Chris nous partage son expérience de sa sortie ski alpinisme au Grand Combin à 4314 m
Informations pratiques sur l’ascension en ski alpinisme du Grand Combin
Date :
16 et 17 mai 2015
Lieu :
Suisse-Valais-Alpes Pennines-Fionnay
Depuis Montpellier : avec péage : 6h 45mn, 565 km
sans péage : 9h 40mn, 572km
Participants:
Chris, Clément, Seb, Jean
Où dormir et se restaurer:
Refuge : Cabane FX Bagnoud (Panossière) : accueil vraiment très sympathique de la part de l’équipe des gardiens.
Prix : 69 francs suisses la nuitée en demi-pension
Où se renseigner :
Refuge : Cabane FX Bagnoud (Panossière) : sur le site même ou en appelant les gardiens.
+ 41 27 771 33 22
Caractéristiques du lieu :
Le grand Combin ou Combin de Grafeneire se dresse, isolé, entre le massif de Chamonix et celui de Zermatt. Du fait de son isolement, on ressent une forte impression de grandeur à son pied.
D’autres sommets à ses côtes portent le nom de Combin et sont réalisables à ski :
- Le Petit Combin (3663m) : mais attention dépose héliski à son sommet
- Le Combin de Corbassière (3715m)
- Le Combin du Meitin (3622m)
- Le Combin de Valsorey (4184m)
- Le Combin de La Tsessette (4135m)
Les deux derniers étant très facilement enchaînables avec le grand Combin, puisque situés de part et d’autre de l’arête.
Si on franchit la dernière ligne de crête visible par le col du Meitin (3611m), on accède à la mythique Haute Route du Chamonix-Zermatt.
Topo Internet
- Camp to camp : Combin de Grafeneire : couloir du Gardien
Outils à la préparation de course
- Météo suisse : souvent plus juste que météo France dans les zones limitrophes comme Chamonix.
- Bulletin d’avalanche sur le site du SLF :
Incontournable. En plus du bulletin d’avalanche, le site donne de précieuses informations comme l’enneigement à 2000m sur la Suisse, les chutes de neige cumulées sur 1, 3 et 7 jours, le pourcentage d’enneigement calculé par rapport à une moyenne pluriannuelle… Un bijou de précision.
- Cartographie : – carte de randonnée à ski en version papier : Swisstopo 283 Arolla : Les itinéraires à skis sont tracés. Les pentes de plus de 30 degrés sont colorées en rose.
- carte numérique : Swiss map on line : abonnement à l’année (49 Fs la première, 29 Fs les suivantes). Donne un accès illimité à toute la cartographie suisse, permet la construction d’une route GPS et son export ainsi que l’impression de cartes. Les itinéraires à skis et les pentes supérieures à 30 degrés sont affichables.
Notre ascension en ski Le Grand Combin
Le choix du sommet
La fin de saison de skis approche. Pas très garnie cette année…Nous sommes mi-mai : le moment idéal pour faire un 4000. En effet, plus tôt en saison, la neige trop froide, n’adhère pas aux pentes raides des glaciers et est balayée par le vent. Tout est alors en glace. Il faut attendre des chutes de neige plus humides… de la neige collante, pour garnir les pentes. C’est particulièrement vrai pour le Grand Combin avec son fameux couloir du gardien.
Le gardien du refuge vous le confirmera : « Avant mai c’est jamais bon, if faut attendre… »
Donc en skis pour un 4000, pour clore la saison. Pourquoi le Grand Combin ???? Parce qu’il est là certes…mais c’est aussi le cas des 81 autres sommets de plus de 4000. Et même après avoir éliminé ceux qui ne sont pas skiables, il en reste encore un certain nombre. Certainement parce que je l’ai déjà tenté il y a une vingtaine d’années et qu’en raison de très mauvaises conditions météo (brouillard intense et chutes de neige) nous avions rebroussé chemin non loin du refuge. Cela fait donc longtemps que je l’ai en tête…
De cette première tentative je n’ai presque aucun souvenir. Juste quelques bribes : un bivouac sur le parking et une montée très raide à travers les arbres pour monter au refuge…
D’ailleurs, de manière générale, de cette époque où j’allais où on m’emmenait sans me soucier de rien, je ne me souviens guère que des noms de sommets et de quelques maigres anecdotes… le reste (itinéraires, conditions de terrain,…) est effacé ou tout simplement pas mémorisé.
Vers l’autonomie en montagne
Depuis, certaines circonstances m’ont amené à organiser les sorties. Et de mes sorties je me souviens de tout… Avant je me croyais autonome… Mais suivre une trace en s’autogérant n’est qu’un aspect, une composante de l’alpinisme.
L’autonomie est une chose bien différente. L’autonomie c’est savoir prendre des décisions sur le terrain mais aussi chez soi au moment de préparer sa course.
On recueille des informations de type nivologique (risque d’avalanche), météorologique et cartographique (recherche et analyse d’un itinéraire). On envisage une course à partir du lundi, on valide le mardi, on remet tout en question le mercredi et on finit par changer d’objectif le jeudi… Jusqu’au dernier instant il faut s’adapter aux informations changeantes. Puis évidemment le jour J, on s’adapte aux conditions de terrain effectives en prenant à nouveau des décisions en fonction de critères objectifs.
Alors évidemment d’avoir le nez toujours fourré dans les cartes on retient mieux. On retient les noms de sommets, l’agencement des vallées, l’organisation des massifs montagneux et les cols qui les relient, les routes empruntées, les villes traversées… mais aussi les conditions rencontrées et on y associe un nombre beaucoup plus important d’anecdotes.
Premier jour : montée au refuge
D’après les informations que j’avais glanées, la neige devait se montrer aux alentours de 2000/2200 mètre d’altitude. Nous partons du village de Fionnay se situant à 1491m. Une bonne heure de portage nous attend donc…Nous décidons, en conséquence, de monter le chemin d’été, baskets aux pieds. Nous sommes le seul groupe à faire ce choix. Il est vrai qu’il faut porter les chaussures de ski en plus de tout le reste, mais nous sommes pleinement satisfaits de ce choix.
Lourdement mais efficacement, nous entamons notre montée au refuge Panossière- FX Bagnoud.
Dans une ambiance de plus en plus austère et humide (brouillard) nous prenons de l’altitude.
Finalement nous chaussons les skis à 2100m. Puis les enlevons par manque de neige et les remettons définitivement à 2300m. Entre-temps, un passage obligatoire sous une cascade nous a bien amusés. Bien mouillés aussi…
Le brouillard est de plus en plus intense. Nous suivons la trace difficile qui suit le chemin d’été sur l’arête menant au refuge. Demain nous découvrirons un magnifique vallon que nous aurions pu emprunter… Mais avec cette visibilité exécrable nous nous contentons de suivre la trace faite par d’autres…
Une fois parvenus au refuge, nous faisons sécher nos affaires. Et soudain, le miracle se produit… L’océan de nuage commence à se déchirer…et nous laisse admirer notre objectif de demain. La vue est réellement spectaculaire depuis notre terrasse panoramique. Nous sommes au cœur de ce cirque montagneux dominé par le grand Combin et son glacier. Nous avons une sensation d’ himalayisme : nous nous trouvons à 2641m d’altitude et droit devant, « il » culmine à 4314m sans qu’aucune arête, éperon ou montagne secondaire ne vienne le cacher. Plus de 1600m de différentiel … Gigantesque.
Rien que pour la vue, même si on s’arrête au refuge sans continuer plus haut on n’est pas déçu de l’ambiance.
Deuxième jour : le sommet (4314m), 1700m de dénivelé positif cumulé
Comme toujours en montagne il faut être matinal, très matinal. L’idée étant de redescendre tôt dans la matinée pour éviter d’éventuelles avalanches de neige humide se produisant aux heures chaudes de l’après-midi. Et de profiter d’une neige tout juste dégelée en surface : dans notre jargon on appelle cela de la « moquette », par opposition à de la « soupe » quand elle est toute molle.
Réveil : 1h50
Petit-déjeuner : 2h
Départ : 2h30
Nous nous dépêchons car le refuge est bien rempli, et pas loin de 70 candidats au même objectif sont présents…Nous partons les premiers. Nous suivons une trace existante sur le glacier plutôt plat menant au couloir du gardien. Les conditions de terrain sont excellentes : les crevasses du glacier sont très bien bouchées. Ce qui ne nous dispense pas d’être encordés, bien évidemment…
Rapidement nous parvenons au bout de ce premier glacier. A ce niveau du parcours deux itinéraires coexistent : le passage du corridor et le couloir du gardien.
Dès la préparation de la course, nous nous sommes interdits le passage du corridor tant il est exposé aux chutes de séracs (hauts comme des immeubles de dix étages) qui le dominent sur toute sa longueur. A la rigueur nous emprunterons cet itinéraire à la descente. L’exposition étant moins longue, puisque cela va beaucoup plus vite de descendre que de monter, la probabilité d’être au mauvais endroit au mauvais moment s’en trouve nettement réduite. Réduite mais pas nulle… Mais cinq à dix minutes d’exposition cela reste acceptable…
Donc sans hésitation nous entamons la remontée du couloir du gardien. C’est un passage en pente raide d’un dénivelé de 200m et d’une inclinaison de 40 degrés qui va nous permettre de prendre pieds sur le plateau supérieur du glacier et de là, gagner le sommet. C’est un itinéraire plus sûr que le premier. Plus sûr…plus sûr… Certes les séracs sont moins hauts, le temps d’exposition un peu moins long aussi. Mais le terme « moins dangereux » est certainement plus approprié que « plus sûr »…
Il va donc nous falloir optimiser au mieux notre sécurité. Pour cela : rapidité et choix de l’itinéraire.
La trace que nous suivions depuis le début a maintenant disparu avec le vent. Il nous appartient de faire la suite pour remonter le couloir. Evidemment faire la trace est plus difficile physiquement : on brasse, on s’enfonce dans 20cm de neige. Mais pour nous, c’est un luxe d’être les premiers et d’être les garants du cheminement. L’aventure n’en est que plus grande.
A nous d’optimiser l’itinéraire en cherchant à remonter le couloir le plus possible vers la gauche car de ce côté les séracs sont nettement moins hauts et moins surplombants. Puis en haut nous effectuerons une rapide traversée vers la droite et nous nous échapperons sur le plateau supérieur.
Vue la raideur de la pente (environ 40 degrés) nous déchaussons les skis, les chargeons sur notre sac à dos pour les remettre plus haut, et commençons notre ascension.
Entre temps le jour s’est levé, nous offrant un magnifique spectacle. Sortis du couloir, nous pouvons reprendre haleine. Le danger est maintenant en dessous de nous et le sommet aussi proche que débonnaire. C’est l’heure de la contemplation…
Puis Le sommet tant attendu nous accueille, non sans nous faire profiter de bonnes rafales de vent. Nous sommes à 4314m d’altitude. Il est 8h00. Pendant une bonne demi-heure nous pouvons en profiter seuls, tous les quatre…Car bientôt des hordes de skieur-alpinistes envahiront les lieux…pour profiter eux aussi.
Le sommet est un peu décevant, c’est plat… Cela manque un peu de verticalité à notre goût… La vue, par contre, nous comblera.
L’heure tourne, il est 8h45 : il est temps de redescendre. Nous n’avons le droit qu’à une seule descente (il n’y a pas de télécabine pour remonter), nous allons l’apprécier en prenant notre temps.
Et nous allons bien sûr prendre le luxe de faire de petites pauses sous le regard du maître de ces lieux…
La neige est comme nous la souhaitions : 100% moquette sur tout le glacier. Un peu croûtée dans le couloir du gardien mais bonne quand même.
Nous regagnons le refuge à 10h30. Nous retardons au maximum le moment où il nous faudra à nouveau nous enfoncer dans la mer de nuage. Puis, nous ouvrons grands les yeux, enregistrons une dernière fois la beauté des lieux et entamons notre descente.
Conclusion sur l’ascension en ski alpinisme au grand Combin
Le Grand Combin fait partie de ces courses que l’on ne fait généralement qu’une fois car l’idée de s’exposer à nouveau sous ces monstres de séracs en freine l’envie. Mais parallèlement, le plaisir et la gratification de l’avoir fait sont immenses.
Cela dit d’autres courses sont tout autant exposées, voire plus. Le mont-Blanc à skis par la traversée des trois monts est certainement bien plus dangereux car l’exposition sous les séracs est quasiment permanente à la montée comme à la descente. Pourtant on ressent moins le danger, on arrive même à l’oublier car celui- ci est plus sournois. Les séracs sont plus distants de la trace et de ce fait, on les ressent moins. Mais le danger est inchangé. Au grand Combin, les séracs sont oppressants et renforcent l’idée d’une épée de Damoclès même si l’exposition est autrement plus courte (200m de dénivelé… environ une demi-heure si la trace est faite).
On ne peut rester indifférent au spectacle que le grand Combin nous offre. Et à ce titre il est incontournable à tout amateur de ski-alpinisme…
Matériel utilisé pour Le Grand Combin en ski de rando
Matériel technique utilisé pour Le Grand Combin
catégorie | Modèle | Marque | Pourquoi ce choix ? | Satisfait ? | Si c’était à refaire ? |
Chaussures de ski | Maestral | Scarpa | L’amplitude du débattement, la rigidité et le poids | Très satisfait. Très grand maintien à la descente et très confortable à la montée. | Oui sans hésiter |
Skis | Alti powder | dynastar | Le poids, la largeur au patin (82mm) | Très satisfait mais maintenant dépassés | J’ai cassé un ski lors de cette sortie. Je vais racheter les Dynastar Cham 87 HM. La nouvelle technologie rocker en fait des skis redoutables. Même dans la neige croûtée ils déjaugent, rendant la skiabilité hors norme (je les ai vus à l’œuvre et déjà testés). Une révolution… |
Bâtons | Komperdelle | La longueur du revêtement en mousse pour les devers | Très pratiques et très agréables. La fonction télescopique est fiable contrairement à d’autres modèles. | Oui sans hésiter | |
DVA | ARVA advanced | Nic Impex | La facilité d’utilisation et les performances | Très satisfait mais aujourd’hui dépassé car n’intègre pas le mode multi victimes | Sans hésiter j’achèterai le Mammut Pulse |
Sonde | Black Diamond | La fiabilité de la marque Le prix | Très satisfait lors d’entrainements. | oui | |
Pelle | Komperdelle | Le poids | Résistante. La neige ne colle pas au plastique | oui | |
Baudrier | Aspect | Black Diamond | Le confort grâce au matelassage | Très satisfait au niveau du dos | Je rachèterai |
Corde 30m | Rando 7mm | Beal | Très satisfait | Oui | |
Sac à dos | Pro 40 (40 litres) | Millet | la robustesse | Très satisfait. | Je rachèterai, même s’il manque peut-être un vrai rabat… |
Crampons | Sarken | Petzl | La technicité | Très satisfait. Très bonne stabilité Sentiment de sécurité | Oui sans hésiter |
Piolet | Quark | Petzl | La technicité, le poids (550g) | Très satisfait. L’ancrage est excellent. Sentiment de sécurité | Oui sans hésiter |
2 Broches à glace (en cas de chute en crevasse) | Turbo express | Black diamond | La réputation | Très satisfait. Super pénétration dans la glace. Manivelle super pratique | Oui sans hésiter |
Jumar (en cas de chute en crevasse) | Petzl | La fiabilité de la marque | Encore jamais utilisé. A l’air plus fiable que ses concurrents | oui | |
Autobloquant (en cas de chute en crevasse) | Tibloc | Petzl | La fiabilité de la marque Le poids | Beaucoup plus facile d’utilisation qu’un nœud prussik | oui |
frontale | Tikka RXP E95 | Petzl | La puissance | Très satisfait. Véritable projecteur à pleine puissance | Oui sans hésiter |
Lunettes de soleil | Whoops | Julbo | La qualité du verre. Catégorie 4 | Très bon modèle. La protection est excellente en altitude. Les lunettes tiennent bien et ne glissent pas | Oui sans hésiter |
Vêtements utilisé pour Le Grand Combin
catégorie | Modèle | Marque | Pourquoi ce choix ? | Satisfait ? | Si c’était à refaire ? |
Pantalon | Eider | Tissu 3 couches avec membrane. Zip complet sur chaque jambe permettant une bonne aération quand il fait chaud La coupe | Très satisfait. Pantalon résistant | Oui, sans hésiter | |
Veste softshell | Evolv | Millet | Le tissu softshell | Très résistante depuis les nombre d’années que je la mets à l’épreuve | Oui, sans hésiter |
Veste Gore-tex | Alpha FL | Arctéryx | Poids (315g) et compressibilité La qualité de la marque | Très satisfait | Oui, sans hésiter |
gants | Séraction | Montain Hardwear | Précision et chaleur | Très satisfait. Gants ultra- précis : permettant de grimper, fixer des broches à glace, ouvrir/fermer une fermeture éclaire | Oui, sans hésiter |
Petits gants | Eider | Mitaine : permet de sortir ou recouvrir rapidement le bout des doigts. Tissu Windstopper | Satisfait du principe, mais déçu de la fragilité : tissu qui déchire et coutures qui se décousent | J’essayerai une autre marque. |