Becca et Léandre du Team Limitless nous partagent leur expérience de la Traversée des Pyrénées en vélo.
Durant les 9 mois qui ont précédé notre départ pour la magnifique chaîne des Pyrénées, le message de Léandre pour Becca sur ce qu’allait être LE challenge du début de l’aventure, était toujours le même:
» Si nous pouvons traverser les Pyrénées, nous pouvons traverser le monde. C’est le test décisif «
C’est lorsque nous sommes finalement arrivés sur la côte Atlantique, après plus de 900 kilomètres et 31,000 mètres de dénivelés tant positifs que négatifs, que Becca a réalisé à quel point Léandre avait raison.
Les Pyrénées étaient le test parfait pour vérifier la fiabilité de notre matériel.
Nous les avons traversé sur nos Vélos, des prototypes en Bambou que nous avons construit nous même avec James, gérant de Bamboo Bicycle Club à Londres en Angleterre.
Ces montures sont nos maisons roulantes: tout y est pour que nous puissions traverser le monde dans toutes les conditions; cuisine, chambre à coucher, garde-robe, équipement pour l’hiver,…il y a toute notre vie! Sans la nourriture et l’eau chaque vélo pèse environ 50 kilos.
Nous avons roulé sur tout types de terrains : DFCI (chemin de défense des forêts contre l’incendie), single tracks, chemins de randonnées GR10 et GR11 (chemins de grandes randonnées). Nous avons pédalé sur routes, graviers, sable, cailloux, boue mais aussi traversé d’innombrables cols de montagnes, rivières et prairies. Parfois, nous redescendons en une simple petite heure ce qui nous avais pris une journée entière à monter!
Nous avons pédalé, porté, poussé, et avons même dû démonter nos sacoches et nos vélos, pour passer de l’autre côté des montagnes. Des kilomètres d’allers-retours sur des chemins qui n’existaient parfois que sur nos GPS- avec tout ce « matos » sur le dos.
Nous avons par moment plus escaladé que pédalé sur les pentes abruptes de la magnifique chaîne des Pyrénées.
Bien choisir ses vélos
Les vélos prototypes ont eu la vie dure durant cette première étape. Le poids de notre matériel pouvait nous faire tomber deux à 3 fois par jour . Becca est tombée à toute berzingue en descente sur un chemin de terre et Léandre a chuté dans un ravin de 6 mètres …
De ces événements notre verdict est clair: nous avons fait le bon choix de fabriquer nos vélos chez Bamboo Bicycle Club. Ils sont solides, souples, absorbent les chocs à merveille sur les terrains accidentés et ont été les plus résistants de tout notre équipement.
Après 3 dérailleurs et plusieurs chaînes hors d’usage, des problèmes dûs aux chocs des pierres et la chaleur, nos cassettes sont sérieusement endommagées . Le moyeux arrière de Léandre rend l’âme doucement après seulement 1500 kilomètres et 33000 mètres de dénivelé positif. Concernant le reste de notre matériel, nos deux tentes ont été détruites dans une tempête, nos porte-bagages arrières nécessitent des réparations majeures et un de nos cookers est hors service après 3 années de bons et loyaux services.
Les Pyrénées ont été intenses !
Les Pyrénées ont testé nos capacités physiques et mental
D’après l’expérience de Léandre sur la traversée des Pyrénées en vélo
J’ai voyagé plus de 5 années non stop autour du monde avant de commencer le projet Limitless. Gravi plusieurs hauts sommets sur différents continents dont de nombreux au delà de 6000 mètres. J’ai traversé une trentaine de pays via différents moyens motorisés ou non sur des routes reconnues très exigeantes physiquement et mentalement avec parfois des dangers. Lors de ces voyages, j’ai vécu plusieurs accidents proches du drame.
La traversée des Pyrénées comme nous l’avons fait est jusqu’à maintenant l’une des expériences les plus fortes que j’ai vécues sur le plan sportif et humain, physiquement la plus intense.
35 jours de conditions météorologiques pas toujours clémentes, Il nous fallait parfois faire plusieurs voyages afin de monter notre matériel et passer des cols avec de forts dénivelés. Il nous est arrivé de ne pouvoir faire que 4 à 5 km maximum tant le terrain était complexe. Les efforts étaient intenses, nous utilisions la moindre réserve d’énergie de notre corps pour continuer d’avancer.
Humainement nous avons scellé les liens de notre équipe. Nous nous sommes souvent questionnés sur notre relation; étant deux amis de sexes opposés avec des expériences de vie extrêmement opposées, la collaboration pourrait paraître étrange voir impossible tant nous sommes différents. Et pourtant c’est bien ce qui nous unit. Nos différences construisent notre force et nous ont permis d’accomplir cette folle aventure à travers les Pyrénées. Le test est passé, il a été positif, nous sommes prêts pour parcourir le monde, ensemble!
D’après l’expérience de Becca sur la traversée des Pyrénées en vélo
Avant cette traversée, je n’étais en aucun cas une grande sportive mais je me considérais plutôt athlétique. Je faisais du vélos régulièrement et des entraînements de crossfit chaque semaine. J’ai participé à plusieurs triathlons et Spartan Races. Egalement travaillé sur des projets de constructions demandant des efforts physiques soutenus. J’ai aussi voyagé dans plusieurs pays et sur plusieurs continents mais je n’avais jamais vraiment fait de voyages aventure. Rien de tout cela m’avait suffisamment préparé pour cette traversée des Pyrénées.
Physiquement, mentalement et émotionnellement, traverser les Pyrénées était plus dur que tout ce que j’avais pu faire.
Porter autant de poids pour passer de l’autre côté des montagnes, jour après jour, tout en apprenant à manœuvrer un vélo de montagne (une première dans mon cas!) m’a poussé au delà de mes limites plus d’une fois.
Lorsque j’entrais dans un état d’épuisement total, je criais, je pleurais, j’implorais les montagnes pour qu’elles adoucissent les pentes sur notre parcours. Je devenais en colère contre moi-même et contre Léandre. M’enfermant dans un état de tristesse qui était alimenté par le sentiment de ne pas me sentir à la hauteur. Je me sentais vidée mais je continuais d’avancer.
Ces états ne se dissipaient pas mais jour après jour ils arrivaient moins vite, et petit à petit mon bonheur augmentait. C’est le dernier jour, après 15 heures à pousser, porter et pédaler que nous sommes enfin arrivés sur la côte Atlantique, et c’est tout au long de cette dernière journée où j’ai ressenti un vrai pur bonheur.
Les Pyrénées ont intensifié notre relation avec la nature.
La difficulté était égale à la beauté des lieux. Les premiers pas de notre avancée sur la chaîne de montagne étaient comparables aux premiers pas du nouveau né qui découvre le monde: émerveillements et apprentissages permanents. Nous avons fait nos débuts sur les crêtes avec la Mer Méditerranée et son bleu azur, d’un côté la France et de l’autre l’Espagne.
Ça n’était pas qu’une simple enjambée que de traverser de la Mer à l’Océan; ça n’était pas non plus que la traversée d’une chaîne de montagnes, mais la découverte d’une multitude de cultures, de faunes et de flores. Tellement loin de notre imagination, la réalité nous a embrassé par sa beauté. Des paysages arides Méditerranéens, nous nous sommes petit à petit approchés des hautes Pyrénées.
Les crêtes timidement garnies ont fait place aux grandes forêts. À l’approche des sommets qui dominent le massif, l’eau se faisait plus présente. Là, de grandes cascades et rivières orchestraient par les chants de leur torrents le flanc des monts enneigés survolés par les vautours, habités en leur sein par les Isards (Chamois des Pyrénées) et marmottes.
La Traversée des Pyrénées en vélo nous a permis de rencontrer des personnes incroyables.
Chaque pas supplémentaires dans notre aventure nous a offert beaucoup de découvertes culturelles. A commencer par la Catalogne et son identité forte. En passant par le val d’Aran, et l’Aranais, langue locale mélange entre catalan et patois Occitan. L’Aragon et son patois Aragonais, puis le Pays Basque. Un arc en ciel de traditions locales nous a accompagné jusqu’à la côte Atlantique.