Eric Bellard nous partage son expérience sur son tour de suisse en vélo.
Information sur le tour de suisse en vélo : 9 étapes, 800 kilomètres.
Participant :
Eric BELLARD ( 35 ans) habitant grabels dans l’Hérault
Activités pratiqués: escalade, slackline/highline, footing, randonnée, pêche et vélo
Fou de sport et d’activités pleines natures, je passe la majorité de mon temps libre sur les falaises du sud de la France et le reste à m’y préparer 🙂
Lieu :
L’idée de départ était de faire un voyage à vélo quelque part en Europe pendant deux ou trois semaines.
J’étais à la recherche d’un bel endroit où il ferait bon faire du vélo et des rencontres pas trop loin de chez moi si possible.
Le choix de la Suisse s’est imposé naturellement, je rêve de ses montagnes depuis mon enfance et j’ai de la famille près de la frontière qui pourra m’accueillir au départ et à l’arrivée. Mon cousin Erwan (37 ans) s’est associé au projet, d’abord en me ventant la Suisse comme une super destination pour la beauté de ses paysages, de ses routes et de ses gens. Le projet l’a tellement emballé qu’il a décidé de m’accompagner. En avant pour le tour de suisse en vélo !
Je ne suis pas un vrai cycliste mais j’ai déjà l’expérience d’un voyage à vélo, Rome => Sarajevo, quatre ans auparavant. Au cours de ce voyage j’ai appris qu’à vélo tout est possible si on est patient et qu’on avance à son rythme.
Je ne m’étais pas fixé de budget précis pour ce voyage mais mon objectif était de dormir le plus possible en tente. J’ai acheté le matériel qui me semblait utile avec pour objectif de le réutiliser dans mes activités principales de plein air.
Parcours :
700/800km
Le tour de suisse en vélo
Étape 1 : Cernex => Le Sentier (Lac de Joux)
107km, 1480m dénivelé positif, 6h15 de pédalage
Belle montée au départ de chez Erwan au pied du Salève, on est a 500m mais on se croirai presque dans un col des alpes avec une pente régulière autour de 7% pendant ¾ km. Grande descente pour se refaire puis entrée en Suisse!
Route super sympa entre Genève et Nyon dans les beaux quartiers en alternant bordure du lac et chemin de traverse dans les champs au-dessus.
On fait une petite pause à Nyon et on se boit un coca en terrasse. C’est un peu l’ambiance marseille: on se sent trop bien, on es trop fort, l’entraînement a porté ses fruits… Le problème c’est que bien qu’on est déjà parcouru 70km la journée n’avait juste pas commencé ! Départ de Nyon et montée interminable par le col de Marchairuz. Une petite route magnifique à travers champs et villages qui monte, qui monte, qui monte à n’en plus finir… des pourcentages fréquemment aux alentours de 15%… avec les bagages c’était juste l’enfer ! j’étais proche de la rupture… Heureusement des panneaux de signalisation louaient les bienfaits de la « turbo sieste », on a donc exécuté 🙂 … et puis ça repart, pour une gentille agonie jusqu’au camping au bord du lac de Joux célèbre pour ses manutentions d’horlogerie.
Étape 2: Le Sentier => Fleurier
70km, 1350m dénivellé positif, 4h15 de pédalage
Tout démarre par un petit 13% en sortant du camping pour se mettre en jambe.
On loge un joli lac qui doit être un paradis pour la pêche à la truite.
On se prend une belle descente ou je bas mon record de vitesse (aux alentours de 50km/h je roule comme un grand père !)
Un petit passage par des chemins de terre dans les bois, juste magnifique.
Petit resto au pied du col de l’aiguillon le gros morceau de la journée. On a les jambes un peu lourde de la veille, on hésite gentiment entre le train, le col grand public plus facile mais avec plus de voiture ou l’aiguillon.
On choisit bien sûr le col! 8km magnifique de montée dans les bois Des passages à 18%, une dernière ligne droit de 2km à plus de 10%. C’est beau mais c’est juste un enfer ! Un champion cycliste suisse nous congratule au sommet du col, pour lui chargé comme on était, on était pas loin de l’exploit… si il venait de pas de se faire nos deux premières étapes dans la matinée on l’aurait cru !
On passe la nuit dans un camping surtout célèbre pour son bar qui ne désempli pas (hips).
Étape 3: Fleurier => Saint Ursanne
99km, 1200m, 5h de pédalage
Une très belle étape qui longe une magnifique rivière à truite. On passe un beau col avec moins de problèmes que les jours précédents. On a trouvé la cadence magique en alternant danseuse et pédalage assis. J’ai battu mon record de vitesse en danseuse : 4km/h ! A cette vitesse tenir sur son vélo est presque un exploit!
On a le sentiment d’être entouré par une nature généreuse : des montagnes arrondies, du soleil, du vert partout, des belles vaches…..
Une petite frayeur avec « l’accident » d’Erwan: ces sacoches se détachent en pleine descente et ses affaires s’étalent sur la route ! Heureusement c’est la Suisse, pas de voiture sur cette petite route de campagne, on peut ramasser ses dessous tranquillement. Plus de peur que de mal, les roues auraient pu se bloquer.
On finit à Saint Ursanne magnifique petite ville fortifié d’époque. C’est beau, y’a des restos partout, il manque juste les touristes… tant mieux pour nous on est peinard et on se trouve facilement un bon resto !
On passe la nuit dans un bungalow, grosse pluie prévue pour le lendemain, on choisit de dormir à l’abri.
Étape 4: Saint Ursanne => Laufenburg
99km, 1200m, 5h de pédalage
Grosse pluie au réveil, c’est juste pas possible de pédaler. On décide de prendre le train pour s’avancer un peu. C’est la magie de la suisse : n’importe quel petit bled possède une gare avec un train qui passe toutes les heures direction la ville la plus proche. Fini le Jura et n route pour Bâle pour suivre la route du Rhin !
On se fait un petit resto dans le vieux centre près du Rhin ville en attendant que la pluie s’arrête.
On roule ensuite tranquillement le long du Rhin. C’est majoritairement des chemins de terre tout pleins de boue, on en a partout ! Les vélos sont tous sales c’est une horreur.
La pluie est prévue pour le lendemain, on décide de trouver un toit pour passer la nuit. On trouve rien d’abordable du côté suisse alors on traverse le Rhin et on se retrouve à Lauenburg en Allemagne. On passe la nuit dans un vieil hotel magnifique au bord de l’eau. Sehr Gut!
Étape 5: Laufenburg => Schafhousen => Winterthur
115km
C’est l’étape la plus longue du périple.
On se perd le matin et on se retrouve sur la nationale sous la pluie, l’horreur ! Aucune voiture en ligne de mire depuis le départ (merci les itinéraires de la suisse à vélo), on nous y prendra plus à ne pas suivre les bons itinéraires !
Assez rapidement nous arrivons aux chutes du Rhin près de Schaffhausen. C’est impressionnant. C’est un peu les chutes du Niagara d’Europe 🙂 Beaucoup de monde mais très agréable. On se balade dans la joli ville de Shaffhausen puis on continue notre route.
Direction de Winterthur pour éviter Zurich (trop grosse ville pour nous).
On avance, on avance et on trouve ni camping ni hotel… dur dur… on est obligé de passer la nuit dans un hotel du centre ville où on se bien fait recevoir (sacré taux de change la suisse !).
Étape 6: Winthertur => Cham
80km
La première partie est au soleil, c’est très beau.
Erwan galère avec son dérailleur, on s’arrête dans un petit magasin de vélo qui le dépanne gratos.
On fait quelques courses au supermarché et on mange tranquillement près du lac. Finalement le supermarché est aussi cher que le resto !
On traverse le lac de Zurich en bateau taxi.
C’est le début de la galère. Impossible de trouver une petite route donc c’est genre la nationale sous la pluie en montée… la totale ! ça monte, il pleut, ça circule… 40km de lutte.
On arrive à Zug ville qui semble en construction (incroyable), on apprendra plus tard que c’est un des hauts lieux de l’évasion fiscale des entreprises.
C’est à nouveau la galère pour l’hotel, on trouve rien à Zug et on continue jusqu’à Cham. On se fait accueillir de façon très sympathique dans un hôtel par une « maman » qui aime le vélo (son fils est d’ailleurs coureur professionnel)… au final elle nous extorque 180F pour la nuit, record absolue… c’est aussi ça la suisse 🙁
Étape 7: Cham => Meiringen
C’est l’étape off du trip.
On prend le train jusqu’à Luzern et c’est la séparation à la gare. Erwan retourne s’occuper de sa petite famille, je continue tout seul à partir de là. Ça fait bizarre de se quitter après tous les bons moments qu’on a passé sur la route. Sans lui je ne pense pas que j’aurai pu aller aussi loin.
Je prend un autre train jusqu’à Meiringen au pied de l’Eiger !!!
Le parcours en train est très joli à travers les alpes, je regrette d’ailleurs un peu de ne pas avoir pédalé… mais vu comme ça monte, je me dis que j’ai quand même bien mérité une petite pause.
J’arrive à Meiringen en début d’après-midi.
Je tourne dans la ville à vélo et je remarque que la moitié des endroits s’appellent Sherlock Holmes. Conan Doyle a fait mourir son héros dans les chutes de Reichenbach suite à un combat avec le professeur Moriarty.
Je trouve un petit camping sympa à l’extérieur de la ville et je m’installe dans la salle commune. J’y rencontre un marcheur allemand dégoûté de la pluie qui attend des copains pour partir en Italie où il fait beau… (le veinard !)
Je me repose toute l’après-midi en regardant le tour de france.
Je mange au camping et je discute avec 2 cyclos suisses qui passent quelques jours dans les alentours.
Étape 8: Meiringen => Meiringen
85km
C’est mon étape de montagne.
Je démarre dans le col mythique de la Grosse Scheidegg. C’est plus long et plus raide que l’Alpe d’Huez!
C’est très très dur et pour couronner le tout de la pluie du premier au dernier km.
Les montagnes sont hautes et austères, ça ne s’appelle pas les alpes noires « Schwartzen alpe » pour rien.
Je passe au pied du Wetterhorn dans le brouillard et la pluie. Ca fait presque peur!
J’arrive épuisé au col et je me prend une soupe revigorante dans le restaurant d’altitude.
Je me dis que le plus dur est passé mais encore une fois j’ai sous estimé la suite. Il fait très très froid dans la descente (vente de face, pluie, vitesse), mes doigts sont crispés sur les freins. Je suis obligé de faire des nombreuses pauses pour me réchauffer. La descente plus dure que la montée j’avais jamais vu ça !
Je passe au pied de l’Eiger dont je ne distingue d’ailleurs que le pied 🙁 Trop de neige et trop de brouillard.
La descente se poursuit jusqu’à Interlaken, charmante petite ville entre des lacs comme son nom le dit. Je ne m’attarde pas il pleut toujours, longeant un lac jusqu’à Meiringen.
La berge est à flanc de montagne, ça monte et ça descend en permanence !
Retour au camping tout mouillé et tout crevé ! Demain je prend le bus !
L’humidité a eu raison de mon compteur qui n’affiche plus que des bulles 🙂
Je mange une pizza au resto du camping. La pauvre tenancière s’ennuie ferme, le taux de change et la météo ont fait fuir les touristes. Ça fait deux jours que je suis le seul à manger dans son resto… C’est la crise partout même en Suisse !
Etape 9: Meiringen => Sion => Genève => Humilly
100km
La pluie est encore annoncée, j’ai pas le courage de rouler sur le col entre Meringen et la vallée du Rhône. Je décide de prendre le bus. La Suisse c’est magique, quand ça monte trop pour le train y’a le bus et les vélos s’attachent à l’arrière 🙂
Je descend ensuite tranquillement la vallée du Rhône qui par chance est dégagé. C’est pas la même chose sur les montagnes aux alentours, l’horizon est encombré. Ça sent pas très bon pour la suite.
J’avais prévu de continuer deux jours pour monter à Zermatt et dans la vallée d’Hérens mais j’ai du mal à trouver la motivation.
La journée avance, j’arrive au départ de la montée pour Zermatt, le lieu ne me motive pas je continue.
J’avance encore et je prend la décision: j’avance le plus loin possible puis je prend le train pour rentrer ! J’en peux plus de la pluie j’ai envie de me reposer maintenant. Je roule jusqu’à Sion puis je prend le train jusqu’à Genève. Je rejoins la France à vélo et j’arrive juste à temps pour un bon repas chez mon oncle avec toute la famille. C’est fini le vélo maintenant c’est l’apéro !
Conclusion de ce tour de suisse en vélo
Ce voyage était vraiment un super moment. J’en ai pris pleins les yeux et pleins les jambes pendant 10 jours.
La Suisse est vraiment le pays idéal pour le voyage à vélo, il y a des routes balisés partout qui permettent d’éviter les axes fréquentés et découvrir des paysages inattendus et bucoliques. Les montagnes sont vraiment magnifiques (quand la météo permet des les discerner :-).
La seule chose à regretter dans ce beau pays est le taux de change qui est franchement pas en notre faveur en ce moment!
J’ai eu la chance d’être accompagné par Erwan une grosse partie du voyage. Son expérience du vélo et sa motivation ont été précieuses. Sans lui je ne serai pas aller bien loin, les premier cols du Jura auraient sans doute eu raison de mes jambes et de ma motivation. On était sur la même longueur d’onde tout le voyage, c’était tout simplement génial.
Matériel utilisés pour ce tour de suisse en vélo
Équipement utilisé pour le tour de suisse en vélo
CATEGORIE | MODELE | MARQUE | POURQUOI AVOIR FAIT CE CHOIX AU DEPART |
VELO | Kona | BICYCLESTORE | Super vélo de voyage au look vintage. Cadre fourche cromoly (solide et confortable). Position type vélo route mais un peu plus relevé, plus agréable pour les longues distances. J’ai effectué quelques modification pour l’adapter à mon parcours. Changement de la selle d’origine pour une vieille selle en cuir de la marque française « idéale ».Remplacement du pédalier route pour un pédalier Shimano Deore 44-32-22 typé VTT/montagne.Installation de pédales SPD PD-M324 avec un côté automatique et un côté traditionnel facile à utiliser pour la route ou les petits trajets sans chaussure automatique. |
SACOCHE | Frontroller classic | ORTLIEB | Petites sacoches se fixant sur le porte-bagage avant. Plus que du volume en plus elles permettent surtout de mieux répartir le poids sur le vélo en déplaçant le centre de gravité vers l’avant. |
SACOCHE | Backroller classic | ORTLIEB | La sacoche la plus utilisée. Gros volume. |
SACOCHE DE GUIDON | Ultimate classic | ORTLIEB | La sacoche indispensable. Elle permet de stocker tout les petits trucs dont on a besoin pendant la journée: porte-feuille, carte, coupe-vent, imperméable, frontale… Le porte carte se fixe sur le dessus de la sacoche grâce à 2 boutons pressions. |
Vêtements utilisés pour le tour de suisse en vélo
CATEGORIE | MODELE | MARQUE | POURQUOI AVOIR FAIT CE CHOIX AU DEPART |
DOUDOUNE | Microlight jacket | RAB | Chaud, ultra-légère et ultra-compressible. Super pour le soir quand le soleil se couche. |
POLAIRE | Grid jkt | MILLET | Polaire légère et fine. Ne prend pas beaucoup de place dans le sac et apporte un peu de chaleur.Veste imperméable l’équivalent d’une gore-tex paclite de chez Patagonia Men’s Rain Shadow Jacket |
COUPE VENT | Summit series apex elixir | THE NORTH FACE | Plus léger et plus respirant qu’une veste type windstopper. Elle m’a beaucoup servi pour les descentes de cols ou sous ma veste imperméable quand il pleuvait. |
SHORTS CYCLISTES | DECATHLON | ||
SHORTS CYCLISTES | INTERSPORT | ||
TEE-SHIRT | M trail runner II | SALOMON | Tee-shirt ultra-respirant, zip ouvert en monté et fermé en descente. Couleurs très voyantes sécurisantes pour le vélo. |
MAILLOT | NIKE | équipe de foot du Brésil : le maillot de la séléçao! bien visible et respirant, super pour rouler confortable en sécurité. | |
CHAUSSURE | MT-42 | SHIMANO | Chaussures pour pédales shimano spd. Confortables et bien aérés. |
TONG | IPANEMA BRAZIL | légère et confortable. pratique pour le soir, la pluie ou les douches sales. |
Équipement de bivouac utilisé pour le tour de suisse en vélo
CATEGORIE | MODELE | MARQUE | POURQUOI AVOIR FAIT CE CHOIX AU DEPART |
TENTE | Ultralight pro 2 | DECATHLON | Super légère, prend très peu de place sur le porte bagage arrière. Super pour une personne mais pas pratique pour 2. L’apside est trop petite pour contenir les sacoches de 2 vélos la nuit. Pas très logique à monter. |
DUVET | Phantom 45 Filldown 800 | MOUNTAIN HARD WEAR | ultra-léger (moins de 500g) et ultra-compressible. Idéal pour la mi-saison ou la montagne l’été. |
MATELAS | Prolite small | THERMAREST | Léger, faible encombrement et confort. Tout petit, 1m20, ne soutient que les parties importantes du corp: de la tête jusqu’aux genoux, on pose les pieds sur le sac à dos. |
PORTE CARTE ETANCHE | ORTLIEB | ||
BACHE EN PLASTIQUE | Protéger le vélo la nuit | ||
LAMPE FRONTALE | Tikka XP² | PETZL | Pratique pour rouler la nuit, très puissante, peut aussi s’utiliser comme feu arrière grâce à une LED rouge. |
BONNET | Indispensable quand on est frileux et qu’on a pas beaucoup de cheveux sur la tête | ||
GPS | Edge 605 | GARMIN | PS adapté au vélo. Je l’ai chargé avec des cartes de suisste de velomap.org. Les cartes velomap sont construite à partir des cartes communautaires et libres openstreetmap avec pour objectif de bien s’afficher sur un écran de GPS. Ces cartes contiennent les tracés des routes de la « Suisse à vélo ». |
CARTE | « La Suisse à vélo » | Carte papier indiquant des sentiers balisés traversant la suisse. La carte présente environ 50 routes à thème qui traversent le pays: La route du Rhône, La route du Jura, La route du Rhin… |