Matthieu GILLOT nous partage son voyage en vélo itinérant de Grenade en Espagne et Saint Cyr sur Loire en France et ses visites durant cette expérience.
De Castillo à Château
Présentation du voyage en vélo
Date du voyage en vélo
Du 20 juillet au 1er Août 2014
Lieu du voyage en vélo
De Espagne, Andalousie, Grenade
à France, Centre, Indre et Loire, Saint Cyr sur Loire
Participants au voyage en vélo
Matthieu Gillot, Architecte de 27 ans.
Natif de Tours dans le Centre de la France , j’ai étudié l’architecture à Bruxelles et un an en Erasmus à Grenade en Espagne puis direction Barcelone pour une première expérience professionnelle de 9 mois.
J’ai commencé l’athlétisme à l’âge de 5 ans. Plus qu’un sport, une école de la vie avec de belles valeurs. Courir dans la boue en débardeur pendant 20 ans dans les cross country, ça forge le caractère !
Mon permis en poche, que j’exposais tout heureux à 18 ans, ne ma guère servit que 100km en 9 ans, tout au plus. A défaut d’appuyer sur des pédales dans les embouteillages, mes mollets ont subit des milliers de km à vélo, sous la pluie belge et le soleil omniprésent espagnol. Mon vélo est mon moyen de locomotion quotidien.
2012, première expérience de voyage à vélo, 700km, 6 jours de Tours à Quimper pour voir ma soeur en terre Bretonne
«L’architecte à vélo »
Je considère l’architecture comme un moyen de s’exprimer et non une finalité pour gagner sa vie. Je pars du principe que chaque profession peut évoluer avec une recherche perpétuelle d’innovations, de trajectoires spécifiques. Chaque personne peut quitter individuellement son « confort» professionnel avec ses envies, pour ensuite avoir un poids dans un ensemble. L’erreur serait de penser que ce genre de discours utopique n’a pas de place dans cette société parfois trop encadrée par des stéréotypes. Je n’ai pas envie de savoir ce qu’est le stéréotype d’un architecte. Faire des projets architecturaux (écrits, projets construits etc..) en voyageant à vélo devient une évidence pour mon futur professionnel.
Où dormir pendant le voyage en vélo
La première nuit, j’ai dormi chez un élu de la ville de Cabra avant le rendez vous avec la presse locale le lendemain.
En Espagne, à Cordoue et Madrid, j’ai utilisé le site warmshower qui est un site similaire au célèbre » couchsurfing » mais pour les cyclos voyageurs,
Rencontres imprévues m’offrant l’hospitalité :
- Un ingénieur en génie civil à qui j’ai demandé mon chemin qui m’hébergea à Zaragoza
- Une communauté religieuse dans un châteaux près Orthez.
Auberge
Auberge ( Albergue en Espagnol ) des pélerins de Saint Jacques de Compostelle à Jaca ( Huesca ) :
(10 euros ) Normalement réservé aux pèlerins ayant leurs cartes de membres, cette auberge m’a tout de même accepté pour une nuit !
Camping
Camping au pied du château de Loarre : belle vue sur la vallée (10 euros avec tente)
Bivouac
En France il était plus difficile de recevoir l’hospitalité, j’ai donc dormi la majeur parti en tente, là où il y avait un point d’eau ( place de villages etc…).
Ce genre de bivouac aléatoires peut réserver quelques surprises ! ( à lire dans la partie récit)
Où se restaurer/où se réapprovisionner durant le voyage en vélo
Je n’ai jamais mangé dans un restaurant ou cafétéria etc… Sur la route, j’ai toujours privilégié un sandwich avec une spécialité de la région traversée à l’heure du repas. Un jour, un homme à qui je pensais demander de planter ma tente dans son jardin, est revenu avec un sac rempli de nourriture pour le dîner et le petit déjeuner, que j’ai accepté, affamé mais gêné.
Office du tourisme pour ce voyage en vélo
Saint Cyr sur Loire
Grenade
Caractéristiques du voyage en vélo en Espagne
Des paysages très variés ont jalonnés mon parcours: des montagnes très sèches en été de l’Andalousie, les montagnes de la Sierra Nevada et des Pyrénées en passant par les routes rectilignes des Landes balisées par des pins au nombre interminable.
L’huile d’Olive andalouse peut se boire à la petite cuillère tellement elle renferme de multiples saveurs mais ce n’est parfois pas une bonne idées de vouloir couper à travers les routes d’oliviers car ça monte et ça descend !
Quoi d’autre dans les environs
J’aurais aimé visiter tous les châteaux , surtout en Espagne et au centre de la France comme prévu mais le temps et mes impératifs de temps ne l’ont pas permis !
A Grenade, les randonnées près de Monachil sont magnifiques
Dans le préambules du récit j’explique également quelques trajets effectué à Vélo en Andalousie.
Bibliographie pour ce voyage en vélo
Cartes Michelin pour chaque régions : échelle 1/400 000 : très pratique mais encombrant quand on traverse autant de régions.
» voyager à vélo » : numéro Hors série N°4 du magazine Carnets d’aventures
Lien Internet pour ce voyage en vélo
Mes 2 années de licence de Physique avant d’étudier l’architecture ont été productive dans un sens : j’ai profité des « sorties natures » organisées par l’université et plus particulièrement par Damien, véritable aventurier. j’ai ainsi pu découvrir le Canyoning, la spéléo, le ski de fond et les Raquettes avec lui. J’ai ensuite découvert par la suite que c’était un passionné de voyage à vélo, dont le périple en Asie entre le Tibet et le Bangladesh a notamment été publié dans le numéro 26 du magazine Carnets d’Aventures. Je me suis enrichi de ses récits et je l’ai recontacté avant mon départ pour avoir des conseils.
Sa compagne, dans ses périples comme dans la vie, et lui, avaient acheté leurs vélos dans une boutique de Bruxelles. J’y suis allé par curiosité. J’ai ainsi eu la chance de rencontrer un couple passionné de voyages à vélo dont les anecdotes pourraient combler des années de soirées d’hiver au coin du feu. Ils ont nommé leurs monture Zéphyr ( pour Sandrine) et Pampero ( pour Damien ). Mon vélo n’a toujours pas de nom, il doit encore faire quelques milliers de kilomètres pour le mériter.
Club d’athlétisme
Pour s’évader un peu des maquettes et des plans propres au monde de l’architecture, le club d’athlétisme du Racing Club de Bruxelles était mon refuge. J’ai partagé quelques séances d’entraînement avec Julien, qui me raconta son tour du monde à vélo l’année d’après la fin de ses études d’architecture. Il se trouve que lui aussi a été publié dans le Carnets d’Aventures N°18 ( décembre-janvier-février 2009-2010). Il est en couverture avec ses compagnons Jean François et Nicolas, nus avec comme seul » cache » une sacoche Ortlieb des 3 couleurs du drapeau Belge. Leur voyage de 1 an de 24 000 kms et 16 000 euros récoltés pour Médecins Sans Frontières m’a encore plus encouragé à me lancer dans une aventure à vélo.
et voici le trailer de leur film
Résumé du parcours final du voyage en vélo
Date | Parcours | Mode de transport | Kms |
20 juillet 2014 | Granada-Cabra | Vélo | 120 kms 2630m D+ 2576 D- |
21 juillet | Cabra-Cordoba | Vélo | 100 kms |
22 juillet | Cordoba – Madrid | Train + Vélo | 55km vélo |
23 juillet | Madrid-Segovia-Madrid | Vélo+ RER | 75 kms vélo |
24 juillet | Madrid- Zaragoza | Bus | |
25 juillet | Zaragoza – Loarre | Vélo | 93 kms 1200m D+ 1300 D- |
26 juillet | Loarre – Jaca | Vélo | 95 kms 1200 D+ 1500 D- |
27 juillet | Jaca – Orthez ( France) | Vélo | 128kms |
28 juillet | Orthez – Sore | Vélo | 145 kms |
29 juillet | Sore – Libourne | Vélo | 118 km |
30 juillet | Libourne – Angoulême | Vélo | 112 kms |
31 juillet | Angoulême – Poitiers | Vélo | 128 kms |
1 Août | Poitiers-Saint Cyr sur Loire | Vélo | 122 kms Total: 1291 kms |
Mon voyage en vélo en Espagne
En préambule
Il est nécessaire d’expliquer brièvement le projet » De Castillo à Château » pour bien comprendre la suite du récit du voyage.
En 2008, ma participation au « festival de le jeunesse », réunion de jeunes venant des villes jumelées avec Saint cyr sur Loire, m’a permis d’avoir un premier contact avec le monde du jumelage. Suite à cette expérience, un projet s’est monté en 2009 avec la ville de Ptuj en Slovénie pour nous y rendre lors d’un festival annuel des arts de rues.
Installé à Grenade dans le sud de l’Espagne en 2013 pour une année d’Erasmus, l’idée de revenir chez moi à vélo à la fin de cet échange universitaire s’est développée progressivement. J’ai alors contacté le responsable des relations internationales de ma ville d’origine en France pour parler de mon projet. C’est alors qu’il me dit que sa femme est originaire de Cabra à 120km de Grenade et que la ville de Saint Cyr sur Loire n’a plus de lien avec une ville espagnole depuis l’arrêt de la collaboration avec Valls, une ville de Catalogne. Les grandes lignes du projet commençaient dés lors à se dessiner : Amorcer un jumelage en créant un lien symbolique à vélo entre Cabra et Saint Cyr sur Loire !
L’objectif de ce voyage en vélo en Espagne
La logique était de concilier ce projet avec ma passion pour l’architecture. Un de mes colocataires espagnol ( sur 15 de 7 nationalités différentes) , était passionné d’histoire espagnol. Il était capable de lire un livre de 1000 pages sur Carlos V ! Nous passions de longues heures à regarder l’Alhambra, ce monument majeur de l’architecture islamique qui faisait face à nos fenêtres. Il y avait pire comme cadre pour réviser. L’idée de créer le parcours reliant les châteaux et palais d’Espagne à notre histoire des châteaux français s’est alors manifestée naturellement un soir lorsque nous nous sommes émerveillés sur le premier château renaissance d’Espagne et son cadre: La Calahorra construit au pied de la Sierra Nevada.
Une carte de l’Espagne au dessus de mon lit, laissée par des anciens locataires Erasmus, allait dorénavant devenir source de fantasmes pour préparer mon voyage avant de dormir ( et même de le rêver ). La carte se remplissait progressivement d’étiquettes avec les noms des châteaux et leurs siècles tandis qu’un fil rouge dessinait une ébauche de parcours.
Le projet était lancé mais il fallait arriver en forme en juillet ! Les dizaines de footings pour monter jusqu’à l’abbaye San Miguel Miguel Alto, surplombant une vue magnifique sur Grenade, était un bon entraînement.
Parcourir les alentours de Grenade à vélo devenait aussi une nécessité. Une journée à la plage devait se mériter avec 100km entre Grenade et Nerja dont un point culminant du parcours à 2200m d’altitude pour retomber en 25km à toute vitesse au niveau 0 du bord de mer.
Mise en place du voyage en vélo en Espagne
Une semaine avant le départ de juillet, un test du vélo en condition réel de chargement s’imposait. Et quel test ! 135 kms sous une chaleur étouffante sans aucune ombre avec une dernière montée interminable vers Cáñar dans les Alpujarras sur les flancs sud de la Sierra Nevada : 800m de dénivelé en 7km! Après cela, je me suis dit que rien ne pourrait être pire durant mon voyage. La bière du retour entouré d’amis allemands devant l’incroyable 7-1 de l’Allemagne contre le Brésil de la Coupe du monde de foot était la bienvenue.
La montée en lacet vers Cáñar – Alpujarras
Un deuxième moment important était la première visite à Cabra en février avec le responsable jeunesse de la ville et un élu pour parler de mon projet. Je me souviendrais bien de ce périple: 6h de vélo sous la pluie avec une baisse de température énorme entre le départ le passage en altitude. J’aurais pu partir le lendemain mais c’était la fête de départ d’une personne qui a beaucoup compté pour moi dans mon histoire Erasmus, Justine, ma colocataire belge. Alors je préférais crever de froid dans les montagnes plutôt que de la décevoir en n’étant pas présent le lendemain à Grenade.
Finalisation du projet
Le parcours final de mon projet devait emprunter certains des châteaux et palais les plus significatifs d’Espagne pour arriver au berceau français dans ma région, la vallée de la Loire. Le château qui a inspiré Walt Disney à Segovia comme halte pour arriver au château d’Ussé, celui de la belle au bois dormant du nom d’Aurore, comme ma sœur, c’est dire toute la symbolique de ce voyage !
Sur cette carte, les tâches d’encre montrent que le parcours est défini en fonction d’étapes importantes, mais leurs dispersions aléatoires symbolisent le fait que, selon mes rencontres, je dériverais où la curiosité m’emmènera.
Finalement nous verrons que des aléas et un manque de temps ont modifié le parcours originel.
Casa Gloria, je ne t’oublierai pas
photo prise sur le toit de ma maison de grenade par une de mes colocataires grecques. Comment ça on ne peut pas faire de vélo sur un toit ? 🙂 En arrière plan, l’Alhambra.
Les bagages sont prêt depuis 2h mais je n’arrive pas à quitter cette maison, ma maison Erasmus, la » Casa Gloria « . J’entends encore les rires de mes 15 colocataires, leur voix enrouées après une soirées mémorable, une de plus. Le sol est propre dans cette cuisine où nous avons partagé tant de repas de famille car oui cette maison c’était une vraie famille. Aucune bouteille de bières à l’horizon, juste ma gourde qui attend d’être remplie.
Il faudra boire, 42 degrés à l’ombre de prévu aujourd’hui, sauf qu’il n’y a pas d’ombre en Andalousie. Je ferme le portail pour la dernière fois, triste et impatient de commencer à rouler. Premiers coups de pédales dans les alentours de Grenade assez pauvres et premiers encouragements. Un type me klaxonne, il agite ses bras » Allez allez » s’exclame-t-il. Je m’enflamme et accélère et puis non, en fait je suis seul, la caravane du tour de France ne suit pas. Je ne suis plus lucide, encore bouleversé d’avoir quitté Grenade. Les premiers kilomètres sont monotone dans cette voie rapide que j’ai choisi par simplicité d’orientation. Il faut garder des forces car les pentes raides ne sont pas loin.
Le départ du voyage en vélo pour l’Espagne
Me voilà, quelques dizaine de kilomètres plus tard à Montefrio. J’ai déjà fait ce parcours en février pour organiser le jumelage, le temps est bien différent. Je vois l’arrêt de bus où je m’étais réchauffé les pieds 5 mois plus tôt et j’esquisse un sourire en me remémorant pourquoi j’étais partie sous la pluie ce jour là et non le lendemain sous le soleil. ça grimpe, plus de 2500m de dénivelé positif sur 120km mais la forme est là. J’aperçois Carcabuey et sa fabrique d’huile d’olive que j’avais visité. Une dernière monté face au vent, la B.O du film » les chansons d’amour » dans les oreilles. Moment improbable de légèreté. Je retrouve Kiko, le responsable jeunesse de la ville, son sourire et sa maison avec piscine.
Contraste entre Montefrio en février et en juillet 2014
Le départ de cabra : la star du jour sur la place de la mairie !
Kiko m’avait dit qu’il avait prévenu la presse locale mais je ne pensais pas que 5 journalistes et la télévision seraient présents à 8h du matin. Un interview improvisé plus tard, un des membres du conseil municipal me tend un sculpture d’olivier que je dois remettre au maire de ma ville comme symbole d’un début d’amitié.
Cadeau de la ville de Cabra à ma ville de Saint Cyr sur Loire
Cabra – Córdoba : chaleur et oliviers
Des montagnes russes entre les oliviers pour commencer avant d’être isolé en pleine chaleur. Córdoba est considéré comme la ville la plus chaude d’Espagne. Le climat de Grenade étant plus froid l’hiver par la proximité de la Sierra Nevada ( Sommet à 3800m d’altitude ). J’imaginais l’entrée dans Córdoba différemment que par une autoroute bruyante. Une ambiance qui contrasta vite avec l’intérieur de la Cathédrale / Mosquée mondialement connue. Décortiqué pendant des heures à l’école d’architecture, son ancien minaret s’élevait enfin devant moi. Ses colonnes recyclées avec des chapiteaux romains n’en finissent plus jusqu’à l’éblouissement des ornements de la cathédrales centrales. Je reste longtemps à contempler ce palimpseste historique.
Après cette visite qui me bouleverse encore tellement, je reprend mon vélo, caché dans le parking souterrain d’un hôtel de luxe et j’appelle mon contact du site Warmshower qui finalement n’habite pas dans Córdoba même mais à 20km… c’est donc reparti ! Au lieu de rendez vous, une petite peur idiote me traverse l’esprit: » Comment cet homme assez » fort » peut-il être inscrit sur un site de voyageur à vélo ? « . Avec un peu de honte sur ce préjugé, je suis sa voiture jusqu’à leur terrain et leur caravane, leur deuxième maison quand il veulent se ressourcer.
Je passe un moment superbe avec eux et ma sacoche de repas était bien garnie pour le lendemain grâce à sa femme. La caravane était aussi le QG de son émission quotidienne de radio locale !
Objectif Toledo durant le voyage en vélo
Depuis Córdoba, Toledo devient mon objectif direct par manque de temps pour traverser le dénivelé important de la Sierra Morena. Je me dirige, déçu vers la gare le lendemain à 6h du matin. Deuxième déception : les trains vont directement à Madrid et ensuite distribuent les autres villes comme Toledo.C’était illogique d’aller à Madrid, puis retourner à Toledo pour ensuite revenir à Madrid .. De plus, dans les AVE ( TGV espagnols) les vélos sont interdits sur ce trajet, même empaquetés… Voyant mon désespoir, le chef de gare me laisse monter.
Le château de Toledo vient de me passer sous le nez mais il faut avancer.
Voyage en vélo à Madrid !
Arrivée à Madrid, une sieste s’impose dans » El Retiro « , le parc immense de la capitale espagnole. Dioni du site Warmshower arrive plus tard et nous rejoignons son appartement. Il parle aussi parfaitement français.
Son appartement est une éloge au vélo. Il recycle toutes les pièces du deux roues pour en faire des décorations. Un « tinto de verano » ( vin rouge avec de la limonade et du citron ) fait maison pour nous rafraichir, nous repartons rouler dans Madrid. Dioni se trouve être entre autre guide touristique à vélo. Je n’en demandais pas tant. Derrière lui dans les immenses avenues madrilènes, j’admire son t shirt : une autre de ses créations qu’il porte lors des » Critical Mass « mensuels, une réunion illégale de centaines de vélos à travers les grandes villes d’Europe pour revendiquer une meilleure place du vélo en ville. 2 ans plus tard j’ai participé à ces joyeuses manifestations chaque mois à Barcelone en pensant à lui.
Comment avoir une vue d’ensemble d’une ville ? monter en haut d’un hôtel de luxe en affirmant qu’on a réservé au restaurant panoramique.
Le soir venu, nous passons un bon moment à se tordre l’esprit pour choisir le meilleur moyen de sortir de Madrid à vélo en direction de Zaragoza. Le problème c’est que c’est presque impossible ! Ce ne sont que des voies rapides dangereuses. Je décide donc de monter mon vélo dans le RER jusqu’au monastère de El Escorial pour plus de tranquillité au départ.
Monastère de El Escorial durant le voyage en vélo
Je ne passe pas beaucoup de temps à contempler ce magnifique édifice du XVIème siècle, centre du pouvoir politique de Philippe II, entouré de jardin à la française. La Sierra de Guadarrama et ses 1900m d’altitude m’attendent pour basculer vers Segovia.
Après 25 km de col et un dénivelé de 1100m, j’arrive au point culminant au passage de la région de Castilla y Leon. 20km de descente avec un début en lacet m’attendent ensuite. Dès les premiers virages, mes vitesses ne passent plus et progressivement la chaine se bloque dans la cassette. Je me dis que je vais continuer sans pédaler jusqu’à Segovia pour ensuite réparer. Hélas, les 10 derniers kms sont en faux plat montant. Je constate alors que la cassette est complètement cassée, je n’ai jamais vu ça. Ma puissance développée n’était pas non plus celle de Lance Armstrong dans le col ! je suis à l’arrêt complet ! Je m’arrête à un centre dans la montagne où un homme me propose de m’emmener à Segovia en voiture.
D’apparence très généreux et passionné de vélo, quelques minutes plus tard il devenait moins sympathique en me demandant de l’argent pour ce trajet de quelques kms… Je feins de n’avoir que 4 euros sur moi ( alors qu’un billet de 20 euros était dans mon autre poche). Enervé, il jette à moitié mon vélo de son coffre et claque la porte… J’appelle Dioni, dégoûté de ce que je viens de lui raconter, qui m’oriente vers des magasins de vélos, avec internet de chez lui. Je laisse mon vélo au mécanicien qui me demande 50 euros, ce qui me paraît beaucoup mais je n’ai le choix…
Segovia et son Alcazar contemplé en basket !
Frustré par ce peu de kms dans la journée, je me lance dans la visite de la ville pour 1h de course à pieds. Me voilà enfin au château qui a inspiré walt disney après ces mésaventures.
Carte postale que j’ai dessiné, copié et que j’ai envoyé par courrier à tous mes amis qui m’ont aidé dans la préparation de ce voyage.
Vélo réparé et sous les conseils de Dioni, je retourne à Madrid vélo sinon ce serait 300km désertiques. Deuxième déception de faire un si long trajet sans le vélo. Après une soirée à refaire le monde avec un deuxième voyageur à vélo, Paul, hébergé par Dioni, je pars prendre le bus pour Zaragoza le lendemain matin. La dernière fois que j’ai pris les bus Alsa (alsa.com), c’était pour revenir de la plage Nerja après une excursion d’Erasmus. En attendant le bus je visite la gare d’Atocha.
Zaragoza pendant le voyage en vélo
A la descente du bus. Un espagnol m’aide à remonter mon vélo. Il se trouve qu’il utilise aussi le site Warmshower !
La Aljafería fait partie de mes monuments à visiter. Je m’y rends rapidement, pas le temps de rester trop longtemps , je dois pédaler vers le château de Loarre. Je demande mon chemin à un homme à vélo dans la rue qui me conseille de visiter Zaragoza plutôt que me lancer aussi tard dans autant de km. Un ingénieur en construction et passionné de l’architecture de sa ville, encore bingo. Il me propose de visiter la ville avec lui et de rester dormir, sa femme et sa fille étant en vacances.
Nous visitons notamment le site de l’exposition internationale de Zaragoza 2008 qui, aujourd’hui, comme tous les évènements de ce genre ces derniers temps, est devenue très vide.
Je repars très tôt le lendemain matin à 6h car mon hôte devait partir travailler à 1h de Zaragoza. Après quelques kms, je dois m’arrêter dormir sur un banc. Impossible de partir pour une journée de vélo sans sommeil. Cette fois c’est la bonne, plus de problèmes et que du vélo jusqu’à Saint Cyr sur Loire !
Une journée assez tranquille avec des routes plutôt calmes jusqu’à Huesca. Seulement un arrêt pour monter jusqu’au Château d’Almudévar du XVIème siècle. La beauté de cette route des châteaux est aussi dans la surprise d’une rencontre avec un édifices qui n’était pas prévu dans l’itinéraire de base.
Castillo de Loarre durant le voyage en vélo
Le voilà , majestueux sur sa roche, protégé par sa forteresse depuis un millénaire : le château de Loarre, théâtre du tournage du film » Kingdom of Heaven » en 2004.
Je m’arrête dormir en contre bas de la colline dans le camping de Loarre. Le soir venu, la fête du village bat son plein et me rappelle mes années de randonnées, logé en camping dans mon enfance. J’aurais bien voulu développer mes ( piètres ) talents de danseurs mais mes paupières se ferment rapidement.
A l’aurore, les adolescents rentrés de la fête juste avant que je me lève dorment encore comme des pierres lorsque je me lance à l’assaut des lacets menant à la forteresse. La route vers le château est une impasse et à moins de s’enfoncer dans la forêt à mes risques et périls, il me faut rebrousser chemin pour continuer ma route.
Les Pyrénées, impressionnantes, se dressent comme un mur devant ma vue. Je ravale ma salive, les jambes tremblantes. Il faut y aller ! Le col pour passer en France ne sera que demain.
Depuis Loarre et pour rejoindre Jaca, je choisi le chemin le plus difficile pour visiter le Monastère San Juan de la Peña au bout d’une montée de 12km. Le nouveau monastère ne vaut pas le coup d’œil mais l’ancien, l’historique, est impressionnant, incorporé dans la roche.
A Jaca, je vais dévoiler ma roue dans un atelier de vélo. La gérant de l’atelier se trouve être l’homme que j’ai appelé plus tôt avec le site Warmshower. Ne sachant pas où dormir, l’auberge des pèlerins de Saint Jacques de Compostelle m’accepte pour une nuit.
Mail de Luis Zueco
En ouvrant ma boîte mail dans l’auberge, après 3 jours d’inactivité sur le web, je découvre une belle surprise dans un message :
« Nous aimons beaucoup votre projet » De Castillo à Château « . Nous sommes un château qui a ouvert il y a 15 jours comme hôtel. Ainsi que lorsque vous passerez par Zaragoza, si vous avez besoin d’un logement, nous vous offrons une chambre gratuite dans notre château.Nous sommes un château dans la localité de Grisel à 3km de Tarazona. Félicitation pour votre projet. » Signé Luis Zueco
Après quelques recherches, je vois que Luis Zueco est un écrivain. Il sortira en 2015 » el Castillo « , une nouvelle racontant la construction du château de Loarre.
Malheureusement, j’étais déjà passé par Zaragoza… j’adorais revenir dormir dans ce château, ce n’est que partie remise.
Passage en France pendant le voyage en vélo
Après la journée de départ dans la fournaise andalouse, le passage des Pyrénées arrive en seconde position dans le niveau de difficulté. Au menu, le Col du Somport de 28km pour passer en France à 1632m d’altitude.
Une descente libératrice de 20km m’amène directement à la fête du fromage d’ Etsaut à côté de la maison du Parc National des Pyrénées. Inévitablement, dégustation de tous les fromages de la région en ravitaillement ! je rencontre, encore la bouche pleine, affamé, une ancienne étudiante en architecture qui est dans une association de préserve des ours dans les Pyrénées. Son autocollant de militante me suivra sur mon vélo le restant du voyage.
Après 128 km d’une journée montagneuse, je cherche un endroit ou planter ma tente. Au détour d’un chemin, je vois un panneau » ventes de fruits » dans un château. Mon ventre gargouille déjà. Un homme, dont je pensais qu’il était le jardinier du château me fait entrer pour que je propose aux propriétaires si je peux dormir la nuit dans le château. Après avoir contourné l’édifice, je me retrouve nez à nez avec une trentaine de personnes de tout âges, disposées en cercle et priant. La peur m’envahis alors… Je ne jugerais pas leurs intentions religieuses et finalement, ce séjour avec eux a été assez agréable.
Ils m’ont même préparé un pique nique et voici son contenu….
Bientôt les landes, durant le voyage en vélo
Je quitte le château tout de même assez soulagé. Le temps est exécrable, je ne vois pas à 50m et le choix de suivre les voies rapides n’était pas bonne. Chaque camions qui me double est une frayeur
A Mont de Marsan, je ne connaissais qu’une seule personne que je n’avais pas vu depuis des années, un athlète de mon club de Saint Cyr sur Loire que je côtoyais à 15 ans. Aujourd’hui il est joueur de Rugby professionnel à Mont de Marsan. Je cherche un abris pour quelques minutes et la première personne que je rencontre dans la ville, c’est lui…Incroyable !
Les landes ce n’est pas très marrant pour faire du vélo! De grandes lignes droites délimités par de pins = tête dans le guidon = 140km au compteur.
Le lendemain, encore un château rencontré par hasard, le château de Cadillac, construit sous Henri IV et Louis XII.
La nuit tombé, un petit village, Sore a eu la bonne idée d’avoir une cabane ouverte à côté de l’Eglise avec toilettes et eaux, ce sera mon lieu de bivouac. Pas besoin de sortir la tente.
Le lendemain matin, je suis réveillé par un camping car. C’est la » caravane » suiveuse d’une équipe de la France en courant qui passait par là.
» Police municipale : ouvrez votre tente »
Un soir, près de Libourne, j’installe ma tente dans un espace vert libre. La nuit pointe le bout de son nez et je n’ai pas trouvé mieux. Après une petite conversation avec une voisine curieuse, elle me propose une douche. Cela faisait 3 jours que je n’en avais pas pris une. Mais le lendemain, petite surprise comme réveil :
Police municipale : ouvrez votre tente svp !
oui?
c’est la maison de retraite qui m’a appelé, ne vous inquiétez pas. Même moi ça m’embête de vous déranger.
(Moi, répondant la tête dans le brouillard)
Ok, pas de problème, je les avais bien vu m’espionner hier à travers leurs rideaux. Au moins je suis levé pour partir tôt.
Maison rencontrée sur le parcours : j’avais un peu peur de demander l’hospitalité chez eux…
L’arrivée à Saint Cyr Sur Loire, fin du voyage en vélo
Les 3 derniers jours entre Libourne et Saint Cyr sur Loire n’étaient pas très intéressant. Malgré quelques beaux paysages, j’ai suivi de grandes routes roulantes. La fatigue et la lassitude se faisait sentir.
Les derniers kilomètres ! Je passe dans le parc du lac des Bétonnières de Joué les Tours, terre des mes entrainements en cross country qui m’ont permis de me construire physiquement pendant des années pour un tel périple.
Me voilà enfin à la mairie de Saint Cyr sur Loire. Benjamin des relations internationales, une adjointe au maire et une journaliste de la presse régionale m’attendent.
Je rentre tranquillement chez moi pour jouer avec mon chien comme si de rien n’était.
Conclusion de ce voyage en vélo en Espagne
Malgré quelques déceptions par rapport au projet de parcours initial par manque de temps, j’ai vécu une grande aventure humaine, culturel et physique pendant ces 13 jours à vélo. Maintenant je souhaite faire de plus longs voyages de plusieurs mois grâce à cette expérience.
Matériels utilisés pour ce voyage en vélo en Espagne
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CATÉGORIE | NOM DU MODÈLE | MARQUE | POURQUOI AVOIR FAIT LE CHOIX DE CE MODÈLE AU DÉPART | EST CE QUE CE CHOIX A RÉPONDU À CETTE EXPÉRIENCE RACONTÉ DANS CE ROADBOOK | SI C’ÉTAIT À REFAIRE |
VÉLO | Coluer city | COLUER ÉQUIPÉ EN SHIMANO | Economique : petit budget | Bon rapport qualité / prix | Le vélo est plutôt léger et solide pour un prix assez bas de 300 euros mais j’aurais dû changer les roues d’origine qui ont une jante simple paroi, pour des doubles parois. Trop de problèmes de voilage avec le poid des sacoches. |
VÉLO | pneus Schwalbe Marathon | SCHWALBE | Réputation pour les voyages à vélo | Quasiment increvables | Je racheterais les mêmes sans hésitation. Ces pneus sont taillés pour le voyage à vélo. Aucune crevaison. |
SACOCHES | Arrière : Back Roller Classic | ORTLIEB | Réputation pour les voyages à vélo | Très pratique et waterproof à 100 % | Les mêmes sans aucune hésitations. Seul petit inconvénient : un seul grand compartiment mais il est possible de séparer ses affaires avec un peu d’ingéniosité ( grands sacs alimentaires fermable pour les vêtements …) |
SACOCHES | Guidon : Ultimate 6 Classic | ORTLIEB | Réputation pour les voyages à vélo | Système d’ouverture à une main très pratique. | Je prendrais la même en ajoutant peut être quelques accessoires vendus par Ortlieb comme un porte carte. Il ne faut tout de même pas trop la charger pour ne pas qu’elle penche en roulant. |
TENTE | Arpenaz 2 | QUECHUA | Economique : petit budget | Très rapide à monter et à démonter. Trop encombrante pour un voyage à vélo | J’acheterais un modèle plus compact pour minimiser le volume à l’arrière du vélo. |
SAC DE COUCHAGE | Sleep and bed | QUECHUA | Simplicité d’utilisation | Combinaison pratique matelas / sac de couchage mais trop encombrant pour un voyage à vélo | J’acheterais un modèle plus compact pour minimiser le volume à l’arrière du vélo. |
RÉCHAUD | Crux Lite | OPTIMUS | Le poids | Très pratique avec son déploiement. Solide et feux large. | je prendrais le même produit. |
SAC À DOS ( AVEC POCHE D’EAU ) | Race | DEUTER | Compact et solide | Très pratique avec tous ses compartiments de toutes tailles | Sac à dos idéal. Complémentarité parfaite avec les sacoches de vélo. |
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Tu nous fais voyager, c’est vraiment super très beau blog!! 😀
Trop fière de toi matthieu! très beau voyage!
Bonjour Matthieu, très beau reportage sur un voyage original entre Espagne et France. Dans le cadre de la revue CCI (cyclo camping international) je suis toujours à la recherche de cyclos prêts à relater leur voyage pour la revue trimestrielle de l’association.
Si l’aventure de l’écriture pour la revue vous tente vous pouvez me contacter sur l’adresse mail que j’ai indiquée.
Amitiés cyclo Luc
Bonjour Matthieu,
J’envisage un tour d’Espagne/Portugal, la date de départ est encore flou, entre début Avril et début Juin.
J’aimerais bien avoir ton ressenti sur la cohabitation avec les voitures en Espagne, notamment en saison touristique (Juillet et Août), ainsi que ton ressenti sur la chaleur…
Le départ était fixé en Janvier 2020 à la base, mais suite à un changement professionnelle, j’hésite à avancer la date pour les raisons cités au-dessus ?
Merci
Clément