Trekking de 150 jours entre Santiago (Espagne) et Vienne (Autriche).

par Expérience Outdoor

Pierre Salou nous partage son expérience de 150 jours de trekking entre Santiago et Vienne

Sommaire masquer

Informations pour préparer un trekking entre Santiago et vienne

Date de ce trekking entre Santiago et Vienne:

Du 2 avril 2012 au 2 septembre 2012 (5 mois)

Lieu:

Mon trek s’étale entre l’Espagne, la France, l’Italie, la Suisse, le Liechtenstein, et l’Autriche. En Espagne, de Santiago à Irún, l’itinéraire est celui des chemins de pèlerinage « Primitivo » et « Norte » empreintés à l’envers. La traversée des Pyrénées d’Irún à Banyuls est effectuée via lesGR10 et 78. La jonction de Banyuls à Nice est faite en train de façon à ne pas finir le trek trop tard dans la saison. Le tracé de Nice à Champéry (Suisse) suit principalement le GR5. La traversée de la Suisse se fait entièrement (et uniquement) par les tracés de la Via Alpina. Enfin, j’ai relié Feldkirch et Vienne en une grande traversée de l’Autriche sur la NordAlpenWeg (ou Weitwanderweg 01). Le retour chez moi en France s’est fait en bus.

Participant à ce trekking entre Santiago et Vienne:

Je m’appelle Pierre Salou (26ans) et suis parti seul faute de camarades prêts à partir dans ce genre d’aventure. Avant de faire ce voyage, je n’avais qu’une faible expérience en itinérance autonome. À mon actif, je n’avais que des randonnées à la journée, 2 jours passés en Aubrac, 2 jours en Corrèze, un Tour du Mont Blanc en autonomie et une boucle de 15 jours à vélo en Écosse. Sur le plan technique, j’avais un tout petit bagage en escalade (3 ans scolaire), et pas de pratique en matière d’alpinisme. Plutôt sportif (course à pied) je n’ai préparé que mon dos de façon à porter mon sac sans trop de douleurs.

Où dormir durant ce trekking entre Santiago et Vienne:

Durant mon itinérance, j’ai dormi principalement sous tente (plus proche du tarp que de la tente), mais aussi sous toutes sortes d’abris lorsque les conditions étaient mauvaises. Ces abris allaient de la bergerie, au refuge de moyenne montagne, en passant par des granges, des abris de chasse, des refuges (gardés ou non) et des « Alberges » de pèlerins.

Où se restaurer/où se réapprovisionner durant ce trekking entre Santiago et Vienne:

Le ravitaillement se fait en fond de vallée, et ne s’est avéré vraiment difficile que dans les Pyrénées en début de saison. Avec une immobilisation pour cause de mauvais temps et une marge de sécurité, l’autonomie peut devoir être de 7 jours.

Office du tourisme et points d’information :

Caractéristiques techniques sur ce trek en Europe :

La topographie et les terrains sont très variables, parfois en plaine (Galice, Lannemezan), mon tracé est passé par des chemins côtiers, des plages, mais aussi de la moyenne montagne et des sommets moyens. La difficulté vient ici de l’accumulation des dénivelés, mais aussi de petites courses d’arêtes et des passages de grade T5. Le franchissement de cols jusqu’à 2900m et de névés (pouvant être important) peuvent nécessiter une concentration de tous les instants, surtout en l’absence de matériel technique.

Quoi d’autre dans les environs:

La distance parcourue étant très importante, les occasions de briser la monotonie de la marche sont nombreuses. Des visites culturelles (églises, sites classés, sites historiques) sont possibles en plus des activités sportives telles que le rafting, l’escalade, les courses simples d’alpinisme, voire du parapente. Cependant, je n’ai eu que très rarement le courage et les finances suffisantes pour m’écarter ainsi de ma route.

Pour préparer mon trekking entre Santiago et Vienne :

Rien de tel que la puissance de l’imaginaire pour faire monter le désir.

  • Blog et vidéos de celui qui m’a réellement donné envie de me lancer
  • Site pour le PCT qui m’a beaucoup aidé
  • Théorie du voyage par Michel Onfray chez Le livre de poche.

Viens ensuite le temps de l’étude de faisabilité du projet

  • Topoguides FFR ref : 1090, 1091, 1092 et 1086 puis 507, 531, et 530.
  • Topoguides modulables de la Via Alpina
  • Récit d’une transalpine Nice-Vienne
  • Le manuel de la montagne du Club Alpin Français chez Seuil.
  • Physiologie du sport et de l’exercice physique de Wilmore J.H. et Costill D.L. chez De Boeck (2e édition)

Et bien sûr, arrive le moment de se préparer et s’équiper.

(le premier item de l’équipement, c’est le cerveau)

  • Site Randonner léger, mine d’or pour alléger son sac et se réapproprier son voyage
  • Baies et plantes sauvages comestibles de D. Henschel chez Vigot. (Très utile ! ! !)
  • Geoportail pour vérifier l’existence de sentiers, et sentiers secondaire
  • Cartes IGN Top 100 tourisme et découverte : n °144, 151, 158 et 165
  • Cartes Marco Polo 1/300000ème Suisse et Autriche
  • Cuaderno del peregrino du Ayana Touring Club(faire attention a bien avoir le sou-carnet d’information à jour)
  • Österreichischer Weitwanderweg 01imprimé par l’Oesterreichischer Alpenverein!!! Pour le reste de la carto, il ne faut pas hésiter à prendre en photo toutes les cartes rencontrées sur la route, l’entrée des parcs ou des sentiers fréquentés et ainsi gagner en poids et en précision. 😉 !!!

150 jours de Trekking entre Santiago et Vienne

Étrange pulsion que celle du voyage. Cette sensation de devoir à tout prix élargir ses frontières. Ce besoin irrépressible de franchir la porte de chez soi avec comme unique perspective, l’inconnu.

Cette envie m’a pris alors que je finissais mes études. J’étais à l’étranger lorsque cette sensation sourde est apparue. C’était d’abord un sentiment diffus. Une bougeotte. Mais très vite, cela devient un sentiment clair de devoir voyager. J’ai commencé à chercher des sentiers de randonnée autour de Prague. Puis, à force de digressions, je suis tombé sur les sentiers européens. C’est comme ça que j’ai compris que je voulais vivre une expérience d’itinérance.

Le voyage devait se faire à vitesse humaine et dans un cadre aussi sauvage que possible. C’est ainsi que j’ai découvert les grands sentiers américains. La découverte de ces tracés m’a bouleversé. J’y ai vu un défi sportif, mais aussi personnel, un temps d’introspection, une possibilité de perdre la notion du temps et de l’espace inhérent à nos vies modernes. Pour des raisons de finances et de logistique, j’ai préféré chercher un équivalent en Europe, et c’est ainsi, en raboutant des tracés existants, que j’en suis arrivé à celui qui devait devenir la trame de mon voyage.

S’éveiller au voyage

Le départ :

Fin mars, les premiers bourgeons éclosent, le top départ est donné. Le 2 avril je suis sur la place de la Cathédrale Saint-Jacques-de-Compostelle. Je savoure quelques minutes de silence, pour essayer de saisir l’importance de l’instant, mesurer l’étendue de ce qui m’attend, pour tout oublier et ne plus penser qu’au quelques prochains pas. En un clin d’œil, me voilà projeté en dehors de la ville. La météo est relativement clémente, mais très vite, je suis rattrapé par la réalité du terrain. Sans carte, c’est à chaque carrefour qu’il faut trouver la suite du chemin. Les bornes jacquaires ne sont en effet pas implantées pour faire le trajet à l’envers. Comment faire alors? Tourner le dos à la Conche, suivre la direction du Nord-est et surtout, trouver les traces de pas et de vélo pour les remonter !

Sur le plan physique, les premières semaines sont difficiles. Les jambes sont lourdes et douloureuses, et les épaules ont souffert d’un mauvais réglage du sac. En plus de cela, la pluie qui sévit à partir du 4e jour a rendu mes pieds palmés et bien abimés. Contrairement à mes prévisions ; l’Espagne au printemps n’a rien de très estival. Dommage, mais après tout, un pèlerin qui ne marche pas sous la pluie est-il vraiment un pèlerin ?

À l’écoute du corps

Les premières semaines sont vouées à l’apprentissage. Il faut tout apprendre. À marcher, à regarder, à s’économiser, à gérer ses étapes, à se protéger efficacement de la pluie, mais surtout, à trouver un rythme. Premier obstacle pour moi, le gigantisme de l’entreprise. Je suis obnubilé par ces centaines de kilomètres à parcourir. Une obsession de chaque minute. Je passe mes premiers jours à me projeter et oublier les kilomètres qui s’accumulent et que j’encaisse difficilement. Il me faut diviser le trajet en petits morceaux.

Premiers segments : Lugo, puis la mer.

Sans m’en apercevoir, en m’engageant sur le Camino Primitivo, j’ai aussi suivi la variante de la via Romana. Je profite du hasard qui m’amène à ma première Alberge pour acquérir la fameuse crédentiale, clé indispensable aux pèlerins de Saint-Jacques pour pouvoir profiter des auberges clairsemées le long de la route.

Arrivé à Lugo, je rentre dans le vif du sujet avec mes premiers pas dans les Asturies et ses montagnes. Je rejoins bientôt Grandas de Salime qui marque pour moi un premier tournant. Fatigué et abîmé par les premiers jours menés grand train, je suis forcé de passer une demi-journée à l’auberge. Le temps pour moi de faire un premier point :Je dois bien me rendre à l’évidence, ce chemin de Compostelle est très particulier. Les rencontres faites sur les routes sont essentielles.

Les rapports sont simples, directs et intimes. Tous, dans une même situation, nous nous livrons naturellement et entièrement avec une simplicité déconcertante. Les discutions tournent autour des ampoules, des objectifs de chacun, mais aussi très souvent autour de la crise économique ; les spécificités de l’Espagne et la vision de chacun sur les catastrophes sociales. Constatation inhérente à mon tracé, je rencontre au début de mon voyage des marcheurs qui touchent à la fin du leur. Je comprends auprès d’eux que je me trouve dans une impasse.

Le temps du voyage

À vouloir aller trop vite, je mets mon corps à l’épreuve, en même temps que je passe à côté de l’essence de la marche : le temps du voyage. Quoi de meilleur que la marche pour ne pas faire une simple translation d’un point à un autre, mais d’être à chaque instant, l’acteur une modification profonde de soi. C’est ça que je dois viser. Première implication pour atteindre la mer : écouter mon corps et trouver le rythme ; lâcher prise et savourer chaque jour.

« Savourer chaque jour »… Pas facile quand on a mal aux jambes, qu’on a froid et qu’il pleut presque tous les jours. Heureusement, le chemin de Compostelle est ponctué de petites auberges. Elles sont d’un grand confort, et heureusement pas trop cher. Tout d’abord, elles me permettent de dormir au sec, car le tarp avec lequel je commence le trek se révèle bien trop juste pour les pluies quotidiennes. En plus de cela, ces soirées passées à l’auberge me permettent de rencontrer des gens et d’échanger plus de 5 minutes de discussion.

Tracer son chemin

À la suite de discussions avec des pèlerins, je réalise que j’ai développé mon projet avec un objectif de performance et de défis sportif qui n’a finalement que peu d’intérêt. Arrivé à Unquéra, je décide de partir dans la montagne avec l’idée que quitte à ce que la météo soit mauvaise, autant qu’il neige, ce sera moins humide. Je prends donc le bus pour Potes où je reste quelques jours dans l’auberge désertée. J’en profite pour faire le tour des crêtes avoisinantes et préparer mes jambes aux Pyrénées qui ne sont plus très loin. Cette étape s’avère parfaite pour oublier la performance.

Je me rends ensuite à Bilbao afin d’éviter la portion Santander-Bilbao qui côtoie la civilisation de façon trop intime.
À peine un mois après mon départ, j’atteins enfin la frontière française. J’ai marché environ 28 jours, passé près de 20jours sous la pluie et n’ai effectué que peut-être 1/6ème de mon voyage. Une nuit passée à Irún, je dois le lendemain passer en France et effectuer des ajustements de matériel. Une nouvelle paire de chaussures et une tente un peu plus fermée doivent me permettre d’attaquer les Pyrénées.

L’école de la route

Quand la météo s’acharne

Me voilà sur le GR10. Une des grandes traversées pyrénéennes. S’en est fini des auberges de pèlerins, premier saut dans l’inconnu. L’excitation de la veille retombe bien vite. Le soleil espagnol de ces trois derniers jours a laissé place à un temps maussade et une pluie fine qui ne s’arrête pas.

Cette pluie commence à pénétrer mon esprit. C’est le paramètre aléatoire qui semble défier les statistiques : je perds constamment au tirage !

J’ai le sentiment qu’il pleut, tout le temps ! Mes pensées s’obscurcissent et je commence à réfléchir à une pause. Le spectre de l’abandon semble m’attendre au tournant.

On m’a annoncé un énième virement météorologique, je m’accroche. En début d’après-midi, la pluie tombe de plus en plus fort et je dois me résoudre à trouver un abri. Comme précédemment en Pays Basque pendant une tempête, je trouve refuge dans une grange. Je suis un peu réticent, mais je n’ai plus vraiment le choix. Un toit qui protège de la pluie, des poutres pour y accrocher mes vêtements trempés, deux meules contiguës pour y installer mon tapis de sol. Je n’en demandais pas plus. J’entame alors, une fois n’est pas coutume, ma longue entreprise de réchauffement général. Le moral dans les chaussettes et les chaussettes trempées, je chercher un peu de courage dans le sommeil.

Deux nuits de plus passées sous la tente battue par la pluie et le vent finissent de me faire craquer. Je n’ai plus qu’une idée en tête : rejoindre la vallée et attendre des jours plus favorables à la marche.

Rayon de soleil

Heureusement, Clément, mon ami, routeur et plus fidèle supporter me convainc de pousser un jour de plus. Bien bonne idée puisque le lendemain, je trouve un peu de soleil, un abri pour dormir et la trace de randonneurs avec qui je vais marcher jusqu’à Saint-Jean-Pied-de-Port et la station de Saint-Martin.

Cette petite semaine à ne pas marcher seul me remet le pied à l’étrier. Un poncho contre la pluie, des guêtres pour les neiges à venir, je me sens d’attaque. Mais alors que la station de ski devrait être en vue, le ciel s’obscurcit rapidement et je suis pris sous une tempête de neige et de grêle au col de la pierre St-Martin. Je passe donc la nuit sur du lisier de mouton, dans ma tente, elle-même dans un abri à bestiaux. Un trois étoiles pour les conditions ! Un de mes bivouacs les plus mémorables, mais aussi un de ceux qui vont finir de me débrider concernant le « logement opportuniste ». Dorénavant, tout serra meilleur qu’une nuit sous la pluie.

La neige au pied

Mes vraies premières neiges à traverser sont une nouvelle étape. J’ai la curieuse impression de n’en avoir jamais vu. C’est aussi excitant que terrifiant. Il ne s’agit plus de seulement marcher sur la neige pour aller chercher son forfait de ski. Cette fois je suis seul sur ce massif du Pic d’Anie.

Responsable de moi-même, je dois tracer dans une neige abondante, trouver de rares traces de sentier cachées sous la neige, pointer au compas et surtout éviter les pièges du Karst et ses arêtes tranchantes. Toutes proportions gardées, le danger est quand même là. Pour venir à bout de ces neiges trop profondes, je dois me résoudre à improviser des raquettes de fortune avec des branches de sapin et me fier à ce que j’ai appris avant de partir. La météo est bonne, j’arrive à rejoindre la superbe vallée de Lescun. J’imagine bien qu’au cœur de l’été, ce parcours m’aurait facilement demandé 2 heures de moins.

Le renoncement

Ces premières neiges passées, je suis très circonspect… La météo ce printemps ne m’est pas favorable, et ce premier col, le plus bas d’une longue série à venir, était encore trop couvert de neige pour que les prochains ne posent pas problème.
En effet, arrivé à la cabane de Baigt, alors que je dois me lancer pour le col d’Ayous à près de 2200 m, les prévisions météo sont de nouveau mauvaises. Après une nuit passée dans la cabane, les nuages sont toujours très bas. La neige recouvre entièrement la montagne, il fait très froid, et en bas de la pente je m’enfonce déjà jusqu’à mi-cuisse. De plus, je sais que l’orientation en haut du col ne sera pas simple. Sur le papier, je dois couper deux combes et ne pas me tromper.

J’ai envie de continuer. J’ai envie de passer ce col et passer à la vallée suivante. Physiquement, je suis persuadé que c’est tout à fait faisable. Le problème n’est donc, ni que je ne veux pas, ni que je ne peux pas, mais que je ne dois pas. Je vis là mon premier renoncement. Du moins le premier vécu en tant que tel. Assis devant le refuge, c’est aussi un petit drame personnel. Les yeux rivés sur les pentes enneigées, je dois renoncer au sous-titre de trans-Pyrénéen. Manque d’expérience ? Manque de matériel ? De chance ? Peu importe, il faut faire sans et trouver une autre issue.

L’acceptation

Je trouve celle-ci dans le GR 78. Tracé reprenant en partie le chemin de Compostelle du Piémont. À l’auberge d’Oloron, je trouve d’autres voyageurs auprès de qui je finis de me faire une raison.

Dans la vallée, je fais connaissance avec les premières chaleurs de la saison. Elles sont étouffantes, et pendant quelques jours, m’empêchent de cheminer l’après-midi. J’en profite aussi pour me nourrir un peu plus : à mon habituel couscous, je peux maintenant ajouter du vrai pain, des fruits et autres réjouissances !

Je renoue aussi avec cet esprit de pèlerin très vite mis de côté au début des Pyrénées. J’en profite pour passer par Lourdes et Bagnères-de-Bigorre, mais surtout par Cheust : beaucoup moins connu, mais parfaitement époustouflant. Sur les conseils du pèlerin d’Oloron et en accord avec mes plans de retour dans la montagne, me voilà à Castillon-en-Couserans prêt à me frotter de nouveau à la montagne. Cette semaine m’a mis en confiance. La météo a été très bonne et je sais que maintenant la fonte est bien amorcée. Même si je viens de passer à côté de la partie la plus haute des Pyrénées, je sais qu’à partir de maintenant, ma route est toute tracée… ou presque.

Premières récompenses

La montée vers l’Ariège reste pour moi un passage émouvant du voyage. L’enchaînement de paysages variés, des vallons humides et plein de moustiques au col froid avec des neiges profondes, le bonheur est total. La météo est optimale et le moral s’en ressent. Les nombreux abris de bergers et refuges non gardés constituent l’apogée de journées bien remplies. Je réalise combien mon voyage est tributaire de la météo. Lorsqu’il fait beau, tout va bien. Le moral, la santé, tout ! Je me projette dans l’avenir et avale les kilomètres jusqu’à n’en plus pouvoir. Autre avantage, je peux plus facilement me laver dans les eaux de fonte, faire mes lessives et sécher toutes mes affaires. Je peux donc repartir presque à zéro tout les trois jours. Étang de Bethnale, Cabane de Subera, col de Pause, col de la Serre du Clo, col d’escot, du port de Saleix, les kilomètres et les cols s’enchaînent.

Puis, au pied du pic de Cabanatou, mon cœur s’arrête.

Le son se coupe, le nez me pique et les larmes montent. La vision sur les Etangs de Bassies me coupe les jambes. Encore en partie gelé, on ne voit qu’une petite tache bleue s’échappant de la glace. Ce n’est pas une vision désertique de poudreuse comme j’ai pu voir d’autres fois. Ici les arbres ont perdu leur couverture de neige et leurs couleurs trouvent un écho dans de multiples taches d’herbe et de terre dispersées çà et là. La vie est là. Tout près. Tout juste réveillée, elle respecte encore un silence qui ne durera pas. Le fait d’être là, à ce moment-là, d’avoir la chance de pouvoir vivre ces quelques minutes m’a bouleversé.

Cette image est une de celle qui m’accompagnera tout le reste de mon voyage et qui viendra souvent me motiver lors des montées de cols.

Une fois cette vision de Canada Austral passée, le temps se gâche et je marche plusieurs jours sous la pluie, me perd dans d’épais brouillards puis sous la neige. C’est donc complètement imbibé et frigorifié que je retrouve des amis à Siguer. Début d’une semaine de repos pendant laquelle je vais fêter mon anniversaire en famille.

La pause est de courte durée, mais ce n’est pas plus mal, car la route me manque déjà. Je refais donc mon sac, remets mes chaussures, dis au revoir puis disparais dans la brume. Je reprends la route au plateau de Beille. En près d’une semaine de beau temps, je passe la crête de la Lhasse, le col d’Anyell, le lac des Bouillouses, le col Mijta, le Canigou par le sud enneigé (très émouvant), le Col de la Cirère, le Roc de France, et enfin, le Roc des Trois Termes. Une dernière nuit passée sur les crêtes et me voilà prêt à descendre vers la mer. L’arrivée à Banyuls est un soulagement.

Non pas à cause de la fatigue, car, depuis Tarascon, j’ai passé toutes mes nuits dans des abris. Je suis soulagé, car je peux maintenant prendre le train et commencer ma pérégrination à travers les Alpes. Cette chaine est un colosse silencieux. Un adversaire mental vers lequel je me rapproche aussi terrifié que fasciné. Je profite donc du voyage en train pour me concentrer et me projeter sur ce nouveau segment.

Jusqu’au bout de soi

La force du rythme et le plaisir de partager

À Nice, je n’ai pas grand-chose à modifier dans mon sac à dos. Mon équipement est bien optimisé maintenant. Il me faut simplement une nouvelle paire de chaussures et de l’alcool pour mon réchaud.
Le 8 juin, je pars pour la transalpine qui doit me porter jusqu’à Vienne. Au moment de me lancer, celle-ci semble encore presque impossible. Surtout qu’à ce moment-là, je n’ai pas encore de tracé définitif ni de support pour la traversée de l’Autriche. Pour commencer ce GR5, je décide de faire un détour par la vallée des merveilles. Je prends donc le train pour Sospel et m’engage sur le GR52. Je monte pour la vallée des merveilles puis m’oriente vers le refuge de Nice. Dans mon malheur météorologique, j’ai quand même une chance, cet hiver et ce printemps, il a plus neigé dans les Alpes du Nord que dans celle du Sud (ce qui n’est pas toujours le cas). Je peux donc commencer ma traversée des Alpesdu sud au Nord (comme prévu) avec une épaisseur raisonnable de neige sur les cols.

Je passe donc par le pas du mont Colomb, St Dalmas, Rimplas, Roure, la très belle vallée du Longon, le mont Mounier, Auron, le col de la Colombière et le col des fourches.

Arrivé à la Cabane du Salso Moreno, je me sens bien et fais un premier bilan : décidément, ce n’est pas pareil. Aucun des segments de mon voyage n’est identique. Ni le sol, ni le ciel, ni ma santé, ni mon mental. Aucune vallée ne ressemble donc à une autre. À chaque col c’est un nouveau spectacle qui s’offre à mes yeux, un émerveillement toujours renouvelé devant les affleurements de schistes verts, calcaires ou granite. Les rhododendrons sauvages dont j’ai suivi la floraison dans les Pyrénées sont ici bien engagés dans l’été. Je file maintenant la floraison des pulsatiles et autres anémones.

Après deux mois de marche

la difficulté n’est plus vraiment dans l’accumulation des dénivelés. Le résultat à la fois d’un corps entraîné et d’un état d’esprit acquis avec le temps, ce n’est plus que de la marche. À maintes reprises, j’ai pu constater que dès l’attaque d’un col, mon corps se détend, et rentre dans une rythmique qui devient caractéristique. Ma respiration et ma fréquence cardiaque se calent, mes enjambées se réduisent et mes bras se regroupent le long de mon corps. Une sorte de minimalisme de l’être. Dans un même temps, mon esprit d’abord très concentré sur le placement des pieds, et sur l’équilibre, fini par se détacher pour atteindre une sorte de méditation dans laquelle je trouve énormément de choses. La marche (pourtant difficile) devient automatique et me permet d’explorer des pans de souvenirs profondément enfouis.

Curieusement, mes rêves s’en retrouvent eux aussi impactées puisque j’y revis de bien vieux épisodes de l’enfance.
C’est donc avec impatience que je me lance vers de nouveaux cols. Ils deviennent progressivement une occasion de se plonger dans des digressions sans fin sur des fragments de mémoire jusque là oubliés ou sur l’avenir. Quel bonheur!Alors que je suis allongé devant la cabane, que le soleil couchant retrouve les crêtes et que je suis plongé dans la rédaction de mon journal, arrive un randonneur. C’est son premier jour sur la route. Fraîchement débarqué de Tasmanie, il a trois mois pour rejoindre un avion à Vienne. Josh et moi allons donc marcher ensemble pendant quelques jours. Pour moi c’est très stimulant. C’est la première fois en plus de 2 mois qu’il m’est donné de casser ma solitude et de partager les longues journées de marches.

En direction du Mont-Blanc

Dès le petit matin, nous partons donc plein nord vers le massif du Mont-Blanc. Nous enchainons : pas de la Cavalle, col de Mallemort, col de Vallonnet, col Girardin, crête des chambrettes et le très beau col des Ayes pour arriver à Briançon le 21juin. Nous profitons de la fête de la musique pour nous reposer un peu et socialiser un minimum avec les habitants.
Puis nous nous dirigeons vers Montgenèvre pour une très belle variante italienne :col de la Lauze, col de Dormillouse, col des Acles, Bardonècchia, col de la Roue et enfin de retour en France à Modane.

Notre rythme est soutenu, mais Josh qui a un sac très lourd décide de prendre un jour de repos puis de partir courir l’Europe par d’autres moyens. C’est donc dans la côte du col de Chavière que nous nous séparons. La montée à ce col est une des plus longues que j’ai faite. Après avoir rattrapé de justesse une personne qui glisse sur la neige au-dessus de moi, j’atteins enfin le point haut du col. Première vue sur le Mont Blanc, c’est un événement !

Le col passé, la météo finit par tourner, et c’est sous la pluie que je passe à Pralognan. Arrivé au col de la Vanoise, c’est une tempête de neige qui m’attend. Mais comme je n’ai pas trop froid, je pousse vers la vallée de la Leisse. Le choix a payé puisque les nuages s’écartent peu à peu et laissent apparaitre le cadre merveilleux qu’est celui des trois vallées d’Entre-Deux-Eaux.

Dans plus d’un mètre de neige, je passe le Col de la Rocheure (2900m), point haut de ma marche. Puis Val-d’Isère, Tigne, col du Palet, Landry et la très longue montée pour le col du Grand Fond m’amènent au pied du massif du Mont Blanc. 700m plus haut je retrouve le refuge de la Croix du Bonhomme et le tracé connu du Tour du Mont-Blanc. Malgré la foule du sentier, je suis plein de fougue à l’idée d’être déjà là.

Le poids des kilomètres

Arrivé aux Houches, mon projet de montée pour le Brévent est refroidi par de fortes pluies et de violents orages. Je campe donc dans la côte et patiente une journée. C’est là la dernière fois que je plante ma tente. Profitant d’une courte accalmie, je poursuis ma route vers le chalet de Moëde. Je n’aurais donc pas vu le Mont Blanc de près cette fois. Le GR5 file ensuite à travers le Désert de Platé dont j’ignorais l’existence et qui est une véritable surprise. À Sixt, je décide de quitter le GR5 pour enfin partir plein Est vers la Suisse et l’Autriche.

La météo est toujours mauvaise et j’ai peine à rester sec dans la journée. Passé le refuge de Folly, au col des Chambres, je tombe à travers un pont de neige dans une fissure de Karst. Je n’ai aucune idée de la profondeur de cette fissure, car j’arrive à me rattraper à l’une de ses lèvres. Heureusement je m’en sors avec seulement des égratignures et un bâton cassé. Mais la journée n’est pas finie. Dans la descente vers le refuge de la Vogealle, je manque par deux reprises de faire une violente chute en glissant sur le rocher détritique. Je dois me rendre à l’évidence, la fatigue a fini par faire son effet. La succession de cols a fini par me faire perdre ma vigilance.

Le 7 juillet, je pars pour la Suisse.

On m’a indiqué que la voie était praticable par le col des Ottans. Une fois la frontière passée, je me retrouve au pied d’une cheminée équipé, sur le petit glacier des Ottans à devoir poursuivre la descente. La partie enneigée est courte, mais « très » pentue et encore gelée de la nuit dernière. Malheureusement, je décide de poursuivre en suivant les traces sur la lèvre de la rimaye. Pourtant très concentré sur ma trajectoire, il n’a suffi que d’un coup d’œil vers le bas de la pente pour que ma foulée dévie légèrement des pointillés devant moi. Mon pied amont glisse et je pars avec lui. Je suis aspiré tout entier vers le bas et l’accélération est impressionnante. Glissant sur le ventre les pieds vers le bas, je tente à deux reprises de planter mon bâton (cassé la veille) dans la neige dure.

En vain. Ce n’est pas aussi efficace qu’un piolet ! En essayant de garder un maximum de sang-froid, je me penche sur le côté pour voir ce qui m’attend plus bas. Ce n’est pas réjouissant, il y a très clairement un décrochement 20 mètres plus loin. Heureusement, je repère clairement un petit patch de rocher affleurant en plein sur ma trajectoire. C’est ma seule chance avant je ne sais quel saut. Je me mets donc en position et continue à essayer de me ralentir, tout en me concentrant sur la mise à profit du choc à venir. Celui-ci est violent, mais finalement de courte durée. Glissade est arrêtée, la chute est évitée.

Je m’en sors bien.

Si dans les premières minutes je ne pense qu’au voyage qui a failli prendre fin, je réalise en poursuivant ma route que c’est un peu plus que j’ai bien failli perdre. La nuit suivante, en dessous de Champéry, est entièrement dédié au pansement des blessures, à la réparation de mes vêtements et à tirer les conclusions de cet accident. Je dois être bien plus vigilant dans les passages difficiles, et ne plus pousser si le contexte est mauvais.

Une journée plus calme à marcher vers Martigny me place au départ de mon tracé de la Via Alpina. Je n’ai maintenant qu’une carte 100 000e et le Topo de la via Alpina. C’est suffisant pour s’orienter, mais ça ne laisse pas beaucoup de place à l’improvisation. Je passe donc les cols de Demècre, des Pérris Blancs, des Essets, pour arriver au plan du Sex et à Godey sous la pluie. Je continu à contourner le Grand Muverain en franchissant le pas de Cheville, le col de Sanetsch, le Trütlisbergpass pour arriver à Lenk.

Je passe alors du tracé « rouge » pour m’engager sur le tracé « vert ». Arrivé à Kandersteg, je rencontre Cameron, un américain de Seattle lui aussi en itinérance. Pressé de passer le col Hohtürli, il part devant. De mon côté je passe une nuit mémorable dans une étable au-dessus du Oeschinensee. Deux jours après, à Lauterbrunnen, je retrouve Cameron par hasard. Nous prenons un café et décidons de faire un bout de route ensemble. Il a un très bon rythme et nous arrivons bientôt à Grindevald, au pied de la fameuse face Nord de l’Eiger. Nous sommes le 16 juillet, 106e jour de voyage. L’occasion pour moi de constater que depuis plusieurs jours, la région est tout aussi belle que touristique. Bien entendu, la comparaison avec les Alpes françaises est délicate.

Ultime pied de nez

La solitude retrouvée, je commence à m’inquiéter sérieusement. En effet je ne sais toujours pas comment traverser l’Autriche. Une amie a trouvé un guide de la haute route 01, mais je ne sais pas si le livre sera arrivé à Feldkirch à la frontière autrichienne avant mon passage. De plus, je n’ai qu’une vague idée de ce qui m’attend, aussi bien en matière de dénivelés que de durée. Je presse donc le pas vers mes derniers cols suisses. Les Jochpass, Surenenpass, Klausenpass, Richetlipass et enfin le Foopass finissent de me porter vers le Liechtenstein et bientôt Feldkirch. La frontière passée, je commence à sentir le poids des kilomètres. Peut être est-ce le soulagement d’en avoir fini avec cette partie du voyage, ou simplement l’accumulation des distances et dénivelés, mais je suis épuisé. Je prends donc un jour de repos.
Une fois le guide récupéré, je constate que la route restante est encore bien longue. J’y compte plus d’un mois et demi de marche !

Quand les jambes ne suffisent plus

Retrouver la force de continuer

Le 25 juillet, après 115 jours de voyage

je reprends la route pour une grande traversée de l’Autriche. Les deux premiers jours en Autriche sont très compliqués. Je dois naviguer avec ma carte au 100 000ème et retrouver le tracé de la Nordalpenweg 01 tout en marchant sous la pluie et en composant avec de fortes diarrhées. Pour couronner le tout, le 26, au bout de 100 jours de marche, sans prévenir, je tombe dans les pommes sur la route. Heureusement, le rideau n’est pas tombé trop vite et j’arrive à ne pas m’éclater la tête sur l’asphalte. Le résultat est là, je suis à bout de force.

C’est donc tranquillement que je fais la traversée des massifs de Johanneskopf et de Rode Wand. Arrivé au Formarinsee, je perds une nouvelle fois connaissance. Je décide de mettre la montagne entre parenthèses, car elle devient trop dangereuse. Je fais donc deux jours de route dans le fond de la très belle (mais touristiques) vallée de Lech. La fatigue est toujours là, la digestion, toujours problématique et la météo, catastrophique! Si les premières heures de la journée (6h-13h) se font à la force des cuisses, celles de l’après-midi sont autant de coups de force de l’esprit. Je dois sans cesse me forcer à relever la tête, sourire et relâcher mes poings pour déclencher quelque regain d’optimisme et de décontraction.

A nouveau de la pluie

Le 30 juillet, je repars toujours sous la pluie pour deux petits cols au-dessus de l’Anhalterhütt. Une fois redescendu, la forêt est détrempée et je fais une de mes pires nuits dans un perchoir de chasseur. Je ne sais alors plus trop ce qui me pousse à continuer. Peut-être la beauté des paysages rencontrés et leur isolement. Peut-être aussi le fait de témoigner du mode de vie particulier qu’est celui du montagnard. Toujours est-il qu’il devient vraiment dur de continuer. La marche est maintenant un vrai réflexe. Réveil tous les matins à 5h30, coup d’œil à la carte, premiers pas, et tout le reste en découle. Mon esprit s’égare maintenant de plus en plus vite, mais la crainte de la pluie et les douleurs me ramènent toujours à la réalité.

La tyrannie du mieux

Arrivé à la hauteur du Mieminger Geoirge, le mois d’août s’installe avec un climat orageux de montagne pour le moins classique. Plus que jamais, je dois me lever très tôt et avaler un maximum de kilomètres dans la matinée. Je peux ainsi marcher le matin environ 6-7h dans une fraicheur relative et sous un ciel clément. Puis vient le déjeuner qui marque la première pause prolongée (de plus de 10min). L’occasion d’enlever les chaussures, changer de chaussettes, manger, soigner les éventuelles ampoules, faire un point carto et évaluer les probabilités de trouver un abri. L’après-midi est beaucoup plus hasardeux puisque je dois composer avec les premiers orages pouvant éclater à partir de 16h.

À cette course aux kilomètres qu’accompagne la météo difficile, différents rendez-vous viennen tapporter un stress supplémentaire. En effet, des amis pensent pouvoir me retrouver à Salzbourg. Si ces retrouvailles à venir me mettent du baume au cœur, elles m’imposent aussi de ne pas être en retard, mais plutôt en avance. Résultat, j’accélère la cadence. Poussé par ce rythme qui n’est pas le mien, je m’aliène peu à peu et garde un an après le souvenir d’une sensation sourde de perdition. L’état des lieux n’est pas réjouissant : mes chaussures n’ont plus de crampons et m’interdisent de prendre la route des crêtes, mes orteils sont devenus insensibles, mes tendons sont constamment douloureux, les piqures d’insectes, les spasmes musculaires dans les jambes et les cauchemars quotidiens de pluies diluviennes m’empêchent de dormir.

À deux jours de mon arrivée à Salzbourg

je suis à bout de force. À trop vouloir en faire, je suis dépassé par mon entreprise. Victime d’une tyrannie du mieux, mes limites ne sont plus très loin.

Une nuit, réfugié climatique dans une petite chapelle (encore…), je fais un portrait de moi que je compare à d’anciennes photos que j’ai sur moi. Je me reconnais à peine. Bouffi, les yeux creux et noirs, un air de déprime dans le regard, ça ne va pas du tout. Je comprends que je suis en train de perdre le contrôle de mon projet, que l’arrivée n’est plus très loin, et que je dois me concentrer sur chaque jour plutôt que sur la perspective d’une recherche d’emploi à l’arrivée!

Le lendemain, en traversant, Waidring c’est le moment de mettre à profit l’insomnie de la veille. Je prends un petit dej en terrasse, modifie le contenu de mes rations, échange le chocolat et la sauce tomate contre du thé (1,5kg de gagné). En quittant le village, je laisse mon bâton de sport devant une boutique et ne garde avec moi que la canne qui m’accompagne depuis ma chute à l’entrée de la Suisse. Autre épiphanie de la veille : deux bâtons, c’est trop ! Ça va trop vite ! Deux bâtons, c’est devoir garder le contrôle, pousser dans la côte et voler dans les descentes. Ça implique presque intrinsèquement une performance. C’est donc très symboliquement que je laisse ce fardeau sur le bord de la route.

Retrouver la mesure du voyage

Cette bouffée d’optimisme apportée par ma séance de bonnes résolutions est folle ! Je me sens beaucoup plus léger. Avec le passage par Salzbourg, je prends quelques jours de repos, brise ma solitude et lâche enfin prise. Grâce à mes amis, je peux exprimer mes ressentis et angoisses de routard. Malheureusement, ce week-end de tourisme nous a fait beaucoup marcher, manger et veiller. Que d’excès ! Une fois reparti, l’optimisme est toujours au beau fixe (comme la météo), mais je n’ai pas eu l’occasion de vraiment récupérer. L’après-midi du 13 août, peu après Neubach, je trouve une cabane servant de stand de tir. Comme elle a l’air très peu fréquentée, je décide d’y passer la nuit et la journée suivante. Le 15 au matin, ayant toujours les jambes un peu lourdes après une nuit prolongée, je m’accorde une journée de plus. L’occasion de faire une lessive, trainer au bord de la rivière et profiter de chaque minute qui passe.

Le 16, je reprends la route et me résous avec philosophie à contourner le massif du Hoher Dachstein pour cause de pluies importantes… Encore. Équipé de mes nouvelles chaussures achetées à Salzbourg, je pars pour la traversée du massif du Großer Priel. Retrouver un peu d’altitude à un rythme plus approprié me fait un bien fou. Arrivé au sommet du Großer Priel, je peux embrasser une partie de mon itinéraire. Au sud-ouest, le Hoher Dachstein, au nord, la plaine de Linz et à l’Est, à l’Est… !

En direction de Vienne

À l’ Est, dans la grisaille des brumes d’été, il y a Vienne. Il y a cette ville qui m’attend là où les Alpes viennent mourir. Perché sur cette petite éminence karstique, je vois enfin la fin des Alpes et celle de mon voyage. C’est comme voir la Méditerranée depuis le Canigou, le poids du voyage en plus.

C’est donc le cœur un peu gros que je redescends de ma montagne. Je sais maintenant ce qui m’attend. Un mois que je récite dans ma tête le nom des sommets, qui me reste à traverser. Warscheneck, Hochtor, Hochkogel,Hochscwab, Hohe Veitsch, Winberg, Rax, et enfin le Schneeberg, dernier 2000m de l’aventure. La fatigue est toujours là, mais je suis assez détendu. Je n’ai plus qu’un impératif: tenir bon. Si la pluie et la solitude sont mes derniers fardeaux, je n’ai plus à me soucier de l’arrivée, car je suis attendu par Lenna , une pèlerine rencontrée en Asturies, et je dois pouvoir retrouver Josh avant son retour en Tasmanie.

Je trouve enfin un équilibre. Dans le temps de la marche, je retrouve le rythme de l’homme ; dans le souffle, la force du nomade ; dans chaque pas, la chance d’en vivre un de plus, le bonheur d’être arrivé jusque là.

Le bâton et l’acier. Un pèlerin dans la ville, un épilogue inattendu.

Dernier pied de nez du ciel, sur les trois derniers jours, j’en marche deux sous une pluie continue. Résigné, rien ne peut maintenant m’arrêter. Le dernier soir, mon allure de pèlerin attire la bienveillance d’un groupe de prêtres qui m’invite à passer ma dernière nuit dans leur monastère. Comme un pèlerin à Lavacolla, je fais donc mes dernières « ablutions » avant de partir pour Vienne.

La fin de l’aventure ressemble étrangement à son commencement. Levé de bonne heure, il ne pleut pas. La brume est encore très épaisse, mais peu importe. De toute façon, le tracé est moins sexy ; l’autoroute n’est pas loin et le chemin est souvent goudronné. Une fois au sommet de la dernière colline donnant sur la banlieue de Vienne, les nuages ont fini par se lever et la civilisation par me rattraper. Les larmes au bord des yeux, je quitte le chemin pour la dernière fois. Et prends le temps de mesurer la dimension symbolique de ce moment.

Même si c’est la Rathaus de Vienne que je me suis fixé comme point d’arrivée, c’est bien ici, 48° 7’9.58″ N, 16°15’48.72″ E, devant le château de Perchtoldsdorf, à la hauteur de la dernière marque de la Nordalpenweg que se fini mon voyage. C’est un sentiment de soulagement et de rare fierté qui m’envahit. Puis les réalités me rattrapent. Sans carte, il faut trouver un itinéraire parmi les centaines de combinaisons qui peuvent m’amener au centre-ville. Pas aussi facile qu’en montagne. Ici, pas de perspectives ni de sentiers.

Je n’y avais pas vraiment pensé, mais là, au bout de mon voyage, je suis un extraterrestre. En pleine ville, le cheveu rasé, la peau tannée, le t-shirt décoloré et déchiré, le short dénaturé, je ne suis pas sûr d’être de la même espèce que les gens autour de moi. Au-delà de cette apparence physique, c’est ce que je viens de vivre qui me semble créer le fossé le plus profond. Dans la montagne, un coup d’œil suffisait à déterminer l’état d’engagement de chacun dans son projet. Ici, ce qui me frappe, c’est l’anonymat.

Les derniers coups de bâton

au milieu de tout cet acier sont interminables. Mais enfin, enfin… Après exactement 5 mois de voyage et plus de 3000km, je termine mon projet, et définitivement une partie de ma vie.

Devant la Rathauss, je retrouve Lenna le sourire aux lèvres. Pour moi, l’adrénaline est déjà retombée et, accablé de fatigue, les pieds engourdis de tous ces kilomètres parcourus, je n’ai pas vraiment envie de me livrer, de raconter tout ça.

Deux jours après l’arrivée, je reçois un message de Josh, mon compagnon du GR5. Il doit prendre l’avion à Vienne pour rentrer cher lui. Nous nous retrouvons donc à la terrasse d’un café pour échanger nos impressions, nos anecdotes les plus croustillantes et nos galères les plus rudes.

Dix jours d’été indien passé à Vienne me raccrochent à la réalité de la ville, mais aussi au confort de la civilisation. Ces réalités aussi, il faut rentrer et trouver sa place dans la société… Je prends donc le bus pour Paris. Une torture pour mes jambes qui n’ont pas l’habitude de bouger si peu. Àla gare je retrouve enfin ma famille.

Pour le coup, c’est vraiment la fin.
Quelle aventure…

Épilogue sur ce trekking entre Santiago et Vienne :

Un an après…

Un an après, je ne peux pas dire que ça soit l’heure du bilan, car je le fais tous les jours un petit peu. Mais s’il fallait en dire quelques mots, ils ne seraient pas tous positifs:

En effet, il y a eu quelques désagréments. S’il ne m’a suffi « que » de trois mois pour récupérer entièrement la sensibilité de mes orteils, il m’arrive encore aujourd’hui d’avoir des spasmes musculaires la nuit et d’entendre des gouttes qui martèlent la toile de tente. Sur un autre registre, il faut bien dire que cette expérience ne m’a pas vraiment aidée à me définir sur le plan social. Je me sentais un peu en décalage, je le suis toujours autant, si ce n’est plus encore. Quant à la solitude qui m’a souvent été définie comme « insurmontable », je crois pouvoir dire qu’elle est supportable, même si la phrase « il n’y a de bonheurs que partagés » a souvent été lourde de sens.

Cela dit, ce fut une expérience formidable et je suis très reconnaissant d’avoir pu la vivre. Les paysages traversés sont d’une grande beauté. La faune, la flore et le minéral se livrent à qui vient les voir et sait se faire tout petit. J’ai donc toujours de très belles images en tête et une bonne mémoire du tracé (même si je ne peux plus réciter de tête les 150 lieux de bivouac). La bande originale est elle, toujours aussi ancrée dans mon esprit. Aussi, si en écoutant Quand j’regarde des Cowboy Fringants je repasse la selle entre le Windberg et le Rax, L’horloge, accompagne toujours ma descente laborieuse vers Bardonecchia. Avec Against the wind de Bob Seger, je peux voir le miroitement du soleil dans l’eau du lac des Bouillousses. De même, si je chante avec Sinatra en traversant le Lichenstein, c’est sur le Requiem de Mozart que je descends avec gravité vers Engelberg.

Mais, cela va sans dire, c’est aussi un exercice difficile.

Moins sur le plan physique que sur celui de la résistance mentale. Je dirais même plus, sur le plan de la résilience mentale. Car être dans l’inconfort est une chose, mais l’être de manière répétée en est une autre. Même si elles étaient toujours là, les douleurs ont presque disparu de mes souvenirs. Par contre les sentiments de solitude et de précarité sont toujours très vifs. C’est donc sur la durée qu’il faut être fort.

Cette aventure n’est pas pour autant hors de portée. Même si lors de la préparation, le projet était enivrant de folie, il n’a rien à voir avec la technicité d’une course alpine ou l’engagement d’une expédition himalayenne. L’aventure était bien sèche par rapport à une traversée de l’Islande et bien tropicale en comparaison d’un trek sibérien. Pour la durée et l’isolement, rien à voir avec une traversée de l’Afrique ou tout autre tour du monde. Je crois simplement que ce voyage n’a que le mérite d’avoir répondu à mon besoin. J’avais envie d’imprévu, d’isolement, de ranger ma montre et d’oublier les jours de la semaine. Je voulais vivre autrement, trouver des plaisirs simples et du dénuement. Je voulais aller à l’essentiel. Et pour cela, je ne pouvais rêver mieux. Il est, je crois, intéressant de jouer avec ses extrêmes ; ses limites, ce qui ne veut pas dire systématiquement : 8000m, Islande, steppes ou autre déserts. Mon unique exhorte serait donc :

« lancez-vous ! »

Pour finir, je peux maintenant dire qu’un an après, et avec beaucoup de précautions, j’ai enfin affronté la partie de la montagne qui m’était obscure : celle des sommets et du monde des glaciers. J’ai enfin réalisé deux courses d’alpinisme en autonomie. L’occasion de vérifier qu’il n’y a là haut, aucun démon, et que très peu de matériel aurait suffi à repousser les limites que je m’étais fixées un an plus tôt. C’est aussi pour moi un moyen de me préparer pour un autre trek, un jour peut-être…

Quelques conseils si l’aventure vous tente :

  • Général : Lancez-vous à l’aventure!! C’est le départ qui est le plus angoissant. L’expérience de vie est incomparable. Les rencontres sont des moments forts de partage. Vivre la solitude et l’isolement est une expérience à part entière.
  • Espagne : Le cuaderno del peregrino est largement suffisant. Léger, compact, esthétique et pratique !! Les chemins de Compostel sont aussi une très belle introduction à la philosophie du voyage. Aussi, n’ayez pas peur de faire le Camino à l’envers, c’est davantage l’aventure, et le pèlerinage est quand même au rendez-vous.
  • Pyrénées : Une ambiance différente de celle des Alpes. J’y ai trouvé quelque chose de beaucoup plus proche de l’esprit montagnard, entre convivialité et ouverture vers une expérience plus complète du cadre naturel.
  • Alpes françaises : la partie physique du voyage. Enchaînement de dénivelés. Parties les plus techniques. Avoir une tente ou un abri permet de bien réduire la facture du séjour, car les refuges sont parfois extrêmement chers.
  • Alpes suisses et Liechtenstein : La météo en été peut être difficile. Les granges sont alors nos amis si l’on veut poursuivre l’aventure.
  • Autriche : Mieux vaut avoir un bon instinct de randonneur, car la signalisation et souvent très parcellaire. Être très méfiant en montagne, car les Karst (qui font la majorité des massifs autrichiens) sont très glissants en cas de pluie et très accrocheurs à l’état sec. Le risque de chutes y est à mon avis plus grand qu’en de nombreux endroits. Attention aussi au ravitaillement en eau qui est difficile en été (l’eau disparait très vite dans les Karst et ne ressort qu’en vallée. Eau est systématiquement payante dans les refuges par ailleurs très fréquentés)

N’oubliez pas que même si ce trek était un seul et même projet, il reste divisible en multiples portions chacune pouvant être sujet à modifications et améliorations (sommets, visites, boucles à vélo…). À bon entendeur…
Autres informations et photos sur mon blog dédié à ce trek.
Merci de m’avoir lu jusqu’au bout 😉

Matériels utilisés pour ce trekking entre Santiago et Vienne

[infoChangeOrientation]

CATEGORIEMODELEMARQUEPOURQUOI AVOIR FAIT CE CHOIX AU DEPARTCE CHOIX A-T-IL REPONDU AUX BESOINS DE LA SORTIESI C’ÉTAIT A REFAIRE
VESTE GORE TEXAXON PRO GTXMILLET Prix/poids Je n’ai pas constaté de vrai transpirabilité même à l’état neuf. Cependant l’effet coupe-vent et imperméable est redoutable Vêtement multi-usage (vent, pluie, neige)
LAMPE DYNAMO   autonomie Presque le même poids qu’une frontale (avec son rab de bateries), très suffisant si l’on ne marche pas à 3h du mat  Je garde pour ces conditions là.
COUTEAUAU CHOIX   Assez solide pour pouvoir bricoler et utiliser des techniques de bâtonnage. Ouverture de lame rapide à cause des chiens. 
MINI DOUDOUNEATOM LIGHT PULLOVERARC’TÉRYX Poids/volume/ efficacité Proche de la fameuse Nano puff de patagonia, je la trouve plus résistante en version pull-over Un modèle juste au- dessus avec une capuche, m’aurait donné plus de marge.
GANTSWINDWEIGHTBLACK DIAMOND versatilité Convient le soir quand il fait froid ou en Mitt journée quand il y a beaucoup de vent Je n’ai pas eu l’occasion de chercher quelque chose de mieux
TOUR DE COUBUFF WOOLBUFF Poids, versatilité Très bon appoint par tout temps dès qu’il y a du vent. Assez limité quand il fait vraiment froid
DRAP DE SOIE CO.TE.NOR Poids/qualité/prix soie Co te Nor Poids/qualité/prix Très efficace, et indispensable pour la longévité du sac de couchage Les échancrures sur le côté sont un peu trop grandes.
SHIRTMINI SHORT SLIPPÉ DE COURSEDÉCATHLON Poids/sous- vêtement inclût J’ai du me rendre a l’évidence d’un conseil prodigué par un Israélien sur le TMB : « tant qu’il ne fait pas-5 °C, la meilleure tenue, qu’il neige ou qu’il vente, c’est le short ! » C’est un des items qui a le plus souffert de l’usure
CHAPEAU DÉCATHLON Léger et large Il peut aussi être lavé ou imbibé s’il fait chaud Je l’utilise toujours
COLLANT SYNTHÉTIQUE DÉCATHLON Prix Astuce d’appoint permettant de n’avoir qu’un pantalon dans le sac évite de mettre de la crème solaire. Tjrs utilisé
TARP FAIT MAIN Légèreté extrême/ multi-usage C’est avéré trop peut efficace dans des circonstances de pluies quotidiennes et de campements exposés Une version plus aboutit avec de nombreux points d’attache serait préférable.
RÉCHAUD À ALCOOLMP3RSFAIT MAIN Poids ++/autonomie Très léger, finalement plus facile de trouver de l’alcool que de l’essence ou du gaz. Il faut être prêt à ne pas cuisiner pendant 5 mois, mais on s’y fait !
T-SHIRTOASIS LONG SLEEVE 150 ET 200G/M2ICEBREAKER Poids/thermicité/ résistance aux odeurs Coup de cœur pour cette marque. Le t-shirt de tt les jours a souffert, mais les deux autres sont impeccables Je referais tout pareil
LUNETTESEXPLORERJULBO Efficacité/ adaptées à ma morphologie  Très couvrantes, et efficaces, elles ne m’ont pas quitté sauf sous la pluie. Ne se font sentir au-dessus des oreilles qu’en fin de journée. Parfait !
GAMELLETITANIUM KETTLEMSR Poids/efficacité thermique, compacité Parfait pour l’usage que j’en avais, c’est- à-dire principalement faire bouillir de l’eau. Pourrait avoir un meilleur rendement avec un fond plus large.
SAC À DOSTALON 44LOSPREY Poids/volume  J’ai quand même enlevé la capote du dessus et remplacé les poches pour manœuvrer une bouteille plus facilement. En taille L, ilest trop large à la ceinture. Je m’en sers toujours, y compris pour de l’alpinisme.
TENTET2 ULTRALIGHT PROQUECHUA Légèreté/rapidité d’installation/prix  Sans la chambre interne (<1kg), il faut être beaucoup plus vigilant quant à la position du campement. Cela dit, cela s’avère largement suffisant.  ll faudrait une toile plus longue pouvant toucher le sol, et plus de points de fixation (et éventuellement une petite arche) pour une meilleure résistance au vent.
TAPIS DE SOLRIDGEREST SOLITETHERMAREST Légèreté/résilienc e/ isolation Parfait !! Très résistant. J’aurais surement eu des problèmes avec un matelas autogonflant. Très bonne isolation Ne pas se baser sur la couche d’aluminium qui disparait très vite (sans effet)
DUVETBLOODYMARY (-10/-15)VALANDRÉ poids/volume/effi cacité Une merveille ! 5 mois d’usage quotidien ça use, mais il est toujours tout à fait utilisable. (! coutures un peu faibles sur les scratch, eux-mêmes trop irritants pour le tissu) C’est « l’Investissement » de ce voyage, mais c’est aussi un point essentiel de sécurité pour la montagne

Quel types de Chaussures pour ce trekking entre Santiago et Vienne ?

Vaste question que celle des chaussures, et malheureusement je n’ai pas trouvé de solution. Pour ce voyage, le cahier des charges était le suivant :

Le chaussant devait être léger, à tige basse (pour plus d’agilité), assez souple (donc moins traumatisant et plus agréable), très respirant (pour éviter les ampoules et sécher rapidement), et bien sûr il devait être très résistant à cause des kilomètres avalés.

Autre critère que je développe, car il fait polémique : la membrane « respirante » type Goretex. Mon expérience avec ce genre de chose n’est pas bonne du tout. À mon sens, dans des chaussures, il y a beaucoup trop de contraintes, à la fois mécaniques, mais aussi d’abrasion à cause des poussières. La membrane est donc très vite salie, abimée, voire perforée.
Les deux points suivants sont ainsi mis à mal :

  • L’imperméabilité : Pour des chaussures basses, si les conditions sont vraiment humides, les pieds finissent toujours par être mouillés ! La membrane est donc dépassée. Une fois l’humidité disparue, la chaussure équipée d’une membrane ne séchera jamais aussi vite et profondément qu’une chaussure bien ventilée. Une fois percée, la membrane ne protège même plus des petites éclaboussures, elle devient uniquement un inconvénient.
  • La respirabilité : Elle reste inférieure à celle que l’on observe dans une chaussure ventilée et sans membrane. Dans la chaussure, la membrane est très vite salie et colmatée par le mélange poussière/humidité. La membrane est donc pour moi, uniquement un inconvénient sur ce point.

J’ai eu quatre paires de chaussures :
Deux paires de Salomon (XA Pro3D). (J’avais un prix) : Assez peu résistantes sur le dessus ; extrêmement peu résistantes sur le dessous !! C’est pour moi clairement un placement marketing pour le groupe  !
Une paire de Merrell (Tuscon gtx je crois) : plus lourdes, avec du goretex, mais plus résistantes et moins glissantes une fois usées.

Une paire de Salewa (Trainer Pelle) : poids raisonnable solide par-pierres ce qui n’est pas négligeable en fin de voyage. Beaucoup plus résistantes que les autres. Elles sont aussi plus rigides ce qui les rend douloureuses (j’ai mis 3 mois à retrouver la sensibilité dans 4 de mes orteils). Autre point à surveiller, ces chaussures n’ont pas l’air d’être faites pour autant de marche. Il en résulte un véritable travail en contrainte de la semelle qui donne de légers signes de décollement (même si ce n’est pas pour tout de suite). Cela dit, ces chaussures m’ont plu.

En conclusion, je dirais que si j’avais su que les chaussures représenteraient une telle part dans le budget, j’aurais surement opté pour une paire de Lowa, tige basse ou mid et sans membrane.

Vous pourriez aussi aimer

Laisser un commentaire