Arnaud Pasquer nous partage son expérience de l’ascension en Solo dans la face Nord de la Grande Casse
Informations pour préparer l’ascension de la Face nord de la grande Casse
Date:
31 Mai 2015
Lieu:
France, Rhône Alpes, Savoie, Grande Casse, 3855m, Parc de la Vanoise.
De Montpellier, 435 kms, 4h40 jusqu’à Pralognan la Vanoise.
De là il faut deux heures pour monter au refuge du col de la Vanoise.
Participant:
Arnaud Pasquer responsable de l’agence Pasquer Voyages et Aventures
Passionné de montagne mais surtout d’alpinisme, j’ai déménagé à Grenoble il y a quelques années pour vivre ma passion en me rapprochant des montagnes.
Je vis en effet à Grenoble depuis 3 ans, un formidable terrain de jeu local et un excellent pied à terre pour aller dans les Alpes.
Ou dormir dans le parc de la Vanoise :
Au refuge du col de la vanoise, un refuge tout nouveau depuis cette année et qui a remplacé l’ancien refuge. On y mange bien, le gardien et l’aide gardien sont aux petits soins pour nous !
Il ne me viendrait plus à l’esprit désormais de ne pas y manger par exemple en apportant ma nourriture (même si je l’ai déjà fait), c’est une marque de respect je trouve pour ceux sans qui la course serait plus difficile, s’il fallait bivouaquer par exemple.
Lorsque je vais en montagne, l’arrêt au refuge fait partie pour moi de la course, du plaisir d’être là-haut. Le soir lorsque le soleil se couche et que le silence se fait, j’adore me retrouver dans ces endroits, et déjà penser à la course du lendemain.
On peut aussi dormir la veille de monter au refuge (ou le lendemain de la course) à la station de Pralognan La Vanoise si l’on vient de loin et que l’on veuille prendre son temps.
Où se restauter dans le parc de la Vanoise :
La station de Pralognan La Vanoise, lieu de départ de la montée au refuge, est ouverte toute l’année.
Office de tourisme de la Vanoise :
Site internet de Pralognan la Vanoise
Caractéristiques de la Face Nord de la Grande Casse au Massif de la Vanoise :
800m de dénivelé d’une paroi en neige et/ou glace
Quoi d’autres dans les environs :
La grande casse se situe dans le superbe parc national de la Vanoise.
D’autre part le refuge du col de la Vanoise est le lieu de départ de nombreuses randonnées à ski (pointe de la réchasse par exemple), mais aussi d’autres sorties d’alpinisme, de randonnées à pied et d’escalade l’été (la célèbre traversée de l’aiguille de la Vanoise).
Bibliographie sur la Face Nord de la Grande Casse :
« Alpinisme en Vanoise », de Yannick Prebay et Dominique Mouchené, très beau livre des éditions Glénat, qui donne à chaque double page une idée d’ascension.
Lien Internet :
- le site du parc national de la vanoise
- une ascension filmée du couloir des italiens : https://www.youtube.com/watch?v=A0_WFtxGhO0
Ascension de la Face Nord de la Grand Casse en Solo
Qui n’a pas rêvé de ce sommet, plus haut sommet de la Savoie à 3855m, qui domine Pralognan et surplombe le refuge ?
La voie normale est un objectif de choix pour le skieur de fin de saison et je n’avais pas encore eu la chance d’y mettre mes spatules. Mais la face nord m’attirait tellement, avec ce superbe couloir des italiens, que j’avais envie de monter de ce côté, les skis sur le dos, et de descendre de l’autre côté, par la voie normale. Puis l’envie de réaliser cette face en solo est venue, et dès lors j’ai préféré ne plus porter les skis, et de le faire uniquement à pied, pour ne pas m’imposer de contraintes techniques supplémentaires.
Départ en stop samedi matin depuis Grenoble, avec mon matériel, limité au maximum sans négliger la sécurité. J’ai privilégié la légèreté pour être plus à l’aise, agile, et aussi plus rapide.
Je ne galère pas trop à part un peu dans la vallée qui mène à Pralognan, et j’ai la chance de tomber alors sur un couple qui veut justement skier la grande casse et qui monte donc à Pralognan. Cool !! Heureuse coïncidence.
Mon sac est assez léger donc je mets moins de temps que prévu à rejoindre le refuge d’où je peux tranquillement me reposer et observer la voie normale qui sera ma voie de descente. Elle est en bonnes conditions. Une cordée de skieurs venu repérer la face en montant au col et qui redescendent du refuge me confirment que la face semble en bonnes conditions aussi.
Le départ est prévu à 3h. Je me lève à 2h afin de prendre le temps d’un bon petit déjeuner (sacré chez moi !) et ne pas être en stress. Devant, une cordée composée d’un fils et son père est partie bien en avance. Je les suis de loin, bientôt rejoint et doublé par deux skieurs. Arrivé au col, je constate malheureusement que le fils est malade, une des deux cordées doit donc faire demi-tour. Dommage mais sage décision. J’observe vite fait la face qui m’a l’air effectivement en bonnes conditions, et elle est magnifique ! Ni trop sèche, ni trop neigeuse, tout cela ne s’annonce pas trop mal !
Une 1ère traversée est à faire avant d’attaquer vraiment la face proprement dite. Je rejoins assez vite la cordée des deux skieurs et les dépasse. Forcément, tout seul, plus léger, ça va beaucoup plus vite.
La neige est quasi parfaite, la pente paraît sûre, les crampons s’enfoncent bien mais pas trop, je progresse bien plus vite que je l’avais espéré. Je prends un vrai et grand plaisir à grimper seul, avec comme un grand sentiment de liberté.
Le soleil se lève progressivement alors que je me trouve à la moitié de la face. C’est tout simplement magique d’être là et je me sens tellement bien !
Un petit passage en mixte facile puis de nouveau la pente de neige, qui se redresse. La partie qui peut être en glace est réduite à une dizaine de mètres et hormis une plus grande concentration sur ce passage, cela passe aussi bien. J’avais amené un brin de corde de 30m au cas où sur cette partie mais comme prévu cela ne m’aura pas servi. Il ne reste plus qu’à franchir la corniche menant à l’arête à un endroit où elle est plus fine et solide qu’ailleurs et me voilà sorti d’affaire. Quel bonheur !
J’aurais mis au final 1h30 dans cette face, alors que le topo annonçait entre 3h et 6h. Il est 6h30 et je suis au sommet de la grande casse, le ciel est limpide, c’est le bonheur.
Joie d’être au sommet si tôt aussi. Je redescends rapidement la voie normale croisant dans le bas des cordées qui montent encore, puis voilà le refuge où je ne m’attarde pas, et bientôt Pralognan où je reprends mon trajet en stop commencé la veille. J’arriverai à 13h à Grenoble, à l’heure où en cordée de deux je ne serai peut-être qu’au refuge à cette heure là. Et ça ce fut bien agréable aussi.
Conclusion sur mon Ascension de la Face Nord de la Grand Casse en Solo
Cela faisait 2 ans que j’avais envie de réaliser ce projet. Je n’avais quasi jamais fait de solo auparavant, ou seulement sur des courses faciles ou peu difficiles, mais cette face me semblait être un bon candidat pour m’y lancer. Un itinéraire évident, une ascension qui me tenait à cœur, des difficultés raisonnables qui me semblaient largement à ma portée mais qui demandaient néanmoins d’être concentré, des conditions qui pouvaient être supposées, calculées à l’avance ou déterminées au pied sur l’ensemble de la face. Tous les ingrédients étaient réunis pour en faire une belle course et un beau souvenir.
Néanmoins par deux fois j’ai hésité et je n’y suis pas allé, pestant contre ma trop grande prudence ou mon manque de courage. Je n’étais pas prêt. Ce printemps, je l’étais et j’ai attendu que la météo soit parfaite et que les conditions soient celles que j’avais imaginées.
Cette ascension m’a comblé au-delà de mes espérances et même si cela peut paraître anodin ou classique de faire cette face en solo pour moi cela m’a procuré une satisfaction nouvelle. Je n’ai pas l’intention d’en refaire régulièrement mais cette sortie avait une saveur particulière.
Matériel utilisé pour l’Ascension de la Face Nord de la Grand Casse en Solo
Catégorie | Nom du modèle | Marque | Pourquoi avoir fait le choix de ce modèle au départ | Est ce que ce choix a répondu à cette expérience raconté dans ce roadbook | Si c’était à refaire |
Crampons | Lynx | PETZL | Marque fiable et ces crampons sont polyvalents. En deux pointes ou une pointe pour la cascade technique, les pointes sont fines en largeur mais très sures. Elles mordent et s’enfoncent beaucoup plus facilement que des pointes classiques. L’angle par rapport à l’horizontal est moindre facilitant la tenue dans des positions plus verticales. Ce sont les crampons que je prends pour des ascensions plus techniques ou que je veux sans fausse note. | Parfaitement adaptés mais je le savais car je les utilise depuis 2 ans. Pour cette ascension en solo je voulais utiliser mes meilleurs crampons. | Je les garde ! |
Piolet | Quark | PETZL | Pour sa légèreté et sa technicité. C’est le meilleur piolet pour des goulottes ou faces raides. | Choix parfait. Ce piolet est léger mais parfaitement équilibré. Il est parfait pour des courses de ce genre où l’on peut rencontrer certains passages plus raides ou en glace. | Je prendrais le même car un piolet plus technique comme le Nomic serait inadapté et un piolet droit pas suffisant. A prendre par paire bien sûr. |
Veste | Ultimate Hoody | MAMMUT | légèreté | Veste agréable et légère à porter. | A moins d’être sûr de la météo, une veste un peu plus chaude peut être préférable. Mais pour cette sortie, elle était parfaite et a contribué à mon impression de légèreté. |
Pantalon | Cosmic Gtx | MILLET | Sa polyvalence et le port de bretelles, permettant de garder le pantalon haut au niveau des hanches | Ni trop chaud, ni trop froid, agréable à porter | Il manque à ce pantalon des renforts sur le bas afin de protéger efficacement des coups de crampons. |
Broche à glace | Express ice screws 13 | BLACK DIAMOND | Pour moi les meilleures broches à glace que je connaisse. Faciles et rapides à placer, c’est ce qu’on demande à cet élément essentiel de sécurité. | On gagne en sérénité à utiliser de bonnes broches. | J’en avais pris deux, elles n’ont pas servi, mais il ne faut pas faire l’économie d’une. |
Gants | Arc Glove | BLACK DIAMOND | Adaptés à mes mains. Il est important d’avoir des gants à sa taille, ni trop larges, ni trop serrés. | Un peu trop chaud. | J’ai une paire plus fine qui aurait été plus pratique pour manier le piolet sans arrêt. |
Sous-vêtement | M int | ICEBREAKER | respirabilité | bien mieux que le coton | Assez cher mais une fois adopté c’est bien agréable et léger… |
Micro polaire | Micro jacket | MOUNTAIN EQUIPMENT | légèreté | confortable et presque aussi chaude que des polaires plus épaisses | Je la prendrai même si elle est resteé dans le sac après le col et si elle n’est suffisante que pour des sorties sans froid. |
Coinceurs | Camalot | BLACK DIAMOND | sa réputation | une valeur sûre, c’est fiable et robuste | on n’en a eu l’utilité que deux fois, notamment pour renforcer un amarrage du bateau ! |
Arva | Sport | PIEPS | C’est mon nouveau DVA | Plus pratique que mon ancien modèle analogique. | obligatoire mais plusieurs modèles et marques se valent |
Pelle | Plume | ARVA | son poids | Nécessaire d’avoir toujours une pelle dans son sac, ne serait-ce que pour pouvoir porter secours à quelqu’un. | J’éviterai. Le manche en carbone est trop fragile. |