Jérémie COINON nous raconte sa traversée du Langtang accompagné de son père.
Information sur la traversée du Langtang au Népal
Dates :
Du 16 au 28 mars 2017
Lieu :
Népal – Vallées de l’Helambu et du Langtang
Pour y aller :
En avion depuis Paris : Aller-retour Paris/Katmandou avec une escale à Delhi (compter de 500 à 800 euros/ personne selon la période)
Depuis Katmandou, prendre soit un taxi soit un bus local (50 roupies/50 centimes) en direction de Sundarijal, village de départ du trek : 1h à 2h de trajet
Pour le retour :
Depuis Syabru bensi, vous pourrez prendre au choix une Jeep collective ou un bus local pour rentrer sur Katmandou (700 à 800 roupies selon l’option) : huit heures de trajet
Participants :
Jean Pierre et Jérémie père et fils. J’étais en tour du monde depuis six mois maintenant et l’envie de partager quelque chose d’unique avec mon père s’est faite sentir. Amoureux du Népal et des Himalayas, c’est donc naturellement que j’ai proposé à mon père de me rejoindre pour un trek de douze jours ensemble au Népal.
Où dormir :
Katmandou : Les hôtels pour tout budget regorgent dans le quartier Thamel de Katmandou. A vous de choisir en fonction de votre budget et de vos envies. Pour notre part, nous avons choisi le Katmandou Tourist Home qui proposait des chambres confortables, spacieuses et calmes pour environ 15€ la chambre pour deux personnes.
Durant le trek : Malgré le terrible tremblement de terre de 2015 qui a ravagé les villages du Langtang et de l’Helambu, les habitants ont rapidement reconstruit des lodges afin d’accueillir les trekkeurs. Vous trouverez tous les soirs au moins un lodge proposant le gite et le couvert, avec plus ou moins de confort. Pour les moins frileux, et ceux qui veulent économiser du poids, vous pourrez même vous passer de sac de couchage, les lodges proposant des couvertures gratuitement. Si vous partez en autonome, comptez 20 à 25€/ jour pour le logement et la nourriture.
Quelques recommandations de lodges que nous avons particulièrement appréciés :
- A Laurebina, s’arrêter au lodge « Mountain View ». Les levers et couchers de soleil y sont sublimes par beau temps
- Avant l’ancien village de Langtang, arrêtez-vous au « Panorama Hôtel ». Les propriétaires sont adorables et douches chaudes garanties !
- A Syabru Bensi, vous pouvez dormir pour pas cher à l’Hôtel « Garden Inn », tenu par une famille tibétaine. Demandez leurs où sont les sources chaudes. Ambiance locale garantie !
Ou se restaurer/s’approvisionner :
Katmandou : Le Népal étant un pays touristique, vous y trouverez tout ce que vous voulez pour manger, local ou moins local, et à tous les prix. Sur Katmandou, le quartier de Thamel est une véritable caverne d’Ali Baba pour le trekkeur désireux de se préparer, de dormir ou de manger. Là-bas, vous pourrez facilement jongler entre
- Traditionnel : les Dal Bhat (assiette composée avec riz, lentilles, légumes et parfois d’autres ingrédients, traditionnelle au Népal), les Momo (sorte de ravioli cuit à la vapeur ou frit) ou les Chowmein (pates chinoises)
- International : burgers, pizzas, pates et autres plats occidentaux se retrouvent dans de nombreux restaurants
- Végétarien ou Végan : Le Népal attirant de nombreux voyageurs en quête de spiritualité, ou de bien vivre, ces restaurants fleurissent dans tout le quartier Thamel
Pour ceux qui veulent profiter des viennoiseries à l’autre bout du monde, ne ratez pas la « German Backery » située en plein centre de Thamel et qui fait moitié prix sur tous ses gâteaux et viennoiseries dès 21h.
Helambu / Langtang : En chemin, les lodges vendent également tout ce qu’il faut pour manger, mais du fait de l’éloignement et du nombre de touristes, les prix ne sont plus les mêmes. Vous trouverez partout des plats traditionnels et occidentaux. Compter entre 2 et 7 euros par plat.
- Si vous vous arrêtez à Shin Gompa, allez acheter du fromage de Yak à la fabrique. Il est délicieux et à un prix abordable.
- Pour les petites provisions, je vous conseille de vous approvisionner en fruits sec/barres de céréales à Katmandou avant de partir. Vous aurez plus de choix et cela reviendra moins cher.
Les permis de trek au Népal
Randonner dans les Himalaya ne nécessite pas forcément de guide. Par contre il vous faudra un permis de trek, et parfois un permis d’entrée en parc national pour faire votre trek.
- Le permis de trek : Le prix du permis de trek est fixe et coute environ 20€. Il est spécifique à chaque région. Si vous randonnez d’abord dans le Langtang puis ensuite dans les Annapurna, il vous faudra prendre deux permis de trek
- Le permis d’entrée dans les parcs nationaux : Il dépend de la région dans laquelle vous voulez effectuer votre trek et est très variable. Pour le Langtang il s’élève à 20€. Mais pour d’autres régions comme le Mustang, il peut monter à 500$ pour dix jours de trek !
Il vous faudra vous procurer ces permis avant de partir en trek. Ils sont disponibles à Katmandou au Tourism office situé près de la gare de bus de Ratna Park. Prévoir deux photos et votre passeport pour obtenir ces précieux passe-droit.
Caractéristiques du trek
Trek de douze jours dans les Himalaya au départ de Sundarijal (14km au nord de Katmandou), pour rallier la vallée du Langtang en passant par l’Helambu, le col et les lacs de Gosaikund (4600m) et en montant jusqu’au Tserko-Ri, sommet culminant à 4987m.
- Helambu – 4 à 5 jours : de Sundarijal (1460m) à Phedi (3630m) : On passe par le Shivapuri national Park, puis l’on traverse les vallées de l’Helambu, pour arriver au pied du col de Laurebina
- Col et lacs de Gosainkund– 2 jours : De Phedi, longue montée jusqu’au col de Laurebina (4610m), puis traversée des lacs de Gosainkund et redescente sur Shin Gompa.
- Langtang – 5 à 6 jours : Remontée de la vallée jusqu’à Kyanjin Gompa, dernier village de la vallée du Langtang. Ascension du Tserko-Ri (4987m) puis redescente à Syabru Bensi
Magnifique trek très varié, alternant entre villages et cultures traditionnels, lacs d’altitude et haute montagne. Peu technique en cas de bonnes conditions météo, il devient plus physique et engagé en cas de neige. Un guide peut être utile pour passer le col de Laurebina et gravir le Tserko-Ri, mais l’itinéraire peut également se faire seul pour toute personne habituée à la montagne et aux treks sur plusieurs jours.
Jour 1 :
Sundarijal (1460m) – Chisapani (2215m) : Longue montée dans le Shivapuri National Park
En passant le col de Borlang, premières vues sur les montagnes de l’Helambu
Jour 2 :
Chisapani (2215m) – Kutumsang (2470m) : Succession de montées et descentes dans un paysage de cultures en terrasses.
Jour 3 :
Kutumsang (2470m) – Thadepati (3690m) : Ascension en forêt jusqu’au col de Thadepati. Première vue du col de Laurebina.
Jour 4 :
Thadepati (3690m) – Phedi (3630m) : Traversée à flanc des montagnes du Soli Danda. Peut être avalancheux en cas de fortes neiges.
Jour 5 :
Phedi (3630m) – Laurebina pass (4610m) : Shin Gompa (3330m) – Longue journée de traverse du col de Laurebina et des lacs de Gosaikund. Commence par 1000m de remontée pour rejoindre le col, puis descente en pente douce jusqu’aux lacs de Gosaikund, lieu sacré pour les hindous et bouddhistes. Panorama fabuleux sur toute la chaine du Langtang en s’arrêtant à Laurebina. A Shin Gompa, refaire des forces en mangeant le fromage de yak local.
Jour 6 :
Shin Gompa (3330m) – Bamboo (1970m) : Descente dans la vallée du Langtang en passant par le village de Thulo Syabru. Belles cultures en terrasse et rhododendrons géants. Les habitants sont encore nombreux en habit traditionnel.
Jour 7 :
Bamboo (1970m) – Langtang (3430m) : remontée dans la vallée du Langtang. On traverse l’impressionnant glissement de terrain qui a rasé le village de Langtang.
Jour 8 :
Langtang (3430m) – Kyanjin Gompa (3830m) : petite journée pour rejoindre le dernier village de la vallée, situé sous le Langtang Lirung (7230m). Belles vues sur les glaciers qui descendent du Langtang Lirung.
Jour 9 :
Kyanjin Gompa (3830m) – Haute vallée du Langtang : Remontée de la vallée en direction du Tibet. Vues magnifiques sur les montagnes environnantes. Si l’on part avec une tente sur 2 jours, on peut remonter jusqu’au glacier du Langtang
Jour 10 :
Kyanjin Gompa (3830) – Tserko Ri (4984m) – Langtang (3430m) : Ascension non technique du Tserko Ri. S’avère plus difficile et engagé en cas de neige. Au sommet, vue à 360° sur les sommets du Langtang et la vallée
Jour 11 :
Langtang (3430m) – Sherpagaon (2563m) : redescente de la vallée du Langtang. A Rimche, on prend un chemin alternatif qui reste à flanc de montagne. Belles vues sur les sommets de Gosaikund
Jour 12 :
Sherpagaon (2563m) – Shyapru (1500m) : Redescente jusqu’à la civilisation. A Shyapru, profiter des sources d’eau chaudes. Ambiance locale garantie
Quoi d’autre dans les environs :
Pour qui aime la randonnée et les hautes montagnes, le Népal est un paradis dans lequel chaque visiteur pourrait passer sa vie. Outre la traversée de l’Helambu et du Langtang, il y a foule de choses à faire dans la région de Katmandou :
Visiter Katmandou :
Pour tout visiteur qui arrive pour la première fois au Népal, la visite de Katmandou est une activité à ne pas manquer. Depuis le quartier Thamel, cœur touristique de la capitale, laissez vos pas vous emmener dans ce dédale de ruelles remplies de couleurs et de saveurs. Un monde où les senteurs d’épices se mélangent à l’odeur des pots d’échappement, où les temples anciens côtoient les échoppes de vêtements, où le réseau électrique forme un paquet de fils inextricables à chaque poteau.
L’ambiance de Katmandou est unique et même si la ville est constamment polluée par la poussière et le trafic, prendre un jour ou deux pour la visiter reste une expérience unique. Allez voir le coucher de soleil à Soyambunath, le temple des singes, et allez manger des Momos dans une gargote située près de Patan, centre historique de la capitale, c’est le meilleur moyen pour vous imprégner de la culture locale
Le Tamang Heritage Trail :
Situé à proximité de la vallée du Langtang sur les contreforts du Ganesh Himal, le Tamang Heritage Trail parcourt les villages traditionnels Tamang. Vous pourrez apprécier l’architecture typique des constructions et les nombreux chortens qui jalonnent le chemin. Ce trek qui s’effectue sur trois à cinq jours permet de s’imprégner de la culture traditionnelle du peuple Tamang et de profiter de beaux points de vue sur le massif du Ganesh Himal.
Le tour des Annapurnas et le trek de l’Everest :
Lorsque l’on entend le mot « Népal », l’imaginaire est tout de suite transporté vers l’Everest, plus haute montagne du monde, ou les Annapurnas, premier 8000 gravi par une expédition française. Et effectivement, les treks qui parcourent ces deux massifs, même s’ils sont touristiques, n’en demeurent pas moins exceptionnels, que ce soit pour la grandeur des paysages et des montagnes, ou la beauté des paysages typiques des vallées des Annapurnas. En prévoyant un peu plus de temps, de trois semaines à un mois, ces deux treks restent quand même incontournables pour tout amoureux de la montagne.
Quelques conseils pour s’orienter :
Si vous partez sans guide, je vous conseille d’utiliser deux outils complémentaires pour l’orientation : Les cartes de randonnées et l’application MAPS.ME
- Cartes de randonnée : Vous trouverez toutes les cartes de randonnée nécessaires à Katmandou dans le quartier de Thamel. D’une précision allant du 1/200 000ème au 1/50 000ème, elles sont suffisantes pour parcourir ces sentiers de montagnes.
- L’application MAPS.ME: Cette application smartphone vous propose de télécharger des cartes qui seront disponibles hors connexion. Elles renseignent la majorité des sentiers de montagnes, ainsi que les lodges et les petits magasins ou refaire des provisions. Compatible avec le GPS de votre smartphone, c’est un excellent complément en cas de doute sur l’intersection à prendre, ou pour connaitre la distance jusqu’au prochain Lodge.
Attention : Cette application doit être complémentaire de la carte papier, et en aucun cas la remplacer. En cas de mauvais temps, ou manque de batterie, votre smartphone ne vous sera plus d’aucune utilité !
Traversée du Langtang depuis Katmandou : Voyage entre neige et ciel
Retrouvailles au pays des plus hautes montagnes du monde
L’avion se pose sur le tarmac de l’aéroport de Katmandou avec le choc caractéristique des pneus qui rentrent en contact avec le sol, comme pour signaler l’arrêt de ce voyage suspendu dans les airs, ce moment de rêverie au-dessus des plus hautes montagnes du monde. Pour la deuxième fois en six mois me voici de nouveau à Katmandou. La première fois c’était en octobre dernier. Le Népal, c’était la première étape d’un grand voyage en Asie. Deux mois d’octobre à décembre. Deux mois pour découvrir les Himalayas et parcourir les treks mythiques qui font la renommée du pays : L’Everest et les Annapurnas. Passer des journées entières à marcher entouré de ces géants de roche et de glace laisse une marque indélébile pour tout amoureux des hautes montagnes.
Alors, quand après une bonne session de surf au Sri Lanka j’ai décidé de rallonger mon voyage d’un an, c’est de suite au Népal que j’ai repensé. Et tant qu’à avoir du temps, autant en profiter pour le partager avec ceux qu’on aime. Et c’est là que m’est venue l’idée.
- Allo Papa, tu fais quoi en mars prochain ?
- Rien de spécial pourquoi ?
- Ça te dit de me rejoindre au Népal ? Je t’emmène faire la traversée de l’Helambu et du Langtang. Aller se perdre au milieu des Himalayas.
- Ok adjugé, c’est parti.
Journée prépartion
C’est ainsi que, deux jours après moi, mon père atterrissait lui aussi à Katmandou. Avant de partir en trek, nous avions une journée pour nous préparer : acheter les vivres, les permis et découvrir Katmandou, cette capitale grouillante et sale, mais à l’énergie si particulière. Du sol au plafond, de la route aux poteaux électriques, tout laisse penser à un énorme capharnaüm où seul le désordre règne en maitre. Mais en s’arrêtant un peu, en prenant le temps d’observer ces incessants mouvements et sons qui animent les ruelles étroites et bondées, on se laisse imprégner par l’ambiance et l’on commence à comprendre qu’il existe une certaine forme d’organisation, complètement différente de celle que l’on peut côtoyer dans nos villes occidentales.
Après avoir acheté quelques amandes et noix de cajou, nous passons par Durbar Square, le centre historique de Katmandou. Ici aussi le séisme de 2015 a laissé ses marques. Les bâtiments principaux, récemment rénovés ne peuvent cacher les fissures dans les murs. Les arrière-cours en ruine viennent rappeler aux habitants et aux touristes que tout n’est qu’impermanence. Un crochet jusqu’à Soyambunath, le temple des singes, pour admirer la ville au coucher de soleil, et il est temps de rentrer à l’hôtel pour préparer les sacs.
Préparation du sac
Fort de mes précédentes expériences à l’Everest et aux Annapurnas, je m’érige en ayatollah du poids. Nous vidons les sacs, et chaque détail y passe : Un savon pour deux. Ton rasoir ? Tu te raseras en rentrant ! Combien de T-shirt ? Trois si tu veux du confort pour la nuit, sinon deux suffiront bien. Et c’est ainsi que nous bouclons nos sacs qui feront moins de huit kilogrammes pour douze jours de randonnée. Quitte à aller s’épuiser en altitude, autant ne pas se rajouter de difficultés avec le poids ! Un dernier Dal Bhat, plat traditionnel local, et nous partons nous coucher la tête pleine de rêves pour les jours qui nous attendent.
Traversée de l’Helambu
Il est huit heures lorsqu’après un copieux petit déjeuner nous partons en direction de la gare routière récupérer un bus qui doit nous emmener à Sundarijal, point de départ du trek. Nous montons dans le bus bondé, les sacs calés sur les genoux, et profitons des deux heures de voyage bercés de doux klaxons et d’embardées à droites et à gauche dans le trafic dense du réseau Népalais. Après une âpre négociation avec le gars du bus qui confond touristes et machine à dollars nous pouvons enfin mettre les sacs sur le dos et commencer nos premiers mètres sur cette traversée de l’Helambu.
La montée, raide, est l’occasion de faire connaissance avec les militaires qui, tout en tamponnant nos permis, nous posent une rafale de questions sur nos vies. Plus pour faire passer le temps qui doit être bien long dans cette casemate que pour procéder à un réel interrogatoire en règle. Quelques marches plus tard… Ah oui, au Népal les chemins sont souvent bien entretenus. Et quand ça monte ou ça descend de belles marches permettent de se casser les jambes avant même d’avoir atteint un quelconque sommet.
Donc quelques marches plus tard, nous rencontrons un groupe de jeunes qui nous offrent des fleurs de Rhododendrons. C’est la fleur nationale et elle ne pousse pas sur de petits massifs fleuris comme on pourrait en rencontrer dans nos parcs et jardins, mais sur des arbres qui peuvent atteindre jusqu’à une dizaine de mètres de hauteur. Et lorsqu’arrive la période de la floraison la moyenne montagne se couvre d’une palette de couleurs, du rouge au blanc en passant par le rose.
Au sud les collines de Katmandou
Une première descente, un passage de rivière puis nous remontons en direction du col. Au sud les collines de Katmandou se détachent dans l’horizon avec la lumière déclinante de l’après-midi. Nous traversons les premiers villages. Ici les stigmates du séisme sont encore plus visibles qu’à Katmandou. Tout est détruit ! Aucune maison n’a résisté aux ondes sismiques. Et les habitants qui vivent là n’ont malheureusement pas la chance d’être dans une zone touristique. Exit les aides internationales, ici il faut se débrouiller soi-même. Mais malgré les difficultés de la vie ce peuple des montagnes arbore un sourire qui en dit long sur leur vision de la vie. Les moments difficiles font partie de l’existence au même titre que les moments de bonheur. Il faut savoir les accepter sous peine de créer plus de douleur qu’il n’en existe déjà.
Après sept bonnes heures de marche nous arrivons à Chisapani, première étape de notre traversée. Nous avisons un lodge qui tient encore debout parmi les décombres et mon père découvre pour la première fois le confort spartiate des chambres Népalaise. Ici on ne s’embête pas avec les questions d’isolation. Les deux à trois centimètres d’air qui séparent le mur des montants de fenêtres assureront une bonne ventilation cette nuit. D’autant plus que celle-ci s’annonce fraîche : entre cinq et dix degrés alors que nous ne sommes qu’à 2200 mètres d’altitude. C’est l’occasion de tester les duvets et de voir si nous aurons de la marge pour les jours suivants. Un Dal-Bhat rapidement englouti et c’est avec le bonnet sur la tête que nous nous emmitouflons dans nos duvets pour un repos bien mérité.
Premier Stupa
Au petit matin le ciel nous offre un dégradé de couleurs allant du rouge au bleu. A l’est le soleil surgit des collines encore embrumées pour nous offrir un spectacle magique. Une fois le petit déjeuner avalé nous chargeons rapidement les sacs pour profiter de ces couleurs et du calme matinal. Premier Stupa, édifice bouddhiste permettant à tout un chacun de se rappeler des enseignements du bouddha, puis nous passons un nouveau col. Lorsque nous basculons mon regard se porte au loin. Au-dessus des nuages bas la chaîne de montagne de Gosaikunda s’érige, telle une forteresse imprenable.
- « C’est là-bas qu’il nous faudra passer dans quelques jours, à 4600 mètres » dis-je en montrant les montagnes à mon père. « Elles me semblent bien blanches on risque d’avoir un peu de neige. »
La neige elle viendra plus tard. En attendant c’est la pluie qui nous accueille après la pause du midi. Et les patates au fromage, quoique excellentes, ne sécheront pas nos affaires. Encore quelques heures de montée et nous rejoignons Kutumsang. Ici aussi il ne reste pas grand-chose du village, mais les habitants ont su reconstruire très vite les lodges pour accueillir les touristes qui fourniront une manne providentielle dans ces contrées où la grande majorité des habitants ne vivent que de l’agriculture. La nuit sera fraîche de nouveau mais l’ambiance au coin du feu réchauffe les cœurs. Nous échangerons avec nos hôtes sur leurs us et coutumes avant de regagner le confort sommaire de nos duvets dans ces chambres frigorifiées.
Montagnes russes sous la neige
Troisième jour, les corps accusent doucement les premiers kilomètres de marche et l’altitude qui augmente petit à petit, mais le rythme est bon. Aujourd’hui nous montons à près de 3700m. Ce sera l’occasion de voir comment nous réagissons à l’altitude. En montant au col nous philosophons tandis que nos jambes gravissent mécaniquement les marches qui jalonnent le chemin. Après quelques heures nous rencontrons un randonneur seul qui redescend.
- « Vous allez à Gosaikund ? Méfiez-vous de la neige, elle commence dès 3000 mètres et est abondante à quatre mille. Je ne sais pas si le col de Laurebina est ouvert mais bonne chance à vous »
Premier pas dans la neige
Voilà des nouvelles peu engageantes. Si le col de Laurebina est fermé, exit les possibilités de rejoindre le Langtang à pied. Mais lorsqu’on est entre père et fils la motivation sert de moteur et notre optimisme n’est en rien entamé. Nous prenons même plaisir à marcher pour la première fois dans la neige. Les quelques rayons de soleil qui percent les nuages donnent une atmosphère magique à la forêt que nous traversons, mais cette lumière qui réchauffe sera de courte durée. Deux heures plus tard nous nous retrouvons au cœur de l’hiver. Nous brassons dans trente centimètres de neige fraiche sous un grésil de neige, seuls dans la nature. Heureusement l’itinéraire n’est pas compliqué, et pas après pas nous nous rapprochons de notre objectif du jour : Le col de Thadepathi. Nous croisons un groupe de touristes accompagnés de deux guides et leur demandons des nouvelles du col.
- « N’allez pas là-bas. Nous avons fait la traversée il y a deux jours, et entre le froid et la neige c’était déjà très compliqué. En plus il a neigé fort hier et la trace est complètement recouverte. »
Encore une fois le col ne semble pas vouloir de nous. Mais tant qu’à être monté jusque ici nous irons au moins au pied du col apprécier par nous même les possibilités de passer. Le soleil nous gratifie de quelques maigres rayons lorsque nous arrivons en fin d’après-midi au col de Thadepathi, baignant les vallées en contrebas d’une douce lumière dorée propice à la méditation.
Près du poêle
Deux petites cahutes recouvertes de neige font office de lodge. La porte est ouverte aux quatre vents et le feu qui crépite joyeusement dans le poêle ne réchauffe qu’à moitié la pièce à vivre. La famille vit ici de mars à novembre pendant la saison touristique. En hiver ils redescendent au village situé à 5h de marche. Les conditions sont rudes mais les corps sont habitués. Le petit garçon, cinq ans à peine, nous suit en claquettes dans la neige alors que j’aide le père à tracer le chemin dans la poudreuse.
- « Tu m’étonnes qu’ils ne pensent pas à fermer la porte, ils ne ressentent pas le froid ! »
Je dis à mon père alors que nous essayons tant bien que mal de nous réchauffer, serrés le plus près possible du poêle. Mais dans ces contrées où la vie est rude la musique est là aussi une échappatoire. Une fois le repas avalé, Sunam sort sa cithare et commence à chanter en faisant vibrer les cordes de son instrument en bois. La mélopée traditionnelle nous enveloppe et nous fait oublier un temps la neige qui tombe dehors et l’incertitude de notre passage.
Zéro degré ce matin. Sortir des duvets se transforme en challenge lorsque tout gèle à l’extérieur. La buée sort de nos bouches lorsque nous respirons et il faut être le plus efficace possible pour enfiler pantalon et doudoune avant que le froid ne morde trop. Une éclaircie et la vision du col de Laurebina s’offre à nous. C’est beau, c’est blanc. Encore une journée de traversée et nous serons à son pied. Nous verrons bien si nous pouvons passer.
Environnement hostile
Le chemin à flanc de montagne est abrupt et les trente centimètres de neige qui recouvrent le sol n’aident ni à s’orienter, ni à stabiliser nos pas. Nous avançons rapidement, vigilants à chaque passage de couloir de ne pas provoquer d’avalanche. Encore une fois nous sommes seuls dans cet environnement hostile. Normalement il n’y a pas de neige en mars et cette traversée qui d’habitude est un charmant chemin dans la forêt s’est transformé en épreuve d’équilibre et d’orientation pour le duo que nous sommes.
Après trois heures de marche nous croisons un népalais en basket. C’est le gardien du lodge de Phédi, là où nous allons dormir. Comme il ne capte pas de signal dans le bâtiment il marche une demi-heure dans la neige pour donner quelques nouvelles à sa famille. Ici nous sommes loin du Wifi payant à cinq mille mètres au camp de base de l’Everest.
Inquiétudes
Arrivés au lodge c’est la même musique : ici on isole par la pensée et la porte ouverte sur la tempête de neige n’a pas l’air de poser de problème au gardien. On rajoute une bûche au poêle, ça sera toujours ça de pris. Nous voyant regarder à la fenêtre le gardien nous explique que deux coréens ont tenté de passer le col ce matin mais qu’il n’a pas de nouvelles d’eux depuis. Nous apprendrons plus tard qu’ils auront passé plus de dix heures à brasser dans la tempête avant de rejoindre l’autre côté du col, vivant mais épuisés. Mon père n’est pas rassuré.
- « Tu crois que ça va passer demain ? S’il neige comme ça toute la nuit on va avoir un mètre de neige. Et si on reste bloqué ici, comment va-t-on faire ? »
- « Je n’en sais rien. De toute façon nous n’avons pas le choix. Allons dormir et on verra à l’aube »
Nous autres Humains n’aimons pas l’inconnu, surtout lorsqu’il risque de changer nos plans préétablis. Pourtant il n’existe pas de meilleure façon pour profiter de l’instant présent que d’accepter ce qui ne dépend pas de nous et de lâcher prise. La neige peut bien tomber, au pire nous rebrousserons chemin. Et si l’univers daigne nous laisser passer nous profiterons d’autant plus de ce cadeau que la nature nous offre. C’est sur ces pensées philosophiques que nous tentons bon gré mal gré de fermer l’œil et de prendre un peu de repos en prévision de la journée du lendemain.
Faire la trace
Cinq heures du matin. Pas un bruit. Le vent et la neige qui faisaient rage hier soir se sont apaisés comme si leur bataille de deux jours les avait vidés de leur énergie. Dehors les premières lueurs du jour nous offrent un ciel bleu qui contraste avec le blanc de la neige. Pas un bruit, tout est calme, feutré. Les sons sont absorbés par les vingt centimètres de neige fraîche qui recouvrent la montagne. Il fait froid mais beau. La météo est avec nous et nous pouvons tenter la traversée.
Après avoir englouti un pain tibétain au miel et une petite tasse de thé nous nous élançons à l’assaut du col, rempart géologique à passer pour rejoindre le Langtang. Neuf cent mètres de dénivelés positifs nous attendent et il faudra faire la trace. La carte, la boussole et notre bon sens nous permettent de progresser dans ce large vallon où tous les reliefs sont adoucis par l’épaisse couche de neige. A quatre mille mètres d’altitude les pas sont lents mais assurés. La neige porte bien. Le vent de cette nuit a chassé la neige fraîche et la croûte de regel nous permet de progresser sans nous enfoncer. Nous louvoyons entre les reliefs : une combe par-ci, un dôme par-là, seuls dans cette immensité blanche. L’air est frais mais ce moment unique nous remplit d’énergie.
Le col de Laurebina
Vers huit heures nous rejoignons le soleil… Ou c’est lui qui nous rejoint. Les doudounes rentrent dans le sac et nous continuons en direction du col en espérant que la chaleur ne fasse pas fondre trop vite cette couche de neige dure si confortable. 4400 mètres. Encore deux cent mètres de dénivelés. La fatigue se fait sentir et plus nous montons plus la neige est profonde et poudreuse. Je fais la trace et à chaque pas je m’enfonce jusqu’au genou. Le col est en vue mais la fringale se fait sentir. Je n’avance plus, je dois reprendre mon souffle tous les dix pas. Heureusement un groupe descend en sens inverse et nous laissent leur trace providentielle jusqu’au col.
Ça y est, nous y sommes. 4610 mètres au-dessus du niveau de la mer. Nous sommes au col de Laurebina, seuls avec le cairn et les drapeaux de prières. Au sud les contreforts de l’Himalaya laissent imaginer la cuvette dans laquelle Katmandou se blottit. Au nord, la chaine du Langtang se dessine timidement, encore cachée par les sommets voisins. Le ciel, d’un bleu sombre, sert d’écrin pour le soleil qui brille plein pot depuis ce matin. Après avoir repris quelques forces nous entamons la descente en direction des lacs de Gosaikund.
Gosaikund
Nous suivons la trace, profonde et sinueuse dans la neige. Autour de nous plusieurs cuvettes à fond plat nous entourent. Ce sont les lacs qui recouverts de neige font penser à des plaines en plein milieu de la montagne. Nous arrivons enfin à Gosaikund. Ce hameau situé entre le plus haut sommet de la chaine du Gosaikund et un grand lac est un lieu sacré pour les hindous et les bouddhistes.
Chaque année un grand festival rassemble des milliers de personnes pour célébrer les dieux et demander la bonne fortune. Après une bonne pause au soleil nous reprenons notre route en direction de Laurebina : pas le col cette fois mais le lieu-dit situé un peu plus bas. Le chemin à flanc de paroi, dans la neige mouillée de l’après-midi, n’est guère rassurant ; mais la vue des lacs partiellement dégelés en contrebas nous fait oublier les risques de glissades.
Au détour d’un virage nous entrons dans le Langtang. Au fond, la chaine des Himalayas nous offre un panorama à 180° depuis le Ganesh Himal jusqu’aux hautes montagnes du Tibet. Le décor est somptueux. Il aurait été magnifique de rester ici pour admirer ce paysage au coucher de soleil mais nos jours de randonnée sont comptés et nous préférons avancer jusqu’à Shin Gompa pour éviter une journée interminable le lendemain.
Le hameau de Shin Gompa
La descente nous emmène dans une forêt de cèdres majestueux qui contrastent avec les pinèdes de la face sud. Peu à peu la neige laisse place à la terre et les yacks broutent les rares touffes d’herbe qui apparaissent en ce début de printemps. Nous continuons de descendre, entrant dans la mer de nuages, avant de rejoindre le Hameau de Shin Gompa. Ici, l’ancien monastère dont les encadrements boisés finement sculptés et colorés contrastent avec le gris de la pierre, est entouré de maisons reconverties en lodges. Cent mètres en contrebas la fabrique de fromage de Yak nous permettra de réveiller nos papilles.
En terre Tamang
Le sol est recouvert d’une couche de neige glacée qui tapisse le flanc de la montagne. Les troncs élancés des grands cèdres paraissent sortis comme par magie de ce tapis cotonneux. L’ambiance est mystique. Seul le bruit de notre respiration dans l’air frais du matin vient troubler la tranquillité des lieux. En silence nous descendons dans la vallée pour rejoindre Thulo Syabru. Lorsque nous sortons de la forêt, la chaine du Langtang s’offre à nous, imposante, majestueuse. Vers le nord-ouest le Langtang Lirung domine la vallée. Les glaciers suspendus rehaussent le caractère impressionnant de la montagne. Et tout au fond, plus au nord, c’est le Tibet. La route est encore longue jusque là-bas, nous n’y sommes pas encore.
Au fur et à mesure que nous perdons de l’altitude, la forêt fait place aux terrasses en culture. Cà et là les paysans vaquent, affairés derrière une charrue tractée par des bœufs ou un fagot de bois sur le dos. Les hommes sont tous en habit traditionnel, portant le Khukuri à la ceinture, couteau Népalais des guerriers Ghurkas. Nous sommes en mars et les rhododendrons géants fleurissement de partout offrant au paysage une palette de couleurs allant du blanc au rouge sombre.
Prise de risque
Encore quelques mètres et nous rejoignons la rivière marquant le début de notre remontée. Au détour d’un virage nous apercevons un pont rudimentaire fait de branchages et de pierres. Le traverser ne nous motive guère mais un panneau en bois indique la présence de sources chaudes sur l’autre rive. La tentation est trop grande. Il faut savoir prendre des risques pour obtenir quelque récompense.
Sans incertitude et sans challenge, quel goût aurait la vie ? Nous nous engageons l’un après l’autre sur cet amas branlant de branchages. Si l’un d’entre nous tombe à l’eau, il restera toujours l’autre pour raconter l’épopée que nous vivons. Ce qui semblait être une expérience à haut risque se révèle finalement être une formalité.
Comme quoi l’idée que l’on se fait de l’inconnu est souvent plus noire et dangereuse que ce qu’il est vraiment. Enfin nous accédons au bassin recueillant l’eau fumante qui percole naturellement des rochers surplombants. Après ces journées dans le froid, il est temps de profiter de la chaleur. C’est avec plaisir que nous nous plongeons dans ce bain à quarante degrés entourés d’une nature sauvage et magnifique.
Surprenante rencontre
La remontée jusqu’à Bamboo est plaisante, alternant entre passages en sous-bois et à flanc de montagne. On en oublierait presque que nous étions en train de braver le froid et la neige la veille. D’un coup j’entends un bruit suspect devant moi : c’est un Langur gris ou Entelle d’Hanuman. Ce grand singe des montagnes pouvant mesurer plus de soixante-dix centimètres pourrait presque être confondu avec le Yéti.
Le lendemain nous reprenons de l’altitude et repassons la barre des trois mille mètres. L’acclimatation a été parfaite et les corps sont maintenant habitués à l’effort. Les vallons boisés laissent maintenant place aux pentes dénudées.
Langtang
Nous nous rapprochons du village tristement célèbre de Langtang. Le séisme de 2015 a provoqué un éboulement de terrain qui a littéralement recouvert le village, emportant avec lui les âmes de plusieurs centaines d’habitants. Les survivants ont décidé de rester sur leurs terres et ont rapidement reconstruit leur maisons, mais cette fois plus en amont de la coulée. L’approvisionnement en bois se fait de manière traditionnelle. Une scierie à ciel ouvert s’est créée en contrebas. Les hommes prennent les arbres arrachés à la suite du tremblement de terre et les débitent en planches. Puis des porteurs les remontent à dos d’homme. Pliés en deux sous des planches de trois mètres de long, ces forçats de l’altitude remontent des fardeaux pouvant peser plus de cent kilogrammes pour permettre la construction de nouvelles maisons.
Nous passons la zone de l’éboulement dans un silence respectueux. Quelques drapeaux flottent dans le vent, témoins symboliques d’un drame naturel qui a changé le cours de la vie des habitants d’ici. Devant nous les nuages se dissipent peu à peu laissant apparaître les faces abruptes des sommets environnants. Nous entrons dans la haute vallée du Langtang. Un Mani, mur de blocs surmonté de pierres plates gravées d’écritures bouddhistes, marque l’entrée de Kyanjin Gompa. Face à nous le glacier du Langtang Lirung s’étale comme si la montagne régurgitait un trop plein de glace. Nous avisons une petite Guest house pour passer les trois prochains jours et profiter des lieux et c’est avec un plaisir non dissimulé que nous engloutissons les plats préparés par nos hôtes.
Décor de cinéma
Nous avons changé de monde en une nuit. Hier nous étions en montagne en été mais aujourd’hui c’est l’hiver qui nous cueille au réveil. Le village s’est paré d’un manteau blanc donnant au lieu une pureté magique. En altitude le vent souffle sur les sommets soulevant la neige en bourrasques. Je profite du confort de mon duvet pour admirer ce tableau, un verre de thé chaud à la main. Journée découverte, nous partons explorer le fond de la vallée.
D’ici nous ne sommes plus qu’à quinze kilomètres du Tibet, mais les hauts sommets empêchent tout accès. La neige crisse sous chaque pas donnant à notre sortie un caractère d’expédition. Plus loin les yacks paraissent insensibles au paysage. Le museau enfoui dans la neige ils cherchent quelques touffes d’herbe à déguster. Nous avons l’impression d’évoluer dans un décor de cinéma : montagnes blanches aux pics élancés sur un fond de ciel bleu noir avec au premier plan les yacks qui marchent dans la neige fraiche. Le tableau est parfait.
Au fur et à mesure que les heures avancent la neige recule et le paysage se transforme sous nos yeux. Quelques cairns nous indiquent la route à suivre pour rejoindre le glacier. Mais la vallée est immense et nous n’avons pas prévu de quoi camper. Un dernier coup d’œil aux sommets environnants et nous rebroussons chemin, préférant garder des forces pour l’ascension du lendemain.
Frôler les cinq milles
Les glaciers alentours prennent une couleur bleu métallique tandis que l’aube se lève. Le bruit de l’eau qui bout sur le poêle vient réchauffer l’air glacial de ce petit matin. La neige a fondu autour du village mais les températures sont restées hivernales. Nous fermons les doudounes et nous engageons en direction du Tserko-Ri : notre objectif du jour. Nous sommes seuls en cette matinée claire et fraîche.
Tranquillement le soleil monte dans le ciel donnant une teinte orange aux hautes faces enneigées. Le rythme est bon et nous gravissons rapidement les premiers reliefs qui nous séparent de l’ascension finale. Autour de nous les grands sommets culminent à plus de six mille mètres et nous nous sentons tout petits dans cet univers minéral. En contrebas la vallée du Langtang s’illumine et la rivière Langtang Khola serpente en méandres capricieux. Le village est minuscule vu d’ici et nous rappelle combien le règne des hommes est petit face à la nature.
Moment d’émotion
Lorsque nous basculons sur l’arête les choses se compliquent. La neige n’a pas encore fondu et les accumulations peuvent parfois atteindre un mètre. Nous progressons difficilement, manquant à chaque pas de tomber dans ces pierriers instables recouverts de neige fraîche. L’ascension est harassante. Encore quelques mètres et nous y sommes. Les poteaux fièrement dressés, entourés de drapeaux de prières, marque le sommet. 4987 mètres, mon père n’a jamais été aussi haut. Et vu la vitesse à laquelle nous sommes montés il semble qu’il voit même les étoiles. Moment d’émotion intense partagé entre père et fils. Nous sommes seuls au sommet profitant d’un panorama à 360 degrés sur les montagnes environnantes.
Découvrir de nouveaux horizons, faire face ensemble aux défis et relever les challenges. Grandir et partager ces moments uniques. C’est pour cette raison que je suis ici au sommet en compagnie de mon père. Et cet instant gravé dans notre mémoire scelle à jamais les liens indéfectibles qui nous unissent. Je me rappelle encore aujourd’hui de mon père, assis sur son lit le dernier jour du trek, le regard perdu dans le lointain comme pour mieux laisser revenir à lui les pensées profondes qui l’habitaient.
« Tu vois ce qui nous venons de vivre, c’est ce que j’ai toujours rêvé de partager avec mon père. Pour ça je te remercie »
Cette phrase résonne comme un énorme tambour dans mon cœur. Souvent, nous oublions trop vite que la vie n’est pas éternelle et que ceux que nous aimons partiront un jour. Malgré les rancœurs et les incompréhensions, malgré l’éloignement et les difficultés, il n’existe qu’un seul moment pour dire aux autres combien on les aime : maintenant.
Promesses tenues
Encore quelques instants à profiter de ces paysages grandioses et nous entamons la descente, bien plus agréable que la montée. Nous laissons la gravité nous entraîner au pied de la montagne profitant avec joie d’un cœur calme et d’une respiration profonde. C’est l’heure du repas au village et nous engloutissons avidement l’assiette de pâtes au fromage. Pas très local mais comment résister après une telle matinée ? tout en regardant encore une fois les sommets qui nous entourent je laisse défiler les images dans ma tête : la haute vallée du Langtang aura tenu ses promesses. Entre paysages féeriques et ascension somptueuse, les huit jours de randonnée pour venir jusqu’ici n’auront été qu’enchantement.
Conclusion de notre traversée du Langtang
Au fur et à mesure que nous redescendons dans la vallée nous profitons de chaque pas, chaque image, chaque odeur. Comme pour tenter de graver dans nos esprits tous ces moments uniques que nous venons de vivre. Ces visages, ces rencontres et ces sourires. Ces moments de galère et de doute, d’extase et de joie. Chacun de ces douze jours de voyage aura contribué au grand tout. A ce souvenir impérissable que nous emporterons avec nous, une fois retournés en France.
Nous sentons comme un brin de nostalgie lorsque nous rejoignons Shyapru, point final de notre périple. Malgré l’inconfort, malgré le froid, nous nous sommes sentis plus vivants que jamais. L’être, une fois dépouillé du futile, peut enfin déployer sa nature profonde et rayonner la joie que nous avons tous en nous. Alors quand nous partageons une dernière fois les sources chaudes avec les locaux, tous égaux, nus devant la nature, nous ne pouvons nous empêcher de sourire, simplement heureux d’être là où nous sommes.
Le bonheur ne va pas se chercher dans quelconque situation, cadeau ou attente. Le bonheur est simplement là, partout, maintenant. Apprendre à savourer la chance de vivre chaque instant ici-bas, profiter de ce que nous avons et le transmettre aux autres, grandir et aimer : voici ma clé du bonheur.
Matériel utilisé lors de la traversée du Langtang
Sac et chaussures utilisés lors de la traversée du Langtang
CATÉGORIE | NOM DU MODÈLE | MARQUE | POURQUOI AVOIR FAIT LE CHOIX DE CE MODÈLE AU DÉPART | EST CE QUE CE CHOIX A RÉPONDU À CETTE EXPÉRIENCE RACONTÉ DANS CE ROADBOOK | SI C’ÉTAIT À REFAIRE |
SAC À DOS | Alpinism 22 ultralight | SIMOND | Poids, prix | Après avoir testé la randonnée longue mais light au tour des Anapurnas, j’ai fais le choix de repartir sur ce trek en mode ultralight, avec ce sac de 22l plutôt que mon gros sac de randonnée. Et encore une fois le choix s’est avéré efficace : Un sac très léger pour une randonnée en altitude beaucoup plus confort ! | Je reprendrai le même, ou alors un 28l pour avoir moins de choses à accrocher à l’extérieur |
CHAUSSURES | Sherpa GV | ASOLO | Rigidité / Technicité | De super chaussures que je porte depuis presque dix ans. Elles m’ont suivi dans toutes mes randonnées dans les Himalayas. Par contre leur age leur fait perdre de l’accroche et de la thermicité. Il est temps de les changer ! | Pour une randonnée sans passages techniques comme celle-ci, j’opterais plutôt pour une chaussure plus légère type Asolo Drifter GV |
CHAUSSETTES | Trekking Merino Light | SIDAS | Chaleur / Lot concours « raconte ton experience outdoor » | Ces chaussettes ont bien fait leur travail. Chaudes et sans point de frottement, rien à redire | Je reprendrai les mêmes |
CHAUSSETTES | Double mid | SIDAS | Chaleur / Lot concours « raconte ton experience outdoor » | Le concept de double couche, intéressant sur le papier se révèle être une galère lorsqu’il s’agit d’enfiler les chaussettes. Pas facile de trouver l’ajustement parfait, et gare aux plis dans la chaussure ! | Je les remplacerai par une seconde paire de Trekking Merino Light de Sidas |
Accessoires vestimentaires utilisés lors de la traversée du Langtang
CATÉGORIE | NOM DU MODÈLE | MARQUE | POURQUOI AVOIR FAIT LE CHOIX DE CE MODÈLE AU DÉPART | EST CE QUE CE CHOIX A RÉPONDU À CETTE EXPÉRIENCE RACONTÉ DANS CE ROADBOOK | SI C’ÉTAIT À REFAIRE |
GANTS | Soloist Finger | BLACK DIAMOND | Chaleur (j’ai très vite froid aux extrémités) Technicité |
Mes moufles ont encore une fois fait le travail aux moments ou j’ai eu besoin de chaleur. Rien à redire, j’ai toujours eu les doigts au chaud | Je reprendrai les mêmes |
SOUS GANTS | Forclaz soie | QUECHUA | Chaleur Finesse Prix |
Bon apport de chaleur mais sous gant trop fragile. Les extrémités des doigts s’abiment vite et font des trous. | Je choisirai des sous gants de construction plus solide type Gloves Liner ICEBREAKER |
LUNETTES DE SOLEIL | The crush | QUICKSILVER | Catégorie 3 | Lunettes bien enveloppantes et filtrant bien les UV. Petit hic, elles s’embuent rapidement lors d’un effort important | Je prendrai des lunettes plus typées sport montagne pour éviter le désagrément de la buée (type julbo Bivouak) |
COLLANT NUIT | New samuel | MC KINLEY | Chaleur | Collant qui a parfaitement rempli sa fonction : bon gain de chaleur pour dormir | Je prendrai le même |
DOUDOUNE | Ultralight down shirt | PATAGONIA | Lot concours « raconte ton expérience outdoor » Légèreté Technicité Respirabilité |
Une doudoune pour 167g ! Le rêve. Et en plus d’être légère, elle a bien rempli son office d’apport de chaleur lors des phases de marche par temps froid | Je prendrai la même. |
DOUDOUNE | Kelvinator Hooded | MOUTAIN HARDWEAR | Chaleur | Il peut faire très froid dans les Himalayas, et une grosse doudoune comme celle-ci est un vrai régal lorsque le soleil se couche. Avec sa capuche qui couvre bien la tête, je n’ai pas eu froid une seule seconde | Je prendrai la même. |
Vêtements utilisés lors de la traversée du Langtang
CATÉGORIE | NOM DU MODÈLE | MARQUE | POURQUOI AVOIR FAIT LE CHOIX DE CE MODÈLE AU DÉPART | EST CE QUE CE CHOIX A RÉPONDU À CETTE EXPÉRIENCE RACONTÉ DANS CE ROADBOOK | SI C’ÉTAIT À REFAIRE |
VESTE ALPINISME | Trilogy GTX | MILLET | Légèreté Technicité Respirabilité |
Cette veste au poids plume m’a accompagné sur tous mes treks au Népal, et a parfaitement relevé le défi des températures négatives. En combinaison avec la doudoune, impossible d’avoir froid, que ce soit en journée ou le soir | Je reprendrai la même |
SOFTSHELL | Solution Hoody | BLACK DIAMOND | Lot concours « raconte ton expérience outdoor » Légèreté Technicité Respirabilité |
Cette softshell est vraiment légère et chaude, avec une capuche pour ne pas avoir froid à la tête. Elle m’a accompagné pendant les douze jours du trek | Je reprendrai la même |
T SHIRT TECHNIQUE | Cold gear men’s evo mock | UNDER ARMOUR | Chaleur Respirabilité |
Mon under armour me suit partout depuis plus de huit ans, m’apportant toujours chaleur et respirabilité. Il était logique qu’il me suive encore une fois | Je reprendrai le même. |
PANTALON RANDONNÉE | ROSSIGNOL | Légèreté Technicité Respirabilité |
Ce pantalon de rando m’accompagne partout. Pratique avec la possibilité d’en faire un short, il sèche vite et est léger. Il manque juste une ceinture et le bouton a tendance à sauter | Je prendrai sûrement un pantalon du même style (avec option short) mais plus stretch | |
T SHIRT TECHNIQUE | Techfresh 50 | QUECHUA | Prix | Tshirt technique à un prix imbattable. Aucun problème d’irritation , sèche vite et remplit bien ses fonctions. Seul problème, le synthétique garde les mauvaises odeurs | Je prendrai plutôt un Tshirt en laine (type MC TechWOOL Speed de quechua) pour éviter les désagréments de l’odeur sur un treck de plusieurs jours |
Matériel spécifique lors de la traversée du Langtang
CATÉGORIE | NOM DU MODÈLE | MARQUE | POURQUOI AVOIR FAIT LE CHOIX DE CE MODÈLE AU DÉPART | EST CE QUE CE CHOIX A RÉPONDU À CETTE EXPÉRIENCE RACONTÉ DANS CE ROADBOOK | SI C’ÉTAIT À REFAIRE |
BATONS | Ultra distance | BLACK DIAMOND | Lot concours « raconte ton expérience outdoor » Poids système de pliage |
De super bâtons ultralight qui m’ont encore suivi sur ces 12j de trek. En main on ne les sent pas, et le système de rpliage est vraiment pratique | Je reprend les mêmes sans hésitation |
Multimédias utilisés lors de la traversée du Langtang
CATÉGORIE | NOM DU MODÈLE | MARQUE | POURQUOI AVOIR FAIT LE CHOIX DE CE MODÈLE AU DÉPART | EST CE QUE CE CHOIX A RÉPONDU À CETTE EXPÉRIENCE RACONTÉ DANS CE ROADBOOK | SI C’ÉTAIT À REFAIRE |
ALTIMÈTRE | on gu’up 700 | QUECHUA | Fiabilité Prix |
Le même capteur que sunnto pour moitié moins cher. Pourquoi s’en passer? Cet altimètre remplit toutes ses fonctions et s’avère d’une excellente précision. Robuste et fiable, c’est tout ce qu’on peut lui demander. | Je reprendrai le même |
APPAREIL PHOTO | RX-100 | SONY | Compact Poids Capteur de reflex |
Un petit bijou cet appareil. Ouverture de 1,8 à 11, un capteur de réflex et un mode débrayable permettant de faire des photos plus belles les unes que les autres. Le must pour ceux qui recherchent une qualité d’image de reflex dans un compact robuste et léger. Très bon comportement de la batterie malgré le froid (4 jours sans recharger) | Je reprendrai le même. |
TRÉPIED | Tripod maxi | SOMIKON | Versatilité Légereté |
Super trépied léger, robuste et modulable. On peut l’accrocher partout et proposer des cadrages originaux. | Je reprendrai le même |
Matériel de bivouac utilisé lors de la traversée du Langtang
CATÉGORIE | NOM DU MODÈLE | MARQUE | POURQUOI AVOIR FAIT LE CHOIX DE CE MODÈLE AU DÉPART | EST CE QUE CE CHOIX A RÉPONDU À CETTE EXPÉRIENCE RACONTÉ DANS CE ROADBOOK | SI C’ÉTAIT À REFAIRE |
FRONTALE | Tikka 2 plus | PETZL | Différents modes Puissance |
Le mode lumière rouge est pratique au réveil et au petit déjeuner pour ne pas réveiller les autres. Eclairage classique suffisant pour les départs au lever du jour et en refuge | Je prendrai peut être un modèle un peu plus puissant (type myo rxp) pour mieux trouver ma route dans ces grandes vallées |
SERVIETTE | Serviette de randonnée | QUECHUA | Compacité | Cette petite serviette en microfibre se faisait oublier dans le sac pendant la marche, mais était bien utile pour la douche. Sèche très rapidement. Ella a le défaut de son avantage : très petite, trop petite ? | Je prendrai la même, même si sa petitesse ne permet pas de tout cacher lorsqu’on sort d’une baignade sous une cascade. |
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De l’importance de partager des moments inoubliable avec son père