Julien Defois vous partage son récit de la traversée de la Grèce à pied sur le Pindus Trail.
Informations pratiques pour préparer le Pindus Trail
Dates :
Du 18 mai au 2 juin 2024
Lieu :
Grèce, massif du Pindus, également appelé Pindos.

Comment s’y rendre
Le point de départ de ce trek en Grèce est officiellement Delphes. Mais l’itinéraire est en cours de finalisation (2024). A l’origine, le départ se faisait à Amfissa.
Il est tout à fait possible de se rendre en avion en Grèce depuis un aéroport français. En général, vous atterrissez à Athènes. De là, vous avez un bus direct pour pour Delphes, bien connue pour son oracle, ou pour Amfissa.
L’autre option, celle que j’ai choisie, consiste à éviter les moyens aériens pour utiliser une association de trains et de bateau. Si, au départ, une de mes motivations trouvaient son origine dans un souci écologique, j’ai vite déchanté en réalisant le bilan carbone d’un trajet en ferry. L’avion n’est peut être pas si mauvais…Mais l’autre motivation consistait à prendre le temps, à faire l’expérience de la distance, de l’éloignement, de sentir davantage dans mon corps les kilomètres qui me séparaient de chez moi. Je n’avais pas envie d’immédiateté, je voulais que le transport soit un voyage dans le voyage, une expérience originale.

J’ai donc pris le train depuis Oulx (gare italienne la plus proche de chez moi), jusqu’à Bari (en passant par Turin) puis le ferry de Bari à Patras, avant d’attraper un bus pour Amfissa. Pour le bateau, j’ai utilisé la compagnie Anek à l’aller (bien, le bateau avait des douches pour les passagers qui ne voyageaient pas en cabine) et Adria au retour (sans douche).
Une fois à Amfissa, vous pouvez partir directement à pied et cheminer dans les oliveraies ou bien, comme moi, prendre un taxi pour accéder plus directement à l’entrée des Gorges de Rekia, au village de Viniani. Il s’agit pour moi du lieu où l’itinéraire commence à devenir sauvage. Le taxi coûte 20€ depuis Amfissa.
Meilleure période pour partir :
Je suis parti dans la deuxième quinzaine de mai. C’est assez tôt dans la saison mais j’ai eu de la chance : cette année l’enneigement ne battait pas des records loin de là. Donc je n’ai pas eu besoin de crampons.

Déjà mi mai, les températures assommaient le randonneur : dans les 35° en plaine. Plus tard en saison, elles peuvent devenir franchement trop chaudes.
Juillet et août sont donc déconseillés. Septembre s’avère un bon mois mais après l’été l’accès à l’eau peut se compliquer et les fleurs ont disparu. Personnellement, je préfère le printemps et ses longues journées égayées par une floraison abondante.
Participant au trek en Grèce

Julien, passionné de rando longue distance et accompagnateur en montagne dans le sud des Alpes
Où dormir sur le Pindus Trail
Le légendaire accueil grec
L’hospitalité prend tout son sens en Grèce. J’ai vraiment été surpris par la gentillesse et la générosité très spontanées des grecs rencontrés sur le chemin.
A de très nombreuses reprises, j’ai reçu des cadeaux comme des boissons ou de la nourriture, voire même une fois de l’argent pour m’offrir une boisson. Mon allure ne trompait pas : un étranger et un randonneur. Cela suffisait à déclencher des élans de générosité simple et sans attente : un coca, un morceau de tarte aux épinards, de l’eau. Des échanges touchants fait avec la seule intention d’être sincèrement généreux. J’ai très rarement expérimenté cela dans mes voyages et je suis très reconnaissant envers ces grecs qui n’étaient pas plus riches que moi (voire peut être moins) et qui partageaient très spontanément avec un étranger. Voilà un vrai atout pour ce pays.
En bivouac
La Grèce est un paradis pour le camping sauvage. Je n’ai eu aucun problème à poser ma tente où que ce soit. Ceci étant, mon trek en Grèce était assez précoce donc les troupeaux n’étaient pas encore montés. Car la Grèce possède, comme chez nous, une solide tradition pastorale.

J’ai souvent posé la tente dans des villages, pour l’accès à l’eau et surtout à la nourriture (voir chapitre suivant). Les habitants se sont montrés accueillants, m’indiquant où dormir. Question sécurité, la Grèce est sûrement le pays où je me suis senti le plus tranquille en Europe. Dans le palmarès des pays les plus sécures du monde, la Grèce se classe en deuxième position après le Japon (d’après une étude faite par moi-même à l’issue de nombreux voyages). Je pouvais laisser ma tente aux abords du village, aller manger dans un magazi (voir plus bas) ou un restaurant, revenir et retrouver ma tente telle que je l’avais laissée.
A l’hôtel
Les hôtels sont globalement assez bon marché en Grèce. Vous trouverez une chambre individuelle pour 35€ avec petit déjeuner. Certains lieux, comme Karpenisi, sont un peu plus chers. Ils sont assez répandus mais pas forcément systématiques. Ceci dit, vous en trouverez aux étapes clé.
Ce trek peut donc se réaliser en allant d’hôtel en hôtel mais cela demande un peu d’organisation, surtout que les grecs ne parlent pas tous anglais.
J’ai passé 4 nuits en hôtel pendant mon trek en Grèce :
- Karpenisi, Valentini Guest House : très bon accueil et hôte qui parle français!
- Kali Komi, Hôtel Alkiviadis (2 nuits) : accueil mémorable, d’une gentillesse et d’une générosité absolue de la part de Thomas, qui possède cet hôtel. Habitué des randonneurs, il donne de bons conseils et fournit une aide précieuse. Le seul hôtel où vraiment s’arrêter.
- Metsovo, Hôtel Bitouni : accueil sympathique et chambres très bon marché.
A noter que j’ai également dormi au seul hôtel d’Amfissa avant le départ : hôtel Amfissaeum. Forte odeur de tabac dans la chambre mais unique option donc j’ai fait avec!
Oubliez les refuges sur le Pindus Trail
Vous verrez sur les cartes figurer des refuges. La quasi totalité est fermée définitivement. Le seul sur le chemin qui pourrait être ouvert se trouve proche du départ, à la sortie des gorges de Rekia : il s’agit du Refuge Giona. Je n’ai pas réussi à avoir la confirmation de son ouverture ou de sa fermeture. Il faudrait voir avec Terra Pindus (voir plus bas). De toute façon, en mai lorsque je suis passé, il était fermé : j’imagine que s’il ouvre, ce sera plus tard dans la saison.
Où manger et se ravitailler en Grèce
Sur le Pindus Trail, les possibilités de ravitaillement sont rares dans certains secteurs. Il s’agit donc d’un point à anticiper.
Epiceries et supermarchés
Voici les points où j’ai pu trouver des épiceries ou des supermarchés :
- Athanasios Diakos
- Karpenisi : supermaché
- Kerasochori
- Kalarrytes (au restaurant / guesthouse Napoleon Zaglis)
- Metsovo
- Samarina
La zone centrale du Pindus Trail s’avère donc très pauvre en épicerie / supermarché. Cela nécessite donc une certaine préparation ou bien (comme j’ai pu le faire) un peu de chance et beaucoup d’improvisation. Il existe deux options pour s’approvisionner sur le chemin: les colis ou les restaurants/magazi.
Colis de ravitaillement
Si vous souhaitez vous faire livrer des colis, cela ne va pas être une mince affaire! En effet, les bureaux de la poste hellénique ne sont pas légion sur le chemin. C’est le moins que l’on puisse dire. Vous en trouverez dans les grandes villes, c’est à dire Metsovo et Karpenisi. Par contre, il est possible de s’en faire expédier auprès des hébergements. L’hôtel Alkiviadis se fera un plaisir de garder votre colis de ravitaillement. Cependant, il faut anticiper un peu. Car le bureau de poste le plus proche de cet hôtel se situe à plus de 60km et la poste ne livre pas! Et puis, avec l’alphabet cyrillique, comprendre la poste hellénique constitue peut être la partie la plus difficile du voyage!
Restaurants et magazi
De mon côté, n’ayant pas du tout anticipé pour les colis, j’ai opté pour les restaurants et les magazi. Tout d’abord, quelques explications sur les magazi. La Grèce a conservé une tradition rurale vivace avec une vie communautaire active. Des lieux accueillent cette vie : ce sont les magazi. En quelque sorte, ce sont des cafés restaurants où l’on trouve une nourriture simple. Ils se situent sur la place du village et proposent parfois quelques produits d’épicerie simples. La plupart des villages en ont un mais ils ne sont pas tous ouverts. Certains villages sont en effet très désertés, comme Marathos. Vous pourrez donc y trouver de quoi manger : souvent une salade de tomates, des oeufs, des frites.

Les restaurants constituent une autre option valable. La carte s’avère souvent plus élaborée que celle des magazi. Vous en trouverez régulièrement sur le chemin et google les connait!
D’une manière générale, j’ai été un peu déçu par la nourriture car je m’attendais à des plats délicieux, bercé par la réputation de la cuisine grecque. Cependant, la chaîne des Pindos est reculée. D’où un accès limité aux denrées alimentaires pour les commerces et aussi peu de passage. Il faut donc s’attendre à une nourriture assez simple globalement. Mais c’est toujours suffisant et très bon marché. Et surtout sympa. Parmi mes plats préférés, le spanakopita (écrit comme je le prononce), la tourte aux épinards.
A court de nourriture sur la partie centrale, j’ai acheté de quoi pique niquer voire manger le soir dans les restaurants et les magazi. Toujours très facile. On trouve systématiquement du pain, des tomates et du fromage, parfois des gâteaux. De quoi se sustenter sans problème!
Caractéristiques du Pindus Trail
L’itinérance pédestre en Grèce
La Grèce est un pays magnifique, on le sait déjà. Mais ce que l’on sait moins, c’est qu’elle abrite de nombreux massifs montagneux culminant à plus de 2000m. Quand on regarde de près la carte, on s’en aperçoit en effet. Ces montagnes offrent un terrain de jeu magnifique, relié par de nombreux sentiers…sur le papier.

Car si la Grèce constitue une destination touristique majeure en Europe, ce n’est pas pour ses montagnes. Les sentiers furent assez nombreux à l’époque où les routes n’existaient pas. Ils reliaient donc les vallées entre elles et connectaient les populations. L’esprit du Pindus Trail se trouve dans cette ancestralité : il s’agit de reconnecter les terres et les gens. Mais cette entreprise constitue une tâche difficile : beaucoup de sentiers ont disparu avec le temps, même s’ils figurent sur la carte. D’autres sentiers luttent contre l’ensevelissement par la végétation ou la disparition à cause de l’érosion. Par conséquent, voir un sentier sur une carte ne signifie pas qu’un passage existe. Voilà un point important à savoir avant de se lancer.
Et puis les terrains s’avèrent parfois très compliqué, même si un itinéraire existe : raide, plein de cailloux, buis et autres épineux. Ce n’est pas toujours le cas, loin de là, mais il ne faut pas s’attendre à la facilité des sentiers que l’on trouve dans les montagnes françaises.
La randonnée se développe dans le pays. J’ai pu rencontrer fréquemment d’autres randonneurs, grecs, sur le chemin, dans les lieux les plus connus. Mais cela reste limité et les informations disponibles sont peu abondantes.
Le Pindus Trail
La chaîne des Pindus s’étend sur plus de 250km en Grèce et déborde également sur le sud de l’Albanie. C’est un massif sauvage qui se divise en sous massifs distincts avec des caractéristiques bien affirmées et très différentes. Les Pindus culminent au mont Smolikas, 2637m. Les vallées forment un réseau dense et difficile d’accès. Des routes existent mais elles sont peu fréquentées, ce qui rend le stop très compliqué. Surtout que cela ne marche pas forcément même s’il y a des voitures. De nombreuses pistes carrossables parsèment les montagnes : si elles les abiment un peu, elles présentent néanmoins l’intérêt de faciliter la progression du randonneur confronté à des sentiers difficiles.

La chaîne des Pindus présente une grande diversité de paysages : montagnes verdoyantes au Grammos, sommets calcaires élancés vers Giona, ophiolites orangées au Smolikas. Etonnamment, ces montagnes sont vertes, fleuries et présentent globalement des écosystèmes très similaires à ceux des Alpes. Il n’y a pas vraiment de continuité entre les massifs des Pindus et traverser des sections de forêts de feuillus et de collines pour rejoindre les montagnes s’avère indispensable. La partie centrale en est l’exemple parfait.

A l’origine, l’itinéraire créé par Tim Salmon (voir plus bas) partait de Amfissa pour rejoindre la frontière albanaise au Mont Grammos. Mais les récents développements menés par Terra Pindus (voir plus bas également) ont considérablement étendu l’itinéraire original pour créer une traversée de plus 600km au total. La construction du Pindus Trail est en cours et donc inachevée, notamment pour les sections les plus au nord et au sud. Le balisage est en train d’être posé, aux couleurs du rouge et du jaune. Parfois ce sont de simples rubans textiles noués aux arbres, parfois ce sont de vraies balises comme celles de sentiers de l’ouest de l’Europe.
Les sections

L’itinéraire officiel part maintenant de Delphes et court jusqu’à Lemos, à la frontière de la Macédoine et tout près de la frontière albanaise. Les sections permettent de ne faire qu’une partie de l’itinéraire, la plupart étant reliée aux transports en commun.
Les sections :
- Grèce Centrale : de Delphes à Karpenisi
- Les Mont Agrafa : de Karpenisi à Kapro
- Les monts Athamantian : de Kapro à Metsovo
- Les Pindus du nord : de Metsovo à Aetomilitsa (pas de transports en commun)
- Les frontières du nord ouest : d’Aetomilitsa à Lemos
Pour ma part, je n’ai pas fait la dernière section mais j’ai parcouru toutes les autres.
L’itinéraire se découpe également en 42 étapes quotidiennes. J’ai mis 15 jours (plus un jour de pause météo) pour rejoindre le Mont Grammos ce qui suppose des journées chargées mais il est évidemment possible d’aller plus vite!
Quoi d’autre dans les environs
La Grèce n’appartient pas aux destinations de trekking par excellence et c’est ce qui fait le charme du Pindus Trail!
Pour autant, les activités outdoor en Grèce ne manquent pas. Un autre fameux trek en Grèce s’appelle l’Epirus Trail. Certaines sections sont communes avec le Pindus Trail. Un peu plus court que son cousin, il présente un balisage plus développé car il est plus ancien. En randonnée plus courte, le Mont Olympe et ses 2918m vous feront accéder au toit de la Grèce et à un panorama divin.
Mais la Grèce constitue aussi une destination phare de l’escalade, que ce soit à Kalymnos, dans les Météores ou encore à Leonidio.
A noter que la Grèce, habituellement, reçoit de belles livraisons de neige et le pays accueille plusieurs stations de ski. Dans le secteur du Pindus Trail, je citerais d’abord la station du Mont Parnassos (le Mont Parnasse) et ensuite celle de Karpenisi.
Office du tourisme
La randonnée longue distance constitue un sport assez peu développé en Grèce. Vous trouverez donc peu d’information disponible à ce sujet, d’autant que l’office du tourisme, dans sa forme que nous connaissons en France, n’existe pas en Grèce. Il vous faudra donc vous débrouiller.
Bibliographie

Le Pindus Trail s’appuie sur un ouvrage anglophone intitulé « The Pindos Way », écrit par Tim Salmon, qui a découvert l’itinéraire. Aujourd’hui, le Pindus Trail s’affranchit du Pindos Way. Ce livre donne des informations intéressantes mais n’est plus vraiment à jour : sentiers effacés par la végétation, nouvel itinéraire, ancienneté. Pour ma part, je trouve que le site internet du Pindus Trail constitue un outil moderne et très pratique pour préparer son itinéraire.
Liens internet pour préparer le Pindus Trail
Le Pindus Trail est né de l’émulation d’une joyeuse équipe de passionnés très investis pour faire revivre des sentiers oubliés, développer une autre forme de tourisme en Grèce qui profiterait aux petites collectivités et promouvoir l’itinérance pédestre dans ce pays.

L’équipe organise des chantiers de balisage, d’entretien / débroussaillage des chemins et d’ouverture de sections encore inédites.
Mais cette équipe motivée ne s’en tient pas à cela et développe un site internet dédié, traduit en anglais et très bien fait (bien mieux que celui de l’Epirus Trail). Une carte interactive apporte tous les éléments utiles pour préparer son trek en Grèce, notamment les ravitaillements, l’eau ou les hébergements. J’ai eu la chance de pouvoir l’utiliser pendant ma traversée suite à des contact avec Terra Pindus, l’association qui gère le projet du Pindus Trail. Mais comme il est encore en chantier, sa publication n’est pas encore faite.
Je vous mets l’adresse ici, n’hésitez pas à consulter de temps en temps pour voir si le site est en ligne. La page Facebook est actualisée régulièrement et donne des nouvelles toute fraîches des travaux en cours.
Ceci étant, si besoin n’hésitez pas à contacter Terra Pindus. L’équipe vous répondra rapidement et s’emploiera à faciliter votre voyage. J’ai beaucoup apprécié nos échanges et l’aide apportée. Ils se donnent à fond et sont très attentionnés.
Récit du Pindus Trail

Amfissa. J’arrive au quasi point de départ après un long voyage. Aussi long que je souhaitais qu’il soit, pour mesurer pleinement la distance qui me sépare de chez moi, pour voir les kilomètres défiler à une allure qui me permettrait de les ressentir vraiment. J’avais quitté ma maison la veille à 2h du matin. Le reste n’avait été que transit, ponctué par quelques arrêts entre deux moyens de transport.
Je trouve en arrivant un hôtel, le seul de ce village totalement oublié du tourisme de masse. Un tour au supermarché, un restaurant et me voilà allongé dans un vrai lit. Vouloir ressentir les kilomètres constitue une entreprise louable certes, mais elle prélève son pesant d’énergie payé à grand coup de fatigue. Il me faut donc dormir parce que d’autres grands coups de fatigues m’attendent dans les jours qui viennent.
Départ apocalyptique

7h : le taxi qui me conduit à Viniani, à l’entrée des gorges de Rekia, véritable point de départ du trek, est ponctuel. Je suis à 20mn du départ à pieds. Après une solide carrière de randonnée longue distance, je ne suis plus en proie à l’excitation du départ, qui veut croire que ce que je vais faire sera absolument génial. Ces sentiments projectifs, ces anticipations parfois aveuglantes ne me sont que trop familiers. Je préfère un « On verra » très serein et pas moins joyeux : une connexion à l’instant présent. Impossible de savoir ce qui m’attend au prochain pas, au prochain kilomètre. Impossible de savoir quelle couleur prendra mon expérience. Je ne suis qu’une page blanche sur laquelle le sentier va graver ses souvenirs.
Le sentier n’est pas très connu ici mais les bénévoles de Terra Pindus ont bien fait leur travail : le balisage abondant garantit que je ne vais pas me perdre.
Le ciel se pare d’un étrange voile très gris. Le soleil semble là mais s’efface pour donner une lumière terne, comme si il n’avait plus la force d’éclairer la terre. J’imagine que si l’apocalypse arrivait un jour, le ciel aurait cette teinte. Mais cette fois-ci, elle attendra. Ce n’est que le désert saharien qui frappe à la porte de l’Europe, n’ayant que faire des vociférations politique contre l’immigration illégale. Il enverra son sable chez nous, que nous le voulions ou pas. Et le ciel ne semble pas très heureux de cette invasion.

Cette impression apocalyptique se poursuit sur le chemin. Les gorges sont sèches, l’eau semble avoir fondu. Des fontaines sont indiquées mais elles sont en ruine, tout comme d’ancien abris en bois, terrassés et maintenant en passe de redevenir de l’humus.
Surprises
C’est beau mais le ciel s’emploie à ternir la montagne, à l’affadir et convainc même l’esprit du randonneur de s’obscurcir lui aussi. Au sortir des gorges, la montagne qui s’ouvre desserre l’étau sur mon esprit. Je respire un peu.

Plus loin, c’est le refuge de Giona qui m’offre un magnifique cadeau : de l’eau. Elle commençait à manquer dans mes gourdes. A mesure qu’elle se vidait, une préoccupation remplissait l’espace laissé vacant : quand serait la prochaine source? Aucune de mes infos n’était fiable. Alors je célébrais lorsqu’un tuyau vint envoyer ces préoccupations à la corbeille.
Une montée plus loin, je débouchais sur un col et deux surprises m’attendaient. De l’herbe verte tout d’abord : jusqu’à présent je croyais être dans les Calanques tellement la végétation était méditerranéenne. Et l’herbe ne se contentait pas d’être juste elle-même : c’était aussi la maison de nombreuses fleurs dont les signaux colorés donnaient au randonneur un message clair. Les paysages méditerranéen restaient de l’autre côté du col. Et ce jusqu’en Albanie. La Grèce allait maintenant me faire voyager : je ne pouvais associer ces paysages à ce pays. Voyager, c’est faire tomber les murs de nos croyances pour voir un peu plus loin et jeter un regard nouveau sur le monde, plus proche du réel.

La deuxième surprise est humaine : je ne suis pas seul. Je tombe des nues. Aucune déception car je suis plutôt content de voir mes semblables ici. Une autre croyance tombe : les grecs randonnent. Et en nombre, surtout dans ce secteur pas si loin d’Athènes, où il est facile de venir sur le week end.
Accueilli
Me voilà maintenant en montagne. J’ai laissé les Calanques derrière moi. Le décor est somptueux, étonnant de verdure et de verticalité. Les fleurs venues en nombre assistent à mon émerveillement. Le sentier, bien que balisé, n’est pas toujours facile à suivre parce qu’il n’existe pas. Il faut alors ouvrir l’oeil à la recherche des bandes rouges et jaunes attachées aux arbres : exercice de présence.

Je finis par retrouver un vrai sentier et arrive dans un premier village. Il est 17h, j’ai déjà plus de 2000m de dénivelé positif dans les jambes et la faim me rappelle que la journée a été intense. Je prends la direction d’un café et cherche quelque chose à manger. Le meilleur menu, c’est celui que l’on trouve dans l’assiette des gens déjà attablés. Une sorte de feuilleté aux épinards retient mon attention. Mais ceux qui tiennent ce restaurant de village ne parlent pas anglais. Ce sont les deux personnes qui mangent ce feuilleté aux épinards qui me viennent en aide avec leur anglais excellent. Ils ne se limitent pas à ce service et m’invitent à leur table. L’échange est sympa, ils m’offriront même ce que j’ai mangé, après m’avoir donné leurs restes. J’avais faim, en effet.

Plein de gratitude, je quitte le village pour continuer ma marche. Je prends la route plutôt que le sentier : je ne le sens pas et j’ai envie d’avancer plus vite sur cette section d’intérêt modéré. Peu après la sortie du village, une table et une source m’invitent chaleureusement à rester là. J’hésite un peu mais mes atermoiements se trouvent vite démunis face à une averse.
Ce sera mon premier bivouac, à 40m d’une route.
A sec

Réveil sous le soleil. L’eau de la pluie a lavé le ciel, revenu de son apocalypse avec un grand bleu. Les premiers kilomètres durent sûrement plus de 1000m. Le bitume les rallonge, j’en ai la certitude. Passer par la route devait me faire gagner du temps, en plus de m’épargner une section un peu incertaine : je crois que c’est plutôt le temps qui me gagne en ce début de voyage. Il me faut souvent un moment d’acclimatation avant d’entrer dans la confiance du chemin. Lorsque je marche avec cette confiance alors je ne cherche plus à gagner du temps. Je n’en ai ni à gagner ni à perdre d’ailleurs. Je suis présent, simplement.

Une voiture passe et me délivre d’un coup de pouce de l’emprise du bitume. Me voilà à Athanasios Diakos un joli village fréquenté en ce dimanche. J’honore le lieu un moment car mon estomac avait requis un petit déjeuner complémentaire qu’un restaurant n’avait pas manqué de me donner.
Au dessus de moi, le col de Stravos qui ouvre sur une large vallée jalonnée de bergeries. Les sommets au dessus m’enchantent : du calcaire marbré de veines roses qui se baigne dans des prairies verdoyantes. Les paysages sont de toute beauté dans ce pays. Je poursuis en direction d’une bergerie abandonnée où je dois trouver de l’eau. La piste qui y mène a subi les affres du ciel et semble avoir été oubliée des humains. Je me demande si la fontaine qui doit se trouver à l’ancienne bergerie existe toujours. Je passe un premier point d’eau, complètement ruiné et m’inquiète pour la suite. A juste titre : tout est sec à la bergerie.

Sur les crêtes du Pindus Trail
Si je suis riche en paysages magnifique, je suis en revanche pauvre en eau. Et je n’ai aucune idée de la prochaine source sur la section qui s’annonce : 16km dans une zone très reculée avec un chemin en crête, typiquement l’endroit où l’on ne trouve pas d’eau. L’après midi sous la chaleur s’annonce plein d’incertitudes. Incertitude sur le chemin qui n’est maintenant plus très bien balisé. Incertitude sur le terrain qui s’annonce rugueux. Et bien sûr incertitude sur l’eau, qui ne s’annonce pas.

Mais l’incertitude ne se mélange pas toujours à l’inquiétude. Cette dernière n’aime pas la confiance, elle la fuit. Et j’ai confiance : l’eau viendra et j’ai encore des réserves.

Le terrain s’adoucit : me voilà dans les montagnes érodées du massif central. Les pics acérés s’éloignent. Quelques forêts de hêtres ponctuent mes passages en crêtes. Je suis seul au monde mais je suis entouré d’hêtres vivants. S’il y a des arbres, il y a de l’eau…Et je finis par tomber sur un minuscule ruisseau où je me délecte du plus simple breuvage qui soit.

La journée se poursuit sur les crêtes en suivant un chemin qui n’était pas certain de vouloir exister jusqu’au refuge abandonné d’Oxia où une source d’eau vient me donner tout ce dont j’avais besoin.
Rester sur le droit chemin
Aujourd’hui, je vais atteindre Karpenisi, la première ville du parcours. La seconde est bien plus au nord : Metsovo.
Un beau parcours en crête continue de se dérouler sous mes pieds. Si les montagnes que je foule n’ont rien de spectaculaire, elles se situent au milieu de massifs plus montagneux qui appellent mon regard, et aussi mes pieds. La Grèce se découvre sous un autre angle : celui d’un pays très montagneux. Mais la journée allait vite doucher mes velléités d’explorateur…Car toutes les montagnes ne se découvrent pas au gré de nos envies. Certaines aiment rester inaccessibles, secrètes, loin de la compagnie de humains.

Les fleurs se massent au bord du chemin. On dirait qu’elles sont venues me saluer et m’encourager : en faisant don généreusement de leur beauté, elles ouvrent mon coeur et impulsent une énergie très joyeuse dans ma marche. L’absence de spectaculaire n’a rien à voir avec l’absence de beauté.
Les crêtes cèdent à la place aux forêts, ultimes contreforts avant la ville et fournisseurs d’ombre en forfait gratuit et illimité. Quelques chemins coupent la longue piste que je suis, variante plus rapide que le Pindus Trail et surtout éloignée d’une grande route. Je prends confiance en ces raccourcis, quand bien même l’incertitude des sentiers grecs m’est parfaitement connue.

Une nouvelle occasion de couper dans la longueur s’offre à moi non loin du hameau de Kalithea. Le sentier que je vois ne figure pas sur la carte mais, convaincu par les réussites précédentes, je me lance et finit par comprendre que ce sentier ne mène pas là où je veux aller. D’ailleurs, je ne sais pas où il mène. Alors je vais couper dans la forêt. Mais, en réalité, c’est la forêt qui va couper à travers moi, entaillant ma peau très irritée par mes errements.
Regarder ailleurs
Une longue traversée de 300m de distance dans la jungle grecque me ramène sur une piste absolument délicieuse pour ma progression. Il m’aura fallu 45mn pour faire ces quelques centaines de mètres. La leçon de sentiers grecs est bien retenue.

Après une nuit agréable à Karpenisi, je reprends le Pindus Trail. A travers des montagnes couvertes de forêts, je m’abrite du soleil, cherche sans succès un sentier, réadapte mon itinéraire, traverse des ponts immémoriaux. Le Pindus Trail ne cherche pas toujours à donner au randonneur une récompense immédiate, telle que les paysages alpins ou pyrénéens peuvent en donner. Les habitués des montagnes grandioses devront porter leur regard ailleurs : sur les forêts sauvages, les terres colorées ou encore sur l’accueil généreux des grecs.

Car plus que les paysages, cette deuxième section me marque par la gentillesse des personnes rencontrées : une boisson offerte ou un accueil dans la cour d’école pour planter ma tente à Kerasochori.
Générosité
Une gentillesse qui transforme parfois une journée. Car les montagnes grecques exigent leur pesant d’attention, laminent les élans trop enthousiastes d’une promenade de santé et ramène le randonneur trop habitué au confort des sentiers français à une réalité parfois oubliée : marcher en pleine nature n’est pas toujours une promenade de santé.

Les sentiers s’effacent laissant place à un environnement naturel auquel je vais devoir m’habituer : boue, dévers raides, cailloux. La variante que je prends pour me rendre à Marathos s’avère très fréquentée : les mouches me tiennent compagnie par dizaines. Le sentier pour descendre vers le village n’existe pas : les cartes m’ont menti. Mon GPS semble aussi désorienté que moi, à tel point que je me demande si je vais bien arriver à descendre. Finalement, je trouve un itinéraire parfois très scabreux pour arriver au village où un chien méfiant m’accueille. Quand l’équipe du Pindus Trail me disait que l’itinéraire était en cours de construction, je crois qu’ils pensaient à ce genre de section. Effectivement, sur la carte du chemin, c’est une variante…

Mes genoux viennent de vieillir d’au moins 80 ans et, après le village, ce sont mes bras qui, à nouveau, sont maltraités par les buis voraces. Le soleil me matraque avec ses rayons invisibles mais puissants. Il me faut du répit. Il vient sous la forme d’une invitation.

Au fond de nulle part, un grec habite un morceau de la montagne et m’invite chez lui. Il ne parle pas l’anglais, il ne sait pas écrire non plus, même en grec. Mais il sait donner et c’est bien là l’essentiel : une boisson, puis une seconde, un sourire, de la simplicité. Mes batteries se rechargent.
Les montagnes secrètes

J’arrive dans le massif des Agrafa (que l’on pourrait écrire Agrapha). Un nom qui en dit beaucoup : A comme préfixe privatif et Grapha pour l’écriture. Agrafa, les montagnes non écrites, en dehors des cartes, secrètes. Et surtout reculées. Elles ont servi de refuge pendant les guerres récentes. On comprend vite pourquoi : une gorge étroite et difficile d’accès défend la localité d’Asprorema, autrefois habitée. Il faut couvrir par moins de 8 kilomètres dans ce terrain pour le moins rugueux avant d’arriver sur les flancs des montagnes. Aujourd’hui, je ne suis que de passage et me plains parfois de la rudesse du chemin que j’arpente. J’oublie vite mon inconfort presque indécent lorsque je pense à la vie de ceux qui résidaient là en permanence.

Secrètes, les Agrafa ne sont pas oubliées puisqu’un balisage sérieux conduit jusqu’au bout des gorges. Et puis le randonneur se retrouve soudainement livré à lui même avec l’arrêt du balisage : propulsé à l’âge adulte de l’itinérance, il n’a plus la signalétique maternelle pour lui tenir la main. Il faut donc parfois chercher, trouver sa voie, en inventer une, imaginer comment les anciens parcouraient ces terres d’altitude vierges des traces humaines.

De l’autre côté du col, des pentes plus douces me donneront l’occasion de contempler davantage et d’être moins focalisé sur la recherche d’itinéraire. Ce chemin m’interroge : si j’ai toutes les compétences pour évoluer hors sentier en terrain exigeant, suis-je vraiment venu pour faire cette expérience qui draine attention et énergie?
Cette question me taraude lorsque je quitte mon campement. Plusieurs itinéraires s’offrent à moi mais je suis échaudé par les dernières journées. Je vais donc sacrifier les cols et les hauteurs au profit d’un itinéraire plus bas et plus facile sur des pistes au moins pour la matinée. Aventure contre ennui. Je laisse mon esprit s’aventurer sur les montagnes alentour, imaginer un tracé, découvrir de belles vues pendant que mes jambes soufflent un peu. Momentanément.

Car il me prend l’idée de traverser le pont médiéval de Trizolos, une arche magnifique posée sur une rivière cristalline. Lorsque je le vois, il me semble que le pont ne tient que par miracle. Frêle et érodé, on pourrait croire qu’il ne va pas résister au poids d’un randonneur bien chargé. Pourtant, il a traversé les siècles bien mieux que je ne le ferais et dégage une sérénité rassurante. Son franchissement, facile et atypique, contraste avec les accès à ses deux bords. Une fois de plus il me faudra traverser des zones où je ne dois pas tomber, grimper des pentes exposées qui aimeraient peut être se débarrasser de moi à tout instant et bien sûr laisser un peu d’épiderme ça et là.

A la suite de cette nouvelle expérience, je poursuis sur du bitume parce que l’ennui me semble préférable à la mise en danger. Jusqu’au flanc d’une nouvelle montagne, Profitis Ilias que je gravis facilement. Devant moi, une descente de 1000m de dénivelé à l’appétit féroce. Ses pierres instables qui rendent les appuis incertains, ses pentes couvertes d’herbes hautes, ses flancs raides qui massacrent ma cuisses par gravitation dévorent mon énergie. Pourtant j’adore les descentes. Mais je finis celle-ci défait, les genoux douloureux.
Le temps du doute
Mais la vie offre autant qu’elle peut prendre. Ici, son cadeau se trouve être un hôtel placé là comme par miracle : j’aurais cru qu’il avait été construit juste pour ma venue. En effet, impossible de camper dans le secteur : pas de plat, pas d’accès à l’eau et pas l’énergie pour aller plus loin. Thomas fait partie des personnes les plus marquantes que j’ai rencontré sur le Pindus Trail. Il tient l’hôtel Alkiviadis à Kali Komi. Sa chaleur et sa gentillesse effacent mes dettes des jours précédents, me libérant du poids de ces journées trop exigeantes.

Thomas connait bien le Pindus Trail : il a rencontré plusieurs fois Tim Salmon qui fut le premier à tracer un parcours dans ces montagnes, accueille régulièrement les randonneurs, fait office de relais postal pour eux. Et il donne aussi beaucoup, avec simplicité.
En Grèce, ce que j’ai trouvé m’a beaucoup changé de mes expériences antérieures. Si les montagnes, belles et majestueuses, ne m’ont pas tant marquées, je reviens avec une richesse différente, humaine, humaniste, tissée dans ces rencontres et cousue de liens éphémères mais emplis de sens et de bienveillance.
Je décide de prendre un jour de repos pour me ressourcer et considérer mon voyage avec authenticité. Je souffre ici, plus que d’habitude, et la balance plaisir / souffrance penche nettement du côté de cette dernière. Mon voyage en Alaska m’avait emmené sur des montagnes rugueuses, sans aucune tolérance pour mes convictions optimistes et mon manque de préparation. Ici, je retrouvais un peu de cet Alaska, à ma grande surprise. Je n’avais pas vraiment envie de cette difficulté. Alors était-ce pertinent de continuer? Peut être que je m’étais trompé de destination…
L’épreuve du Pindus Trail
Face à ce dilemme, je suis libre : rien ne m’oblige à poursuivre. Je n’ai rien à me prouver et je ne trouverai aucun sens à poursuivre le chemin au nom du principe qui veut que l’on termine les choses que l’on commence. D’autres chemins m’attendent ailleurs si celui-là n’est pas pour moi. La question du sens me traverse : pourquoi suis-je ici? La découverte et le plaisir viennent en premier lieu répondre à cette question. Mais ils ne peuvent à eux seuls justifier ma présence ici car la marche, comme la vie, ne s’associe pas toujours au plaisir ou à la découverte.

Ce qui me vient alors tient au temps que l’on accorde à la vie pour se déployer complètement. La Grèce m’aura amené à lâcher sur cette satisfaction immédiate expérimentée dans mes montagnes et donc à laisser la possibilité au sentier d’être déplaisant par moment. J’accepte donc d’aller plus loin encore et d’expérimenter : je trouverai ma réponse plus loin, à la faveur de la persistance ou pas de cette insatisfaction et de ma capacité à l’accepter.

Le jour suivant n’apporte pas vraiment de réponse car je savais qu’il serait sans grand intérêt paysager et plutôt plat. Cependant, un pont arraché par les crues m’oblige à franchir la rivière à pied, donnant au menu du jour une saveur d’aventure qui relevait le plat principal. Et un stop impromptu par des français m’offre un peu de fluidité linguistique. J’arrive à Theodoriana : mon voyage va prendre un tournant.
Début des vacances
Mes réserves s’amenuisent : je n’ai plus qu’un repas du soir et plus rien pour le midi. Je plante donc la tente dans le village et trouve l’unique restaurant ouvert du village pour manger et me ravitailler. Devant moi : des montagnes jusqu’à l’Albanie ou presque. La traversée de la section centrale des Pindus s’achève et le sentier va me ramener en altitude.

Une fois passée l’épreuve du chemin, celui-ci semble se fluidifier. Les montagnes ne me résistent plus et déroulent sous mes pieds des itinéraires agréables. Mais point trop d’enthousiasme : il n’y a pas de chemin mais simplement un passage qui ne coûte pas un bras à mes genoux. Le parc national de Tzoumerka abrite des sommets sauvages que je traverse par le fil d’une crête ventée. J’y vécus une expérience extraordinaire : j’ai mis mes gants car il faisait froid. Je ne pensais pas que cette sensation pouvait exister dans ce pays en proie à la chaleur depuis mon arrivée.

Lorsque le chemin redescend, il me fait voyager dans le temps, sur l’antique chemin pavé récemment restauré qui conduit au monastère de Viliza et qui aurait pu servir de décor au seigneur des Anneaux ou à Games of Thrones. Plus loin, un pont improbable englouti par la végétation et les parois d’une gorge abyssale semble être devenu un morceau à part entière de la Terre. Accessoirement, il m’ouvre le passage vers Kallarytes, un très beau village préservé où je plante la tente sous l’oeil curieux d’un patou qui décide que je serai son ami.

L’endroit doit être touristique car c’est la première fois que je rencontre des étrangers depuis mon départ (mis à part les français qui m’ont pris en stop). Ils mangent comme moi au restaurant de Napoléon Zaglis, une institution locale qui n’a pas perdu son authenticité.
Voyage accompagné

En quittant Kalarrytes, je ne suis pas seul : le patou a décidé de m’accompagner. Elle est adorable mais je n’ai pas envie qu’elle s’attache à moi : cette chienne sans maitre est bien traitée et nourrie par les villageois. Je m’efforce donc de la chasser du mieux que j’ai pu. Mais elle s’accroche et, moi, je renonce. Je sens que c’est son souhait de venir avec moi, quoi que je fasse et je respecte sa décision, quand bien même elle me complique un peu la vie. Car j’ai peur qu’elle se fasse mal sur ces terrains pas toujours accueillants, qu’elle ne trouve pas à manger, qu’elle ne soit pas bien en résumé. Sans le vouloir, j’ai glissé dans un sentiment de responsabilité vis à vis d’elle. Ceci dit, elle semble heureuse de me suivre.

Quant à moi, une autre inquiétude me préoccupe : mes chaussures neuves au départ ont moins bien résisté que moi à l’âpreté des montagnes grecques. La semelle Vibram ne parvient plus à rester accrochée à la chaussure malgré des réparations de fortune et semble décidée à mettre un terme à son épreuve. Metsovo est à plus de 2 jours de marche : il faudra que mes chaussures tiennent.
Le cadeau des montagnes

Mais les montagnes font de leur mieux pour me ramener au présent. Aujourd’hui, elles sortent le grand jeu, entre sommets calcaires impressionnants, crêtes panoramiques et hauts plateaux d’altitude. Les doutes sont restés derrière moi, loin. Je suis content d’avoir persisté. Plus qu’ailleurs, les montagnes grecques exigent de l’humilité. Elles ne se laissent pas traverser facilement. Au contraire, elles exigent précautions et respect : il faut les connaitre avant de se lancer. La patience est aussi une forme d’humilité qui nous aide à accepter ce qui ne va pas à notre rythme. C’est la reconnaissance que nous n’avons pas pouvoir sur tout ce qui nous entoure. Evidemment diront certains mais la déclinaison pratique de cette proposition mériterait davantage d’attention car on ne sent rend pas forcément compte de notre volonté de contrôle.

Verlinga : sans doute un des plus beaux moments de cette traversée. il faut reconnaitre que le timing est parfait. En ce début de saison, des milliers de fleurs tapissent le fond de ce lac glaciaire disparu et surmonté par un sommet fièrement élancé dans le ciel. Vu de haut, on pourrait penser qu’il s’agit d’un lac de fleurs dans lequel on peut baigner nos yeux dans la lumière dorée des végétaux.

Trouver des solutions
Lorsque j’arrive à Metsovo, je suis soulagé : mes chaussures ont accepté de me porter jusqu’ici. Mais leur position est claire : elles n’iront pas plus loin. La suite ne fait aucun doute : je vais devoir aller à Ioannina, la grande ville du secteur, transporté par un miracle. Car les transports en commun sont rares en Grèce. Le miracle se fait : des gens rencontrés par hasard acceptent de me conduire là bas, à plus d’une heure de route. Charge à moi de trouver un autre miracle pour revenir ici. Mais tout s’effondre lorsque je consulte Google : les magasins ferment à 15h. Vous avez bien lu. Je ne pourrai jamais arriver à temps à Ioannina.

Mais un autre miracle survient. Metsovo possède bien son magasin de sport outdoor mais il est fermé aujourd’hui. J’explique mes malheurs à l’hôtel où je passe la nuit et un coup de fil plus tard, me voilà dans le magasin à essayer des chaussures. Je repars avec une nouvelle paire, une imitation insipide de marque bien connue mais avec une semelle qui tient. Voilà l’essentiel.

Pendant ce temps, je tente de trouver une solution pour le patou. Elle souffre d’une patte après ces 2 jours avec moi. Elle n’a pas sa place dans l’hôtel et elle est vertement repoussée. La pauvre est déboussolée, je redoutais cette situation, je ne sais pas quoi faire. Elle reste dans les parages et je me sens totalement démuni. Une idée me vient : je vais louer une voiture et la ramener à Kalarrytes. Elle le mérite bien, c’est une chienne adorable. Mais elle a disparu avant que j’ai pu concrétiser ce projet. Je resterai affecté par cette situation encore un bon moment…
Pindus Trail et Epirus Trail
Metsovo marque le début de la fin. L’Albanie n’est plus si loin et c’est la dernière ville avant la frontière. Après des dizaines de kilomètres sans supermarché, Metsovo met un terme à la disette et m’offre le nécessaire pour que je reparte avec un sac plus lourd. Point trop n’en faut : l’Albanie m’attend dans 4 jours.

Mais l’Albanie attendra que je la rejoigne. Mon présent se trouve dans de beaux massifs aux couleurs orangées. Après avoir traversé le haut plateau du lac d’Aoos, je gagne les Mavrovouni, montagnes noires en grec. Elles n’ont de noir que le nom, tant l’orange semble être la couleur dominante des roches. Le spectacle est grandiose depuis le refuge Mavrovouni, abandonné lui aussi, vers le lac et les montagnes alentours.

Au loin, l’orage vient me poser une question : oseras-tu poursuivre alors que je suis tout proche et que ton parcours est exposé? Je ne sais quoi lui répondre…J’hésite : le refuge offre une protection certaine contre la pluie et une proposition très raisonnable face à une situation qui menace. D’un autre côté, une intuition me pousse à continuer : voit-elle juste dans le ciel?

Finalement, je me mets en marche guidé par mon instinct. Je ne sais pas ce qui m’attend mais j’ai une compagne de marche : la confiance. Quoi qu’il arrive je saurais quoi faire.

Ici, le Pindus Trail partage son chemin avec un autre itinéraire longue distance : l’Epirus Trail. Celui-ci bénéficie d’un balisage impeccable. Je retrouve donc ici un chemin facile à suivre et propice à avaler les kilomètres pour gagner la course contre l’orage.
Pindus Trail, un itinéraire de luxe

La pluie crépite sur ma tente. Il y a un moment que je suis arrivé au bivouac, m’étant même offert une douche froide salutaire. Blotti sous mon duvet, je savoure le luxe immense d’avoir une toile au dessus de la tête, un matelas confortable sous le dos et une couche substantielle de plumes sur mon corps. Le luxe c’est aussi de n’avoir rien d’autre à faire que profiter de ce confort simple mais essentiel, d’entendre chaque goutte tomber, de donner toute mon attention à l’instant, refusant les avances humides du ciel qui frappe vainement à la porte de ma tente.

La pluie se retira pour de bon bon, peut être vexée par mes refus répétés et ma jubilation devant l’échec persistant de ses tentatives d’humidification. Je ne la reverrai plus de tout mon séjour.


Le soleil m’accompagne alors que je traverse le massif de l’Aygo, aux mêmes couleurs chatoyantes que la veille. Le vert de l’herbe qui célèbre le printemps, le jaune des fleurs qui salue le soleil et l’orange minéral qui met le feu à la Terre. Une ligne de crête ventée et solitaire me conduit au sommet du Vasilitsa avant de plonger sur Samarina, le plus haut village de Grèce, à plus de 1500 mètres d’altitude. Pour y arriver, j’ai le choix : un chemin de montagne au contour incertain et une route bitumée à la destination certaine mais au bucolisme inexistant. Je choisis la sécurité et finis dans la partie arrière d’un pick up sans rien avoir demandé. Un geste gratuit alors que je ne tendais pas le pouce : la nourriture du coeur abonde dans ce pays.

Le second plus haut sommet de Grèce
Fidèle à mes habitudes, je bivouaque aux portes de Samarina afin de bénéficier de l’eau, de la nourriture et des installations humaines. J’aurais trouvé de l’eau un peu plus haut dans un coin charmant mais rien ne l’indiquait : si vous lisez ces lignes en prévoyant de faire le Pindus Trail, sachez qu’à Ziaga Vrysi vous trouverez de l’eau et de l’herbe pour un beau bivouac.

Au dessus des forêts, la terre reprend son teint orangé si particulier. Les arbres se raréfient laissant à la roche safranée l’exclusivité du regard. A part quelques chamois, je suis absolument seul en ce samedi sur les pentes du deuxième plus haut sommet du pays. Il faut reconnaitre sa rugosité : pas vraiment de sentier, encore moins d’eau et un terrain qui s’évertue à limer les semelles des chaussures.

Un premier obstacle se dresse devant moi : un névé très raide que je dois traverser. La chute est interdite et la neige est très tassée. Je prends un risque certain mais le soleil a ce pouvoir d’adoucir beaucoup de choses dans la vie et la neige n’y fait exception. Mes chaussures mordent un peu, assez pour que je me lance et oublie tout ce qui n’a aucun lien avec l’instant présent. Le danger ramène à l’essentiel. Me voilà de l’autre côté, soulagé! Ensuite, je me fraye un chemin dans des pentes raides et instables qui ne supporteraient pas une inattention de ma part.

Et puis me voilà au sommet du Smolikas, entouré par une foule surprenante, qui n’est visiblement pas montée par le même chemin que moi. Les grecs n’étant pas timides ni froids, nous échangeons un moment avant que je me lance dans la descente.

Les deux visages du Pindus Trail

Devant moi, un véritable boulevard. Certes raide, la descente bénéficie d’un très beau sentier parfaitement entretenu et très fréquenté (eu égard au vide rencontré quotidiennement sur les sentiers locaux). J’en profite donc pour courir, manger au bord du Drakolimni, l’un des rares lacs du parcours (magnifique bivouac possible), continuer à courir vers Kerasovo puis retrouver la jungle grecque à la défaveur d’un sentier oublié. Le Pindus Trail présente deux visages : des chemins incertains qui sommeillent en attendant d’être entretenus et d’autres bien balisés qui n’ont aucune intention de laisser des souvenirs griffés sur la peau.

Je m’oriente difficilement dans ce paysage où la végétation a repris ses droits. Je redeviens un prédateur, guettant mes proies qui prennent la forme d’anciens balisages ou de cheminements possibles. De nouveau, alors que je passe sur l’autre versant de la montagne, mon chemin n’est plus une lutte. La journée s’achève dans un village, cela devient une habitude. J’installe ma tente dans la cour de l’école, cela devient une habitude. Je mange au restaurant du village, cela devient une habitude. Mais tout cela va bientôt prendre fin.
Albanie : quand le Pindus Trail s’achève

J’ai envie de finir ce chemin. Le point final se situe au Mont Gramos à la frontière albanaise. Je pourrais continuer plus loin mais je ne vois pas l’intérêt. Il me semble avoir eu mon quota de jungle pour un moment. Aetomilitsa se trouve être le dernier village après Droposogi, où j’ai passé la nuit. Il y a bien un chemin qui y mène mais je reste dans l’expectative quant à l’accueil qu’il va me réserver. Piquant ou coulant? Face au doute, je choisis la fuite et la facilité, un peu lassé des chemins qui n’aiment pas trop les randonneurs. Facilité à moitié car pour rejoindre Aetomilitsa je m’acquitterai de 17km de bitume. En effet personne ne monte là haut en voiture et ne peut me prendre en stop.

10 km : c’est la distance qui me sépare maintenant du Mont Gramos alors que j’arrive à Aetomilitsa. Il est 13h et je choisis de faire la montée sur l’après midi, en aller retour. Le Pindus Trail fait de son mieux pour que nous nous quittions sur une bonne impression : sentiers bien tracés, très agréables à pratiquer et surtout panoramiques. Les crêtes, c’est une valeur sûre pour laisser un bon souvenir.

Car cette ultime section se pose aussi comme un chemin du souvenir. Des tranchées, d’anciens abris et un mémorial témoignent de l’ultime bataille de la guerre civile grecque. Aujourd’hui, ces montagnes sont de nouveau paisibles, simplement perturbées par les pas d’un randonneur français qui a décidé de traverser une partie de la Grèce à pied. Devant moi, l’Albanie. Etrangement, j’ai atteint le terme de mon parcours mais je vais devoir continuer à marcher malgré tout. Aucun bus ne passe au Gramos, ni à Aetomilitsa : 30km me séparent de la prochaine route passante. Une nouvelle aventure m’attend.

Conclusion du Pindus Trail

Un chemin plein de surprises : voilà comment je pourrais considérer le Pindus Trail aujourd’hui.
Tout d’abord, la beauté et l’authenticité des montagnes grecques a complètement bouleversé mes clichés sur ce pays beaucoup trop marqué par le tourisme balnéaire et historique. Les beaux massifs que j’ai traversés offrent des paysages uniques, différents de ceux que je connais en France, et variés.
L’inattendu, je l’ai aussi trouvé dans l’accueil chaleureux des grecs et dans leur générosité. Une chose que je n’avais encore jamais vécue en Europe. Et même au cours de mes différents voyages sur les autres continents, cet accueil et cette générosité, simples et et sincères, ne sont pas monnaie courante. Voilà un des trésors de ce pays.

Je n’avais pas anticipé pleinement la difficulté du chemin. Il faut reconnaitre que les informations n’abondent pas, Facebook et Youtube ne s’intéressent pas vraiment au Pindus Trail. Les sentiers rugueux, à peine tracés, recouverts d’une végétation inamicale quand ils n’ont pas été effacés par les années, constituent une aventure par eux mêmes. C’est un point à considérer avant de se lancer. Le Pindus Trail évite de donner des récompenses immédiates et permanentes aux randonneurs. Parfois, il faut attendre, s’ennuyer un peu, souffrir aussi.
Bien sûr, je recommande ce parcours dans un massif loin des foules et du tourisme de masse. L’expérience authentique que l’on peut y vivre vaut largement les inconvénients du sentier. Elle est suffisamment rare pour être à elle seule une raison de faire le voyage. Et les belles montagnes qui jalonnent le parcours feront vite oublier les griffures des buis et les sentiers qui n’existent pas.
Matériel utilisé sur le Pindus Trail
Matériel de bivouac
Vous pouvez jeter un oeil au test de la tente Big Agnes Copper Spur HV UL 1 que j’ai utilisée pendant ce trek.
Catégorie | Marque | Modèle | Pourquoi avoir fait ce choix? | Ce choix a-t-il répondu à mes besoins? | Et si c’était à refaire? |
Tente | Big Agnes | Copper Spur HV UL 1 | Tente autoportante la plus légère du marché, grande abside et volumes généreux. | Dans cette nouvelle version, la tente me satisfait toujours autant, mis à part les sardines beaucoup moins efficaces. | Je ne changerais rien |
Duvet | Rab | Neutrino 400 | Un sac léger, avec un duvet de qualité et une température confort entre 0 et -5. | Un sac polyvalent et agréable, une très bonne résistance à l’humidité | Je ne changerais rien |
Matelas | Big Agnes | Zoom UL | Confort et légèreté | Matelas très léger, épais et isolé. Le gonflage est rapide. Confort pas toujours parfait, je ne saurais l’expliquer. Sensation très subjective en tout cas. | J’ai essayé le Rab Ultrasphere 4.5 et il coche toutes les cases, confort inclus. |
Réchaud | Jetboil | Minimo | Réchaud intégré, assez léger, très efficace pour bouillir de l’eau | 6 ans que je l’utilise et j’en suis totalement ravi. | Je ne changerais rien |
Equipement pour le Pindus Trail
Catégorie | Marque | Modèle | Pourquoi avoir fait ce choix? | Ce choix a-t-il répondu à mes besoins? | Et si c’était à refaire? |
Couteau | Opinel | N°7 | Made in France et léger. | Un produit solide et durable qui m’accompagne partout en montagne. | Je ne changerais rien |
Bâtons | McKinley | Migra 4 | Pliables sur 3 brins avec une poignée en mousse très confort | Bâtons grand confort, surtout pour moi qui m’appuie beaucoup avec la paume de la main sur le haut de la poignée. Usure rapide des pointes. | Je ne changerais rien |
Frontale | Petzl | Actik Core | Une frontale légère avec une batterie rechargeable et une très bonne autonomie. | Autonomie incroyable, une charge suffit pour un très long trek. | Je ne changerais rien |
Sac à dos | Osprey | Atmos 50 | Son confort remarquable. | C’est mon deuxième Atmos 50 et j’en suis toujours ravi. Il convient parfaitement pour 7 jours d’autonomie car son volume est très généreux. Confort impeccable et grande praticité: accès aux bouteilles d’eau, poches, accroches de bâtons sans poser le sac, etc. Cependant il est fragile au niveau du filet dorsal qui finit immanquablement par se trouer. | Je ne changerais rien |
Cuiller | Light My Fire | Spork Titanium | Très léger et polyvalent. | Parfaitement. | Je ne changerais rien |
Balise de détresse | Garmin | GPS Map 66i | Balise Inreach qui peut aussi servir de gps de secours si le téléphone est HS. | Utilisé en situation réelle de secours et cela fonctionne très bien même au fond d’une gorge. Par contre la version avec écran de navigation est vraiment lourde et encombrante. | Je prendrais un modèle plus léger. |
Vêtements utilisés sur le Pindus Trail
Catégorie | Marque | Modèle | Pourquoi avoir fait ce choix? | Ce choix a-t-il répondu à mes besoins? | Et si c’était à refaire? |
Short | Dynafit | Transalper Hybrid | Short long, léger, sans ceinture | Tout à fait | Je ne changerais rien |
Polaire | Haglöfs | LIM Mid Comp Hood | Une polaire ultralègère, zippée, avec une capuche pour gagner en thermicité | Absolument ravi de mon choix, pour 270g c’est parfait! | Je ne changerais rien |
Veste imperméable | Rad’ys | R1 X light tech | Une veste très légère (300g), super respirante et très imperméable. | Parfaite à tous les points de vue. | Je ne changerais rien |
Pantalon de pluie | Kalenji | Trail Running | Une couche imperméable légère pour les moments froids et pluvieux. Très bon marché pour un vêtement respirant. | Un vêtement étonnant par sa polyvalence. Aussi bon pour tenir chaud que protéger du vent ou de la pluie. | Je ne changerais rien |
Chemisette MC | Mountain Hardwear | Shade Lite | Grande respirabilité, meilleure protection dans le cou qu’un T Shirt et elle a du style! | Impeccable. Séchage très rapide, ventilation au top, gestion des odeurs parfaite. | Je ne changerais rien |
Doudoune | Cumulus | Incredilite Endurance | Légère (350g) et construite avec un duvet 850cuin qui apporte beaucoup de chaleur. Tissu imperméable. | Ma meilleure amie dans le froid, que ce soit le matin ou le soir au bivouac. | Je ne changerais rien |
Gants | Camp | G air | Gants légers et thermiques | Vraiment très solides et très adaptés à la randonnée estivale. Pas imperméables mais cela ne me dérange pas en été. | Je ne changerais rien |
Chaussures | Hoka | Trail Code | Confort, légèreté, stabilité. | Un modèle mid que j’ai testé pour ce trek. Une catastrophe car la semelle Vibram s’est décollée après 10 jours d’utilisation. Inadmissible et dangereux. | J’essaierais des Merrell Moab Speed ou des Brooks Cascadia |