Qui n’a jamais rêvé d’un voyage pêche à la mouche en Irlande? Stéphane Mari nous partage son expérience de ce séjours pêche à la truite et brochet sur les rivières et lacs d’Irlande.
Voyage pêche à la mouche en Irlande
Cela faisait longtemps que je rêvais de faire un voyage de pêche à la mouche. Autour de moi plusieurs copains étaient déjà partis, en Slovénie, Suède, Etats-Unis, Argentine… A chaque fois c’était la même chose : une expérience unique, des coins magnifiques, des poissons mythiques. Voyager ne me pose pas de problèmes, la question était plutôt où et avec qui ? L’occasion s’est présentée en 2010, avec 3 copains de pêche :
Stef, ça te dirait de venir avec nous en Irlande, une semaine en septembre avant la fermeture ? On a toutes les infos nécessaires, yapuka ! C’est parti !
Hébergement en Irlande pour votre séjour Pêche à la mouche en Irlande
Au programme, départ de Carcassonne avec Ryan Air pour arriver à Cork. Sur place, location d’une voiture (mitsubishi Grandis, c’est impeccable pour 4 personnes, faut juste s’habituer à conduire à gauche) puis route en direction du comté de Tipperary (c’est au milieu de l’Irlande) pour arriver au cottage tres sympa et pratique, au gite chez Kevin et Bernadette .
Cette adresse est très recommandable pour plusieurs raisons. C’est très beau, très pratique (on était en mode gite, 2 chambres, 2 salles de bain, 1 cuisine). Et surtout, la propriété se trouve à la confluence de la Suir (fleuve à saumons mythique en Irlande) et de la Tare, petite rivière qui ne paie pas de mine mais dont je reparlerai plus loin. Du coup les propriétaires ont les droits de pêche pour ces 2 cours d’eau tout le long de leurs terres (plusieurs km) et la pêche est donc gratuite pour les clients qui habitent dans le cottage.
Commencer votre séjour Pêche à la mouche en Irlande par La Suir à Kilmaneen
A ce niveau, la Suir est plutôt large (en tous cas pour un habitué aux rivières cévenoles), assez uniforme, les postes ne sont pas très marqués, les poissons peuvent être partout même si les gobages se trouvaient en général pas trop loin des bordures. Les fonds, assez peu rocheux, sont tapissés de grandes herbes (un genre de renoncules). On a pêche plusieurs fois ce parcours, le matin ainsi que l’après midi.
Malgré des conditions météo assez difficiles (vent et pluie, classique pour l’Irlande) on a tous pêché en sèche, sur des poissons bien actifs. La principale difficulté sur ce parcours était la présentation de la mouche : il y a une multitude de veines d’eau qui entraînent très souvent des micro-dragages et les truites, peu regardantes sur le modèle de mouche, étaient par contre très sensibles à la présentation. J’ai eu droit à me plus beaux refus !
Encore une fois, pour un pêcheur de petits cours d’eaux accidentés avec des coups très marqués et rapides, ce type de pêche est un sacré challenge au début. Concernant les imitations, à cette époque de l’année on trouve surtout des midges et j’ai surtout pêché avec des petites émergentes grises (corps en opossum, toupet en cdc partagé en 2 façon Marc Petitjean). Les poissons sont magnifiques, et très colorés.
Question matériel, deux incontournables pour pêcher en Irlande:
une veste imperméable (il fait beau plusieurs fois par jour…) et surtout, surtout, le bâton de wading. J’ai longtemps considéré que c’était un gadget pour « chapeau à plumes » mais j’ai très vite compris que c’est en fait un vrai accessoire de sécurité. Dans ces rivières très larges, la progression dans un courant assez fort avec de l’eau à mi-cuisse peut très vire devenir périlleuse… Si on ajoute à cela le fait que l’eau peut être relativement teintée (naturellement ou suite à un orage) et qu’on ne voit pas où on met les pieds, on comprend facilement l’utilité ce cet ustensile. Je ne vais plus à la pêche sans mon bâton depuis ce voyage.
Ensuite par La Suir à Holycross
Le troisième jour (il me semble…), départ pour Holycross, situé assez loin en amont sur la Suir (remonter jusqu’à Cahir, puis prendre direction Cashel, traverser la ville et filer droit vers le nord jusqu’à Holycross). Achat du permis au pub du village (8-10 euros pour la journée), et en avant ! Le temps était pourri, il avait plu très fort toute la nuit précédente. A notre arrivée l’eau était déjà un peu teintée, mais malgré tout plusieurs gobages juste devant la voiture nous donnaient le moral pour y aller. La matinée et le début d’après midi furent sublimes, de nombreux gobages, plusieurs gros poissons (40-45cm), des casses monumentales, puis le niveau est monté d’un cran, sifflant la fin de la partie.
Comme les jours précédents à Kilmaneen, les poissons montaient facilement sur des émergentes gris-clair, par contre la présentation devait être impeccable, ce qui devenait de plus en plus difficile avec le courant de plus en plus fort. L’eau, très teintée, favorisait les approches, tout en rendant la progression hasardeuse (le bâton ! le bâton !). Une journée très intense mais gâchée par la crue qui mettait en péril le reste du séjour.
Un autre vieux rêve : La pêche à la mouche en Irlande du Brochet
Cela faisait partie du mythe pendant ce voyage pêche à la mouche en Irlande: la possibilité de tenter le brochet au streamer en lac. Pour cela il a fallu se déplacer, un peu au-dessus de Limerick (côte ouest, un peu avant d’arriver dans le Conemara). Grâce à des conseils avisés nous nous sommes rendus dans le petit village de Corofin (Comté de Clare). Puis de là sur le lac de Atedaun (10 euros la journée avec barque à clins typiquement irlandaise). Le lac est en fait formé par une cuvette dans laquelle se déverse une petite rivière qui en ressort à l’autre extrémité. Des paysages magnifiques, genre Highlander, avec un temps très changeant. Bref, ce qu’on imagine de l’Irlande ou de l’Ecosse.
Le lac, bordé de roselières et de nénuphars, n’était pas profond (4-5 mètres maxi). Pour l’occasion j’avais monté quelques « monstres », par rapport à mes streamers de réservoir… Pas facile de lancer des gros streamers en lapin sur une petite barque, vent de face… J’arrive quand même à réaliser ce vieux rêve, me faire démonter par un bec sur du matériel léger, avec un streamer monté par mes soins. Par rapport aux brochets de chez nous (que je pêche beaucoup, aux leurres), j’ai été très surpris par la combativité et surtout l’endurance, digne d’un salmonidé.
Bernard, qui comme moi avait pris ses premiers brochets ce jour-là, a eu le mot de la fin :
« putain con, c’est vraiment des poissons préhistoriques !! »
En nymphe au fil sur la Tare
De retour au cottage après cette expédition brocheteuse, un rapide cou d’œil du niveau de la Suir nous indique qu’elle est en crue et donc impêchable (les saumoniers se frottaient les mains). Par contre la Tare, qui provient d’un autre bassin versant, est impeccable. Nous décidons donc de tenter cette petite rivière le lendemain, dernier jour de pêche. Cette journée de pêche restera, pour moi, un moment d’anthologie…
La Tare ressemble assez à une rivière ardéchoise de plaine, avec des eaux acides typiques (fonds rouges, eau couleur de thé). A notre arrivée nous nous séparons en 2 binômes, comme d’habitude. Puis nous commençons à pêcher, chacun sa berge, en sèche comme les jours précédents. Au bout d’une demi heure il est clair que cette technique n’est pas la bonne. Aucun poisson, aucun gobage en vue, aucun poisson dehors en activité.
Je décide de pêcher l’eau en nymphe au fil.
Ce n’est pas une de mes techniques de prédilection mais sans activité en surface et sans poissons à attaquer à vue il ne reste que cela… Je prends un peu de temps pour choisir un modèle suffisamment lesté par rapport à la rivière (hameçon de 16, corps en faisan, thorax gris-vert en phoque et bille en cuivre). J’ajoute un tout petit peu de pâte orange sur un nœud (pas un flotteur, juste l’équivalent d’un grain de riz) et en avant.
Premier lancé juste devant moi, dérive tranquille, tirée franche, pan ! Premier poisson ! J’exulte ! Les prises s’enchaîneront les unes derrière les autres, pratiquement à chaque lancer (oui, oui, j’exagère à peine !). Je passe une nymphe à mon camarade qui passera lui aussi un super moment en nymphe à vue. Rien de tel pour prendre confiance dans une technique.
Je ne compte jamais les poissons que je prends, mais là, c’était tellement improbable que je me suis mis à compter… A midi, donc après moins de 2 heures de pêche, j’en étais à 38 poissons… Franchement incroyable. Et tout ça sur un secteur de 1-2 km… On apprendra par la suite que les Irlandais ne pêchent quasiment pas les truites et que c’est des fous du saumon. Ce qui explique la densité et la relative facilité à pêcher. La Tare est une remarquable « spawning river » pour le saumon et il n’est pas rare de voir des dizaines de saumons remonter ce petit cours d’eau en novembre pour la reproduction. Bref, une journée mémorable.
Fin de mon voyage pêche à la mouche en Irlande
En conclusion, un voyage de Pêche à la mouche en Irlande magnifique, dans une région assez méconnue car moins glamour que le Conemara et ses grands lacs. Mais que je recommande tout particulièrement. Ce n’est pas très loin et pas très cher en définitive (en partageant les frais de location de voiture, de cottage et de nourriture, on s’en sort pour moins de 700 euros pour la semaine, voyage compris avec du low cost).
Au sujet du low cost et des contraintes de poids des valises, juste un détail important pour les non-habitués. Nous étions limités à 15 kg pour le bagage en soute (une grand sac avec waders, chaussures, cannes, linge, un peu de matos de montage…). On arrive très vite à 15 kg donc le jeu a consisté à traquer tout surpoids pour ne pas payer de frais supplémentaires, sur lesquels ces compagnies font leur beurre.
Penser à une chose : si à l’aller le sac fait 15kg pile, au retour, avec des waders et des chaussures mouillées, on dépasse facilement de 2-3 kg… Penser à ce détail, pour éviter des sketchs à l’aéroport, ou voyager directement en tenue de pêche…
Matériel utilisé durant mon séjour Pêche à la mouche en Irlande
LISTE | MODEL | MARQUE | ETAT | POURQUOI CE CHOIX | COMMENTAIRES |
WADERS | EVASION | JMC | 2009 | Rester sec dans la barque | Très léger mais remarquablement solide |
COLLANT | CAPILENE | PATAGONIA | 2006 | chaleur | |
CHAUSSURE | RIVERWALKER | PATAGONIA | 2007 | protection | Très légères, super grip sur rochers |
SOUS-VETEMENT | WARM | ODLO | complément chaleur | C’est top ! | |
POLAIRE | LE PLUS EPAIS | DECATHLON | 2009 | chaleur | ras |
VESTE | WADING VEST | PATAGONIA | 2006 | vent et pluie | Très légère, encombrement réduit |
CACHE-COU | DECATHLON | 2009 | protection | indispensable | |
BATON DE WADING | JMC | 2010 | securité | Incontournable pour progresser dans l’eau | |
GILET | PATAGONIA | 2006 | Bcp de rangements mais pas si pratique que ça. Poches assez mal disposées. | ||
CANNE STREAMER | SPM | JMC | 2009 | Superbe canne, facile, très tactile, très solide | |
CANNE RIVIERE | IMAGE 8′ SOIE 5 | JMC | 2010 | faible encombrement (3 brins), pas chère et suffisamment puissante | |
MOULINETS | OKUMA | 2006 | Pas chers, je n’en demande pas plus à un moulin | ||
SOIES STREAMERS | R2T 1 ET S4 ET S7 | JMC | 2008 | RAS | |
SOIE POUR SECHE | WF5 | AIRFLO | 2009 | RAS |
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