Thomas FERRANDI nous partage son expérience de Trek du Mont Gongga 7556 m.
Informations pour préparer le Trek du Mont Gongga
Date du Trek du Mont Gongga :
12-14 juillet 2014
Quand partir faire une trek autour du Mont Gongga en Chine ?
En chine, ne sont pas les mêmes qu’en Occident. Ils considèrent qu’il y a 5 saisons, celle de plus est nommée « intersaison » c’est une phase transitoire qui dure environ 15 jours environ. En Chine, les meilleures saisons pour voyager en Chine sont l’automne (septembre/octobre) et le printemps (fin avril à début juin).
Lieu :
Sur mon road trip depuis le Cambodge, je suis passé au Laos puis en Chine, dans les régions du Yunnan et du Sichuan. C’est dans cette dernière province grande comme la France, que j’ai fait un trek de 3 jours dans le massif le plus élevé de la Chine (hors Tibet). Le mont Gongga ou Minya Konka s’élève à 7556m, à 8h de bus de Chengdu, il domine fièrement les vallées et contreforts himalayens alentours.
Comment s’y rendre ?
On peut s’y rendre en bus de Chengdu qui se trouve près de la limite avec le Tibet.
Participant au Trek du Mont Gongga
Je m’appelle Thomas, je suis un grimpeur de la région Toulonnaise. Pour mes études, je suis parti sur Bordeaux pour faire une école de commerce. J’ai eu la chance de partir en échange universitaire en Inde puis de faire un stage au Cambodge. Lors de ces voyages en Asie, j’en ai profité pour rejoindre l’Himalaya.
Depuis l’Inde, je suis allé faire le trek de l’Everest Base Camp ainsi que le Lobuche (6000m). Depuis le Cambodge j’ai rejoins les contreforts himalayens à l’ouest de la Chine. Je suis aussi un fan d’alpinisme bien que ma pratique soit plus récente que l’escalade. Je passe ainsi tous mes étés à Chamonix pour m’éclater sur ces parois démentes ! J’aime bien l’aventure et l’engagement comme vous allez le découvrir dans le récit qui va suivre.
Où dormir pendant un trek au Mont Gongga ?
Il y a un campement tibétain ou il y a des yourtes et où on peut y poser sa tente.
Quoi d’autre dans les environs ?
On peut y découvrir la vie traditionnelle à Chengdu, également l’ancien système d’irrigation Dujiangyan. Pour les ceux qui aiment les animaux il y a des Pandas à la Réserve Naturelle de Wolong. On peut se rendre à Danba qui est un des plus beaux villages en chine, ainsi qu’un ancien village Shangli près de Yaan.
On peut également faire une Expedition au Mustagh Ata en Chine.
Itinéraire du Trek du Mont Gongga
Le trek du Mont Gongga n’est fréquenté que par des agences de trekking qui y amènent leurs clients. Les Chinois n’étant en général pas très téméraires, il n’y a pas de carte IGN et les sentiers (qui existent pourtant) ne sont pas balisés. J’ai trouvé des informations sur le trekking au Mont Gongga alors que je séjournais au Cambodge, peu de sites en parlent et ils sont souvent en Chinois.
Le départ s’effectue depuis Kungding, un village encaissé bien desservi depuis Chengdu. C’est une des étapes principales de la route Tibétaine qui mène à Lhassa. De nombreux Chinois la parcoure à vélo ou à pieds. Ce qui donne lieu à de joyeux embouteillages ! Il y a quelques guest houses à Kungding mais aucune ne fournit de renseignements pour le trek au Mont Gongga. C’est une agence qui m’a envoyé la carte mais il faut la traduire car elle est en Chinois.
3 jours de Trekking autour du Mont Gongga le » Roi du Sichuan »
La rencontre avec Jason
Je rencontre jeudi un Chinois, Jason de son prénom anglais, qui projette de faire le même trek que moi! Un formidable hasard parce que je me suis rendu compte ensuite qu’il n’y avait pas beaucoup de prétendants en cette saison…
Le lendemain, on se retrouve à Kungding pour organiser le trek au Mont Gongga. On fait le tour des Guest Houses de la ville pour obtenir une carte et quelques renseignements, mais à chaque fois on nous le déconseille « c’est pas la bonne saison », « c’est dangereux, il y a des morts chaque année »… Je ne sais plus ce que je dois croire parce que les locaux sont assez timorés quand il s’agit de sortir des sentiers battus. Mais on prend un coup au moral quand une Guest House nous raconte qu’ils ont vu un étranger partir l’an dernier à la même époque et qu’il n’est jamais revenu…
Enfin bon je reste confiant! On décide alors d’appeler l’agence que j’avais contacté lorsque j’étais à Phnom Penh, ils nous envoient carte et planning! Parfait mais tout est en Chinois… Jason fait donc le traducteur avec une générosité d’autant plus grande qu’il ne pourra pas partir avec moi car le trek fait 4 jours et qu’il doit être rentre avant!
Le lendemain, il m’aide à acheter ma nourriture, louer mon matériel (tente, duvet, tapis de sol) avec un dévouement hors du commun! Il m’accompagne au village départ et me paye même mon trajet! Je cherche à le rembourser mais il refuse obstinément à chaque fois et je vois bien que ça le vexe lorsque j’insiste.. Il me répond que c’est son devoir d’accueillir des étrangers! Sans lui je ne serais jamais parvenu à organiser ce trek au Mont Gongga.
La découverte du Mont Gongga
La guest house dans laquelle je dors a vu partir de nombreuses expéditions pour les sommets alentours, le massif est impressionnant, le mont Gongga culmine à 7500m et autour se dressent plusieurs sommets de 6000m, le décor est plante! Le maitre des lieux, une espèce de golgotte tibétain, me fait un descriptif précis du trek que mon fidèle traducteur détaille ensuite. Mes angoisses s’estompent un peu avec toutes ces informations, je me dis que je ne peux pas me perdre ; le Tibétain est un ancien guide et il a l’air serein de me voir partir.
Avec toutes ces infos en poches, je me sépare de Jason avec quelques pincements au cœur. La nuit sera longue et j’ai angoissé à l’idée de me retrouver tout seul le lendemain, perdu dans les montagnes hostiles, isolé comme jamais sur un laps de temps indéterminé!
Mais le lendemain matin, toutes mes craintes se sont évanouies et je fonce sur le chemin, l’esprit léger! Je croise quelques caravanes de yaks, de mulets avec leurs maitres. Je m’encourage tout seul et il m’arrive de me crier à moi-même pour me pousser dans la montée. Jusqu’au moment où je croise une caravane, je fais peur aux maitres et les mules partent en courant, je ne les avais pas vu..
La solitude peut jouer des tours! D’ailleurs à chaque fois que je croise des gens et que je leur dis ce que je fais, d’un signe de la main, ils me disent que je suis fou… Ce qui n’est peut-être pas faux! Je fais 1000m de dénivelé et 19 km pour m’arrêter le soir près d’un campement tibétain compose de yourtes et d’un troupeau de yaks. Le couple qui y habite me sert gentiment du lait de yak, c’est bon et réconfortant après la dure journée de marche que je viens de faire !
Le mauvais temps était au rendez-vous
Le matin du 2eme jour, je me fais réveiller par la pluie qui goutte au travers de ma tente… J’ouvre le double toit et un brouillard opaque inonde la vallée… Qui plus est, le col que je dois franchir aujourd’hui est 4900m et il n’est pas facile à trouver. Je décide alors de payer le berger pour qu’il m’accompagne, je m’en tire à 30$. On part et effectivement au détour d’un cimetière de yaks (très morbide sous le brouillard et la pluie), un étroit chemin bifurque alors qu’on avait perdu toute trace. J’ai bien fait! L’ascension est longue et difficile avec l’altitude et le manque d’oxygène! Je laisse mon guide au sommet et comme par magie, le ciel se dégage et j’aperçois les sommets environnants!
Le col est tout enneigé et le vent souffle, tout à coup, la pluie se met à tomber dru ! Je ne m’attarde pas à contempler la vue et je m’empresse de redescendre dans la vallée voisine qui s’étire le long d’un torrent. Après deux heures de descente, je finis par trouver refuge dans une grange abandonnée, trempé jusqu’aux os… J’essaie de faire un feu mais le bois est humide et j’arrive à peine à faire sécher mes affaires. Seul réconfort, mon bol de nouilles chinoises lyophilisées que j’avale goulument ! Je me faufile dans mon duvet sur un lit de branchage, crevé mais content d’avoir franchi la principale difficulté du trek au Mont Gongga.
A mi-chemin du trek au Mont Gongga
C’est ce que je croyais!! Le lendemain, je me lève alors que l’eau s’infiltre dans ma cabane… Aujourd’hui, j’ai décidé d’en finir avec ce mauvais temps et je veux faire 2 étapes en 1, soit 40km et 1000m de dénivelé… Dur! D’autant que les choses sérieuses arrivent! Je poursuis sur le chemin puis je perds toute trace au niveau du torrent que je suis censé traverser sur un pont, je continue alors rive droite, pas de pont, je prends un peu d’altitude pour avoir une vue d’ensemble : pas de pont! Je manque de tomber en m’agrippant à une souche morte…
Exaspéré, je redescends et je décide de franchir coute que coute ce torrent! Je m’enfonce alors jusqu’aux hanches dans l’eau glacée! Mais le courant est trop fort et manque de m’emporter! Je renonce et je m’imagine être bloque là.. Mais en rebroussant chemin, j’aperçois ce qui ressemble à un pont… mais sous l’eau!!
Conclusion sur le trek au Mont Gongga
En effet avec toute la pluie de ces derniers jours, le torrent est en crue! Je tente quand même, je n’ai plus grand chose à perdre, je suis trempé et la pluie tombe comme jamais depuis 1h30 que je trime. Avec un cri de soulagement, je parviens à m’extraire des rapides qui m’auraient entrainé si je n’avais pas eu le poids de mon sac!! Ouf! La fin de la journée est une (très) longue succession de montées / descentes. J’arrive 8h après, à une intersection je retrouve des Chinois en vadrouille. Ils m’applaudissent et me prennent dans leurs bras lorsque je leur dis d’où je viens! Ils voulaient faire le trek en sens inverse, ce que je leur déconseille fortement ! J’ai l’impression d’être un survivant! Ce soir je me remettrai de mes émotions autour d’un poêle chaud dans la guest house du village où je suis arrivé.
Matériel utilisé durant mon Trek au Mont Gongga
Catégorie | Nom du modèle | Marque | Pourquoi avoir fait le choix de ce modèle au départ ? | Retour d’expérience | Si c’était à refaire |
Chaussure | Terrex | Adidas outdoor | Le poids, le waterproof | Bonne résistance et bonne tenue de pied mais pas assez water proof pour des journées très humides et longues | Oui ! Les conditions quasi de mousson étaient telles que n’importe quelle autre chaussure auraient été trempées, le gros avantage de celles-ci est qu’elles sèchent vite ! |
Veste gore tex | ? | Adidas Outdoor | La polyvalence | Peu imperméable et respirant, une déception ! | Non ! La veste ne me protégeait plus après 30 min de pluie, elle restait humide encore longtemps après. |
Lunette de soleil | Explorer | Julbo | Catégorie 4 | Super protection des yeux et réglable pour un bon maintien sur le nez | Oui ! Ces lunettes se font oublier et les branches réglables sont vraiment pratiques. Malgré quelques traces de buée. |
Pantalon et T-shirts | Quechua | Prix | Bonne qualité (léger, respirant, odeur…) et super prix ! | Oui ! Ces produits basiques assurent un bon rendement qualité/prix. | |
Sac à dos | Odyssée | Millet | Taille (50+10) | Toile résistante mais finition (coutures, clips) bas de gamme… | Non ! Grosse déception vis-à-vis de Millet dont les sacs ne sont plus ce qu’ils étaient, l’attache pectorale se déchire avec le poids, les coutures craquent… |
Doudoune | Belay Tool Jacket | Millet | Poids et volume | Bon rapport chaleur/volume, poids | Oui ! Une doudoune d’appoint qui porte satisfaction quand les conditions ne sont pas trop extrêmes. Solide dans le temps. |