Jérémy BIGÉ nous partage son test de la doudoune Microlight de chez Rab après 90 jours d’utilisation lors d’une grande traversée à pieds de 2000 km des Monts Célestes du Kirghizistan au Tadjikistan.
Présentation de la marque Rab
Personnellement, j’associe depuis longtemps la marque Rab aux vestes en duvet. Il n’est pas rare de croiser son logo aussi bien dans les transports en commun qu’au milieu d’une grande voie. Mais il faudrait plutôt associer Rab de façon plus générale aux équipements qui requièrent du duvet tel que les doudounes, mais également les sacs de couchage. Et cette ligne de mire de garder l’utilisateur au chaud ne date pas d’hier.
Origine de la marque
Dans les années 70, Rab Carrington était une figure de l’alpinisme et de l’escalade. Grimpeur émérite qui a fait ses preuves dans les Alpes, en Himalaya ou encore dans la cordillère des Andes. Fort de son expérience de la montagne, il développe une certaine exigence pour les produits qu’il veut utiliser. Quoi de mieux que de confectionner soi-même un produit pour répondre aux technicités de son propre cahier des charges ?
La marque Rab est officiellement lancée en 1981 après des retours plus qu’encourageants sur les premiers sacs de couchage et vestes en duvet artisanaux, de la part de la communauté des grimpeurs. Le grenier devient usine et Rab Carrington bâtit sa réputation : du matériel technique sur lequel on peut compter.
Depuis les années 80 et jusqu’à aujourd’hui, la marque n’a de cesse de chercher l’innovation technique qui fera des ses produits une révolution dans le milieu de l’outdoor. De nouveaux tissus, de nouvelles technologies d’isolation voient le jour et donnent naissance à des produits emblématiques de la marque telle que la veste Microlight Alpine. Depuis 2020, la marque accorde une importance primordiale à son impact environnemental et vise la neutralité carbone pour 2030.
Présentation de la doudoune Microlight de Rab
Caractéristiques de la doudoune Microlight de chez Rab
La veste en duvet Microlight de chez Rab est annoncée comme le vêtement polyvalent à avoir toujours sur soi. Seulement 400 g comprenant 134 g de garnissage (taille L) en duvet, 700 cuin et un tissu extérieur en nylon antidéchirure Pertex® font d’elle un must pour ceux qui se frottent à des conditions de terrain et de climat rigoureuses. Le tout, garanti 100% recyclé pour un plus faible impact environnemental. À noter : ce modèle est sans capuche.
Voici les caractéristiques de la veste Microlight selon Rab :
La doudoune Microlight de Rab en détail
Grâce à son tissu extérieur en nylon antidéchirure Pertex®, la veste est résistante à bien des épreuves, à commencer par le déplacement en montagne. Cette caractéristique est précieuse quand on sait la fragilité des doudounes classiques face à un rocher ou des broussailles. La répartition de son duvet 700 cuin hydrophobe est méticuleusement pensé : la taille des compartiments est adaptée selon la zone du corps pour apporter la chaleur nécessaire sans volume inutile. Un système de serrage efficace et trois poches viennent ajouter une peu de praticabilité au vêtement ; un bon moyen de garder du matériel ou ses mains au chaud. Le tout est annoncé à 403 g en taille L.
En somme, la veste en duvet Microlight de chez Rab apparaît comme un ami fidèle pour les escapades en montagne, à la fois discret et sur lequel on peut compter. La doudoune est accompagnée de son sac de compression qui permet de compartimenter le sac à dos ou bien de la garder à porter de main, accrochée au baudrier par exemple.
Test terrain de la doudoune Microlight de chez Rab
Je recherchais une veste en duvet pour mon projet de 2022 : une traversée pédestre inédite de 2000 km depuis Karakol au Kirghizistan jusqu’à Douchanbé au Tadjikistan. Du fait de la technicité et du climat le long de mon parcours, mon cahier des charges était le suivant : une doudoune compacte et légère (entre 300 et 400g) qui me permette d’évoluer confortablement sous 0°C. Le poids de base visé pour mon sac à dos étant 5 kg.
Date : du 1er juillet au 27 septembre 2022.
Lieux : les montagnes du Kirghizistan (Monts Célestes) et du Tadjikistan (Pamir Alaï).
Activité : trekking.
Altitudes : de 1500m à 4300m.
Températures : de -5°C à 15°C.
Prérequis techniques
Comme pour un sac de couchage, c’est la qualité du garnissage (quantité et pouvoir gonflant (cuin) de la plume) qui garantit l’apport thermique. Ainsi, une veste garnie à 100 g de duvet 700 cuin n’aura pas les mêmes performances qu’une veste garnie à 100 g de duvet 900 cuin. La deuxième va gonfler d’avantage donc garder d’avantage l’air entre ses plumes donc elle sera plus isolante. Actuellement, les plumes au plus grand pouvoir gonflant sur le marché ont un cuin de 1000. Inconvénient : le prix !
Le tissu de la veste a un impact considérable sur le poids du produit. Plus il sera technique et donc léger plus il sera fragile et cher. On ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre !
Aspect environnemental
Avant même de regarder les performances d’un produit, j’aime regarder la prise de position et les actions de la marque quant à l’aspect environnemental et humain voir animal.
C’est bien beau d’avoir recours aux plumes mais d’où viennent-elles ?
En 2021, 53% du duvet utilisé par l’entreprise est du duvet recyclé. Les 47% restant sont natifs et respectent la certification RDS qui stipule que :
- Les volatiles ne sont pas plumés à vif.
- Les volatiles ne sont pas nourris de force.
- Les volatiles ont été traité avec respect tout au long de leur vie.
- Le duvet récupéré est un sous-produit de l’industrie alimentaire.
Les matériaux utilisés pour la fabrication de la doudoune Microlight de chez Rab sont garantis 100% recyclés. Le duvet a été récupéré lors de collectes de vêtements usagés au cours d’évènements outdoor (festivals,…). J’apprécie porter un vêtement qui n’a pas été créé à partir de rien mais qui est issu de matériaux auxquels on a donné une seconde vie.
Par ailleurs, toutes les commandes sont expédiées depuis l’Union européenne. La marque Rab propose également la réparation du matériel pour ne pas qu’il parte à la poubelle.
En résumé, la marque Rab a une implication environnementale forte et est transparente à ce sujet. Pour en savoir plus.
Performance thermique
La doudoune Microlight de chez Rab est annoncée garnie avec 134g (en taille L) de duvet 700 cuin pour un poids total de 403g (toujours en taille L). Compte tenu du pouvoir gonflant de la plume utilisée, ça n’en fait donc pas une veste pour les grands froids. Ça n’en fait pas une veste estivale non plus ! Elle est très polyvalente.
Sur le terrain, il faut bien différencier le statique du dynamique : en marchant, le corps émet de la chaleur et le ressenti ne sera pas le même que le soir au bivouac, à froid.
Note : la doudoune Microlight de chez Rab était la seule veste chaude dans mon sac à dos. J’étais en simple t-shirt dessous. Au plus froid, je vêtissais par-dessus ma veste de pluie. À prendre en compte dans les ressentis suivants car souvent, on utilise une doudoune par-dessus une polaire. Ce n’était pas mon cas.
En dynamique
Je l’utilisais le matin au départ du bivouac, lors de passages en hautes altitudes ou lorsque la météo se dégradait, sous ma veste de pluie. Il m’est arrivé de marcher sous la neige sur les hauts plateaux d’Ara Bel à 3600m d’altitude ou encore de passer des cols à plus de 4000m sous un vent froid et violent. Je n’ai jamais eu froid durant la marche avec des températures minimales estimées de -5°C. La veste a une coupe plutôt large et laisse largement la place en dessous pour une polaire. Je pense qu’avec une couche supplémentaire, il est possible d’être confortable en dynamique jusqu’à -15°C.
En statique
Presque chaque jour pendant trois mois, j’ai utilisé la doudoune Microlight de chez Rab au bivouac. Quand les températures s’approchaient de 0°C, je commençais à me refroidir. Soit je me mettais en marche soit je me plongeais dans mon sac de couchage. Il m’est arrivé un soir d’avoir froid. C’était mi-septembre à 3200m d’altitude dans une vallée très humide, sans feu et sans abris sous lequel me réfugier. L’humidité joue beaucoup sur le pouvoir gonflant des plumes et également sur le ressenti des parties à l’air (mains et visage). Je pense que le froid est plutôt venu par mes extrémités que par la veste humidifiée d’autant plus que ses performances face à l’eau sont remarquables.
En conditions humides
Il m’est arrivé de marcher des heures sous de grosses pluies, presque de la neige mouillée, à plus de 3000m d’altitude. J’avais beau vêtir ma veste de pluie, il arrive un moment où l’eau traverse. Surtout au niveau des extrémités des manches et dans le haut du dos, car il y a des frottements entre le sac et le tissu imperméable. La doudoune était donc mouillée à ces endroits. Pour autant, l’eau n’a jamais traversé et surtout je n’ai jamais eu la sensation de plumes mouillées qui auraient tendance à s’agglomérer.
Le duvet utilisé est rendu hydrophobe à la finition. Les plumes sont imperméabilisées par trempage et sont donc déperlantes. Ainsi, elles ne sont pas censées s’agglomérer en présence d’eau. C’est la garantie d’une doudoune durable qui va garder ses performances thermiques dans le temps. Sous condition de bon entretien.
Poids et compacité appréciables
Comme énoncé plus haut, je ne serai pas parti avec cette doudoune si elle ne remplissait mon cahier des charges en terme de légèreté. La compacité vient après mais est très souvent liée au grammage.
En taille S, le produit que j’ai reçu pèse 359g. Autant dire que pour une doudoune qui doit me tenir au chaud jusqu’à 0°C en statique, le marcheur léger que je suis est comblé. Même si, et je me fais avocat du diable, il existe des produits plus techniques sur le marché à l’image de la doudoune Zero G de Rab également (310g en taille L garnit avec 130g de duvet 1000 cuin !) bien évidemment au détriment de la robustesse et du prix. Un produit de ce poids, c’est la garantie de marcher léger sans s’embarrasser d’une veste lourde qui fait office de sauna à l’effort.
La compacité de la doudoune Microlight de Rab va de pair avec son poids léger. Pour la randonnée, c’est un point important. Une fois dans le sac à dos, elle prend peu de place et permet de voyager avec un faible litrage. Dans mon cas, cela m’a permis en partie de marcher 2000km avec un sac de seulement 30L. Et ce, sans me mettre en danger du point de vue des conditions !
Note : J’ai testé le modèle Microlight sans capuche, à ne pas confondre avec les modèles Microlight Infinity et Alpine qui possède une capuche. Pourquoi ce choix de ma part ? Le poids ! Pourquoi porter une capuche alors que je peux utiliser mon tour de cou lorsqu’il fait froid ?
Un design pratique
La doudoune Microlight de chez Rab possède trois poches principales : deux au niveau de l’abdomen et une au niveau de la poitrine à gauche. Cette dernière est très pratique quand les deux autres ne sont pas utilisables du fait de la ceinture ventrale du sac à dos. Aucun problème pour faire rentrer le téléphone dans la poche du haut où même quelque chose de plus grand. Idem pour celles du bas. Il m’est même arrivé d’y glisser mon appareil photo.
La veste est assez large et ne se porte pas très près du corps. Si c’était à refaire, je prendrais peut-être une taille en dessous (je fais 1m70). J’ai pu pallier cela grâce au système de serrage efficace au niveau de la taille. Moi qui aime porter mes habits près du corps, cela m’a convenu de procéder de cette façon. Aucun problème pour glisser une ou deux polaires en dessous.
Les élastiques au niveau des poignets ne sont pas trop serrés, ce qui permet de retrousser ses manches lorsqu’il fait chroid (chaud et froid en même temps) en plus de réguler la température avec la fermeture ventrale.
Une robustesse à toute épreuve
Trois mois d’utilisation intensive et pas une ride ! Une résistance à toute épreuve pour la doudoune Microlight de chez Rab et c’est bon de le souligner. Car elle en a vu des vertes et des pas mures.
Si ce n’est la poussière accumulée, la doudoune est comme neuve après 90 jours d’utilisation et ça, c’est fort. En 2018, j’ai traversé le Népal d’une manière similaire et j’étais rentré avec une doudoune trouée de part et d’autre. Normal, dira-t-on. Les kilomètres usent les corps autant que les équipements. Il ne faut pas s’attendre à rentrer d’une si longue marche sans dégât. Et pourtant ! Un coup à la laverie et c’est comme si aucun des évènements de cet été n’avait eu lieu : pluie, grêle, neige, broussailles, boue, frottements du sac, escalade et même jardinage.
La doudoune Microlight de chez Rab est bel et bien un équipement sur lequel vous pouvez compter à la longue. Aucune usure, ni des fermetures éclair, ni du tissu. Il faut dire que le tissu Pertex® Quantum a fait ses preuves. Coupe-vent, protecteur, compressible et inusable. J’ai beaucoup apprécié marcher en toute confiance malgré la rudesse du terrain et des éléments.
À garder à l’esprit
Quelques points à garder à l’esprit avant de passer à l’acte :
Il s’agit d’une doudoune en plume et non en duvet synthétique. Les performances thermiques et de compacité en sont améliorées mais il faut apporter une plus grande attention au matériel. Même si le duvet est hydrophobe, j’imagine qu’il perdra considérablement ses performances thermiques sous une longue et forte averse contrairement à une veste synthétique. D’où l’importance d’avoir une veste de pluie en plus dans le sac.
La doudoune Microlight de chez Rab ne comporte pas de capuche. Le poids est réduit mais le confort est moindre si vous n’avez pas l’habitude d’un tel produit. Pensez à emporter avec vous un bonnet et/ou un tour de cou.
La doudoune Microlight de chez Rab est très polyvalente, suffisante jusqu’à des températures légèrement négatives. Pour un climat plus froid voir polaire, il faudra opter pour un garnissage en duvet plus conséquent et/ou avec un cuin plus performant.
Conclusion sur le test de la doudoune Microlight de Rab
La veste en duvet Microlight de chez Rab a parfaitement rempli le rôle que je lui ai assigné pour ces 90 jours de marche à travers l’Asie Centrale : me garder au chaud et tenir le coup. Je l’ai porté un nombre incalculable de fois dès que le soleil passait derrière une montagne ou un nuage et que les températures chutaient, parfois en dessous de 0°C. J’ai eu beau me frotter aux rochers, aux broussailles ou encore à la pluie et à la grêle, elle n’a jamais bronché. Je la conseille donc pour tout baroudeur qui cherche chaleur, agilité et protection sans s’alourdir avec une tenue de cosmonaute ! Et la planète vous remerciera !
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