Chloé GAUTRAIS nous partage son expérience de voyage trek en Islande
Informations pour prépare un voyage trek en Islande
Date
Du 31 mai au 16 juin 2017
Lieu
Islande
départ : Varmahlíð (Skagafjörður, Nord du pays, à 1h15 d’Akureyri en bus)
arrivée : Skógar (Sud, à 30min de Vík en bus et 2h15 de Reykjavík)
Participants au voyage trek en Islande
Chloé, 22 ans, étudiante en architecture, passionnée de randonnées et de balades en pleine nature. Ayant pris le goût de la randonnée itinérante dans les Grands Causses (Lozère) à 16 ans. Et ayant récidivé depuis : Causses, Cévennes, volcans d’Auvergne et massif du Sancy, Pyrénées, Norvège et Ecosse.
Après un trek solo de 12 jours et 240km dans la région du Hardangervidda en Norvège, la sensation d’une joie légèrement teintée flottait dans l’air. C’était bien, c’était beau, mais un poil trop court. Même au milieu du parcours, il était encore possible de décompter les jours passés et les jours à venir. Je voulais me perdre dans le temps, me perdre dans un désert sauvage et inhabité. Deux ans plus tard, me voici en Islande !
Où dormir : Les hébergements pour un voyage trek en Islande
En italique, ce sont les hébergements ouverts en été uniquement, et fermés lors de mon passage.
Varmahlíð : camping et auberge de jeunesse
Bugaskáli (km48) : refuge basique pour 6 personnes, avec une plaque de cuisson au gaz, une casserole et des bougies. Gratuit, ouvert toute l’année.
Galtaráskáli (km57) : refuge le long du grand lac de Blöndulón
Ströngukvislarskáli (km80): refuge face au glacier Hofsjökull
Hveravellir (km110) : camping, hôtel, bar, point d’information sur la région et sur le volcanisme, bain chaud, balade piétonne parmi les fumerolles et les marmites de boue. Un très bel endroit, une oasis dans le désert de Kjölur !
Gíslaskáli (km135) : refuge, rivière à proximité et vue sur les Kerlingarfjöll et la montagne Bláfell.
Asgarður (Kerlingarfjöll, km162) : camping, dortoirs, chalets, restaurant, espace cuisine en libre-service. Propriétaires très accueillants.
Leppistungur (km192) : à l’embouchure de deux ruisseaux (gué à traverser pour y accéder). A quelques dizaines de mètres au-dessus du refuge, un abri traditionnel islandais avec murs de pierre et toit végétalisé reste ouvert toute l’année. Très humide mais un bon abri en cas de mauvais temps.
Sultarfit (km230) : refuge pour environ 20 personnes, très confortable et spacieux quand on y est seul. Sans doute un peu étroit s’il est plein. Géré par une agence proposant des expéditions en 4×4. Pour y accéder depuis le Nord, il faut traverser deux fois la rivière Stóra-Laxá, large et puissante au mois de juin.
Hébergement pour un voyage trek en Islande
Hólaskógur : grand refuge organisé comme une auberge de jeunesse très conviviale, à quelques kilomètres de la cascade Háifoss.
Afangagil (km282) : refuge en plusieurs bâtiments, dont l’un est aménagé dans une grande maison traditionnelle islandaise rénovée, un très bel endroit. Eau courante au robinet des toilettes extérieures.
Landmannahellir (km305) : nombreux bâtiments organisés en petits dortoirs, camping. A priori eau courante et électricité en période d’ouverture.
L’itinéraire prévu devait passer par Landmannalaugar, Hrafntinnusker et Alftavatn (refuges et camping possible pour chacun d’eux). Mais les conditions météorologiques en ont décidé autrement. Plus de détails dans le récit !
Básar (Þórsmörk) : refuge et camping en forêt, très bel endroit avec de nombreuses possibliltés de balades aux alentours.
Fimmvörðuhálsskáli (au col de Fimmvörðuháls) : pour une vingtaine de personnes, refuge très prisé, attention en pleine saison mieux vaut réserver !
Baldvinsskáli (au col de Fimmvörðurháls)
Skógar : camping et auberge de jeunesse (pour les dortoirs mieux vaut également réserver), deux hôtels, un restaurant.
Où se réapprovisionner/se restaurer lors d’un voyage trek en Islande
L’un des enjeux de ce parcours était d’être en autonomie totale. Et donc de porter ma nourriture sur la totalité du trajet. Il y a des supermarchés à Akureyri, et un petit commerce général à Varmahlíð pour les provisions de départ. Ensuite l’itinéraire ne croise ni ville ni village.
Il y a néanmoins possibilité de se restaurer à quelques points du parcours. Restaurants à Hveravellir (ouvert l’été uniquement) et à Asgarður (Kerlingarfjöll), et mini-commerce ambulant vendant des hots-dogs à Landmannalaugar (l’été uniquement).
Voici mon tableau des valeurs énergétiques et quantitatives que j’avais établi ce voyage:
- Période A (J0-J5) : 1975kcal/jour ( céréales : 100g et pain sec : 25g )
- Sur la Période B (J6-J15) : 2100kcal/jour ( voir le tableau ci dessous)
- Période C (J15-J20) : 2225kcal/jour ( céréales : 150g et pain sec : 75g )
Alimentation Islande, fin mai/début juin 2017, 20 jours d’autonomie alimentaire | ||||||||||
Valeurs nutritionnelles pour 100g | Valeurs nutritionnelles par jour | |||||||||
Qté /jour (g) | Qté /20 jours (g) | Kcal | G | L | P | Kcal | G | L | P | |
Matin | ||||||||||
Lait en poudre | 20 | 400 | 430 | 44 | 14 | 30 | 86 | 8,8 | 2,8 | 6 |
Chocolat en poudre | 20 | 400 | 380 | 80 | 2 | 5 | 76 | 16 | 0,4 | 1 |
Céréales type muesli | 125 | 2500 | 426 | 65 | 13 | 7 | 533 | 81 | 16 | 9 |
Journée | ||||||||||
Noix diverses | 70 | 1400 | 627 | 26 | 49 | 19 | 439 | 18 | 34 | 13 |
Fruits secs | 40 | 800 | 325 | 75 | 1 | 3 | 130 | 30 | 0,4 | 1,2 |
Pain sec | 50 | 1000 | 195 | 67 | 7 | 11 | 97,5 | 33,5 | 3,5 | 5,5 |
Chocolat | 20 | 400 | 515 | 54 | 29 | 5 | 103 | 11 | 6 | 1 |
Gâteaux type galettes bretonnes | 30 | 600 | 490 | 20 | 69 | 6 | 147 | 6 | 20,7 | 1,8 |
Soir | ||||||||||
Semoule de blé | 100 | 2000 | 358 | 72 | 2 | 13 | 358 | 72 | 2 | 13 |
Poisson séché | 20 | 400 | 350 | 0 | 10 | 70 | 70 | 0 | 2 | 14 |
Compote à boire (1 unité) | 90 | 1800 | 73 | 16 | 1 | 1 | 66 | 14 | 1 | 1 |
Total | 585 | 11700 | 2105 | 291 | 89 | 66 |
Caractéristiques du voyage trek en Islande
Comment évoquer des caractéristiques à l’échelle d’un pays ? Faut-il détailler la météo, le type de chemins, les paysages, les particularités locales, les accès en transports en commun ? Où tout simplement quelques clés pour donner envie au lecteur de mettre ses chaussures et de partir à l’aventure 😉 ?
Mon parcours emprunte successivement des pistes secondaires accessibles en jeep, des étendues sans sentier où l’on aperçoit un cairn de temps à autre, des petits sentiers ou encore des chemins balisés.
Un beau petit mélange pour traverser l’Islande, et surtout pour l’apprécier dans toute sa diversité. Se baigner dans les sources chaudes de Hveravellir, traverser les déserts noirs de Kjölur. S’émerveiller devant les montagnes colorées des Kerlingarfjöll et du Landmannalaugar. Se perdre dans les champs violets de lupins au nord du volcan Hekla. Cotoyer les glaciers à Þórsmörk et collectionner les cascades à Skógar.
Les traversées de rivières se font majoritairement à gué, parfois sur des ponts ou des passerelles. Prévoir des chaussures à cet effet et au moins un bâton de marche peut s’avérer judicieux !
Le dénivelé n’est globalement pas très important sur toute la partie nord du parcours. Composé de hauts plateaux et de vallées peu encaissées.
Relief et météo pour ce voyage trek en Islande
Dans les Kerlingarfjöll et sur la partie sud (à partir d’Afangagil), le relief s’accentue. Devenant montagnes plissées aux flancs abrupts, gorges et vallées profondes.
Un petit mot sur la météo ? L’élément le plus important à prendre en compte est le vent. Fort et omniprésent, il malmène les tentes, dissuade le promeneur et fatigue le randonneur, physiquement comme moralement !
Contrairement à beaucoup d’idées reçues, il ne fait pas si froid ; même début juin. Je n’ai eu des températures négatives que très rarement, ayant des journées de 3-4°C dans l’intérieur du pays et 10-15°C dans la partie sud.
La météo est parfois capricieuse et changeante. Proposant tour à tour tempête de neige, soleil, pluie et brouillard en l’espace de quelques heures seulement. Ce qui n’empêchait pas d’avoir des journées parfois totalement ensoleillées, ou d’autres complètement pluvieuses !
La ville de Varmahlíð est accessible en transports en communs toute l’année. Etant située sur la ligne de bus qui relie Reykjavík et Akureyri. L’été (juillet-août), des lignes de bus desservent l’intérieur du pays, notamment Hveravellir, les Kerlingarfjöll, Landmannalaugar et Þórsmörk.
Bibliographie
Walking and trekking in Iceland, a Cicerone guide by Paddy Dillon, 2013
Carnets d’Aventures #35 (2014) et #48 (2017)
Icelandic Folk Tales, a traveller’s guide, Jón R. Hjálmarsson, Forlagið, 2002 (édition 2014)
Guide de conversation Islandais de poche, Assimil, 2010
Vous trouverez plein d’informations sur l’Islande avec le guide de voyage Lonely Planet.
Cartes d’Islande
National Geographic, Iceland, adventure travel map, 1/465.000
1/50.000 Mál og Menning, Kjölur Langjökull Kerlingarfjöll
1/100.000 Mál og Manning, Landmannalaugar Þórsmörk Fjallabak
1/250.000 Ferðakort, Hálendið (le Haut Pays)
Cartes topographiques assemblées et imprimées au 1/75.000
Liens internet pour préparer un trek en Islande
Cartographie des principaux éléments touristiques (cascades, campings, parcs naturels, etc.)
Météo locale et prévision du vent et de la couverture nuageuse (très utile notamment pour les aurores boréales ou les chasseurs d’étoiles)
Etat des routes et des pistes (précise notamment si elles sont ouvertes ou fermées, les conditions de circulation et à quel type de véhicule elles sont accessibles)
Société des transports en communs (lignes, horaires, coûts)
Associations de randonnée, que sont utivist et fi gérant la plupart des refuges.
Site officiel islandais de la sécurité en randonnée (conseils, bulletins météo, possibilité de leur laisser des itinéraires et plans de voyage, etc.)
Note
Les informations indiquées ci-dessus doivent être vérifiées avec précaution avant de partir. Elles concernent en effet des données valables en 2017, qui peuvent être modifiées d’une année à l’autre. En Islande en particulier, le tourisme étant en pleine expansion, tout peut changer très vite. La fréquentation des sites, les prix, les périodes d’ouverture des routes, les accès en transports en communs ou encore les périodes d’ouverture des refuges ne sont donnés qu’à titre indicatif.
Voyage en Islande à pieds, la traversée Nord-Sud via Kjölur
Le départ du voyage trek en Islande
Des montagnes enneigées, des rochers noirs et un peu de mousse. Les paysages entrevus tant de fois en rêve seront désormais mon décor pour plus de deux semaines. Le pied !
Varmahlíð, 4°C, pluie. Il est 18h lorsque je descends du bus, mon sac sur le dos, chargée de vingt jours de nourriture et de deux litres et demi d’eau. Direction le Maelifellshnjúkur qui, haut de ses 1140m, domine de son sommet enneigé la vallée et le fjord de Skagafjörður.
Pour le premier soir, un bivouac de rêve m’attend : au bord d’une gorge au pieds des montagnes, la vue porte jusqu’à l’embouchure du fjord, sublimée par un soleil rasant qui embrase la mer et les reliefs environnants… Je suis prête, l’aventure peut commencer
La petite route d’Efribyggð mène à quelques fermes isolées au fond du fjord Skagafjörður. Au-delà s’étend la vaste région des Hauts Plateaux, dont le Maelifellsnhjúkur marque l’entrée.
Un vent fort se lève au petit matin et deviendra mon compagnon de route pour les jours à suivre. Il me pousse, fouette herbe rase et rares arbustes, joue avec les nuages, glisse entre les rochers et accélère dans les vallées. Un véritable enfant turbulent que rien ne semble pouvoir calmer !
Chaque pas est une lutte, lutte que je mène en lui riant au nez, en lui chantant des chansons et en lui lançant quelques jurons islandais. Et j’estime avoir gagné la partie ! Car même si le vent n’a pas cessé de soufflé, il a dégagé de belles trouées pour le soleil et chasse sans relâche les nuages bas. Si bien que les averses ne durent jamais bien longtemps.
Voyager : aussi un état d’esprit
Le fameux dicton « il vaut mieux voir le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide » se vérifie ici. Et traduit d’ailleurs plutôt bien mon état d’esprit. En faisant le compte de tout ce qui va bien plutôt que de s’appesantir sur ce qui semble négatif, on peut toujours avancer sans jamais être démoralisé. Et on finit par classer toutes les difficultés et les « mésaventures » dans le rang des « aventures ». Etat d’esprit certifié durable, testé et approuvé sur le terrain !
Les premiers jours, la piste déroule son ruban sablonneux sur les douceurs du relief des hauts plateaux. Soulignant la topographie et la texture du sol. Rochers, montagnes, mousse, gravier noir, déserts à perte de vue… ça y est, j’y suis ! Islande, me voici ! La piste est encore fermée aux voitures (à quelques jours prêts toutes les pistes ouvriront juste après mon passage, y compris dans le sud). Je n’y croise donc ni voiture, ni 4×4, ni cyclistes, ni randonneurs.
Il n’y a pas un humain à des dizaines de kilomètres à la ronde. Mais la piste elle même parle de tous ces gens qui sont passés l’année précédente ou qui passeront d’ici quelques jours. Elle est encore marquée par les trace des véhicules qu’elle a portée jusqu’à ce que l’hiver arrive. Les traces de sabots racontent les longues chevauchées de l’été dernier, tandis que les quelques névés qui la traversent suggèrent que l’hiver n’est pas encore tout à fait fini. Souvent de même texture que le sol qui l’entoure, elle appartient à la fois au paysage et à la civilisation.
La piste : le départ des distances
Et surtout, elle donne une échelle au paysage et m’apprend petit à petit à estimer les distances. Comment savoir si cette montagne est petite et proche ou au contraire grande et lointaine ? Vais-je atteindre le refuge que je vois au loin (et qui semble encore loin, si loin) dans une heure? deux ? trois heures? le lendemain ? En Islande en particulier, sans l’aide de la végétation, la perception des distances se brouille. Et les lumières rasantes jouent avec les perspectives atmosphériques. Un parfait décor pour laisser l’esprit s’égarer et se perdre doucement dans le temps et l’espace..
La piste est facile à suivre et se marche très bien ; j’en profite pour avancer, et enchaîne des journées de 30 à 35km.
Tout comme les pistes, les refuges sont fermés. Je continue malgré tout à m’en servir comme lieu d’étape pour programmer mes journées : ils sont souvent de bons abris contre le vent, et le terrain alentour est souvent plus plat et moins caillouteux, et donc plus propices au bivouac. Et on ne sait jamais, peut-être que certains sont ouverts ! C’est le cas de Bugaskáli, au pied du lac Aðalmannsvatn (jour 2), qui n’est jamais fermé et qui est même doté d’une petite cuisine équipée d’une bouteille de gaz. A peine trois degrés à l’extérieur, café chaud à l’intérieur, je savoure mon bonheur !
Petite exception à la logique « ultra-légère », j’avais emmené une boite d’aquarelle et un carnet de dessin. Tous les soirs, je me suis ainsi appliquée à alimenter mon carnet de voyage par des dessins, des extraits de cartes et des anecdotes.
Réserve naturelle Blöndulón
En arrivant à proximité du Blöndulón, l’un des plus grands lacs de réserve d’eau douce du pays, le paysage s’anime. Oies cendrées, lagopèdes, cygnes, courlis et grives s’envolent à mon approche, tournoient et se reposent un peu plus loin. Leurs ballets et leurs chants m’enchantent ainsi toute la journée et m’accompagnent sur quelques dizaines de kilomètres
Le Blöndulón fait parti de la réserve naturelle de Guðlaugstungur, qui s’étend de part et d’autre de la rivière Blanda. Elle est caractérisée par des milieux humides particulièrement diversifiés (cours d’eaux, lacs, marais, tourbières), et abrite de nombreux oiseaux (ici un pluvier doré et un couple d’oies cendrées).
Du désert à perte de vue, pas un seul humain à moins de cinquante kilomètres, il n’y a que les oiseaux, les ruisseaux, la mousse, les marais, le sable noir, et les rochers. Et les glaciers et montagnes enneigées qui soulignent l’horizon. Le Hofsjökull, le massif des Kerlingarfjöll et le Langjökull seront ainsi les gardiens de mon horizon pendant encore une dizaine de jours.
Les prairies du Guðlaugstungur s’étendent dans des nuances de brun, délimitées au loin par le glacier Hofsjökull et les Kerlingarfjöll.
Soudain, le vent tombe totalement, un calme plat règne sur le désert. Il n’y a pas un bruit, seuls mes pas résonnent et troublent la quiétude des lieux. Je m’arrête, écoute le silence : pas un chant d’oiseau, pas une brise, pas même un gargouillis d’eau, le silence est total, enveloppant. Le soleil fait une brève apparition au-dessus de la calotte blanche du Hofsjökull, l’instant est magique.
Eclaircies, pluie, tempête… pourquoi choisir ?!
Réserve naturelle Blöndulón
S’ensuivent deux rivières à traverser : la Svartakvísl, affluant de la Blanda, puis la Blanda elle-même. J’ai de l’eau à mi-cuisses, le courant est fort, l’eau est froide, mais je n’y pense pas : un pas, puis un autre, puis un autre, et au bout de quelques dizaines de mètres je suis sur l’autre rive, le sourire aux lèvres. Ce n’était pas si difficile finalement !
Plus tard, surpris de me voir arriver par cette piste, le gardien du refuge de Hveravellir m’apprendra que ces rivières sont infranchissables, ce qui explique que la piste soit toujours fermée. Je ne peux m’empêcher de lui répondre : « fermée aux voitures, pas aux piétons ! ». Et lui de me traiter d’inconsciente, me conseillant de prendre la piste F35 pour rejoindre Gulfoss plutôt que de m’entêter à me frayer un itinéraire à travers les montagnes. Je ne suis évidemment pas prête à renoncer de sitôt ! Mais à partir de ce moment, je me suis mise à décomposer mon parcours en grandes étapes, en me disant à chaque fois : « essayons d’aller jusqu’à la prochaine étape, et on avisera si la suite n’est pas praticable.
La traversée de la Blanda : impressionnante mais pas infranchissable, grâce d’une part à mon bâton de randonnée. Pour tâter le fond et pour me fournir un troisième appui, et d’autre part à mes « chaussures de rivière » (tongs à lacets).
J’atteins Hveravellir le quatrième jour, accueillie par les fumées de la zone géothermique. La partie Sud de la piste est encore fermée, mais la portion Nord a ouvert la veille, si bien que j’y rencontre quelques rares visiteurs venus en voiture, et avec qui je sympathise rapidement.
Hveravellir
Quel bonheur de se prélasser dans le bain d’eau chaude, en dissertant sur l’âme des montagnes, en discutant politique intérieure islandaise, ou en évoquant des questions de bonheur et de force d’esprit… Retrouver un peu de civilisation, et sous ses meilleurs aspects, je savoure l’instant
Le camping de Hveravellir est désert, on ne peut pas dire que je sois dérangée par les voisins ! Comme ce fût le cas ici, il m’arrive parfois de me lever sans aucune envie de repartir marcher. Alors je sais que le temps n’est pas encore venu de reprendre la route, et que cela traduit le plus souvent une fatigue que je n’osais pas m’avouer. Je suis ainsi restée une journée et deux nuits à Hveravellir, explorant les environs et profitant de la source chaude, pour repartir pleine d’entrain au matin du sixième jour.
Ici, aux environs de Hveravellir, nul ne peut douter d’être sur une île volcanique !
Kjölur, terre de légendes.
De déserts de sable noir en chaos rocheux, le sentier longe de belles montagnes noires aux flancs encore enneigés. J’ai l’impression de plonger dans une autre époque. Ici la couleur n’a pas été inventée, le paysage se décline en nuances de noir et de blanc.
La végétation n’a pas encore colonisée les lieux, la neige ne porte aucune trace, je me sens comme une exploratrice posant le pied sur une terre encore en formation. Je m’imagine ces vikings des sagas du Moyen-Age, fiers fermiers et intrépides voyageurs, pour qui traverser ces contrées relevait de la véritable expédition, expédition durant laquelle ils devaient affronter à la fois les rudesses de la nature et les malices du peuple caché.
De nombreux contes et légendes populaires décrivent ces contrées comme habitées par des elfes, des géants, des fantômes ou des trolls, plus ou moins bienveillants à l’égard des voyageurs. Ainsi, le mont Bláfell était habité par le géant Bergþór, réputé pour sa force prophétique et supposé capable de changer les cailloux en pièces de monnaie.
A Grettishellir, une myriade de cairns indique l’emplacement d’une vaste grotte autrefois habitée par un fou qui, selon la légende, régnait sur Kjölur en maître des lieux en tuant tout ce qui avait l’affront de passer à proximité de sa demeure, animaux comme humains.
A Beinahóll, un discret monument honore la mémoire de cinq hommes, morts d’épuisement lors de leur traversée des Hautes Terres en 1780, et dont les restes de leurs ossements sont toujours visibles aux alentours du monument
Le monument de Beinahóll, faisant face aux Kerlingarfjöll.
Itinéraire sauvage, et instinctif
L’itinéraire que je suis est magnifique, très sauvage, pas du tout marqué sur le sol : on chemine de cairn en cairn, ou tout simplement à l’aide de la carte topographique, en analysant finement les subtils reliefs du terrain. Un vrai jeu de piste, où je fais confiance à mon instinct. Tous mes choix sont les bons, et c’est avec un véritable plaisir que je traverse le désert de Kjölur
Une portion de désert noir, aussi plat et sablonneux que dans les contes pour enfants. Aucune trace de sentier ? Peu importe, la direction est la bonne.
Rien de tel que de dessiner le soir, au soleil, protégée du vent par la grange du refuge de Gíslaskáli. Prochaine étape, les Kerlingarfjöll !
Kerlingarfjöll, terre de couleurs
Septième jour. Tempête de neige la nuit par -2°C, blizzard et vent glacial toute la journée, voilà le cocktail qui m’est proposé aujourd’hui. Ayant dormi à proximité du refuge de Gíslaskáli, je rejoins le massif des Kerlingarfjöll en quelques heures, après avoir longé les gorges magnifiques de la rivière Jökulkvísl.
Il est encore tôt. J’ai le temps de monter les 6km qui me séparent de Hverardalir, littéralement « la vallée des sources chaudes », petit joyau au cœur des montagnes.
Et en effet, quel lieu splendide ! Autour de moi de la neige blanche, des roches noires, jaunes, ocres ou bleutées, une véritable palette d’artiste, baignée de fumées blanches dégageant une forte odeur de souffre. L’instant est magique, j’ai l’impression de voler.
Je marche vite, cours dans les descentes, les jambes légères, la tête dans les nuages. Je suis parfaitement seule au milieu de ces montagnes magnifiques, j’ai envie de leur crier ma joie, de les remercier de me permettre d’être là.
Hverardalir, au coeur des Kerlingarfjöll.
Mes yeux ne savent plus où se poser, tout est à contempler. J’ai envie de marquer ce moment, mais je n’ai pas grand chose sur moi. Alors je m’arrête à l’abri du vent, m’assois sur cette roche orangée, bois quelques gorgées d’eau glacée et savoure un petit morceau de chocolat noir. Rien ne pourrait me rendre plus heureuse aujourd’hui.
Dessiner ou prendre des photos ? En vérité ni l’un ni l’autre ne me paraît à la hauteur du paysage que j’ai sous les yeux.
Les Kerlingarfjöll, par l’ouest
Il a neigé toute la nuit, nuit que la gardienne du refuge d’Asgarður m’a gentiment invitée à passer à l’intérieur (« on n’allait quand même pas te laisser dormir dehors par ce froid ! »). Tout est blanc, tout est beau… mais tout est méconnaissable ! Au lieu de prendre le sentier qui traverse le massif (plan A), je renonce également au chemin qui contourne les montagnes en longeant le flanc Ouest (plan B) et décide de suivre la « trace de jeep » indiquée par la gardienne du refuge, qui s’éloigne des sommets en faisant un détour à l’ouest (plan C).
Il fait froid, un vent fort souffle du Nord, apportant successivement averses de neige, blizzard, soleil ou brouillard, une vraie météo islandaise, changeante et capricieuse !
Et c’est entre deux nappes de brume qu’elle apparaît tout à coup : Kerling, la femme-troll habitant les montagnes et ayant donné son nom au massif, se dresse devant mes yeux émerveillés. Ce piton rocheux à la silhouette étrangement humaine, campé sur les flancs du Kerlingartindur (« le sommet de Kerling »), a inspiré contes et légendes populaires.
Au bout d’une trentaine de kilomètres, je plante ma tente au bord d’une rivière, près du refuge de Leppistungnaskáli. Soudain, une tâche blanche en mouvement attire mon regard : un renard polaire m’observe depuis l’autre rive, puis continue tranquillement son chemin, sa magnifique queue en panache flottant derrière lui. Waouh, merci !
Les renards polaires changent de couleur au printemps, aussi quelle ne fut pas ma surprise d’en voir un encore paré de sa robe blanche d’hiver !
La vallée de la Stóra-Laxá, humide !
Neuvième jour, kilomètre 230. Aujourd’hui est de loin la journée la plus difficile. Le tracé du sentier est la plupart du temps impossible à suivre : de nombreux piquets sont sous la neige ou tombés à terre, certaines portions sont couvertes de neige ou pas du tout marquées sur le sol, d’autres sont tellement gorgées d’eau que le sentier est impraticable. Il faut dire que l’eau aura été mon amie (ou ennemie ?) de la journée.
Le mois de juin est déjà bien entamé, mais il y a encore beaucoup de neige, qui fond en imbibant le sol d’eau ; à peine une zone recouverte de neige traversée, on s’imagine poser le pied sur la terre ferme ou sur des rochers durs, et bien non, ce ne sont que graviers mouvants, boue et marécages ! Sans compter qu’à ces milieux humides s’ajoutent sept « vraies » rivières à traverser, glacées et gorgées de neige fondue.
Un soleil radieux brille toute la journée, accélérant et amplifiant la fonte. Je patauge ainsi dans la neige molle et les marécages, mais avance, avance, n’enlève même pas mes chaussures pour les deux dernières traversées de la Stóra-Laxá.
Même là où le sol semble sec, je m’enfonce profondément à chaque pas
Dernier regard sur les Kerlingarfjöll et leurs flancs recouverts de neige fraîche, avant d’entrer dans la vallée de la Stóra-Laxá.
Sur des vastes étendues aussi peu escarpées, couvertes de neige et sans sentier, une bonne concentration est requise pour ne pas s’égarer !
Il est presque 21h lorsque j’atteins le refuge de Sultarfit, au bout de 37km et pas loin de douze heures de marche. Une belle surprise m’attends : il est ouvert !! J’entre, m’assois, et la fatigue tombe d’un coup. Au programme, repas chaud et repos !
Háifoss
Le paysage change brutalement de composition à l’approche de la large vallée de la Þjórsá. A la place des glaciers et des déserts des hauts plateaux, c’est désormais une vaste vallée sableuse qui me fait face, bordée au sud par le majestueux volcan Hekla, et au sud-est par l’enchevêtrement plissé des montagnes des Fjallabak. Une piste un peu monotone mène à la cascade Háifoss, grandiose.
J’y rencontre quelques touristes qui, comme moi, restent bouche bée devant la magie du lieu : deux cascades majestueuses se jettent dans une gorge ocre et noire d’une centaine de mètres de profondeur, éclaboussant les rochers dans un bain de brume. Sans parler de la très belle vallée de la Fossá, qui serpente entre des plissements rocheux bruns, verts et ocres. Un vrai site de carte postale
Háifoss, à mes yeux l’une des plus belles cascades d’Islande.
Onzième jour. Un vent très violent s’est levé pendant la nuit, et mon spot supposé être à l’abri du vent s’est quand même retrouvé relativement exposé. Ma tente s’est faite malmener toute la nuit, jusqu’à ce que l’un des piquets casse net au petit matin. Il me faut tout remballer précipitamment pour limiter les dégâts, sous un vent froid, déchaîné… et un soleil radieux !
Ce n’est qu’en fin d’après-midi que je dénicherai un coin à l’abri du vent pour réparer le piquet à l’aide d’un petit tube en aluminium (fournit avec la tente), réparation qui tiendra tant bien que mal jusqu’à la fin du voyage.
La traversée
Pour atteindre les contreforts des Fjallabak, il me faut traverser la Leirdalur, grande plaine sableuse ; chaque pas soulève des nuages de poussière, le vent fouette en faisant voler des tourbillons de sable noir, et notre ami le soleil brûle, j’en ai les mains et le visage en feu.
Et si on me demande pourquoi je m’obstine à marcher ? Pour pouvoir crier au vent qu’il ne me fait pas peur ; admirer les reflets de lumière sur les montagnes ; écouter le bruit de mes pas ; avancer, curieuse de ce qui vient au-devant et heureuse de ce que j’ai vu et laissé derrière moi ; pour vivre un peu au cœur de ce milieu sauvage, tout simplement !
Et pour apprécier les petits bonheurs de chaque jour : un dessin dans le sable laissé par le vent, une envolée d’oies sauvages, le reflet des montagnes sur un lac, ou un morceau de poisson séché dégusté consciencieusement en regardant le doux changement de lumière de la fin de journée
Le volcan Hekla encore sous la neige, et dont je verrai fondre son manteau blanc en seulement quelques jours.
Hellismannaleið : jusqu’au Landmannalaugar, si possible
A partir du refuge d’Afangagil, je rejoins l’itinéraire connu et reconnu de l’un des treks les plus populaires d’Islande : « Hellismannaleið – Laugavegur – Skogar trail », qui chemine à travers les Fjallabak en passant par Landmannalaugar et Þorsmörk.
Nouveau changement de décors : à la place du désert parfaitement plat d’hier, les vallées s’enchaînent, tantôt peu hautes et encaissées, tantôt larges et plates, ou recouvertes d’un champ de lave et encadrées de montagnes aux flancs plissés. Le point commun dans cette multitude ? Que du cailloux ! Les passages de végétation sont rares, le chemin alterne entre champs de lave noire, sable et graviers noirs, rochers noirs et gravillons noirs.
La verdure des montagnes n’est souvent qu’une illusion d’optique : de loin, elles arborent une dominante brune aux nuances de vert ; en les franchissant, on réalise que la couleur est en réalité due à une végétation rase, très clairsemée, qui pousse… sur du gravier noir, on l’aura deviné ! Le tracé du sentier est très beau, monte, descend, ondule sur les reliefs. Le premier gué de la journée n’est pas évident (de l’eau jusqu’en haut des cuisses, courant fort par endroits), tandis que le second se franchit en un saut : je lance mon bâton et mon sac, prend un peu d’élan, et hop, rivière traversée
Un gué plutôt délicat au milieu du champ de lave du Lambafitjarhraun, où la rivière se sépare en de multiples bras peu larges mais profonds. A l’arrière-plan, le sommet de l’Hekla côtoie les nuages
Le champ de lave du Lambafitjarhraun, dont l’horizon est délimité par les sommets enneigés des Fjallabak.
Le quatorzième jour
Plus je me rapproche de Landmannalaugar et des Fjallabak du sud, plus la neige se fait présente. Nous sommes le 13 juin, mais le trek n’est toujours pas officiellement ouvert, comme l’attestent les refuges toujours fermés et la parfaite solitude dans laquelle j’évolue. Pas un randonneur sur les sentiers, pas une voiture sur les pistes en fond de vallée. Il m’apparaît de plus en plus clairement que mon parcours se finira au Landmannalaugar, ne voulant pas m’aventurer seule dans ces montagnes totalement enneigées, même si seulement deux à trois jours me séparent de Þórsmörk. Je suis partie sans GPS ni balise de détresse, et mon expérience en alpinisme est quasi-inexistante ; il faut parfois savoir renoncer pour que l’aventure ne se termine pas en mésaventure !
Je suis donc partie le matin de ce quatorzième jour pour ce qui me semblait être la dernière étape, profitant pleinement des paysages, où lacs, montagnes et coulées s’enchaînent magnifiquement. Au moment de croiser la route qui mène au Landmannalaugar, une voiture passe (« tiens, la piste est ouverte ! »)… et fait demi-tour 500m plus loin car un lac déborde et coupe la route (« eh bien non, elle est toujours fermée »). C’est ainsi que je rencontre une joyeuse bande d’Américains, qui tentaient leur chance pour Landmannalaugar malgré les interdictions. Ne prenant pas le risque de franchir les derniers kilomètres et de rester bloquée là-bas, je monte avec eux, et revois défiler en deux heures les paysages que j’ai mis plusieurs jours à traverser, pour finalement me retrouver à Háifoss ! Ou comment remonter le temps
Un échantillon représentatif du paysage, au bord du Loðmundarvatn : neige sur les sommets et vallées gorgées d’eau.
Avancée jusqu’à Þorsmörk
Puisque le sentier est inaccessible, je décide de rejoindre Þorsmörk par moyen motorisé : en stop, puis en bus. Je plante ma tente dans la vallée au camping de Básar, au soir du seizième jour, soit exactement le même jour que si j’étais venue à pieds en passant par les montagnes.
J’apprends ensuite que le col de Fimmvörðurháls est ouvert, j’ai donc la possibilité de finir mon itinéraire ! La montée dans la vallée de Þorsmörk est splendide. La carte topographique semble chaotique, et le terrain n’est pas en reste ! Rochers, canyons, vallées profondes, plateaux et falaises s’enchevêtrent, les ruisseaux dévalent les flancs de la vallée en torrents et cascades… un parfait décors à la Tolkien !
Le ciel est couvert lorsqu’un rayon de soleil perce au-dessus du glacier Myrdasjökull : magistral
Un dernier rayon de couleur avant de s’enfoncer dans la brume des hauts plateaux.
C’est sur la partie sommitale que commencent les difficultés. La neige se fait de plus en plus présente sur le sol, le sentier devient de moins en moins lisible ; le vent se lève et fouette d’une petite bruine continue ; les nuages descendent d’un cran, enveloppant le plateau d’un brouillard épais. Tout est blanc, on ne distingue plus le sol du ciel, on ne sait plus si l’on monte ou si l’on descend, et l’on perd totalement la notion du temps qui passe.
Une bulle blanche, hors du temps, perdue dans l’espace.
Mes lunettes détrempées deviennent inutiles, et sans lunettes le balisage n’en est évidemment que plus difficile à repérer… jusqu’à ce que je perde totalement la trace du sentier.
Difficulté avant de trouver le refuge
C’est donc à la boussole, dans le brouillard et la neige, fouettée par un vent de face, avançant pendant une heure et demi à l’aveugle, que je finis par tomber par hasard sur le refuge. J’y reste près de deux heures, le temps de me réchauffer et me sécher un peu, en discutant avec le gardien autour d’un café chaud. La suite est facile, le sentier est bien visible, longeant la rivière Skogá qui plonge vers la mer en une dizaine de cascades. Superbe
La belle cascade de Króksfoss, discrète et loin des foules de touristes s’entassant au pieds de sa soeur Skógafoss
Collection de cascades en descendant vers Skógar : Neðstifoss, Innri-Fellsfoss, Steinbogafoss, Skógafoss.
Et c’est ici, au pied de l’impressionnante cascade de Skógafoss, que se termine mon petit périple, après 17 jours et 375 kilomètres à pieds. Une légende raconte qu’un trésor aurait été lancé dans la rivière au dessus de la cascade de Skógafoss, et que malgré de multiples recherches seul l’anneau qui coiffait la malle fut retrouvé. Le trésor quand à lui disparût à jamais dans les profondeurs de la cascade. En repensant aux kilomètres parcourus, aux paysages traversés, à tous ces petits instants de bonheur qui ont fait la richesse de mon voyage, il m’apparaît évident que le trésor n’est pas sous la cascade.
Ce fameux trésor, c’est la cascade elle-même, ainsi que toutes celles qui la précèdent ; c’est aussi la subtile variation de lumière sur les glaciers, ou la beauté des contrastes dans la couleur des roches.
Des paysages riches et diversifiés
Il me semble que ce n’est ni l’argent ni la finance qui puisse décider de la richesse de ces paysages. Ils offrent, à qui prendra le temps de les écouter, la beauté du silence, la liberté, et la sagesse de se donner pour ce qu’ils sont et non pas pour ce que l’on décidera d’en faire.
Petit selfie à mi-parcours, au pieds de la cascade près de Háifoss.
Tout ceci n’était peut-être qu’une vaste leçon d’écoute : de la nature, et de soi-même.
Conclusion de ce voyage trek en Islande
Ce trek était pour moi l’achèvement de 6 mois de bonheur passés en Islande (je travaillais dans une ferme dans les fjords de l’Est depuis début janvier), la conclusion d’une histoire que j’avais commencé à imaginer des années auparavant. Je voulais être seule au cœur de ces vastes étendues sauvages, et surtout perdre volontairement le compte des jours et des kilomètres. Et j’ai été servie ! J’ai conscience que si j’étais partie une ou deux semaines plus tard, tout aurait été plus facile. Les refuges et les sentiers auraient été ouverts. Il y aurait eu moins de neige et moins d’eau en général, les rivières auraient été plus faciles à traverser.
Mais il y aurait aussi eu des voitures, d’autres randonneurs. Plus de touristes dans les endroits accessibles en 4×4, globalement plus de monde et d’agitation. Je ne regrette absolument rien, ni l’itinéraire, ni les décisions que j’ai du prendre en cours de route, ni le choix de partir tôt dans la saison d’été. Je me suis sentie vraiment heureuse tous les jours, tout était source d’émerveillement. Mais il y a autant de façon de randonner qu’il y a de voyageurs, et ce qui fait mon bonheur ne ferait pas nécessairement celui de quelqu’un d’autre. Ainsi je ne sais pas s’il serait vraiment judicieux de conseiller cet itinéraire à tout va. Je l’avais confectionné en étudiant précisément les cartes topographiques, et en cherchant à « relier » des lieux qui m’attiraient (Hveravellir, Kjölur, les Kerlingarfjöll, le Landmannalaugar et Þórsmörk).
Des journées toujours différentes et enrichissantes
Certaines journées étaient longues et auraient pu sembler monotones. C’était au contraire pour moi de belles journées de « vide », où il n’y a rien à penser et où l’esprit peut s’égarer à sa guise. D’autres journées étaient beaucoup plus variées et riches en événements, contrastant merveilleusement avec les précédentes.
Côté matériel, je n’ai aucun regret non plus. Tout correspondait parfaitement à mes besoins, et si c’était à refaire je repartirai avec exactement le même équipement et la même nourriture. Je mangeais froid (sauf les nuits passées dans des refuges), tous les jours la même chose (principalement de la semoule, des fruits secs, du poisson séché, des céréales et du lait en poudre). En augmentant seulement un peu la ration au fur et à mesure, et cela me convenais.
Matériel utilisé pour ce voyage trek en Islande
Les sacs et matériels au départ et à l’arrivée
Sac à dos avant avant le départ et au retour
Sac à dos au départ et à l’arrivée : j’ai pu rentrer la tente à l’intérieur au bout du 10ème jour. A partir de là, je n’avais pas l’air plus chargée qu’un randonneur à la journée. Les gens ne me croyaient que difficilement lorsque je leur disais que je venais du Nord et que j’étais partie avec 20 jours d’autonomie alimentaire !
- Sac-arrivée-étaléInventaire en fin de parcours (de gauche à droite) : réserve de nourriture (il me restait 3 jours d’autonomie à l’arrivée). Sac à dos (mon matelas est dedans, sinon le sac n’est pas rigide), tongs à lacets pour les traversées de rivières, bouteilles d’eau (2,5L au total). Appareil photo, pochette de petit matériel, pochette de vêtements, pochette nuit (habits et sac de couchage), tente. Un système très efficace pour tout garder au sec et facilement accessible, même dans un sac à dos « colonne » comme celui-ci.
N’hésitez pas à lire notre article comment bien préparer un Voyage en Islande.
Essentiels pour ce voyage trek en Islande
CATÉGORIE | NOM DU MODÈLE | MARQUE | POURQUOI AVOIR FAIT LE CHOIX DE CE MODÈLE AU DÉPART | EST CE QUE CE CHOIX A RÉPONDU À CETTE EXPÉRIENCE RACONTÉ DANS CE ROADBOOK | SI C’ÉTAIT À REFAIRE |
SAC À DOS | Crown 60 | Granite Gear | Imperméable, léger (700g), confortable | parfait confort même à 18kg volume modulable à mesure que la nourriture diminue, réellement imperméable | à refaire |
MATELAS (1/2) | Z-lite | Thermarest | confortable et léger (200g) coupé à 8 portions au lieu de 12 | complémentaire au sac à dos : portage : rigidifie le sac à dos nuit : pour le haut du corps uniquement, les jambes reposent sur le sac à dos | à refaire |
SAC DE COUCHAGE | Lite Line 400 | Cumulus | chaud (0°C) et léger (760g) | jamais eu froid, même par température légèrement négative (dans ce cas ajout d’un bonnet et d’une polaire) | à refaire |
TENTE | PowerLizard 2-3 | Vaude | spacieux, relativement bonne résistance au vent, plutôt léger (1300g), se monte par l’extérieur (parfait sous la pluie) | résistance au vent limite pour les Hauts Plateaux islandais, largement assez spacieuse pour une seule personne | un modèle plus petit, plus léger avec une meilleure résistance au vent ? |
CHAUSSURES | CinquantaQuattro | Dolomite | basses, en cuir, grande liberté de mouvement, jamais mal aux pieds, solides | mettent un peu de temps à sécher mais restent très confortables et chaudes, même mouillées | à refaire |
CHAUSSETTES | WoolCool 30 | Monnet | 30% laine mérinos : confortable et garde très peu les odeurs, sèche vite | oui | à refaire |
Vêtements pour le voyage trek en Islande
PANTALON | W’s Quandary Pants | Patagonia | liberté de mouvement, sèche très vite | parfait | à refaire |
T-SHIRT (MANCHES LONGUES) | Supernova | Adidas | synthétique, sèche relativement vite, peu chaud | adapté pour l’Islande car il n’y fait pas trop chaud (très peu transpiré), manches très longues avec passe-pousse m’ayant permi de me passer de gants | un t-shirt en mérinos aurait sans doute eu l’avantage de prendre un peu moins d’odeurs et de sécher plus vite |
PULL | polaire | Quechua | chaud, bon marché | oui | à refaire |
DOUDOUNE | Climalite Pull-Over | Cumulus | vraiment chaud, très compressible, léger (250g) | parfait, autant pendant l’effort par jour froid, que le soir au bivouac | à refaire |
BLOUSON | Skálafell | 66° North | léger (280g) | plutôt respirant pour un modèle aussi imperméable | à refaire |
Accessoires pour le voyage trek en Islande
BONNET | – | en laine, type péruvien | parfait pour le bivouac, en soirée ou la nuit | il existe sans doute des modèles plus efficaces en terme de poids/volume pour une chaleur équivalente | |
FOULARD | – | léger (50g) | parfait pour le bivouac, en soirée ou la nuit, contre le vent, le sable ou le soleil | à refaire | |
APPAREIL PHOTO | compact TZ18 | Panasonic | modèle que je possède depuis longtemps, fiable, autonomie de 3 semaines en utilisant deux batteries | un appareil peu encombrant pour une relativement bonne qualité de photos | à refaire |
LAMPE FRONTALE | e+lite | Petzl | compact, léger, bonne autonomie | jamais utilisée, car il faisait jour toute la nuit | à refaire |
SACS ÉTANCHES | UltraSil 8L, 4L, 2L | Sea to summit | pour tout garder au sec et organiser facilement le chargement du sac à dos | parfait : un pour le sac de couchage, un pour les vêtements de rechange et le troisième pour le petit matériel | à refaire |
BÂTON DE MARCHE | Fait maison | – | bâton en bois démontable | le confort d’un bâton de marche en bois, démontable en deux partie pour le ranger dans le sac à dos | à refaire |
CHAUSSURES DE RIVIÈRE | Fait maison | – | tongs en plastique avec des lacets, léger, peu encombrant, sèche quasi instantanément | très efficace pour les rivières à fond rocheux, un peu moins pour les fonds sablonneux (le sable se met entre le pied et la semelle) | à refaire |
6 commentaires
Bonjour,
J’ai lu votre aventure dans Carnets d’aventure et dans ce blog. J’aurai bien voulu quelques conseils sur votre nourriture.
Par exemple j’imagine que le matin, vous geriez lait en poudre , eau et cereales, le midi un bol semoule puis cereales et poisson seché, le soir un bol de semoule puis compote.
Comme vous aviez une routine de repas rapide (la mesure du bol ? du demi bol ?, x cuilleres de lait ?) , pouvez vous me la détailler ?
merci
hervé
Bonjour,
J’organisait mes repas comme suit :
– matin : céréales, lait et chocolat en poudre + un peu d’eau
– journée : une pause toute les trois heures environ (vers 11h, 14h, 17h) où là je ne faisais pas de réels repas, mais grignotais pain sec, fruits séchés, amandes et noix variées, et chocolat l’après-midi
– soir : poisson séché, semoule au lait et compote à boire
Pour les quantités, je préparais ma portion de la journée la veille au soir (deux poignées de noix, une poignée de fuits séchés, 6 tranches de pain sec par ex., mais les quantités variaient selon les jours) ; pour le petit déjeuner et le soir, je me servais d’un pot de miel en plastique avec couvercle (contenance 500g), que j’avais marqué pour les repères de quantité de céréales et de semoule. Pour les dosages de lait et de chocolat en poudre, c’était à la cuillère.
J’ai un tableau détaillé de tout cela (indispensable pour vérifier la quantité d’apports calorifiques par jours), voulez-vous que je vous le transmette ?
Si ce n’est pas assez clair ou si vous avez d’autres questions, n’hésitez pas !
Chloé
Bonjour,
Je vous remercie pour la réponse.
Je veux bien recevoir votre tableau pour le calcul des calories.
Merci
Hervé
Bonjour Chloé,
Tout d’abord bravo pour cette aventure, magnifique, inspirante et superbement raconté ! En plus, étant étudiant en arts appliqués, le côté dessin rajoute forcément quelque chose !
Je termine mes études en juin prochain, et j’ai depuis longtemps l’envie de partir en Islande pour effectuer sa traversée à pied. Mais j’aimerai surtout m’imprégner de la vie là-bas, c’est pourquoi j’aimerai travailler quelques temps sur l’île avant de partir dans mon périple. Tu expliques avoir travaillé quelques mois dans une ferme à l’est de l’Islande. Pourrais-tu m’expliquer comment tu as trouvé cette opportunité ? Et comment as-tu trouvé cette expérience ? Car l’idée de travailler quelques temps dans une ferme islandaise me tente beaucoup !
Merci d’avance pour ta réponse,
Et encore bravo
Julien
Bonjour Julien,
Merci pour votre retour, je suis très heureuse que ce partage ai pu te toucher et te donner envie de monter toi aussi des projets !
J’ai effectivement passé au total 6 mois en Islande, en travaillant d’abord 5 mois dans une ferme de janvier à fin mai, et ce n’est qu’en juin que je suis partie à pieds. Cela venait d’une volonté de réellement vivre l’Islande – et les Islandais, il s’agissait de trouver un moyen de sortir du rôle du touriste, à la fois en terme de convictions personnelles, mais aussi par le regard et l’accueil des Islandais (qui ont chaque été en juillet et aout leur overdose de débarquement massif de touristes en quête d’une nature sauvage inviolée).
J’avais trouvé des opportunités de volontariat sur la plateforme « workaway », une sorte de woofing mais qui peut s’étendre à d’autre tâches que purement agricoles. Pour ma part, j’ai été accueillie par une famille formidable, où je partageais mon temps entre m’occuper de la ferme (de 400 moutons) et de la maison (qui faisait chambre d’hôtes). Je n’étais pas rémunérée pour le travail, mais était logée et nourrie, deal plutôt intéressant en Islande au vu du coût de la vie locale ! Sur la plateforme workaway il y a beaucoup d’annonces, mais il ne faut pas hésiter à envoyer plusieurs demandes simultanément, l’Islande étant un pays très demandé. Je suis resté 5 mois dans la même famille ; certains préfèrent changer tous les mois, pour voir plus de choses et rencontrer plus de gens ; pour ma part, je ne regrette pas du tout de n’être resté « que » dans un seul endroit, car la puissance des liens que l’on tisse alors avec les gens et avec le lieu est profondément marquante.
Si tu veux en discuter plus amplement n’hésite pas à m’envoyer un message à chloe.gautrais arobase free.fr
Chloé
Hello Chloé,
Merci infiniment pour ta réponse. je t’ai envoyé un mail il y a quelques semaines, je ne sais pas si tu as pu le lire…?
Merci encore,
Julien