Domitille nous partage son expérience de tour d’europe à Vélo
Informations pour préparer un tour d’europe à vélo
Date :
du 1er mars au 10 octobre 2015
Lieu :
Europe. Départ : France, Bretagne, Morbihan, Hennebont (56700). Arrivée Hennebont.
Participant :
Domitille, 23 ans. Aime les belles balades, la tranquillité et le vélo.
Où dormir durant un Tour d’Europe à vélo :
- chez l’habitant : via Warmshowers.org un réseau spécial cyclotouristes.
- dehors, un peu partout.
- en auberge de jeunesse :
A Ljubljana en Slovénie, 14 € la nuit en dortoir de 12. Beau bâtiment situé en plein centre-ville. Seul inconvénient : il faut caser les vélos au sous-sol accessible par escalier.
A Prague en République Tchèque, 16.50 € la nuit en dortoir. Auberge sympathique et proche du centre, mais bruyant si on a une chambre qui donne sur le boulevard (beaucoup de trafic)
A Berlin, en Allemagne, 16 € la nuit en dortoir de 4 lits. Au nord de Berlin dans un quartier calme plein de ruelles pavées et de cafés.
Où s’approvisionner durant un tour d’europe en vélo:
Dans les supérettes, épiceries des petites villes, sur les marchés.
Office de tourisme :
Celui d’Alba en Italie était génial : accueil aimable et chaleureux, wifi gratuit, fauteuils confortables, prises électriques et toilettes super propres.
http://www.langheroero.it/bienvenus-en-langhe-roero
Caractéristiques du voyage à vélo en Europe:
- boucle de 9969 kms
- climat tempéré
- petites routes bitumées dans tous les pays
- en solitaire
- à vélo
Quoi d’autres dans les environs :
Plusieurs vélo-routes sillonnent l’Europe. Certaines sont en cours d’aménagement.
Bibliographie :
- Carnet d’Aventure n°28. « Voyage en solo au féminin »
- La Bible du Grand Voyageur : Lonely Planet
Mon tour d’Europe à vélo
1er mars 2015 : le départ.
Le jour J est arrivé. Toute la famille est à la maison pour moi. En vitesse je colle les bandelettes réfléchissantes sur l’arrière de ma remorque. Et sous la bruine, je m’en vais
La France à vélo
Au début, je ne savais pas trop vers quoi j’allais, pourquoi je partais. Juste une envie comme ça. Juste ne plus aller à l’école, ne plus aller au boulot. Avec un diplôme en poche et quelques années d’expérience professionnelle, j’avais gagné ma liberté.
Au mois de mars, la nature était encore plutôt marronnasse, et le ciel plein de gris.
Les vignes se faisaient tailler, les champs labourer.
De petites routes en petites routes j’ai traversé la France de l’ouest, le sud du Massif Central et enfin le sud-est.
Aux premières côtes je comptais les coups de pédales histoire d’éviter de me demander ce que je faisais là à transpirer sous la pluie.
Puis dans les descentes je jubilais, tout redevenait fabuleux.
J’allais de warmshower en warmshower le temps de m’aguerrir, d’avoir un rythme. J’ai toujours été impressionnée par la gentillesse et la tranquillité de tous ces inconnus qui m’ouvraient leur porte. Cela a un côté magique.
Dans la vallée du Rhône, le mistral m’a donné quelques frayeurs. De face c’était une lutte terrible, de côté c’était carrément dangereux, et de dos, le paradis : plus de bruit, une avancée rapide sans effort, il suffisait de maintenir le bon cap.
Et puis la Méditerranée est apparue à l’horizon, turquoise sous un ciel bleu splendide, et à quelques mètres à ma droite lorsque je suis descendue sur la côte à Cannes.
Je l’ai longée jusqu’à Diano Marina en Italie. Fin mars, début avril et en semaine, le trafic n’est pas bien dense et c’était chouette de passer devant tant de lieux célèbres, je n’ai pas regretté ce choix d’itinéraire.
Découvrir l’Italie à vélo
On m’avait dit :
« tu verras en Italie, tu te sentiras super bien, les gens sont accueillant, c’est génial »
Mon œil, j’ai eu beau sourire à tous ceux que je croisais, lancer des ciao et des Buon giorno, personne pour m’inviter à prendre le café, manger un bout ou dormir. Il faut savoir ne compter que sur soi-même !
N’ayant plus d’accès internet depuis la frontière, je m’étais résolue à sortir le hamac et à coucher dehors.
J’ai eu froid, très froid la nuit, mais le jour, un soleil énorme brillait rien que pour moi. Le soir, je faisais durer le feu dans mon réchaud à bois avant de m’enfiler dans mon sac et de m’endormir trop vite en regardant le ciel.
En général, quand j’avais froid, une insomnie me tenait éveillée de 3-4 heures du matin jusqu’à l’aube. Je commençais alors par me taper dans tous les sens pour me réchauffer, puis j’allumais ma petite lampe pour bouquiner, ensuite je me mettais à compter les étoiles, puis aux premiers gargouillements de mon ventre, j’extirpais une main de mon sac de couchage pour le plonger dans ma caisse et attraper un paquet de gâteaux (les gocciole chocolate sont délicieux) que je dévorais un à un. Je guettais la montée du soleil avec impatience et lorsque ses rayons se posaient enfin sur moi, je sombrais dans un sommeil délicieux. Vers 11h je me levais enfin pour faire tiédir de l’eau pour me laver les cheveux une fois tous les deux jours.
Le pays du Nutella
J’ai traversé la Ligurie qui est assez escarpée, un peu sauvage et ponctuée de micro-villages aux façades colorées mais sales pour atterrir dans le Piémont à vélo, beaucoup plus civilisé mais magnifique à la lumière de l’aube et du crépuscule. Des champs immenses de noisetiers (ceux de Nutella et Ferrero) avec leurs nouvelles feuilles habillaient le paysage vallonné.
Et ensuite j’ai suivis le Pô jusqu’à la mer. Une micro route le longe de plus ou moins près et cela a l’énorme avantage de nous garder dans une campagne arborée et agricole très calme.
Le challenge de chaque soir était de se trouver un endroit de bonne apparence, sans trop attirer l’attention et qui reçoive le soleil du soir et du matin. Avec le temps, j’ai fini par me contenter du soleil du matin.
En route vers le nord pour rallier la Slovénie, j’ai rencontré la pluie. Durant tout le mois de mai elle ne m’a guère lâchée. J’ai aussi renoué avec les côtes ce qui par contre n’était pas désagréable. Car la plaine, on s’en lasse.
Sur les routes de Slovénie en vélo
En Slovénie, la trajectoire ne fut pas linéaire. C’est un beau pays, très vert, paisible et forestier. Dans les supermarchés, un mur entier est occupé par les yaourts liquides à boire, et un autre par de drôles de saucisses sous plastique.
Parfois la route se change en piste et grimpe à travers les montagnes. Au début, lorsque je demandais mon chemin, les gens me disaient parfois :
« no asphalt, just macadam »
Je leur répondais :
« No problem »
Je pensais que c’était du béton. Mais pas du tout, le macadam est synonyme de piste et est souvent raide. Avec un VTT, ça doit être génial, mais avec mes grandes roues et ma remorque j’avoue que je préférais l’asphalte !
Un midi, je me suis trompée de direction dans un village, j’ai mis plusieurs heures avant de m’en rendre compte. Pour retomber sur mes pattes, j’avais 3 solutions : demi-tour (je déteste surtout après une descente), une route à fort trafic ou une micro-route qui enjambait la montagne. J’ai choisi cette option. Je me dirigeais vers Ptuj. Je voulais dormir à l’auberge de jeunesse car du mauvais temps était annoncé.
A l’ascension de l’Everest
Mais le soir tombait et je n’avais toujours pas fini de gravir mon Everest. Le vent se mit à souffler, j’ai décidé de m’installer. Je suis restée là 3 jours. La première nuit, je me suis endormie confiante sous la pluie qui tombait. Vers minuit, je me suis réveillée trempée : le vent avait forci, j’avais fixé ma bâche trop haute par rapport au hamac et elle ne me servait à rien. Je me suis levée, je l’ai baissée, retendue, j’ai enfilé ma veste imperméable et mon pantalon étanche, une autre paire de chaussettes, mon bonnet et je me suis recouchée dans mon sac mouillé en rêvant à un hamac en tissu étanche qu’on fermerait avec une fermeture éclair par gros temps.
Quand enfin le troisième matin, j’ai vu que la pluie était fine, le vent léger et que l’orage ne grondait plus j’ai plié bagages. Des limaces s’étaient lovées dans mes chaussures trempées, et entre les rayons des roues de mon vélo. Un peu faible à cause de l’inactivité prolongée, j’ai mis un temps fou à tout remballer et ce fut une sacrée victoire que de rejoindre la route jonchée de feuilles et de branchages.
A Ptuj, mon auberge n’ouvrait qu’à 19 h, en attendant, pour ne pas mourir de froid, je me suis réfugiée au muziKafe où l’on m’a très aimablement accueillie malgré ma tenue détrempée, et j’ai bu le meilleur chocolat chaud de toute ma vie dans un fauteuil moelleux et avec la plus belle musique du monde en toile de fond.
L’Autriche à vélo
Après avoir passé 15 jours magnifiques en wwooffing dans une ferme fantastique juste avant la frontière, je suis arrivée en Autriche. Le temps s’est rapidement dégradé et j’ai dormi dans des cabanes d’observation de la faune et de la flore, de chasseurs et sous des hangars agricoles en bois. Fini, plus jamais je ne dors sous la pluie !
Les tchèques.
Alors qu’en Autriche les gens me souriaient et me disaient bonjour en me voyant arriver, les tchèques ne savaient pas quoi penser et me regardaient plutôt intrigués. Ne connaissant pas leur langue et eux ne parlant pas toujours anglais, je n’ai vraiment discuté qu’avec les deux warmshowers qui m’ont hébergé.
Le relief est doux et c’est un régal de facilité après les inoubliables déclivités slovène. Très boisé, ce pays est aussi le paradis du dormeur en hamac.
Par contre il faisait sacrément chaud. Je pédalais à partir de 5h30 jusqu’à 9h00, je faisais le plein d’eau et achetais à manger avant de m’arrêter. Le hamac était ressorti, je lavais mon linge, et préparais le repas du midi. C’est en République Tchèque que j’ai le mieux et le plus mangé. Ratatouille, polenta, omelette aux oignons, pattes, salades composées, confiture de framboises des bois, œufs sur le plat, compotes pommes-pêches, bananes au chocolat,… je me suis fait plaisir.
Après, je faisais la sieste, lisait un peu, prenait le goûter, réparait, nettoyait le vélo si besoin, et vers 19h, je reprenais la route pour une heure ou deux.
L’Allemagne le pays du vélo
Peu d’endroits sauvages en Allemagne, beaucoup de maisons, de villes, de routes pavées.
Début août, au nord de Leipzig, j’ai garé mon vélo chez une gentille petite dame pour rentrer en stop en deux jours en France pour le mariage de ma sœur aînée.
Une semaine plus tard, presque le même trajet en sens inverse en covoiturage, stop, train, et bus, deux jours encore, véritable voyage dans le voyage. A l’aller j’avais dormi dans mon hamac dans une haie de noisetiers à côté du Ikea de Frankfurt am Main et au retour chez mes derniers stoppeurs. Je n’ai pas été mécontente de retrouver la dure selle de mon petit vélo et d’aller où je voulais par où je voulais.
Dans le nord, au pays des briques rouges, je me suis résolue à investir dans des bottes en caoutchouc : trop de pluie, mes sur-chaussures n’étaient pas efficaces et mes pieds étaient constamment trempés, et trop de tiques avec la peur d’attraper la borréliose de Lyme ou maladie de lyme.
Depuis la Slovénie, c’est un vrai souci. Un pas dans des herbes un peu hautes et en voilà 10 qui vous gravissent les jambes. A Znojmo j’ai été vacciné contre l’encéphalite quelles peuvent transmettre et en Autriche j’ai dû consulter un médecin et suivre un traitement suite au cercle rouge caractéristique qui entourait une ancienne piqûre.
Mes bottes, ça a été une révolution !
Les Pays-Bas.
Pour éviter un détour de plusieurs kms pour franchir une embouchure, je suis arrivée en Hollande par la mer. On devient vraiment très flemmard quand on pédale dans les pays où les plus grosses côtes sont celles des ponts qui vous font enjamber les autoroutes et les voies ferrées.
Je pensais rentrer en France en suivant toute la côte. Mais au bout de 2h à lutter contre le vent alors que je pensais que mon corps commençait à se profiler, le compteur n’affichait toujours que 8km/h.
De plus, sur mes cartes peu de tâches vertes, donc peu d’arbres pour s’accrocher. J’ai alors opté pour une découverte des Pays-Bas de l’intérieur.
Et je n’ai pas été déçue. Plein de rubans d’asphalte rien que pour les vélos, plein de jolis villages de pierres rouges calmes et propres et beaux malgré tout, plein de grands espaces naturels avec de la bruyère en fleur, pleins de lacs, de canaux et pleins de vélos !
Rencontres inattendues
Un soir, il pleuvait des trombes d’eau, j’étais le long des dunes après La Haye, les arbres étaient rarissimes.
Enfin un bosquet se profila dans le lointain. Dégoulinante je m’y installai. Alors que la nuit tombait et que j’allais me glisser dans mon duvet, 3 feux de vélos percèrent les ténèbres et stoppèrent pile devant mon bosquet. Un cycliste s’avança, me vit, je lui demandai avec ma plus grosse voix et en allemand ce qu’il cherchait. Un peu hésitant il dit deux mots à ses collègues restés sur le chemin, en français !
C’était une belge et deux espagnols qui allaient vers le Danemark et qui cherchaient des arbres pour monter leurs tentes un peu à l’abri du vent et de la pluie.
Je les ai invités sous ma bâche, et nous avons bu ensemble la tisane qu’ils ont fait chauffer avec leur réchaud à alcool, ce fut une soirée sympathique et totalement inattendue !
La Belgique.
Le temps de boire une bière, d’avaler un chocolat, et de regonfler les pneus, la frontière française se profilait déjà à l’horizon. Heureusement qu’il y avait le café des douaniers car sinon, impossible de savoir qu’on changeait de pays. A part peut-être le soudain arrêt de la piste cyclable.
Retour en France
Un pays tellement beau !
Et enfin un peu de relief. Même si dans les côtes on râle, ça fait du bien de transpirer, de se défoncer, de lutter et de vaincre. De savourer la vue et de se laisser couler jusqu’en bas. Dans les descentes, je suis toujours la reine du pétrole !
Le nord m’a impressionné, je l’imaginais plat, il est joliment vallonné.
La Normandie m’a surprise, le ciel était bleu comme je ne l’avais pas vu depuis longtemps, le 1er octobre je me suis baignée dans une eau digne des Caraïbes.
La Bretagne m’a enchanté car j’étais de retour chez moi.
Conclusion de mon tour d’Europe à vélo
L’Europe est un vraiment beau « terrain de jeu », à portée de n’importe qui. Pas besoin d’avion, ni de visas, ni de logistique compliquée.
C’est un petit espace mais vraiment riche en différence entre le nord, le sud, l’ouest, l’est, entre chaque pays. Aussi bien au niveau naturel qu’agricole, industriel ou urbain.
Par contre, les espaces « sauvages » sont peu nombreux, notamment dans le nord du continent.
Matériels utilisé pour ce Tour d’Europe à vélo
Catégorie | Nom du modèle | Marque | Pourquoi ce choix pour ce tour à Europe à vélo | Adapté ou pas ? | Si c’était à refaire |
vélo | |||||
cadre | vtc | decathlon | parce que c’est mon vélo | oui | je repartirais avec : moins penché en avant que sur un vtt. Toutefois en voyage sur piste j’opterais pour un vtt et si j’étais riche pour un beau vélo |
pneus | marathon plus tour performance 1.4 Zoll | schwalbe | à cause de leur bonne réputation et de leur épaisseur anti-crevaison | oui | je repars avec sans hésitation |
selle | B 17 pré-rodée | Brooks | materiau | oui | mais j’aurais du choisir une non pré-rodée car à la longue je pense que les classiques deviennent plus « souples » |
remorque | |||||
châssis | Y-frame | carry freedom | stabilité à l’arrêt | oui car routes asphaltées le + souvent | je reprend la même : super remorque, plusieurs tonneaux, la pièce rouge souple qui fait le lien avec le vélo a tout encaissé sans problème. Seul point faible : les pneus, trop basiques, j’aurais du les changer avant de partir car crevaisons multiples |
caisse | malle heavy box 115L en plastique | leroy merlin | prix, légèreté, facilité de rangement par rapport à un sac | oui ! | je repars avec : je pensais qu’elle se fendrait où que les charnières en plastiques casseraient : à peine une égratignure malgré les tonneaux. Etanche, grand volume de rangement, une vrai petite maison. |
matériel emporté | |||||
sac de couchage | alta LT | helsport | duvet synthétique : meilleur confort par temps humide | oui | je prendrais un sac plus chaud |
hamac | de voyage en toile parachute | nature et découverte | prix, légèreté, simplicité | oui | le même : solide, léger, peu encombrant |
réchaud | wild woodgas stove nouvelle version | envie d’essayer | oui | je repars avec. Après par temps très humide, ça n’est pas toujours évident et on a tendance à manger froid… | |
sac à viande | thermolite | ayacucho | Car j’avais froid + le seul que j’ai trouvé sur la route | oui | apporte réellement un peu de chaleur, matière agréable au toucher notamment au visage par rapport à celle du sac de couchage + matière « élastique » donc facile à enfiler et enlever |
1 commentaire
Bonsoir…madame…
Superbe experience et defi..bravo.☺
Avec un pot 300kms en 4 jours …seulement…certes(62…uniquement… bethune /doudeauville /samer/devres/hardelot…et retour bethune.
Avec des cotes a 10%…chiantes a monter et descendre…car moi vtt decathlon serie t a 10€ rachete(et a 25ans).+remorque maison 45kgs….soit 30kms a pieds a monter les cotes …et 4 jours pluie et vent…
Puis mon potT avec son velo de facteur +saccoches +grosse saccoche care devant et derrire…mais au final ce defi heureux…
70kms aller 9h… et 70retour 7h30..
Aux plaisirs fx