Julien DIOT nous partage son expérience de Trek dans la Cordillère Huayhuash au Pérou
Informations pour préparer le Trek dans la Cordillère Huayhuash
Date du Trek dans la Cordillère Huayhuash :
Du 23 au 25 Janvier 2015 (saison des pluies d’Octobre à Avril)
Quand partir :
Il faut préférer la saison sèche : de mai à septembre
Campement pendant un Trek dans la Cordillère Huayhuash :
Aucune infrastructure, guide et mules obligatoires pour +3jours
Lieu :
Cordillère Huayhuash, Pérou
Participants a ce Trek dans la Cordillère Huayhuash :
Julien DIOT
Comment s’y rendre :
Queropalca : point de départ du côté Est de la cordillère. C’est à la fois le côté le plus sauvage et le moins fréquenté des touristes. Idéal si vous souhaitez faire quelques jours en complète autonomie sans guide ou mules. Il faut trois jours du village de Queropalca à Huayhuash. Il est trop dangereux de s’aventurez seul si vous désirez faire davantage.
Llamac : Point de départ de tous les groupes en provenance de la Union ou de Huaraz. Seul point de départ envisageable pour la boucle complète de 12 jours avec guide et mules.
Où dormir en cordillère Huayhuash :
Voyageant hors saison en hiver, j’ai principalement dormis chez l’habitant étant seul et parlant Espagnol. Toutefois le coût normal pour une chambre dans une auberge local en Janvier 2015 était de 5 Soles (1.60€). Je recommande celle de Baños « Rest Turisto ».
Le repas copieux coûte également 5 Soles.
Aspects positifs : facilité de rencontres, confort, partage, restauration
Aspect négatifs : Aucun si vous cherchez seulement 4 murs et un toit.
Où se restaurer, se réapprovisionner :
Baños : Rue principale, 50m avant la place du village
Huanucó : Marchés, Open Plaza (adresse : Jirón 2 de Mayo)
Huaraz + La Unión + Llamac :Nourriture incluse par l’agence de trekking choisie pour réaliser la boucle de 12 jours
Office du Tourisme :
L’office du tourisme pour Voyager au Pérou
Caractéristiques de la Cordillère Huayhuash :
La Cordillère Huayhuash est une chaîne montagneuse du Pérou très compact et abrupte qui s’étend du Nord au Sud sur 30km. Elle est la deuxième cordillère située en région tropicale la plus haute du monde après la Cordillère Blanche 50km plus au Nord. Son plus haut sommet est le Yerupajá culminant à 6635m, suivi du Suila Grande (6344m) et du Jirishanca (6126m). Très peu connue du monde, cette cordillère n’en reste pas moins l’une des plus belles des Andes. Le film « La mort suspendue » racontant l’exploit de survie de Joe Simpson lors de son ascension du Siula Grande aura participé à rendre cette Cordillère célèbre.
Quoi d’autres dans les environs :
La Cordillère Blanche: elle est la plus grande Cordillère du Pérou avec le “Huascarán Sur” culminant à 6768m (5ème plus haut sommet de l’hémisphère occidental). La ville de Huaraz est le point de départ d’un grand nombre d’aventures sportives Outdoor: Escalade, Trekking, Kayak, VTT. Si vous recherchez un compagnon de route, commencez par là.
Arequipa: La ville Blanche est entourée de deux fantastiques montagnes (Pikchu Pikchu et le Chachani) et un volcan : El Misti.
Application Android utile :
Orux Maps : Cette application est à ce jour la meilleure et la plus utile pour les aventuriers et explorateurs. Elle vous permet d’utiliser des cartes topographiques précises en restant Hors Réseau tout en vous servant du GPS de votre smartphone pour vous guider ou enregistrer vos parcours.
Lien internet :
Carte du Pérou (Orux Maps)
3 jours de Trek dans la Cordillère Huayhuash au Pérou
Un départ de trek dans la Cordillère Huayhuash difficile à synchroniser
Cela fait maintenant 3 jours que je me trouve au sein de la famille d’Estenio. Nous avons appris à nous connaître et ce dernier, ayant bien compris que je passe mon temps en montagne, me propose quelque chose : partir en direction de Choras, son village natal, avant de m’enfoncer de plus en plus dans la Cordillère Huayhuash jusqu’à Queropalca.
Après un rapide coup d’œil sur ma carte topographique, je constate que je peux rejoindre le circuit alpin depuis Queropalca. Je n’hésite pas plus de quelques minutes le temps de trouver un itinéraire viable pouvant être réalisé sans assistance technique ou animal.
Je décide donc de partir de Queropalca pour rejoindre le village de Huayhuash 3 jours plus tard à travers la Cordillère portant le même nom. C’est également à ce moment là que je me fais une idée du relief en analysant avec soin les courbes de niveaux laissant présager un décor exceptionnel voire irréel avec un sommet vraiment proche des 7000m : le Yerupajá
Nous sommes en hiver et il pleut beaucoup mais comme je suis là, autant en profiter. Mon équipement est prévu pour quatre saisons et jusqu’à -5°C. Je ne devrais pas rencontrer de problème autre que du givre dans la tente. En revanche c’est bien le gain d’altitude qui m’effraie, n’y étant pas encore accoutumé à 100%. Le parcours que j’ai prévu de faire atteint au plus haut un col à 4800m (paso Siula) et je dispose de 4 jours entre 3500 et 3900m pour m’habituer à la raréfaction d’oxygène. Je verrai comment je me sens mais je ne prendrai pas de risque inutile. Si je me sens mal à 4200, Je n’irai pas titiller les 4800.
La première journée à Baños et organisation
La journée jusqu’au premier camp commence à Baños sur les coups de 6h du matin. J’ai passé la nuit dans une petite auberge nommée « Rest Turisto » située sur la place du village. 5 soles lanuit et 5 soles le repas soupe+plat principal+boisson. Il n’y a pas à dire c’est vraiment bien. J’avais l’intention de camper mais lorsque je me suis rendu compte des regards et des gens s’amassant autour de moi en faisant sécher ma tente, j’y ai renoncé.
Après le petit-déjeuner, j’organise mon sac en conséquence du temps que je m’apprête à rencontrer à savoir humide et froid. Il faut vite pouvoir se couvrir et se découvrir sans perdre de temps. Une fois cette réorganisation opérée, je m’occupe de la gestion de mes ressources en nourriture.
La veille j’avais déjà commencé à faire quelques courses mais comme je n’ai pas pris mon réchaud avec moi, je n’ai acheté que des choses basiques qui, je l’espère, me fournirons suffisamment d’énergie : dix œufs que je ferai bouillir à l’auberge, un sac de pain, cinq bananes et un kilo de tomates, pommes et mandarines. Il faut voir la taille des fruits pour y croire, les pommes faisant la taille de mon poing! Comme l’épicerie était à court de fromage la veille, j’y retourne ce matin dès l’ouverture afin de parfaire mon alimentation dans les jours à suivre avec du fromage local.
La navette provenant de « La Unión » est censée passer à Baños autour de 9h ce matin. Lorsqu’elle arrive, les gens qui en descendent ont dû miel à vendre. De suite, je pense au délicieux sandwich que je vais pourvoir me faire : pain, miel et fromage. UN VRAI RÉGAL!
Le trajet pour arriver à Baños pendant notre trek dans la Cordillère Huayhuash
Cette succulente idée s’accompagne néanmoins d’une mauvaise nouvelle : la navette ne va pas plus loin. Ne sachant pas trop quoi faire bien qu’on me dise qu’une voiture va arriver incessamment sous peu, je décide de commencer à marcher vers Santa Rosa qui se trouve à un peu plus de 12 kilomètres à l’Ouest de Baños.
Ainsi les personnes passant par là devraient pouvoir me prendre avec elles. Je profiterai de cette marche inattendue pour discuter avec quelques personnes sur la route.
Cependant comme cela m’inquiète un peu, je demande à chaque personne rencontrée si c’est vraiment dangereux afin de me faire une idée. En fin de compte une seule mamie m’aura fait peur en me faisant le signe du couteau sous la gorge. Les trois autres personnes rencontrées et les quatre autres qui me prendront en voiture me diront que c’est sûr. Les derniers cas de roberies et de touristes assassinés remontent à 2004 et ont eu lieu à des endroits où je ne prévois pas de me rendre. La zone est aujourd’hui considérée comme relativement sûre.
Le paysage défilant à travers la vitre de la voiture m’enchante: rivières, cascades de plusieurs centaines de mètres, canyons tout aussi profonds et enfin les montagnes aux formes complexes et variées culminants juste en dessous des 5000m qui se font de plus en plus présentes.
Bien que je me trouve dans l’hémisphère Sud au mois de Janvier, nous sommes en hiver jusqu’au mois de Mai. Il pleut donc tous les jours et il n’est pas rare de voir des éboulements ou des routes qui se sont effondrées. En parlant des routes, celles-ci sont en gravier et il vaut mieux ne pas croiser quelqu’un arrivant en sens opposé dans une épingle car il n’y aura pas de la place pour deux.
L’altitude : un facteur discriminant important lors d’un trek dans la Cordillère Huayhuash
J’arriverai à Queropalca un peu après 10h30 à la place du village. Je me trouve désormais à 3850m d’altitude sans présence de maux de tête. Je me rends à la mairie afin de donner les détails de mon parcours mais en fin de compte ce n’est pas nécessaire : ils ne prirent aucune note.
Le parcours commence à la droite de la rivière lorsqu’on sort du village. Un panneau placé au début d’un chemin de pierres indique que le camp situé sur les rives du lac Carhuacocha se trouve à 10 Km. Je commence à prendre de l’altitude en montant les lacets de la large piste en terre sur les trois premiers kilomètres du parcours. Au deux tiers de celle-ci un ruisseau gonflé par les chutes de pluie quotidienne rend le passage difficile.
Les pierres sur lesquelles nous pouvions marcher se trouvent désormais sous l’eau. L’eau est glacée et m’arrive au niveau du genou. Je n’hésite pas à utiliser mes mains pour garder l’équilibre sur les pierres glissantes et résister au faible courant. Les cavaliers qui me croisent en sens inverse n’eurent aucun mal à franchir ce passage. Le chemin de terre se termine dans un champ boueux où nous pouvons voir le passage des bêtes.
Le parcours est relativement boueux et je ne suis pas au bout de mes surprises. Il n’y a aucune indication concernant le tracé, les sentiers de bêtes étant la meilleure option. Nous ne sommes également jamais à plus de 200m de la rivière, celle-ci constituant le seul point de repère pour vous orienter. Maintenant à une altitude de 4000m, les arbres sont rares. Le champ de vision est dégagé. Lorsque vous ne voyez plus où se trouve le sentier il suffit de regarder au loin.
Problèmes liés à l’altitude pendant le trek dans la Cordillère Huayhuash
Au bout de 3km, un mal de tête commence à s’installer. Si vous êtes bien hydraté et bien alimenté ne cherchez pas plus loin. Vous souffrez de la raréfaction d’oxygène. Décidément ma préparation à l’altitude ne fut pas très efficace. J’aurai du rester plusieurs jours à Queropalca. En attendant que le corps s’adapte, s’hyperventiler permet de diminuer un peu les symptômes.
Des courbatures et de la fatigue musculaire se font sentir m’obligeant à progresser plus lentement. J’évite de faire des efforts brusques au risque de ressentir une douleur et les battements de mon cœur dans la tête. Il semblerait que mâcher des feuilles de coca réduise également les symptômes, le doliprane étant inefficaces. Je m’arrêterai 10 minutes entre deux averses pour manger et souffler un peu sur les coups de 13h. Pourtant j’atteins à peine la moitié du parcours prévu pour la journée.
Un peu plus loin après avoir repris ma route je passerai à travers des propriétés. Les gens qui vivent ici sont complètement coupés du monde et le mode de transport reste le cheval. Même à plus de 4000m il est encore possible de vivre de l’agriculture et du feu de bois. Lorsque vous traversez ces propriétés prenez garde aux chiens. Dans 100% des cas ils courront en aboyant vers vous et parfois tenteront de vous mettre des coups de pattes. Ne levez pas la main sur eux ou ne leur donner pas de coups de bâtons au risque de vous faire mordre. Le mieux est de s’immobiliser à une cinquantaine de mètre de la propriété le temps que le propriétaire vienne vous donner un coup de main pour les calmer. Il profitera également de cette occasion pour faire un petit brin de causette avec vous.
Apercevoir la Cordillère Huayhuash
Dans aucun cas je ne me suis fait mordre mais au retour j’ai été un peu bousculé et je suis tombé en glissant dans la boue et le crottin. Les gens vivants ici sont adorables et contents que vous veniez visiter leur cordillère. A cette période de l’année il n’y a aucun touriste, ceux-ci commençant à arriver au mois de Mai. Le moindre étranger parlant Espagnol est donc plus que bienvenu.
C’est d’ailleurs ce qui me fera prendre un peu de retard (en plus du mal de l’altitude et des photos) sur le temps nécessaire pour parcourir ces 10km.
Dès les premières propriétés traversées je commence à apercevoir la Cordillère Huayhuash avec l’impressionnant Yerupajá dominant la vue lorsque son sommet n’est pas dissimulé dans les nuages. Je ferai d’ailleurs une belle photo avec un arbre solidaire au milieu de ruines avec le Yerupajá en arrière plan.
À mi-chemin, je commence à rencontrer des terrains gorgés d’eau voire marécageux. C’est à cet endroit que j’aurai également des difficultés à repérer le sentier. Lorsque je le perds, je me rapproche de la rivière et fini rapidement par retomber dessus. Je suis content d’avoir des chaussures Goretex aux pieds! La dernière propriété que je traverse m’informe que le campement ne se trouve plus qu’à une heure de marche.
Depuis la maison je vois au loin la butte en arc de cercle derrière laquelle se trouve le lac Carhuacocha. Il était temps après 4h de maux de tête, marche sous la pluie, un peu de grêle, en permanence dans la boue ou dans des étendues de terres gorgées d’eau. Au cours de cette dernière heure, des cavaliers m’informent également que je ne serai pas seul au camping ce soir. Un couple d’allemand accompagné d’un guide venant de Huaraz.
Arrivée très fatiguée au campement
Lorsque j’arrive à 17h, je suis épuisé. Mon corps entier est en état de choc et mes gestes sont lents et imprécis sous l’influence du froid mais surtout de l’altitude. Heureusement il ne pleut pas lorsque je monte la tente. Il m’est vraiment difficile de me concentrer sur mes gestes mais je serai à l’abri juste avant que la pluie ne se remette à tomber. Je mange un petit peu et fini presque de boire l’eau qui se trouve dans ma gourde avant de m’installer confortablement dans mon duvet. Je me réveillerai deux heures plus tard en allant un peu mieux. J’en profiterai pour manger quelques fruits et oeufs avant de me recoucher. Ceci se produira une troisième et dernière fois au milieu de la nuit.
Je me réveillerai en petite forme aux premières lueurs du jour pour admirer le spectacle qui s’offre à moi. De la neige est tombée au-dessus de 4500m et les sommets sont encore dans les nuages. Il n’y a pas une seule onde sur le lac, pas un seul bruit. Je suis le seul humain à admirer ce spectacle éphémère me remplissant de bonheur.
Un début solitaire se poursuivant dans le partage
Une petite demi-heure après avoir profiter de ce spectacle, des rangers péruviens passent me voir amicalement. En fin de compte j’avais planté la tente au mauvais endroit, le campement se trouvant davantage sur la gauche du lac Carhuacocha lorsque nous sommes face au Yerupajá. Cela n’est pas très grave toutefois et j’ai pu prendre la photo concrétisant un rêve : me réveiller depuis ma tente sur de majestueux sommets enneigées face à un lac les reflétant sans déformation.
Une fois ma tente rangée et le sac prêt, les rangers me proposent de les rejoindre pour faire la rencontre des autres touristes et de l’équipe qui les accompagnent. C’est ainsi que je fais la rencontre de Mathias et Annette, un couple d’allemand faisant le tour de la cordillère Huayhuash accompagné par Nestor leur guide et Alberto son assistant. Toutefois leur souhait initial ne sera pas pleinement réalisable. En effet le niveau de la rivière est trop haut pour que les mules qui transportent le matériel et la nourriture pour douze jours et quatre personnes puissent traverser.
Ainsi ils n’iront que jusqu’à un point nommé « El Mirador » avant de revenir au camping et rebrousser chemin jusqu’à Llamac. Ma tête ne me fait pas trop mal ce matin et je pense être capable de faire la même route avec eux aujourd’hui.
La bonne nouvelle, c’est que le dénivelé sera doux les six premiers kilomètres avec à peine plus de 100m de positif. Seuls les derniers 900m seront difficiles en passant de 4300 à 4600m d’altitude. Le temps est pour le moment couvert mais il ne pleut pas. C’est ainsi chaque matin depuis cinq jours que je suis dans les montagnes de cette cordillère.
Découverte du lac Carhuacocha pendant le trek dans la Cordillère Huayhuash
La marche le long du lac Carhuacocha est agréable bien qu’il faille choisir où poser les pieds. Le passage répété des animaux et les averses quotidiennes rendent certains passages délicats. Généralement vous remarquerez d’autres itinéraires placés en amont de la zone technique ou bien des pierres se succédant jusqu’à la fin de celle-ci
À la fin de la première heure de marche nous passons la dernière propriété du parcours pour la journée. Nous arrivons maintenant dans la zone des trois lacs situés entre les sommets de la cordillère Huayhuash à l’Ouest et une chaîne de collines inférieures à 5000 m à l’Est. En effet il s’agit bien de collines pour les péruviens. Tant qu’il y a de l’herbe, que les pentes ne sont pas abruptes et que la neige n’est pas éternelle, c’est une colline. Avant de voir le lac Gangrajanca (qui en fait nous ne verrons pas car il est de l’autre côté d’une butte), nous devons d’abord remonter le cours de la rivière pendant une bonne demi-heure.
Le sentier suit initialement le flanc des collines sur la gauche avant de couper à travers l’ancien lit de la rivière vers l’Ouest. Le lit fait environ 40 mètres de large et il nous faut zigzaguer entre les différents cours d’eau afin de progresser vers notre objectif.
Des difficultés à surmonter
Viennent ensuite deux petites difficultés: en raison d’un éboulement sur la rivière au cours de l’hiver 2014-2015, un nouveau bassin s’est jumelé au lac Siulacocha. Une petite portion de sentier se trouve donc sous l’eau. Néanmoins le terrain dégagé permet de contourner cette difficulté en coupant dans une portion en amont.
La deuxième difficulté (la plus intense et courte physiquement) surgit quant à elle à la jonction de cette nouvelle étendue d’eau avec le lac Siulacocha. À cet endroit la seule possibilité de traverser (si vous n’avez pas de chaussures à tige haute) est de sauter au-dessus de l’eau sur une distance de deux mètres. Avec Nestor, le guide, nous nous réjouissons de ce défi. On enlève les sacs à dos et faisons un petit « Pierre Feuille Ciseaux » pour décider lequel de nous deux tente le saut en premier. Je suis heureux de perdre! Alors, je prends mon élan et 1,2,3…
Je me retrouve dans les airs, léger comme une plume sans le sac à dos. Cette sensation agréable de quelques dixièmes de seconde laissera place à un mal de tête bien plus long. Nestor, réjoui, se lance à son tour…sauf qu’il oublie de me jeter les sacs à dos avant de s’élancer. Il est donc reparti pour un tour.
Nous trouverons un terrain plat un peu plus tard parsemé de rochers, mousse et petits buissons pour reprendre des forces avant le fort dénivelé qui nous attend.
Retour au camp du lac Carhuacocha
Nous sommes juste au-dessus de 4300m à côté du lac Siulacocha et son glacier. A ce moment je demande à Nestor ce qui est le plus facile: passer le col Siula à 4800m pour se rendre à Huayhuash ou s’arrêter au mirador à 4600m et faire demi-tour. Nestor sera franc avec moi. Avec mes maux de tête, la rivière trop haute et la pluie arrivant du Sud, retourner au camp du lac Carhuacocha est la meilleure des deux options. J’acquiesce ainsi sans regret.
Nestor me conseille également de laisser mon sac à dos principal ici pour ne prendre avec moi que ma nourriture et mes vêtements de pluie dans le plus petit. Il n’y a personne d’autre que nous dans toute la cordillère, cela ne risque rien.
Le fait de réduire le poids à transporter me permet de soulager les muscles porteurs et de me rendre au mirador bien plus facilement. Ce n’est pas pour autant que ce parcours se transforma en une promenade de santé. Je sens des vertiges et il m’est impossible de marcher plus de 5minutes non stop.
Le chemin grimpe fortement avec des têtes d’épingles tous les 3 mètres pendant 45minutes. Je donne tout ce que je peux donner en me concentrant sur le sentier pour ne pas trébucher. En effet nous sommes presque au bord d’un précipice qui ne vous tuerait peut-être pas mais qui vous briserait les os à coup sûr.
La météo continue à se maintenir bien que le ciel se charge de plus en plus. 10minutes avant d’atteindre le Mirador, le chemin s’améliore et rend la progression plus facile. Je m’arrête sur des blocs de roches afin de regarder ce qui se trouve derrière moi. Nous pouvons voir les trois lacs au bleu me rappelant ceux de la Nouvelle-Zélande.
L’arrivée à un mirador procurant une belle vue
Les nuages descendent de plus en plus bas sur la Cordillère Huayhuash rendant difficile la distinction entre la neige et le ciel. C’est sûr, dans une demi-heure nous serons sous la pluie. Dès que le groupe est réuni, nous continuons notre progression. Le bloc de roche servant de Mirador n’est plus qu’à une centaine de mètre de nous.
Je décide de faire le tour du Mirador afin de trouver un accès vers son sommet. J’en trouverais un sur la droite, en montrant d’abord sur un rocher plus petit pour sauter et m’agripper au plus gros. Néanmoins je ne marche pas jusqu’au bord étant sujet à des vertiges avec l’altitude.
Mathias m’apprend que le film La mort Suspendue a été tourné sur l’autre versant du Siula Grande au même endroit où l’incident c’est produit. Face à la montagne, je peux juger de la prouesse réalisée et jamais réitérée. Je visionnerai le film quelques mois plus tard afin de revivre mes souvenirs et apprécier l’histoire qui y est rattachée.
En descendant du Mirador, un changement dans l’humidité de l’air me fait comprendre qu’il va pleuvoir dans les deux minutes à suivre… Ça ne loupe pas. La descente se passera mieux que la montée mais de gros signes de fatigue se font sentir. Un long et violent mal de tête surgit instantanément après avoir sauter à nouveau au-dessus de la rivière.
Repos bien mérité et bilan de la journée du trek dans la Cordillère Huayhuash
Une fois à proximité des affluents du Lac Carhuacocha, Nestor essaye de pêcher le dîner pour ce soir : de petites truites de montagnes. Ses tentatives répétées resteront sans succès jusqu’à ce que nous rentrions au camp. Comprenant que ses échecs viennent du fil utilisé, je lui offrirai une bonne longueur de celui que je possède et que j’utilise pour coudre.
De mon côté, le retour au camp se passera dans la douleur et j’essaye de ne pas prendre de grosses pauses pour arriver au plus vite. Étant à bout de forces, je m’arrêterai longuement pour attendre Mathias et Annette 700 mètres avant d’arriver au camp. Après avoir monté ma tente, un magnifique Soleil accompagné de vent nous permet de faire sécher nos affaires pendant un peu plus d’une heure.
Bilan de la journée: Il nous aura fallu un peu moins de 7h pour faire cet aller-retour de 13 kilomètres en prenant beaucoup de pauses. Une personne entraînée et habituée à l’altitude peut confortablement faire l’aller retour en 4-5h selon moi. Nestor me confirme même avoir fait le tour complet de la cordillère avec un anglais « mutant » en seulement trois jours à ses débuts de guide, équipés de sac à dos de 25kg et marchant de 6h du matin à 7h du soir au mois d’août (chaud et très sec).
Le circuit se réalise normalement en une dizaine de jours… Après notre expédition à la journée nous savourons une bonne soupe préparée par Nestor. Deux heures plus tard, il nous servira pour dîner un plat typique des Péruviens vivants en montagnes: truites, riz, pommes de terre vapeur et tomates. Je suis heureux d’avoir été invité à ces deux festins !
Une nuit compliquée à cause de l’altitude et de la fatigue pour le trek dans la Cordillère Huayhuash
La nuit ne se passera pas bien pour moi. À plusieurs reprises je me réveillerai dans la douleur à cause d’une respiration en sommeil profond trop lente par rapport à l’altitude où je me trouve. Je ne ferais que somnoler afin de m’hyperventiler. J’ai également hâte de m’étirer afin de relâcher les tensions accumulées dans mes jambes, dos, nuque et trapèzes. Nestor m’invitera une nouvelle fois pour le petit-déjeuner avec une omelette oignon/tomates pour me requinquer. Je finis également ce qui me reste à manger et lui donne mes dernières tomates. De leur côté Nestor, Annette et Mathias retournent doucement sur Llamac comme le niveau de la rivière ne leur permet pas de poursuivre leur boucle avec Alberto et ses mules.
Pour ma part je retourne sur Queropalca et m’étonnerai moi-même en ne mettant que 2h30. Je serai accompagné pendant ma dernière demi-heure part Filo, un gamin de 12 ans à cheval allant vendre le maïs de sa propriété au village. Je serai finalement accueilli une journée de plus par les travailleurs locaux construisant un collège après avoir fait un brin de causette avec eux à l’heure du déjeuner à la cantine du village (cantine elle même recommandée par quelques locaux venus papoter avec moi pendant que je m’étirai sur la place du village).
Le plus ancien d’eux m’emmènera même aux sources chaudes avant de me conduire à l’autre extrémité de la Cordillère Huayhuash dominée par le Cerro Paria culminant à 5070m après lui avoir confié que je préférai les montagnes au foot !
Il n’y a pas à dire, les péruviens vivants dans la Cordillère Huayhuash ont un cœur en or.
Matériel utilisé durant le Trek dans la Cordillère Huayhuash au Pérou
CATÉGORIE | NOM DU MODÈLE | MARQUE | POURQUOI AVOIR FAIT LE CHOIX DE CE MODÈLE DE DÉPART POUR LE TREK DANS LA CORDILLERE HUAYHUASH ? | EST-CE QUE CE CHOIX A RÉPONDU À CETTE EXPÉRIENCE RACONTÉE DANS CE ROADBOOK ? | ET SI C’ÉTAIT À REFAIRE ? |
VESTE | GoreTex 3 couches | OZARK | J’étais à la recherche d’une veste 3 couches GoreTex avec la technologie ProShell pour la pratique de sports de montagne en basses températures. | Cette veste est idéale lorsque les températures sont comprises entre -15ºC et 10ºC. Bien que ce soit du GoreTex, je ne trouve pas la veste des plus respirantes. Le matériaux extérieur est déperlant à la neige mais possède un pouvoir déperlant limité face à de forte pluie durant plus de 30 minutes. Veste est très solide. | Tout dépend de la saison. Néanmoins j’opterai davantage pour une veste GoreTex plus légère 2 couches avec un matériau extérieur beaucoup plus déperlant et hydrophobe pour la randonnée. A réserver à la haute montagne ou aux sports d’hiver. |
MULTI-OUTIL | NV-MH-21 | TRUPER | Après avoir perdu mon valeureux Leatherman, il me fallait absolument trouver une solution de substitution. C’est au marché Péruvien de Cusco que j’ai découvert la marque Truper. | Ce multi-outil à la bonne qualité de fabrication bénéficie de fonctions très pratiques qui satisferont tous vos usages. Son seul inconvénient pourrait être les petites poignées facilitant la prise en main mais limitant la surface de coupe. | Après y avoir cousu une cordelette en nylon pouvant venir se prendre sur ma bretelle de sac à dos ou à un passant de ceinture, j’espère ne pas perdre ce multi-outil très bien conçu ! Je le recommande |
APPAREIL PHOTO NUMÉRIQUE | Powershot SX220HS | CANON | Tout amoureux de l’outdoor devrait avoir un APN compact à grand zoom comme celui-ci.Atouts : prix, zoom x14, capteur, l’optique, qualité image/vidéo, les réglagesDéfauts : autonomie de la batterie, vidéo 30 images par seconde, panoramique assisté. | Cet appareil me satisfait depuis 4 ans (sauf lorsque je dois changer la batterie au mauvais moment).Il est fiable et son traitement d’image conserve les fins détails.Cet appareil se dote même d’un caisson aquatique et d’une communauté active CHDK qui permet de repousser les limites de l’appareil photo. | Ce modèle sorti en 2011 dispose toujours d’une qualité d’image qui le place au niveau des meilleurs.Aujourd’hui, Sony se positionne en tant que leader du marcher chez les compacts à grand zoom et compacts Expert. Si c’était à refaire, je choisirais un modèle tel que le Sony HX50V ou bien le RX100 II |
TRÉPIED MAGNÉTIQUE | Jobby | GORILLAPOD | Idéal pour ceux voyageant seul. | Ses pieds articulés et magnétiques permettent d’utiliser n’importe quel support pour maintenir votre appareil photo comme vous le souhaitez. | Cela fait maintenant 4 ans que je l’ai, je ne le changerai pour rien au monde. |
TENTE | Minima 2 SL | CAMP | J’ai gagné cette tente lors de ma dernière participation au jeu concours « Racontez votre Expérience Outdoor » 2014.J’ai choisi de l’emmener avec moi au Pérou pour:Son poids (1.4kg) 2 personnes Tente Double toits | Je ne comprends pas qu’aujourd’hui encore il faille utiliser 16 SARDINES pour monter cette tente.A quoi sert la légèreté si l’utilisation au quotidien n’est pas du tout pratique ?Une tente nécessitant plus de 4 sardines n’est pas une bonne tente (tente double toits) | Je ne reprendrais pas cette tente si je m’attends à rencontrer un terrain rocailleux. Je l’utiliserai seulement si je part en trip VTT pour plusieurs jours en solitaire uniquement pour son rapport encombrement/ poids/ volume plié. |
MATELAS | Pro Lite | THERMAREST | Un ami intendant de vol me l’a ramené de son voyage en Californie lors des soldes.La réputation de la marque n’est plus à faire et bien que ce ne soit pas le plus léger des modèles existants, j’apprécie pouvoir gonfler mon matelas en cinq expirations. | Ce matelas en plus d’être suffisamment compact est très confortable et permet de gagner en isolation. Aucun soucis à déplorer, je l’utilise très régulièrement. Il est très résistant et garantie à vie. | Cela fait maintenant 1 an que je l’ai, aucun problème de perte de pression à signaler. Toujours aussi confortable, il me sert de matelas d’appoint dans mon véhicule utilitaire sportif aménagé par mes soins. |
SAC DE COUCHAGE | Swing 500 | VALANDRÉ | J’ai acheté se duvet au Vieux Campeur à Paris. A l’origine je voulais le Mirage ¾ de la même marque mais il n’était plus disponible en taille M.Le Swing 500, en plus de disposé de sacs de stockage et de compression, s’est révélé être un très bon deuxième choix. | La qualité de fabrication est au rendez-vous. Le gonflant du sac de couchage est incroyable et la douceur des matériaux sensationnelle.En étant habillé de la tête au pieds avec un leggins et un sweat à capuche non technique, j’ai résister sans frison à la formation de gèle dans ma tente à 4500m. | Considérant le prix d’acquisition et les performances du produit, je ne suis pas prêt d’en changer de si tôt ! |
PANTALON CLIMAT WIND | SALOMON | J’ai choisi ce pantalon pour son matériau stretch élastique et déperlant ainsi que pour sa légèreté. | Il est déperlant jusqu’à un certain stade mais sèche vite. Lorsqu’il fait chaud son élasticité permet de le rouler jusqu’au dessus des genoux pour en faire un short sans qu’il ne redescende. Les poches filets à fermeture éclair permettent de faire passer l’air pour nous rafraîchir. | Ce pantalon est tout simplement fabuleux. Il m’accompagne partout en montagne.Il s’est montré à la hauteur de la renommée de la marque. | |
T-SHIRT MANCHES COURTES AVEC ZIP VENTRAL | SALOMON | Il me fallait un T-shirt technique. | Très bonne régulation de la température et de la transpiration. | A utiliser sans modération T-shirt est très bien conçu. | |
SAC À DOS TREKKING | Shield 38 | BACH | Acheté au Vieux Campeur à Paris, je recherchai un sac à dos robuste, compact, léger et bien taillé à la fois pour ma morphologie et de part sa taille. J’ai choisi un litrage moyen pour me limiter au nécessaire pour mon voyage « 4 saisons tout terrain » au Pérou. | Testé au quotidien pendant 2 mois au Pérou, de la jungle Amazonienne jusqu’au 5822m du Volcan EL Misti, ce sac à dos est parfait. Tout mon matériel y tient, il est très bien équilibré et matelassé, la transpiration est bien évacuée et jusqu’à 15kg le poids n’est pas désagréable durant de longues heures de marches sans pause. | Parmi toutes les marques qu’il m’a été donné de tester dans les sacs à dos avec ceinture abdominale, celui-ci est un excellent modèle. Il accompagnera toutes mes sorties de 2 à 5 jours. |
SAC À DOS PLIABLE | Ultralight 18L | TAKONA | Le sac à dos pliable présente plein d’avantages pour un voyageur :· Il ne prend pas de place · Il permet d’avoir un sac au quotidien lorsqu’on se sédentarise quelque part. · Il permet d’équilibrer les masses avant/arrière en randonnée en le portant sur la poitrine et devient une poche très accessible. | Ce modèle conseillé au Vieux Campeur est fantastique. En plus d’être très abordable, il est également très robuste pour sa catégorie. Le fait d’avoir une poche accessible devant les mains lorsque porté en complément de mon sac à dos trekking fut un plus indéniable. | En plus d’être utile lors de mes treks, je m’en sers quotidiennement pour faire les courses ou en faire un sac de sport. |