Alexis FILIA nous partage son expérience de l’ascension du Kilimandjaro
Informations pour préparer l’ascension du Kilimandjaro
Date :
Vacances du 16 au 26 Août 2012.
- Arrivé à Arusha le 17 dans l’après midi.
- Safari du 18 au 20 Safari
- Début de l’ascension le 21 au 25.
- Retour d’Arusha le 26 au matin.
Lieu :
Tanzanie :
- Safari au Tarangire National Park, Manyara National Park et N’Gorongoro Cratere National Park
- Ascension du Kilimandjaro par la voie Marangu (Whisky) avec un départ de l’agence de Moshi.
Participants :
Alexis Filia et Florent Catanzaro
Ou dormir en Tanzanie:
Nous avons dormi dans des endroits organisés par le tour du Safari. Puis dans un hotel confortable de Moshi (K’S Lodge) réservé par nos guides pour l’ascension.
Lors du Safari nous avons dormi au Tarangire Safari Lodge et au N’gorongoro Wildlife lodge qui furent très agréables qui que assez basiques.
Où se restaurer/où se réapprovisionner :
Durant tous le voyage, les guides étaient chargés de préparer les repas. Ce n’était pas de la grande gastronomie mais il y avait à profusion. Nous n’avons pas eux a faire face des problèmes sévères liées au changement de régime alimentaire.
Office du tourisme :
Nous n’avons pas utilisé les services de « l’Office du tourisme » mais il y en a une à Arusha (Tanzania Tourist Board, Arusha)
Caractéristiques du Kilimandjaro :
La plus part des agences organisant les départs pour l’ascension du Kilimandjaro sont à Moshi. Les départ des voies sont tous aux environs de 1700m. Il faut entre 4 à 5 jours (sans compter le jour d’acclimatation qui est optionnel) pour atteindre le sommet à 5895m. Il est impossible de faire l’ascension sans guide. Les droits d’entrées du parc sont très élevés (environ 500Euro en 2012 pour 5 jours dans le parc). Il est possible de dormir en refuge ou en tente dans le parc, cela dépendra de la voie choisie ainsi que de la formule négocié avec les guides.
Quoi d’autre dans les environs:
La Tanzanie est un pays regorgeant de choses à faire:
- visite de villages Masaai,
- ballades en foret où en savane,
- safaris dans les innombrables parcs nationaux,
- ascension du Kilimandjaro et des autres sommets du pays (aussi des volcans).
- Visite de Dar es Salaam
- découverte de l’île de Zanzibar…
mais malheureusement nous n’avons pas eu le temps de tout faire.
Bibliographie :
Nous n’avons pas utilisé de livres afin d’organiser notre trip, mais lors des safaris, nous avions une encyclopédie recensant les espèces animales des savanes africaines: « Pocket Guide to Mammals of Southern Africa » chez Burger Cillie, ajoutez à cela une bonne paire de jumelles et vous serez paré pour de magnifique safaris.
Lien Internet :
- L’agence locale utilisée pour le Kili : KiliWorldBorn
- L’agence française contacté au début pour un premier devis (que nous n’avons pas finalement choisi mais qui ont tout de même été très sympathique et serviable) : iles et adventure
- L’agences locale pour les safaris: JackpotSafaris ou Serengeti One Safaris
Les émotions du Kilimandjaro
Une montagne à part :
Le Kilimandjaro. Qui n’a jamais entendu ce nom ? Pourtant, hors du cercle des irréductibles marcheurs, il fait plus penser à des films connus et des paroles de chansons qu’à une montagne à gravir. Ne vous y trompez pas, il y a énormément de faits notables sur le Kilimandjaro qui lui font mériter sa célébrité. Au même titre que « le Mont Blanc », l’ « Everest » et bien d’autres. En effet, il est le plus haut sommet d’Afrique.
Il est le seul endroit du continent où l’on peut trouver des Glaciers. C’est un Volcan éteint qui dépasse de la savane de plus de 5000 m. Il est la montagne « isolée » (c’est-à-dire ne faisant pas partie d’une chaine comme les Alpes, les Rocheuses ou encore l’Himalaya) la plus haute au monde et si l’on considère le centre de la Terre comme la référence, c’est le deuxième sommet le plus éloigné de ce point à la surface du globe.
La naissance d’un défi :
J’en avais entendu parler très jeune lorsque mon père me racontait ses voyages. Dans les années 70, lorsqu’il vivait à Madagascar, lui et quelques amis avait entrepris une visite de la Tanzanie avec une étape prévue pour l’ascension de ce mont mythique. Mais un mal de tête carabiné lors des dernières centaines de mètres l’avait empêché de fouler de son pied le sommet. Cela peut paraître anodin mais dans la tête d’un enfant de huit ans qui idéalise encore l’image du père. Je venais de réaliser qu’il n’était pas sans limite et que lui aussi avait connu l’échec.
Cela a probablement mûri dans mon inconscient et éclos comme l’une des choses à faire dans ma vie pour dépasser la génération précédente. Car lorsqu’en 2011, Florent et moi – je vivais alors en Afrique du Sud et mon ami Florent vivant lui à cette époque en Algérie – avons envisagé de nous retrouver quelque part pour neuf jours de vacances et que l’option de visiter la Tanzanie a été mentionné, l’objectif de gravir le « Kili » s’est tout de suite imposé comme le point culminant du voyage pour moi. J’ai très vite communiqué cet élan à mon ami qui l’a de son côté, vu comme un moyen de se dépasser et de faire quelque chose de plus que simplement du tourisme.
Il faut savoir qu’aucun de nous n’avait jamais fait plus que de monter au ski dans les stations des alpes et quelques randonnées automnales d’une durée maximale de deux jours… Cela représentait donc un grand pas à franchir : le Kilimandjaro culmine quand même à 5895 m. Altitude où le manque d’air se fait déjà très fortement ressentir et le trek le plus court permettant l’ascension est d’un minimum de 4 jours.
Organisation d’un voyage en terre Africaine :
Avant d’envisager un voyage en Tanzanie comme celui-ci (avec des contraintes et une durée malheureusement trop courte pour laisser libre court à l’imprévu), il fallait définir les grandes étapes. Et s’arranger pour faire boucler l’ensemble dans le temps imparti.
Première chose à faire, la liste des principales activités dans le pays :
- Safari dans les différents parcs Nationaux (Sérengéti, le cratère du Ngorongoro, le Lac Manyara, le Tarangire…)
- incursion dans la culture Maasaï,
- visite de la ville et de l’ile de Zanzibar,
- excursions en mer pour nager avec les dauphins ou plonger…
La liste est longue pour ce pays qui fait rêver. Une fois cette liste faite et après avoir pris quelques renseignements sur les moyens de transport ainsi que sur les durées recommandées pour chaque activité, sachant que pour l’ascension du Kilimandjaro, un minimum de quatre à cinq jours sont nécessaires et que c’était pour nous l’élément incontournable, nous avons décidé que le programme du voyage serait d’atterrir à Arusha. Cela nous permettrait de passer deux jours en safari dans les réserves animalières proches, puis de finir avec une journée au cratère de l’Ungorogor avant de prendre la direction de Moshi (la ville utilisée pour le départ des ascensions du Kili) pour se préparer à l’ascension.
D’un point de vue pratique :
Il faut savoir qu’il est assez difficile d’obtenir des informations claires sur comment organiser son séjour depuis la France si l’on décide de ne pas prendre un pack tout inclus préparé par un agent qui fera l’intermédiaire avec les locaux sur place. De plus, il y a en effet tellement de possibilités (le choix des activités, les options additionnelles, le standing des prestations, l’organisation, la logistique…) et de choses à prendre en considération (prix, risque, commentaires des clients précédents…) qu’on se perd très vite entre les innombrables petites agences locales. Il faut juste retenir qu’en fait tout est possible et à tous les niveaux de prix mais l’on est jamais vraiment sûr de ce que l’on va acheter.
Pour nous, ce fut au final assez simple une fois que notre programme fut bien dégrossi, que nous avions compris ça. Et surtout que nous nous étions résignés sur le fait que l’on ne pouvait pas tout contrôler et négocier à distance. Que l’on verrait bien comment ce serait lorsque nous serions sur place.
Nous avons donc réservé trois jours de Safari (logement, transport, ticket d’entrée des parcs et un 4×4 perso avec un conducteur et un Guide pour tout de même la coquette somme de 350 € par personne) avec une agence locale dont le contact nous avait été recommandé par des proches.
La voie « Whisky »
Et l’ascension du Kili par la voie « Whisky ». L’une des cinq voies d’accès au sommet, celle-là étant considérée comme l’une des plus belle mais aussi comme la plus facile et confortable car comprenant des refuges. Par une autre agence locale dont nous avions lu du bien sur des forums de discussion sur le sujet. Le forfait négocié à 1100 € par personne comprenait : logement en refuge, 2 guides, une équipe de porteurs, les repas ainsi que le billet d’entrée pour le parc –qui était déjà à l’époque de plus de 500 €- pour les cinq jours, ainsi que la logistique et la nuit d’avant et d’après à Moshi.
Oui l’ensemble ne représentait pas une paille, mais en passant directement avec les locaux, même si nous avions une confiance toute relative comme quoi tout allait se passer comme prévu, nous économisions tout de même près de 500 € par rapport à ce que proposaient les agences françaises pour, en tout cas sur le papier, les mêmes prestations. Nous étions prêts en termes d’organisation, il était donc temps de se préparer physiquement et matériellement.
Une préparation des plus intenses :
Florent et moi n’étions pas (et malheureusement cela n’a pas changé depuis), des athlètes de haut niveau. Mais nous nous maintenions en bonne forme physique par de l’exercice régulier tels que la course à pied, le tennis, le football et un peu tout ce que nous avions l’occasion de pouvoir pratiquer dans nos pays respectifs. Ne pouvant pas nous préparer à l’altitude avant le voyage, nous nous étions tout de même promis d’augmenter la cadence de nos sessions sportives pour être au mieux pour ce challenge. Mais pour être honnête, je ne crois pas qu’aucun de nous n’ait vraiment tant intensifié les séances en vue de l’échéance.
Et pourtant, ce ne sont pas les pressions extérieures qui manquaient pour nous inquiéter ou pour ébranler notre confiance. Mes collègues de boulot me traitaient de fou en mentionnant différents accidents mortels (principalement des malaises dus à l’altitude). Le médecin de Florent lui faisant remarquer qu’il n’avait aucune expérience de la vraie marche en montagne.
Le doute s’installe …
Et je gardais toujours à l’esprit l’image de mon père se tenant les tempes avant d’entamer une douloureuse redescente.
Et si cela m’arrivait ?
Si moi aussi j’étais bloqué si près du but ?
Dans mon esprit, rien au monde n’aurait pu me faire hésiter, et surtout pas un « petit » mal de tête… Je me sentais plus fort que ça… Mais la suite m’a définitivement fait réaliser que même les plus forts peuvent atteindre leurs limites dans ces conditions extrêmes, mais encore faut-il en avoir fait l’expérience pour le réaliser.
Nous voilà sur place pour nous détendre mais nous n’avons qu’une chose en tête.
Début du Safari
Comme tout grand voyage vers l’Afrique Centrale nous avons eu notre petit lot de galères, de stress et d’anecdotes. La procédure pour obtenir le Visa à l’arrivée un peu douteuse. Le déplacement vers l’agence de safari interminable. La première nuit à Arusha pas vraiment au standing attendu. Mais nous voilà les deux « Guides » et nous sillonnant les routes mal entretenues de Tanzanie en direction des parcs nationaux.
Les paysages sont magnifiques, les Maasaïs en habit traditionnel rouge et les plus jeunes en habit noir avec leur visage peint de blanc que nous croisons sur la route sont comme sortis de documentaires culturels. Les animaux que nous observons à quelques dizaines de mètres de notre 4×4:
- éléphants
- girafes
- antilopes
- hippopotames
Nous émerveillent. Je pense que personne ne peut rester impassible devant de tels spectacles, mais dès le premier soir, lorsque pendant le repas notre cerveau fait enfin le point, une seule image nous revient en tête : le sommet majestueux que nous avons survolé avant d’atterrir à Arusha et que nous prévoyons de dompter.
La rencontre avec Peter.
Enfin nous voilà la veille du jour J, demain nous ferons nos premiers pas sur les flancs du monstre. Il est temps de régler les derniers détails avec l’agence locale et de rencontrer les deux personnes qui nous guiderons pour attendre le sommet. Les deux arrivent avec plus d’une demi-heure de retard mais ce n’est pas ça qui va entamer notre bonne humeur. Un seul parle Anglais, c’est Peter, un homme allant vers la fin de sa cinquième dizaine. Lorsqu’il nous sert la main, nous sentons que son haleine est chargée d’effluves d’alcool, il se présente et nous comprenons qu’il vient de revenir d’une énième ascension (cela fait plus de trente ans qu’il fait ça) et qu’il a célébré et profité tout l’après-midi de son retour.
Nous ne savons pas vraiment si cela doit nous inquiéter ou nous rassurer car il n’est définitivement pas un débutant. Le deuxième, plus jeune semble sympathique et souriant mais la barrière de la langue nous donne moins l’opportunité d’échanger. Nous définissons le rendez-vous du lendemain. Faisons l’inventaire de nos affaires (aucun des deux guides ne semble étonné par le matériel que nous avons). Discutons de l’organisation des cinq jours à venir.
Pour nous le programme est clair
Les deux premiers jours seront une marche d’approche pour passer de 1700 m au départ de la voie à un camp à 3800 m d’altitude où nous passerons une journée d’acclimatation (optionnelle mais que je conseille fortement car passer d’une altitude d’environ 500 m à 5895 m en trois jours peut-être difficile pour les non habitués).
Puis Le quatrième jour nous rejoindrons le camp le plus haut à 4800 m d’altitude. Où la nuit sera courte car ce quatrième jour est le moment clef et généralement là où les abandons surviennent (environ 20% des marcheurs selon les dires des Guides). Le départ se fera de nuit, aux environs de 1 h du matin. Il faudra rejoindre le sommet pour y observer le lever de soleil. Puis redescendre dans la matinée jusqu’au camp d’acclimatation 2100 m plus bas. Le cinquième jour étant le retour au point de départ. Tout un programme ! Puis nous réglons la partie finance et négociation. Nous nous quittons le sourire aux lèvres pensant à l’aventure qui va commencer le lendemain et les laissant retourner à leurs célébrations.
Les premiers jours d’ascension :
Malgré nos craintes, Peter arriva relativement frais le lendemain. Ouf ! Une fois le gros de nos affaires dispatché entre les porteurs. Cela peut paraître un peu bizarre, mais c’est ainsi que sont organisées les ascensions du Kili. Puis c’est un bon moyen de faire vivre l’économie locale. Il ne nous reste qu’un léger petit sac chacun. Bien suffisant pour la première partie qui se compose d’un chemin très praticable dans une forêt tropicale dense. Il était tout de même important de bien penser à ce que l’on voulait garder car les porteurs ne prennent pas le même chemin que les « touristes » pour cette partie.
Cela monte tranquillement et l’altitude allant de 1700 à 2700 m n’est pas encore suffisante pour que nous sentions trop ses effets. L’humeur est bonne et nous discutons tranquillement tout en observant la faune et la flore luxuriante. On croise aussi quelques groupes de personnes qui redescendent d’un pas décidé et plein d’énergie, c’est l’occasion pour nous de nous gonfler à bloc ! Si eux ont réussi, pourquoi pas nous ? Après environ 2 h de marche le paysage commence à changer. Les arbres se couvrent de mousse gris-bleu, le vert est plus terne, les arbres moins hauts.
Le « refuge » (Mandara)
que nous apercevons dans une clairière au milieu des arbres ressemble plutôt à un petit camp de vacances : un grand bâtiment utilisé pour les repas de groupe et des petits chalets pour quatre disséminés un peu partout. C’est mignon, presque trop par rapport à l’idée extrême qu’on s’était faite du lieu. Après tout, tant mieux, autant profiter, nous avons de l’énergie à revendre. Alors nous décidons d’explorer les environs où plusieurs petits cratères éteints sont observables. Le repas est copieux, nous mangeons avec d’autres groupes. Les discussions sont animées, on parle de nos premières impressions et de nos peurs, de statistiques de réussite et d’histoires marquantes… mais tout le monde va se coucher tôt avec en tête un seul objectif, atteindre le sommet.
Le lendemain nous sommes frais et dispos. La nuit a été plus fraîche que celle dans la plaine et cela fait du bien. Nous entamons donc le deuxième jour sur les chapeaux de roue dans un léger brouillard. Florent et moi discutons de tout et de rien en marchant d’un pas décidé sur les chemins à l’abri des arbres recouverts de mousse et lichens. Puis d’un coup la végétation change, le brouillard disparait. Et nous entrons dans un paysage tout à fait différent : il n’y a plus un seul arbre, seulement des herbes hautes, des plantes grasses et d’énormes végétaux non identifiés, à mi chemin entre le cactus et le palmier (on apprendra plus tard que ce sont des «séneçons géants du Kilimandjaro » : Dendrosenecio kilimanjari) et surtout, dans le lointain, l’objectif ! C’est la première fois que nous voyons le sommet depuis que nous avons commencé la marche.
Il est si loin, si majestueux !
Nous restons bouche bée pendant un bon moment avant de nous regarder et de reprendre notre marche d’un pas encore plus décidé. Le deuxième camp (Horombo) est atteint après environ 4 h de marche soutenue. Il ressemble un peu au premier, sans les arbres et avec une vue incroyable… A 3700 m il surplombe une petite crête et permet d’avoir une vue plongeante sur la savane en contrebas. Nous passons le lendemain (le jour d’acclimatation) à cette altitude, ne faisant qu’une petite balade vers différents cratère et roches aux formes notables des environs.
Le soir nous discutons avec les personnes qui redescendent tout juste du sommet. Certains sont ravis, d’autres au contraire dépités, ils n’ont pas pu atteindre le pic ou alors ils ont eu tellement froid qu’ils sont redescendus avant même que le soleil ne se lève. Cela nous parait fou car dans la journée nous sommes en short et pull léger. Ils nous disent qu’ils n’avaient pas du tout de matériel, même pas de vrais gants et nous nous rassurons en pensant que nous avons quand même prévu un peu plus qu’eux, mais la pression monte…
Jour du départ pour le camp Kibo
Le quatrième jour est le départ pour le dernier camp (Kibo) qui se situe à 4700 m. Nous quittons le reste de végétation d’altitude qui était encore présent pour un désert de roche volcanique. Il n’y a plus rien, le vent est plus soutenu et le froid commence à nous donner des frissons sous nos vêtements légers. Le volcan est devant nous, de plus en plus imposant, ses pentes semblent de plus en plus abruptes. Nous arrivons vers 13 h au camp après 4 h de marche. Cette fois c’est juste un bâtiment unique avec quelques tentes disséminées autour.
Ce sont les groupes qui ont emprunté d’autres routes mais qui rejoignent la nôtre à cet endroit-là avant d’entamer la dernière étape. Notre guide nous dit que nous avons un bon rythme de marche.Que nous allons partir un peu plus tard que les autres groupes pour arriver juste pour le lever du soleil. C’est une bonne nouvelle pour nous car le réveil à minuit nous fait un peu peur. enfin cela ne nous donnera qu’une heure de plus à dormir. Florent et moi n’en menons pas large cette après-midi-là… Il n’est pas super en forme gastrique. Et j’ai un début de mal de crâne qui pointe le bout de son nez. Je prends un cachet d’aspirine avec notre repas de 17 h et je vais me coucher sachant que cette pseudo nuit sera probablement blanche.
L’épreuve :
J’ai l’impression de n’avoir fermé l’œil que cinq minutes lorsque Peter vient nous réveiller. C’est sans un mot que nous avalons un petit déjeuner qui passe difficilement. L’altitude et le stress ont commencé leur travail. Mon mal de tête est un peu passé. Je reprends courage. Ce n’était qu’un coup de mou, je compte bien surmonter ça. Nous nous équipons avec ce que nous avons de plus chaud, nous allumons nos lampes et nous voilà partis avec une visibilité de seulement quelques mètres. La seule chose que nous voyons c’est un serpent de petites lumières en face de nous semblant danser. Ce sont les groupes partis avant nous dans la nuit qui ont entamé la partie abrupte. Le spectacle est incroyable et effrayant, il semble si haut, si loin…
Voyant nos visages, Peter et notre second guide trouvent une solution tout appropriée pour nous remonter le moral. Ils commencent à fredonner des chants africains qu’ils nous incitent à répéter après eux. Cela nous transporte. D’énormes sourires apparaissent sur nos visages et nous accélérons le pas bien décidés à en découdre. En 2 h de chemin dans les pierriers, nous avons doublé d’innombrables groupes que nous dépassons en chantant. Nous sommes au summum de notre motivation et c’est là que cela se gâte. Le pierrier se transforme en marches irrégulières, puis presque en escalade. Nous n’arrivons plus à chanter. Les bâtons nous encombrent. Le froid commence à se faire sentir. Nous respirons par saccades, le mal de tête commence à revenir.
Longs moments d’incertitude
Les arrêts que nous faisons, tous les 100 m au plus sont de longs moments d’incertitude. On veut manger et boire mais cela nous donne directement des nausées. Nos forces nous abandonnent sans que nous ne puissions rien faire. Les guides sont bienveillants mais c’est un combat intérieur, mental. Plus tard, lorsque Florent et moi en avons discuté, nous sommes tombés d’accord que ce fut l’expérience physique et mentale la plus éprouvante de toute notre vie. Ce sentiment de mal-être et de faiblesse est je pense impossible à décrire. Ce moment fut interminable, mes pieds, mes mains étaient congelés, mon crâne menaçait d’exploser, mon ventre se tordait dans tous les sens mais je ne voulais pas renoncer. Pourtant l’idée m’a de nombreuse fois traversée l’esprit : qu’est-ce que je fous là me disais-je.
Gilmans point à 5685 mètre
Et là nous avons atteint le point de délivrance : Gilmans point à 5685 mètre. Un magnifique panneau indiquait ce changement de direction. La pente s’est faite moins abrupte. Le chemin plus régulier. Le vent moins violent car nous étions à l’abri d’une arête. Nous avons retrouvé un rythme de marche plus régulier. Une respiration plus stable. Et toutes les sensations qui nous faisaient souffrir quelques centaines de mètre auparavant ont commencé à s’atténuer. Je dois dire que ce moment fut fort, très fort. Sentant de l’énergie revenir en nous, nous avons accéléré le pas, les lueurs de l’aube commençant à nous laisser entrevoir les contours de notre environnement.
Nous vîmes que le sommet n’était plus qu’à quelques enjambées. Là, tout en haut, un simple panneau représentant notre succès sur ce pic mais surtout sur nous-même. Florent et moi, c’est bras dessus bras dessous que nous avons vu se lever le soleil ce jour-là sur l’Afrique. Nous laissant entrevoir une mer de nuages plus de 4000 mètres plus bas. Une beauté sans nom qu’aucune image. Aucune phrase ne pourrait transcrire. Nous étions les rois du ciel, les rois du monde, les rois de nous-mêmes. Je ne l’oublierai jamais et je le conseille à tous : trouvez-vous un défi à relever, un défi qui vous emmènera aux limites de vous-même et dépassez les… Il n’y a pas plus satisfaisant.
Le retour au plancher des vaches… et des éléphants…
La descente fut comme un mirage, mon corps était éreinté et mon esprit ailleurs. Je n’en garde qu’un bref souvenir, une lente redescente de mon petit nuage. Il nous fallut tout de même plus de 4 h pour retourner au premier gite. Ou nous nous restaurâmes brièvement avant de reprendre la route de Kibo. Arrivés vers 13 h là-bas, comme des enfants, nous partîmes faire une sieste qui se voulait réparatrice. Ce fut une nuit entière et même plus que nous fîmes. Nous ne reprîmes connaissance que le lendemain matin vers 7 h affamés mais reposés.
La descente du dernier jour fut étrange. Nous étions pleins de vie. Comme si nos batteries se rechargeaient au fur et à mesure que nous descendions. Nous comprenions maintenant l’état d’esprit des personnes que nous avions croisées le premier jour et donnions des conseils et encouragements à ceux en début d’ascension. Nous étions heureux et pleins d’énergie, cela se voyait sur notre visage. Je pense avoir gardé cette expression pendant bien des jours après notre petit exploit personnel et cela s’est vu… Florent et moi nous sommes séparés le lendemain pour retourner à nos routines de travail. Mais je pense que cet événement a marqué un tournant dons nos vie. Car il nous a poussé à toujours aller se trouver de nouveaux défis à relever, et ce n’est pas fini…
Conclusion sur l’ascension du Kilimandjaro
Je recommande vraiment cette ascension pour la simple est bonne raison qu’elle est magnifique et accessible à tous (mais il faut de la volonté). Nous avons vu une dame de 65 ans qui a pleurée de joie en arrivant au sommet. J’imagine que cela a été dur mais pas nécessairement plus que pour nous car la haut, ce n’est plus la taille des muscles qui importe mais le mental.
Je dois tout de même avouer que c’est une marche où l’on ne se retrouve que très rarement tout seul. Les groupes de grimpeurs sont nombreux. Et leur escorte de porteurs qui montent en sandales à un rythme incroyable tout en portant des charges démesurées gâche un peu le moment mais il faut en faire abstraction. Il faut tout de même un budget important pour l’ascension. C’est à prendre en considération, de même que le billet d’avion n’est pas donné. Je recommande de ne pas aller en Tanzanie uniquement pour le Kili, mais de prendre aussi le temps de profiter des autres merveilles que peut offrir le pays.
Matériel utilisé pour l’ascension du Kilimandjaro
D’un point de vue matériel :
N’étant pas des férus de montagne à la base, notre matériel initial se résumait pour ainsi dire à rien. Et sur ce point, Florent et moi avons eu deux approches bien différentes. Je pense que son rendez-vous chez le médecin l’avait un peu stressé et il s’était donc dit qu’il compenserait son manque d’expérience par du matériel de pointe. Armé de sa carte de crédit, il a dévalisé le Décathlon de la 202 et le Choulanka d’Antibes.
De mon côté, toujours très économe
j’ai opté pour une approche bien moins stressée. Je n’ai acheté que le strict minimum. Uniquement ce que je pensais indispensable et que je n’avais pas : bâtons de marche sur les conseils de ma mère, lampe frontale car la dernière montée se fait de nuit. Et enfin quelques produits de médication comme du Smecta pour éviter que les petits tracas dus à la nourriture locale ne viennent gâcher mon voyage. Ainsi que de l’aspirine, ayant l’espoir fou que cela puisse vraiment aider contre le mal des montagnes.
Pour le reste j’ai utilisé ce que j’avais à disposition : pantalon, veste et gants de ski ainsi que de vieilles chaussures de marche légère. J’aurais surement dû être un peu plus prudent. Mais il faut dire qu’après avoir lu partout que le Kili est une « marche relativement facile » et n’ayant reçu aucune directive par mail de nos guides. Je m’étais dit que cela ne serait pas bien grave de ne pas avoir un équipement de pointe. C’est un peu vrai car c’est seulement la dernière étape de montée qui est ardue et pour laquelle un peu de matériel est nécessaire pour contrer le froid mordant de cette marche de nuit (cela descend facilement à -10°C) ou pour s’assurer de pouvoir monter sereinement les pentes abruptes dans les éboulis ou les blocs de rocher.
Equipement pour l’ascension du Kilimandjaro
Catégorie | Nom du modèle | Marque | Pourquoi avoir ce choix de modèle | cet équipement était il adapté à l’ascension. du Kilimandjaro | Si c’était à refaire |
MOUFLE | ROSSIGNOL | C’était les gants de ma mère, ceux qui étaient dans le meilleur état que j’ai trouvé. | J’ai cru perdre mes doigts dans la montée de nuit. | Je prendrais des gants de meilleurs qualité mais surtout je prendrais des sous-gants. | |
PANTALON DE SKI | C’était mon pantalon de ski que j’avais de nombreuses fois utilisé. Même les fesses trempé (car pas totalement étanche) et avec du vent je n’ai jamais eux vraiment froid | Je n’ai pas eu vraiment froid aux jambes et je n’ai pas été géné durant la marche | Je pense que je pourrais refaire avec le même. | ||
VESTE DE SKI | Je n’avais que cette veste dans mon placard et elle m’avait déjà bien servi, j’en étais satisfait. | J’ai eu froid mais je ne pense pas que cela soit uniquement du à l’équipement, je pense que c’était plutôt une réaction du au manque d’oxygène car j’ai déjà fait face à de tel température avec les même équipements dans avoir la même sensation de froid. | Je pense que je pourrais refaire avec les mêmes. | ||
PULL | QUECHUA | J’avais cela a disposition et cela m’a paru chaud mais je n’ai pas cherché plus loin. On m’a toujours dit que le polaire est une bonne matière pour ce genre d’activité de montagne. | Je pense que je pourrais refaire avec les mêmes. | ||
CHASSURE DE MARCHE | Premier prix | QUECHUA | J’avais ces chaussures de randonné de moyenne altitude dans lesquelles j’étais plutôt confortable mais je n’ai pas assez pensé au « moyenne altitude » | Parfait lors des marches de jour. Mais horrible lorsque les températures furent en dessous de zéro, je ne sentais plus mes pieds… Ce fut l’un des pire moment de ma vie pour cette partie de mon corps. | Je m’équiperais vraiment pour les conditions que je vais affronter. Il n’y a rien de pire que d’avoir froid aux extrémités. |
SAC À DOS | Trail 20 | SALOMON | J’avais cet équipement pour faire de la marche et du sport en général, je ne l’ai pas acheté pour l’occasion. | Très utile mais l’eau a gelé dans le tuyaux du Camelback pendant la monté de nuit. | A avoir, mais ne pas compter trop dessus lorsqu’il fait trop froid… prévoir plutôt une gourde isotherme. |
BATON DE MARCHE | Bâtons de randonnée télescopiques – Mixte – Trail Trekking Pole | BLACK DIAMOND | Conseil de mes parents qui font de la marche | Un Must-have… je n’avais jamais marché avec des bâtons. Mais sur la dernière partie de la montée, je pense que je n’y serait pas arrivé sans. | J’en rachèterais… peut-être pas exactement les même car je ne sais pas si cela fait une grosse différence mais c’est un élément essentiel pour la marche en montagne sur plusieurs jours. |
CHAUSSURE DE MARCHE | Nepal extreme | LA SPORTIVA | Conseillé par le marchant | Florent à eu froid, mais pas aux pieds | Je pense qu’il reprendrait les même car il les utilise toujours et ne tarie pas d’éloge dessus |
COUPE VENT | Lofoten Gore-Tex insulated Jacket | NORRONA | Conseillé par le marchant | Pour le vent et l’humidité c’est l’équipement parfait, bien coupé et parfaitement ajustable pour ne pas avoir trop de prises. | Je pense qu’il le rachètera car il l’a toujours 8 ans après et nous avons eux l’occasion d’éprouver sa qualité de nombreuses fois. |
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3 commentaires
Tres joli recit d ascension….
Cette soif de se depasser, ce mental indispensable dans ce genre d aventure me renvoie a mes propres souvenirs d ascension au rinjani a lombok.
Quelle belle experience!
Merci pour le voyage au Kili et au pays des souvenirs ?
Bravo champion, c’est autre chose que de nager avec les dauphins ça !
Très beau recit ! On s’y croit vraiment ça donne très envie de tenter une expérience comme ca, ça doit être des sensations exceptionnelles et des souvenirs incroyables! Mais le mal de tête fait un peu peur quand même… Les conseils sont aussi très pratiques et bravo pour l’avoir fait avec des chaussures premier prix 😉