Jérémy BIGÉ nous partage son test du sac de couchage Rab Mythic Ultra 360 après 90 jours d’utilisation intensive lors d’une grande traversée à pieds de 2000 km des Monts Célestes du Kirghizistan au Tadjikistan.
Présentation de la marque Rab
Je croyais encore il n’y a pas si longtemps que les produits de la marque Rab se limitaient aux vestes en duvet. Erreur de ma part ! On retrouve dans le catalogue aussi bien des doudounes que des sacs de couchage et même des abris ! Aujourd’hui, Rab est devenu une référence dans le monde de l’outdoor et il n’est pas rare de croiser en montagne un intrépide arborant fièrement un produit de la marque !
Origine de la marque
Il faut remonter aux années 70 pour trouver l’origine de la marque. Celle-ci se trouve entre les mains d’un alpiniste et grimpeur de renom : Rab Carrington. En sillonnant et en ouvrant des voies dans les Alpes, l’Himalaya ou encore les Andes, il affûte son œil au sujet de l’équipement qu’il emporte et au regard des conditions souvent difficiles. De fil en aiguilles, il se met à développer ses propres produits répondant à ses besoins de baroudeur des cimes.
Sacs de couchage et vestes en duvet voient le jour dans le grenier de Rab Carrington et les retours de la part de la communauté des grimpeurs sont encourageants. L’aventure entrepreneuriale se poursuit. La marque est créée en 1981.
Rab est dorénavant une pointure de l’équipement dans le milieu du sport de montagne. À la recherche de la perfection, la marque met au point de nouveaux tissus, de nouvelles techniques, de nouvelles technologies à l’image de la Thermo Ionic Lining (TILT) abordée plus bas dans cet article. Depuis quelques années, le mot d’ordre est de réduire son impact environnemental. L’entreprise vise la neutralité carbone à l’horizon 2030.
Présentation du sac de couchage Rab Mythic Ultra 360
Caractéristiques du sac de couchage Rab Mythic Ultra 360
Le sac de couchage Rab Mythic Ultra 360 est présenté comme un équipement de bivouac aux caractéristiques sans précédent pour ceux qui chassent le moindre gramme. Avec une température de confort limite annoncée à -8°C pour un poids imbattable de 606g, la marque a repoussé les limites de la physique.
Voici les caractéristiques telles que décrites par la marque :
Le sac de couchage Rab Mythic Ultra 360 en détail
Pour arriver à une performance telle, il ne suffit pas de remplir un tissu de plumes. Tout a été étudié et optimisé pour arriver à un produit abouti qui frôle la perfection.
La technologie Thermo Ionic Lining (TILT) qui permet de réfléchir la température corporelle du dormeur booste les performances du sac de couchage. Pour obtenir une salade de cette qualité, voici les ingrédients :
- 360 g de duvet 900 cuin hydrophobe.
- Tissu extérieur en nylon ripstop anti déchirement et ultraléger.
- Tissu intérieur muni de la technologie TILT.
- Structure en chambres trapézoïdales pour empêcher le duvet de glisser ainsi que l’apparition de points froids.
- Design ergonomique.
Pour en savoir plus sur les sacs de couchage en plume Rab voici un article complet :
Test terrain du sac de couchage Rab Mythic Ultra 360
Conditions du test
J’ai utilisé le sac de couchage Rab Mythic Ultra 360 tout les jours lors d’une traversée de 3 mois de l’Asie Centrale à pied. Le choix de cet équipement s’est inscrit dans une logique de marche légère. J’ai pu effectuer une marche de 2000km et 90 000m de dénivelé avec moins de 5kg d’équipement sur mon dos.
Date : du 1er juillet au 27 septembre 2022.
Lieux : les montagnes du Kirghizistan (Monts Célestes) et du Tadjikistan (Pamir Alaï).
Activité : trekking.
Altitudes : de 1500m à 3200m.
Températures : de -5°C à 15°C.
- Remarque 1 : Je n’ai pas utilisé de tente, mais une bâche de bivouac. J’étais donc plus vulnérable face aux éléments. Dans un souci de légèreté, je n’avais qu’un demi-matelas qui s’arrêtait sous les fesses. L’isolation du sol était donc limitée.
- Remarque 2 : Rab n’avait plus de taille standart au moment de la commande. J’ai utilisé une taille L (utilisateur > 1m85) alors que je ne fais que 1m70. Si ce n’est que le sac est logiquement plus lourd, cela ne m’a pas causé de gène particulière.
Prérequis techniques
Posons quelques bases avant de rentrer dans le vif du test : d’où viennent les performances thermiques d’un sac de couchage et pourquoi certains sont-ils plus légers que d’autres pour une température de confort identique ?
La chaleur apportée par un sac de couchage est liée au poids (en g) et au pouvoir gonflant du garnissage en duvet (en cuin). Comme c’est l’air emprisonné par les plumes qui permet l’isolation, un pouvoir gonflant élevé est synonyme de meilleure protection contre le froid. Ainsi, un sac garni avec 400g de duvet 900 cuin permettra de dormir à plus basse température qu’un sac garnit à 400g de duvet 700 cuin. Il sera également plus compressible du fait du pouvoir gonflant plus élevé. À cuin équivalent, c’est la quantité (et donc le poids) qui va jouer sur le pouvoir isolant. Il s’agit de trouver les meilleurs compromis au vu de l’utilisation envisagée. Bien évidemment, poids de garnissage et pouvoir gonflant sont fonction du prix !
Aspect environnemental
De plus en plus, la marque Rab met le respect environnemental au cœur de son projet commercial. Aujourd’hui, je crois que c’est un aspect primordial à prendre en compte avant d’acquérir un produit. D’autant plus que l’on parle de duvet animal ! Et oui, les plumes synthétiques n’égalent pas les performances des plumes naturelles. Mais alors, d’où proviennent les plumes utilisées dans les produits de la marque Rab ?
L’entreprise utilise 53% de duvet recyclé. Les 47% restants sont d’origine animale et respectent la certification RDS :
- Les volatiles ne sont pas vivants au moment du plumage.
- Les volatiles ne sont pas gavés.
- Les volatiles sont élevés dans des conditions décentes.
- Le duvet est récupéré sur des volatiles préalablement abattus à des fins alimentaires.
Le sac de couchage Rab Mythic Ultra 360 est garni au Royaume Uni avec un duvet d’oie européen. Comme tout les produits de la marque, il est expédié depuis l’Union Européenne.
Rab propose le nettoyage et la réparation de ses produits pour prolonger leurs durées de vie. Pour en savoir plus sur l’implication de la marque.
Accessoires
Le sac de couchage Rab Mythic Ultra 360 est fourni avec un sac de compression à enroulement étanche et un sac de stockage grand volume.
Poids plume
Il n’y a pas à dire. Rab a fait fort, très fort. Des sacs de couchage avec des performances thermiques similaires et un tel poids se comptent sur les doigts d’une main. Annoncé à 606g seulement en taille standard pour une température de confort de -2°C. De tête, je ne connais que deux autres sacs qui peuvent rivaliser : le X-lite 400 de Cumulus (-1°C/575g) et le sp3 de Sea to Summit (-2°C/665g). Pour avoir beaucoup dormi dans un modèle de chez Cumulus, je compare le confort d’usage dans une partie ci-dessous.
Comme expliqué plus haut, je suis parti avec le sac de couchage Rab Mythic Ultra 360 en taille L alors que je ne fais que 1m70. Petit bémol, qui a son importance lorsque l’on est au gramme près, il est annoncé à 666g sur l’étiquette alors que je l’ai pesé à 695g sur la balance (sans son sac de compression) soit 4% d’écart. À noter, j’avais remarqué le même genre d’écart lors de l’achat d’un cumulus Liteline 400 annoncé à 706g et finalement pesé à 736g. Cumulus expliquait cela du fait d’une « fabrication main ».
Gardez en tête qu’un poids si léger pour une telle performance thermique relève de l’exploit et je suis très heureux de posséder cette pépite. Évidemment, le prix s’en ressent : 650€ ! Mais bon, un sac de couchage se garde tout une vie dit-on !
Remarque : pour faire plus léger à performance thermique égale, il faudrait regarder du côté des quilts (Triple zero, thermarest ?).
Compacité
Légèreté rime souvent avec compacité. Le sac de couchage Rab Mythic Ultra 360 ne déroge pas à la règle. Compressé dans le sac de transport fourni, il se fait discret dans le sac à dos : 36×18 cm ! Cette performance s’explique par le garnissage de duvet au pouvoir gonflant de 900 CUIN allié au tissu nylon ripstop 7D ultraléger.
Bien entendu, pour perpétuer la qualité du sac de couchage, il est fortement conseillé de le stocker non compressé dans la housse destinée à cet effet.
Personnellement, je n’utilise pas le sac de compression pour gagner du poids. Je range mon sac de couchage au fond de mon sac à dos dans sa doublure étanche (nylofume) accompagné de mes habits de change et du ziploc contenant le matériel électronique.
Performances thermiques
Rentrons dans le vif du sujet. Voici les données annoncées : température de confort de -2°C, température limite de confort de -8°C et température extrême de -27°C. Au sujet de cette dernière, oubliez ! Je la considère comme une température de maintien en vie mais en aucun cas comme une température d’usage. D’ailleurs, à quoi correspondent précisément ces trois températures que l’on retrouve sur tout sac de couchage ?
ISO EN1357
En Europe (cas de Rab), ces températures sont évaluées en suivant la norme ISO EN1357 qui date de 2016. Le fait que tous les sacs soient testés en suivant les mêmes règles permet un comparatif pertinent entre les produits ainsi qu’un choix sérieux au regard des températures attendues lors de l’utilisation à venir. Ainsi, d’après la norme :
- Température de confort : température jusqu’à laquelle le « commun » des utilisatrices féminines n’a pas froid et ce quelque soit la position.
- Température de confort limite : température jusqu’à laquelle le « commun » des utilisateurs masculins n’a pas froid dans une position recroquevillée.
- Température extrême : température jusqu’à laquelle l’être humain peut rester en vie tout en subissant les conséquences du froid : hypothermie.
Une technologie sans précédent
Rab explique les performances de son sac de couchage par trois raisons : le pouvoir gonflant du duvet (900 CUIN et 360g de garnissage), la structure des chambres de garnissage (trapézoïdale) et le tissu utilisé. Les deux premières sont standards voir mathématique (il existe des formules théoriques qui lient le pouvoir gonflant, le poids de garnissage et la température de confort). La troisième est inédite !
En effet, Rab a intégré une technologie TILT qui réfléchit la chaleur corporelle pour stimuler le réchauffement. L’intérieur du sac a donc un aspect brillant qui fait penser à une couverture de survie. J’avais un peu peur que le tissu ne soit pas confortable et bruyant mais ce n’est pas le cas (voir partie suivante).
Conséquence : le ratio poids/chaleur est incroyable.
À titre de comparaison, le X-lite 400 de Cumulus garni à 400g de duvet 900 CUIN est annoncé pour une température de confort de -1°C (-2°C pour le Rab avec 40g de garnissage en moins).
Un cocon face aux éléments
Et sur le terrain alors ? En réalité, je n’ai pas atteint la limite du sac de couchage. J’ai dormi au plus froid à des températures justes négatives (-2/3°C). Rappelons que j’étais sous tarp ouvert et que j’utilisais un matelas coupé en deux qui m’isolait le dos uniquement. Je glissais sous mes jambes tout ce qui traînait sous la main : habits, sac, nourriture. Malgré cela, je n’ai jamais eu froid tout en me réveillant le matin avec la toile de tarp givrée.
La seule nuit où il a fallu que je me mette en position fœtale pour trouver le sommeil s’est passée à plus de 3000m dans une vallée très encaissée près d’une rivière. Les températures avoisinaient les 0°C et le taux d’humidité était très important. Ajouté à cela, je dormais à la belle étoile. Résultat : au levé du jour, mon sac de couchage était complètement trempé comme s’il avait plu dessus. Les plumes hydrophobes ont à coup sûr contribué à maintenir une bonne isolation du froid. À mes côtés, mon ami Aubin utilisait un sac de couchage donné à -5°C en température confort, mais sans revêtement hydrophobe, et il n’a pas dormi de la nuit du fait du froid.
Précisons tout de même que notre sensibilité au froid varie d’un individu à l’autre. Les bergers avec qui nous avons passé la nuit avaient de vieux sacs de couchage troués, n’utilisaient pas de matelas et avaient une pierre comme oreiller. Au matin, ils pétaient la forme !
Confort d’usage et ergonomie
J’ai eu recours à différents modèles et marques de sac de couchage au cours de mes marches : Sea to Summit TKIII, Forclaz MT900, Cumulus Liteline 400 et maintenant Rab Mythic Ultra 360. Outre les aspects poids et performances thermiques, j’attache une importance considérable au confort d’usage (étroitesse, contact du tissu, zip,…).
Contrairement au Cumulus, le format du Rab Mythic Ultra 360 laisse un espace considérable pour se mouvoir pendant la nuit sans se sentir saucissonné. La largeur est suffisante pour se recroqueviller en position fœtale au sein du sac ou bien pour plier une jambe tout en laissant l’autre tendue par exemple. J’avais la sensation de dormir dans un cocon et ce sentiment était rehaussé grâce à la présence d’une collerette très confortable au niveau du cou qui ne laisse rentrer aucun courant d’air frais dans le sac à ce niveau-là.
Le zip du Rab Mythic Ultra 360 n’est pas très long (1/2). Cela permet un gain de poids et une meilleure isolation. En temps chaud, le sac ne peut donc pas s’ouvrir en intégralité pour aérer. Aucun problème concernant un potentiel blocage du zip dans le tissu. Le curseur du zip est phosphorescent ce qui est pratique en pleine nuit.
J’avais peur que le tissu intérieur ne soit pas confortable du fait de son aspect brillant qui fait penser à une couverture de survie. Que nenni ! Il est très agréable au toucher et ne fait aucun bruit ni ne provoque de transpiration. À noter que je dormais dans le sac en sous-vêtement thermique sans drap de soie.
Durabilité et entretien
Comme souvent, un produit technique nécessite du soin.
Malgré un tissu en nylon antidéchirure 7D, le sac a l’apparence fragile. Ce n’est pas nouveau, ultra léger rime avec fragilité. Malgré tout, en 90 jours d’utilisation dans des conditions parfois difficiles, il a parfaitement tenu le coup. Et ce, grâce à certaines précautions : bâche au sol pour éviter que des épines ou cailloux n’affectent le sac, éloignement du feu pour éviter les projections de cendres, séchage à la pause de midi ou encore manipulation avec dextérité. Dès que j’avais l’occasion, je le sortais du sac pour le laisser « respirer ». Il lui reste de belles aventures devant lui !
Ponctuellement, une ou deux plumes se sont échappées par de minuscules orifices (coutures ? ). Ça m’était déjà arrivé avec le Liteline de Cumulus.
Pour information, je fais le choix de ne jamais laver mon sac de couchage. Une fois rentré, je l’étends au soleil pendant plusieurs heures. Je dors dedans habillé en sous-vêtements thermiques pour ne pas le souiller si je ne peux pas me doucher pendant plusieurs jours. Par ailleurs, sachez que Rab a un service pour nettoyer les sacs de couchage.
Conclusion sur le test du sac de couchage Rab Mythic Ultra 360
Vous l’avez compris, ce sac de couchage est incroyable. J’ai beau essayer de me faire avocat du diable, je ne trouve rien à lui reprocher.
La marque Rab semble avoir atteint la quintessence du matériel de bivouac ultra léger avec le Mythic Ultra 360. Certes, 650€ ça pique. Mais l’investissement en vaut la chandelle. Un équipement à 650 g environ pour dormir sous -2°C en restant confort mérite d’y mettre les moyens. D’autant plus que le produit tient sur la longueur. Preuve en est avec cette traversée du Kirghizistan et du Tadjikistan à pied durant 90 jours dans des conditions souvent rustiques !
