêts jurassiennes

Seul lien avec le réel, quelques balises jaunes suspendues aux branches. Mais même elles habillent si bien les arbres qu’elles participent à nous faire perdre pied.

Sur les sentiers balisé de la GTJ dans le Jura
Ces jours blancs, tout simplement
On a trouvé l’entrée de Narnia !

Dans l’épais manteau neigeux, il est impossible de progresser sans les raquettes comme nous le faisions par endroit les jours précédents. Nos esprits vagabondent dans ces forêts. On s’en amuse. On fait des tonnes de photos et emmagasinons des souvenirs pour nos vieux jours.

Jour 4 : Chapelle-des-Bois – Chalet Gaillard

Arrivée à Chapelle-des-Bois en milieu de matinée, après une nuit passée quelques kilomètres en amont du village. Pour la première fois depuis notre départ de Métabief, une épicerie nous permet de nous ravitailler. Il faut dire que nous n’avons pas pris la peine d’entrer dans Mouthe deux jours plus tôt, préférant suivre le Doubs en quête d’un lieu où passer la nuit. Après trois jours faits de pates et de riz, nous nous délectons du comté et du morbier vendus sur place !

Derrière l’horizon, la montée continue encore, et encore, et encore…

Après une belle vue sur les lacs des Mortes et de Bellefontaine et une longue ascension sous la roche Bernard, nous pénétrons dans la forêt du Risoux. Tout comme la forêt du Massacre qui nous attend plus loin, elle est sur la liste des « Forêts d’altitude du Haut-Jura » faisant l’objet d’un Arrêté Préfectoral de Protection de Biotope (APPB). En bref, on ne peut pas y camper ni sortir des sentiers. Plus loin, nous atteignons le chalet Gaillard avec la certitude de faire face au plus isolé et au plus beau refuge de tout le massif.

Le Chalet Gaillard

Un lieu avec une énergie rare que les photos ne peuvent transmettre

Mais l’appel de la tente est plus fort. Et nous tendons la toile à quelques kilomètres du refuge. Nous veillons à dormir entre des pins pour être à l’abris du vent mais qu’il n’y en ait aucun au-dessus de notre tente pour éviter qu’une branche ne décharge un amas de neige droit sur nous. La neige peut être si lourde une fois mouillée qu’un amas pourrait sans soucis se briser sur l’arceau de notre tente.

Qui plus est, notre tente trois saisons Forclaz MT900 nous fait l’honneur de tenir le choc durant cette randonnée hors de sa zone de confort, du moins celle décrite par son constructeur. Nous veillons simplement à ce que cela dure. Le froid meurtri l’équipement, rendant tout plus fragile ; nos corps avec. Mais au fil des jours un rythme commence à s’installer.

On accepte le froid qui nous mord les membres au réveil lorsqu’il faut sortir des duvets et qui nous accompagne de nouveau une fois la nuit tombée. Heureusement, nous dormons sur nos deux oreilles, le ventre plein, les membres au chaud, le sourire en coin.

Justine, heureuse de ses premières nuits dans la neige !

Jour 5 : Chalet Gaillard – Les Rousses

Entre Bois d’Amont et Les Rousses, la GTJ traverse un grand plateau sur une dizaine de kilomètres. Dans le ciel dégagé, le soleil brille si fort que la neige ramollit à vue d’œil. La neige qui recouvre la plaine d’altitude se transforme en une soupe impraticable. On décide de marcher sur les pistes de ski fond qui se rendent aux Rousses parallèlement aux sentiers raquette.

Même si elles n’échappent pas au sort que le soleil fait à la neige, le damage des jours précédents rend ces pistes plus praticables que les sentiers dédiés aux raquettistes. Justine maudit cette journée. La neige lui donne l’impression d’être une sourie patinant dans du beurre, au beau milieu d’une plaine monotone. Elle prend goût aux magnifiques forêts de la région et se lasse des plaines dans lesquelles on ne se sent pas avancer. Thomas s’évade dans le paysage. Les plaines blanches lui rappellent sa traversée du Salar d’Uyuni de 2019.

« Les similitudes entre les plaines enneigées et les déserts de sel sont nombreuses. »

Les jours qui défilent dans un espace figé. Seule variation notoire du paysage : la course du soleil qui fait mouvoir des ombres sur des objets inanimés. Et nos corps qui épousent cette même danse, s’activant du levant au couchant dans un désert dont le repos semble éternel. Avec cela en moins que le désert de sel semblait presque chaleureux. Alors que dans les plaines jurassiennes, le froid se lève si tôt le soleil sous l’horizon. En fin de journée, aux abords des Rousses, le picotement de ses mains ramène Thomas au présent, mettant fin aux songes de la journée. Dans le froid on s’évade, mais du froid on ne peut s’échapper.

Pour combattre le froid, égarés, nos esprits écrivent des vers sur les paysages gelés

Jour 6 : Les Rousses – Chalet de La Frasse

Aux Rousses, nous nous ravitaillerons. Nous passons la matinée dans une boulangerie faisant office de salon de thé. Nous y étions passé quelques mois auparavant lors d’un week-end en van dans le Jura, Pour fêter mes 23 ans, nous avions roulé jusqu’à Lélex et grimpé au Crêt de la Neige, point culminant de la Haute du Jura à 1720 mètres. Au retour, nous avions fait escale dans cette même boulangerie à la sortie des Rousses. Cette année nous ne reverrons pas le toit du Jura car l’itinéraire en raquettes ne nous fait pas passer par Lélex ni la Haute Chaîne du Jura dont les pentes sont potentiellement avalancheuses, même si cela est très rare. Nos parcours continue lui plus à l’Ouest, dans le Parc naturel régional du Haut-Jura qui est tout aussi beau mais moins pentu.

Quelques kilomètres après Les Rousses, nous traversons des pâtures qui nous mènent à la station très fréquentée de la Darbella. Pendant quelques heures, les sentiers de la Grande Traversée du Jura perdent de leur superbe. Notre journée est surpeuplée.

« Le silence des forêts de pins nous manque… »

Un regain d’altitude vers le chalet de la Frasse nous offre un surcrois de tranquillité. Les pentes dissuadent peut-être les foules ? Par respect pour la nidification du grand tétras, le bivouac est interdit dans le forêt du Massacre. Nous arrivons au seuil de la forêt à une heure trop tardive pour réussir à la traverser avant la nuit. Il nous faut choisir entre un arrêt illégal dans la foret à mi-parcours, une traversée nocturne pour poser le camp de l’autre côté ou un report de nos efforts au lendemain. Dans cette forêt, le grand tétras vit en maître. On dépose les armes sur le parvis de son logis.

Jour 7 : Chalet de La Frasse – Lajoux

La tente installée près du chalet de la Frasse, on se lance dans la forêt du Massacre au petit matin. « Nous avons bien fait de traverser la forêt et les plaines d’altitude qui la suivent de jour. Nous aurions raté la vue. » se dit-on de l’autre côté, face aux Hautes Combes qui démarrent après la forêt du Massacre. On avance le regard rivé dans les Monts Jura qui se dessinent en toile de fond des grands plateaux jurassiens sur lesquels nous progressons. Spectacle exquis. La redescente à Lajoux nous fait reprendre pied. On s’arrête peu après le village convaincu d’avoir vu tout ce que cette journée avait à nous offrir. Le soleil décline au moment où nous posons les sacs. On immortalise le spectacle.

Dans les montagnes du Jura, lorsque la lumière décline nos cœurs vacillent…

Jour 8 : Lajoux – La Borne au Lion

A partir de Lajoux, la Grande Traversée du Jura pénètre dans les Hautes Combes situées dans le Parc Naturel Régional du Haut Jura. Les paysages sont moins pastoraux et les plaines laissent placent à plus de relief. Matinée silencieuse. Le paysage se prête à la rêverie. Nous parlons peu et nous satisfaisons du bruit de nos pas dans la neige. Après nous être ravitaillé à Bellecombe, on termine la journée sur un chemin de crête. On installe la tente à quelques kilomètres de la Borne au Lion, dans une forêt de pins située au pied d’une pente.

Jour 9 : La Borne au Lion – La Roche Fauconnière

Matinée verglassée. Dans les pentes sinueuses qui redescendent vers La Pesse, Thomas chute et manque de se fouler le poignée. Plus bas, nous rencontrons un groupe de retraités en randonnée. Certains sont mal équipés et progressent difficilement, sans raquette ni bâtons de marche. Nous les prévenons que leur calvaire ne fait que commencer. Certains abandonnent en chemin et nous demandent de les conduire à La Pesse. Nous acceptons de jouer les apprentis guides.

L’après-midi, on fait le bilan de notre aventure. On se prépare à y mettre un point final dans quelques heures. Pour notre dernière nuit, on se dit qu’il est temps de sortir les bivvy bag que nous transportions au cas où de mauvaises conditions météo nous auraient empêché de monter la tente. Heureusement, il n’en fut rien. A la Roche Fauconnière, un coucher de soleil sur les montagnes nous convainc que nous devons passer la nuit sur ce belvédère pour nous nourrir de la vue une dernière fois, le lendemain au petit-déjeuner.

A la Roche Fauconnière dans le Jura
A la Roche Fauconnière près de Giron, la ligne d’arrivée

Jour 10 : Roche Fauconnière – Giron

La nuit a été longue. Le froid, mordant. Les bivvy-bag offrent un apport thermique conséquent, une bonne dizaine de degrés, mais ont l’inconvénient d’accentuer la condensation sur nos sacs. J’ai passé la nuit trempé avec de grosses goûtes entre mon duvet et l’intérieur du bivvy. Les étoiles ont comblés mes heures d’insomnie. Et la fin est proche alors rien ne saurait me rendre triste.

Nous petit-déjeunons une dernière fois face à la vue. L’euphorie de nous doucher après 10 jours sans réelle hygiène nous séduit presque autant que l’idée de rester dans ces montagnes quelques jours de plus. Mais il faut savoir rentrer. La neige s’arrête sur la plaine ensoleillée qui surplombe Giron.

« L’hiver prend fin ici. »

Un pouce levé et deux voitures plus loin, nous arrivons à Bellegarde-sur-Valserine. Un train plus tard, à Paris. Puis quatre heures de voiture de plus nous mènent à Bruxelles. Là-bas, nous faisons un sas de quelques jours chez l’oncle et la tante belges de Thomas. Le Jura nous a mis dans tous nos états. Il nous faudra quelques jours pour récupérer, tant physiquement qu’émotionnellement. Et seulement quelques heures pour être décidé à résigner pour un autre hiver, mais cette fois plus au Nord. Plus tard. Affaire à suivre…

Conclusion de notre Grande Traversée du Jura en raquettes à neige

Pour faire nos premières armes dans la neige, tester notre matériel et nos techniques, nous cherchions un lieu offrant un certain challenge mais avec un risque modéré. Le Jura semblait idéal. Les terrains nordiques, des plaines enneigées et plateaux de moyennes montagnes, nous paraissaient plus abordables que les terrains alpins où il est nécessaire d’avoir une compréhension de la haute montagne.

Les plateaux jurassiens se sont révélés à la hauteurs de nos espérances. Ils font partie, avec les Haut Plateaux du Vercors et l’Ardèche, des terrains nordiques français parfaits pour vivre une aventure hivernale sans se confronter aux dangers de la haute montagne.

Le balisage de la Grande Traversée du Jura (GTJ) est très facile à suivre et les villages étapes permettent de se ravitailler tous les deux à trois jours maximum.

Les auberges rendent cette traversée possible sans tente. Avec un réseau de parcours balisés proposant des GTJ à vélo, à cheval et en randonnée estivale, les montagnes du Jura ont de quoi ravir tout le monde. Il y en a pour tous les goûts et tous les niveaux. Vous n’avez désormais plus aucunes excuses pour ne pas vous rendre dans le Jura l’hiver prochain !

Matériel utilisé pour la Grande Traversée du Jura (GTJ)

Notre tente 3 saisons aura tout vu sur la grande traversée du Jura en hiver !

Matériel général utilisé pour traverser le Jura en hiver

CATEGORIEMODELEMARQUEEXPLICATION DU CHOIXADAPTE ?A REFAIRE ?
TENTETente dôme de trekking 2 places MT900ForclazNous avons cette tente depuis 2 ans et par souci d’économie nous n’avons pas acheté de tente 4 saisons.Ce n’est pas une tente 4 saisons, elle n’est normalement donc pas prévue pour les randonnées hivernales.Infaillible depuis 2 ans ! Nous l’emmenons partout et bien qu’elle ne soit pas adaptée pour l’hiver nous n’avons eu aucun problème. Nous prenions tout de même le temps d’installer de nombreux haubans pour renforcer les points sensibles à la prise au vent.
DUVET JUSTINESac de couchage Makalu III light -12°SimondChaud et pas très cher pour un duvet d’hiverBien chaud pour les nuits froidesJe n’ai jamais eu froid, pour le prix ce duvet fait largement le travail pour vos randonnées hivernales ! Seul gros bémol, son volume… Il prenait la moitié de mon sac à dos.
DUVET THOMASAnsabère 800Triple zéroDuvet pour l’hiver et françaisAdapté pour notre randonnée car il correspond à un duvet -15°CParfait pour cette saison, il tient chaud et est très compacte et léger. Duvet très compétitif sur le marché des duvets d’hiver !
MATELAS MOUSSEMatelas mousse de trekking pliableForclazNous voulions un matelas pour mettre sous notre tapis de sol pour nous isoler le plus possible du froid venant du solUn peu encombrant mais très léger  Forcement assez volumineux mais un poids de 370g imbattable pour une R-Value de 2,1 qui permet de gagner quelques degrés. Nous le reprendrions, car même lors de pauses, il permet de ne pas s’asseoir dans la neige !
TAPIS DE SOLTapis de sol Comfort Light InsulatedSea to SummitNous voulions un tapis de sol bien isolantTrès bien isolant nous n’avons pas eu froidAvec une R-Value de 3,8 il nous a bien isolé du sol, nous ne sentions pas la froid venir du sol. C’est surement notre combinaison matelas-tapis de sol-duvet qui nous a permis de passer des nuits bien au chaud.
SAC A DOS THOMASSac à dos Xenith 105LOspreyC’est un sac que nous possédions déjà et nous voulions un gros litrage.Parfait pour ce type de randonnée en quasi autonomieIl me convient parfaitement ! Il a beaucoup de sangles pour l’ajuster à sa morphologie. Il a également de nombreuses poches extérieures qui sont très utiles.
SAC A DOS JUSTINESac à dos 70LQuechuaC’est un sac que nous possédions déjàParfait d’avoir un 100L et un 70L pour 10 jours de randonnéeIl est assez grand mais en réalité pas très pratique. Il manque de sangles et de poches extérieures pour accrocher du matériel. Et il n’est malheureusement pas très confortable, j’ai eu mal à dos à plusieurs moments.
RECHAUDCompact Gaz StoveVangoLéger et compacteParfait et adaptable facilement aux bonbonnes de gazIl est parfait, la flamme est assez puissante pour rapidement faire bouillir l’eau. Mais il existe surement de meilleurs réchauds spécifiques pour l’hiver.
POPOTEPopote 1 personneQuechuaNous la possédions déjàUn peu petite pour deuxElle est plutôt pratique et se range facilement. Elle est trop petite pour deux personnes mais aussi pour faire fondre de la neige, c’est plus pratique d’avoir une popote un peu plus grosse.
RAQUETTES A NEIGERaquettes à neige petits tamis 206 EvoTSLNous les avons depuis plus d’un anTrès solidesNous les avons mises à rudes épreuve pendant cette randonnée mais elles n’ont pas bougées ! Elles sont faciles à mettre et à enlever même avec des gros gants et sont assez légères.
BATONS DE MARCHEBâtons de randonnée SH500 All SeasonQuechuaBâtons toutes saisons très pratiquesLégersIls ont une protection en mousse sur les poignées très agréable. Nous les prenons pour toutes nos randonnées mais même repliés ils sont tout de même assez longs.
PELLE A NEIGEPelle Deploy OctaneBlack DiamondLégère et avec le manche rétractableIndispensable pour creuserImpossible de camper dans la neige sans pelle à neige. Nous nous en servions pour creuser des fosses à froid et installer nos ancres à neige. Un indispensable, nous en prendrons deux la prochaine fois pour aller plus vite.
DRAP DE SACDrap de sac en polyesterQuechuaTrès légerUtile pour protéger nos duvetsNous les mettions à l’extérieur de notre sac de couchage car nous voulions éviter que nos duvets en plume ne soient humides. Il absorbaient bien l’humidité extérieur, ils ont été très utile pour nous.
BIVVY BAGSOL Escape Bivvy BivouacSolLéger et respirantPas nécessaire si vous dormez en tenteNous voulions tester une nuit à la belle étoile et nous avons pris ces bivy bag pour éviter que nos duvets ne soient mouillés. Ils ne sont clairement pas aussi respirant que ce disent que les avis sur internet mais ils font mieux que la majorité des bivy. Nous avions de l’humidité qui a gelé pendant la nuit mais c’est tout de même mieux que de n’avoir aucune protection 

Vêtements utilisés sur la Grande Traversée du Jura

CATEGORIEMODELEMARQUEEXPLICATION DU CHOIXADAPTE A CETTE EXPERIENCE ?A REFAIRE ?
MANTEAU JUSTINEPlus commercialisée QuechuaJe la possédais déjàAssez chaude pour cette randonnéeElle a fait l’affaire pour cette randonnée, elle est respirante mais assez chaude. Elle n’a rien d’extraordinaire, on peut trouver bien mieux sur le marché actuellement.
MANTEAU THOMASVeste coupe-vent SkidooNapapijriJe ne voulais pas racheter de manteauPas très respirantC’est un manteau sans fermeture éclair ce qui empêche de l’ouvrir pour s’aérer si il fait trop chaud. Il est bien chaud mais très peu respirant et finalement pas très adapté pour cette randonnée. 
PANTALON J&TPantalon chaud déperlant de randonnée neige SH500 X-WarmQuechuaChaud et déperlantBien chaud et assez élastiqueNous n’avons pas eu froid sur la GTJ et nous n’avons pas été mouillés du tout. Vraiment super !
CHAUSSURES JUSTINEChaussures chaudes imperméables de randonnées neige – SH500 X-WarmQuechuaChaudes et bien adhérentesAbsolument pas imperméablesElles sont vraiment chaudes et très confortables, mais dès le premier jour je me suis retrouvé avec les pieds mouillés et impossible de les faire sécher le soir. Elles gelaient même pendant la nuit ! Elles sont super pour une randonnée à la journée mais pas pour du long terme. Elles s’adaptent bien sur les raquettes.
CHAUSSURES THOMASChaussures chaudes et imperméables de randonnée – SH520 X-WarmQuechuaChaudes et bien adhérentesBien chaudes et assez respirantesTrès bien pour cette randonnée, elles n’ont pas pris l’eau pendant les 10 jours et sont très confortables. Elles s’adaptent très bien sur les raquettes.
CHAUSSETTES J&TChaussettes chaudes de randonnée SH500 U-Warm MidQuechuaChaud et montantesTrès chaudesElles sont bien épaisses et chaudes. Mais attention lorsqu’elles sont en peu humides elles sont un peu difficiles à faire sécher.
HAUTS THERMIQUES J&TSous-vêtement de ski 100Wed’zeBien chaud mais assez fin et respirantTrès utile pendant la marche mais aussi le soirNous marchions toute la journée avec sans jamais avoir été mouillés, ils sont bien respirants. Nous en avions 2 chacun pour pouvoir en mettre un propre et sec le soir et la nuit. C’était parfait.
BAS THERMIQUES J&TLegging sous vêtement en laine mérinos de trek montagne MT500ForclazChaud et finBien chaud pour la nuitNous n’avions pas besoin de le mettre la journée sous notre pantalon mais le soir dans nos duvets il nous a permis de gagner quelques degrés très agréables.
T-SHIRTS J&TT-shirt manches courtes de randonnée MH100QuechuaLégers et respirantsTrès respirantsNous utilisons ces t-shirts pour toutes nos randonnées car ils sont très respirants et légers. Nous les mettions sous notre haut thermique et ils étaient super, ils n’étaient pas mouillés.
SOUS-GANTS J&TSous-gants en laine de mérinos de trekking montagne Trek 500ForclazPour gagner quelques degrésAssez chaudUtile pour mettre sous les gants de ski qui permettent de gagner quelques degrés et de ne pas avoir les mains à l’air libre lorsque les gros gants sont trop encombrants.
GANTS FINSGants de trekking montagne stretch – Trek 500ForclazChaud et respirantUtile pour éviter de porter nos gants de skiIls sont assez chaud et permettent de manipuler plus de choses qu’avec les gants de ski.
GANTS DE SKI JUSTINEGants achetés il y a longtempsWed’zeGants de ski que je possédais déjàEpais et bien chaudIls sont parfait pour la neige mais sont par contre très gros et encombrants, je suis parfois gênée pour faire de simples gestes. Je prendrai peut-être des gants plus fins adaptés.
GANTS DE SKI THOMASGants de ski et de snowboard GL 500Wed’zeEpais et chaudTrès chaudsNécessaire pour une randonnée dans la neige et ils sont bien étanches.
BONNET JUSTINEBonnet de skiWed’zeChaudAdapté pour la saisonBonnet basique mais qui fait le travail.
CHAPKA THOMASChapka de skiWed’zeChaudeChaude et protège du ventEn marchant j’avais même parfois trop chaud. Elle protège vraiment du vent et permet de garder la tête bien au chaud !
GUETRES JUSTINEGuêtres d’alpinismeSimondLégère et facile à mettreScratch très facile à mettreDe très bonnes guêtres avec un cordon de serrage pour adapter la taille à votre mollet. Elles se ferment grâce à deux boutons pressions et un grand scratch ce qui rend leur utilisation facile avec de gros gants d’hiver.
GUETRES THOMASGuêtres de trekking Trek 500QuechuaMontent assez haut et sont légèresFermeture éclair pas très pratiqueElles ne sont pas très pratique. La fermeture éclair est très difficile à fermer, Elle a gelé à plusieurs reprises et elles sont impossibles à mettre avec des gants. 
POLAIRE J&TVeste polaire chaude de randonnée SH500 X-WarmQuechuaChaude et légèreUtile pour une couche supplémentaireSur la GTJ, nous ne marchions jamais avec car elle tient nous trop chaud, mais elle était utile le soir ou pendant nos pauses pour rajouter une couche si nous avions froid.

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